Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-07-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 juillet 1860 15 juillet 1860
Description : 1860/07/15 (A5,N98). 1860/07/15 (A5,N98).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529964s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
236 L'ISTHME DE SUEZ,
parmi leurs concitoyens. La guerre d'Italie survint :
par les effets de ce g'rand événement ces souscrip-
tions se trouvèrent en souffrance, et dès lors elles
furent placées au compte du prince qui avait lui-
même voulu que la souscription fût ainsi constituée.
La présence de M. Ferdinand de Lesseps en Egypte,
après la sanction et les pleins pouvoirs qu'il a reçus
de l'assemblée générale, a naturellement donné lieu
à la régularisation définitive de cette ancienne af-
faire, et c'est ce que le correspondant du Morning
Post nous présente, suivant ses habitudes, comme
une souscription nouvelle par laquelle le trésor égyp-
tien aurait dû venir au secours de la Compagnie en
détresse.
Or, dans sa passion, le correspondant n'aperçoit pas
que ses exagérations et ses déclamations mêmes sont
contre lui un argument de plus. Si le gouvernement
égyptien n'a pas craint et ne craint pas de s'engager
largement dans l'avenir de la Compagnie, c'est sans
doute qu'il a dans l'entreprise une confiance rai-
sonnée. Plus on fera sonner haut la quantité d'ac-
tions souscrites par le vice-roi, et plus on justifiera
la foi des actionnaires dans le bon et fructueux pla-
cement de leurs capitaux. Maître sur les lieux, à même
de tout voir et de tout connaître , éclairé par ses ad-
ministrateurs et ses ingénieurs, le gouvernement égyp-
tien, par l'étendue de son concours pécuniaire, réfute
et démolit d'autant plus puissamment les objections
tirées des prétendues impossibilités du projet.
Le malheur est, pour le correspondant, qu'il ne
pourra plus contester la loyauté et la volonté du
vice-roi, et son mécontentement ne peut nous étonner,
puisqu'il reconnaît dans cette loyauté et cette volonté
un point d'appui décisif pour l'accomplissement dé-
finitif de l'oeuvre.
Cependant, déconcerté et battu de ce côté, l'adver-
saire systématique du percement de l'isthme se tourne
vers les quatre points cardinaux pour trouver des
auxiliaires : il s'attache à piquer la susceptibilité de
la Turquie, il fait appel à la jalousie de l'Angleterre,
et il couronne sa lamentation par une invocation
assez peu déguisée à la discorde et à la peur.
Pour indisposer le divan contre la Compagnie, il pré-
tend que M. de Lesseps a l'intention de le braver et de
ne tenir aucun compte de son autorité. C'est là une de
ces assertions gratuites et hardies, comme s'en per-
met trop souvent le correspondant du Morning Post.
Nous lui opposons la plus formelle dénégation : M. de
Lesseps reste fidèle au programme qu'il a soumis à
la Turquie, et qu'il exécute de concert avec le vice-
roi, sans que cette exécution puisse en rien préjudi-
cier aux droits de la Porte.
Ensuite, et dans le but évident d'envenimer les
choses, le correspondant prête au vice-roi une décla-
ration fort invraisemblable, d'après laquelle le prince
aurait protesté que si le gouvernement turc lui or-
donnait de s'opposer à la construction du canal, il
n'obéirait que dans le cas où cette injonction lui
serait portée par un des hauts dignitaires de l'empire
appuyé de la force. Une telle déclaration n'a pas de
raison d'être : la Porte ne fait aucune objection aux
opérations qui se poursuivent dans l'isthme. Quant
au projet lui-même, elle a donné complète satisfaction
à la généreuse initiative de Mohammed-Saïd. Le con-
seil des ministres, en effet, a longuement délibéré sur
la question: il a déclaré qu'en ce qui concerne les
intérêts de l'empire, il n'avait aucune opposition à
former contre l'entreprise ; dès lors, le suzerain et
le vassal, sur le fond même de l'affaire, sont entière-
ment d'accord, et à coup sûr Son Altesse n'avait
pas à aller au devant d'une résistance en dehors des
vraisemblances et des prévisions les plus raison-
nables.
A qui toutefois aurait été faite cette déclaration ?
C'est ce que le correspondant a soin de ne pas dire,
et ce qu'il a sans doute de bonnes raisons pour ca-
cher. Nous croyons savoir que dans tous les cas elle
n'a pu être faite à un représentant de la Porte, et si
quelque équivalent de cette allégation a de la réalité,
nous pourrions demander au correspondant si elle
ne se rapporte pas plutôt à quelque démarche d'un
agent anglais ! Ce n'est point dans le gouvernement
turc, c'est dans la diplomatie anglaise que réside
toute l'opposition survivante, quoique défaillante,
contre le canal de Suez, et en présence des menées
souterraines dont cette diplomatie l'a tant obsédé,
il ne serait point surprenant que le vice-roi eût
invité les agents anglais à constater dans une
note officielle la pensée de leur gouvernement, en
ajoutant que si l'Angleterre voulait lui imposer la
rupture de ses engagements envers la Compagnie
universelle, sa responsabilité lui faisait un devoir de
ne céder que devant la force.
Voilà la seule version que neus puissions accepter,
s'il y a quelque chose de vrai dans l'assertion du cor-
respondant. Mais comme il sait très-bien qu'un cri
universel [s'élèverait en Angleterre et en Europe
contre cette tentative impossible de violence, c'est
contre la Porte qu'il aura jugé habile de diriger une
déclaration à laquelle évidemment et dans tous les
cas elle doit rester étrangère.
Nous n'avons que peu de mots à dire sur la dis-
tribution qu'opère le correspondant entre les in-
fluences française et anglaise en Orient. Nous ne
savons jusqu'à quel point c'est rendre service au sul-
tan que de le représenter comme une sorte de préfet
de l'Angleterre, toujours prêt à la servir contre la
France, payée par cette ingratitude du sang et de
l'or qu'elle a prodigués avec tant de gloire et d'efli-
cacité pour sauver l'empire ottoman.
Nous n'avons certes pas une aussi mince opinion ni
de la position de notre gouvernement à Constanti-
parmi leurs concitoyens. La guerre d'Italie survint :
par les effets de ce g'rand événement ces souscrip-
tions se trouvèrent en souffrance, et dès lors elles
furent placées au compte du prince qui avait lui-
même voulu que la souscription fût ainsi constituée.
La présence de M. Ferdinand de Lesseps en Egypte,
après la sanction et les pleins pouvoirs qu'il a reçus
de l'assemblée générale, a naturellement donné lieu
à la régularisation définitive de cette ancienne af-
faire, et c'est ce que le correspondant du Morning
Post nous présente, suivant ses habitudes, comme
une souscription nouvelle par laquelle le trésor égyp-
tien aurait dû venir au secours de la Compagnie en
détresse.
Or, dans sa passion, le correspondant n'aperçoit pas
que ses exagérations et ses déclamations mêmes sont
contre lui un argument de plus. Si le gouvernement
égyptien n'a pas craint et ne craint pas de s'engager
largement dans l'avenir de la Compagnie, c'est sans
doute qu'il a dans l'entreprise une confiance rai-
sonnée. Plus on fera sonner haut la quantité d'ac-
tions souscrites par le vice-roi, et plus on justifiera
la foi des actionnaires dans le bon et fructueux pla-
cement de leurs capitaux. Maître sur les lieux, à même
de tout voir et de tout connaître , éclairé par ses ad-
ministrateurs et ses ingénieurs, le gouvernement égyp-
tien, par l'étendue de son concours pécuniaire, réfute
et démolit d'autant plus puissamment les objections
tirées des prétendues impossibilités du projet.
Le malheur est, pour le correspondant, qu'il ne
pourra plus contester la loyauté et la volonté du
vice-roi, et son mécontentement ne peut nous étonner,
puisqu'il reconnaît dans cette loyauté et cette volonté
un point d'appui décisif pour l'accomplissement dé-
finitif de l'oeuvre.
Cependant, déconcerté et battu de ce côté, l'adver-
saire systématique du percement de l'isthme se tourne
vers les quatre points cardinaux pour trouver des
auxiliaires : il s'attache à piquer la susceptibilité de
la Turquie, il fait appel à la jalousie de l'Angleterre,
et il couronne sa lamentation par une invocation
assez peu déguisée à la discorde et à la peur.
Pour indisposer le divan contre la Compagnie, il pré-
tend que M. de Lesseps a l'intention de le braver et de
ne tenir aucun compte de son autorité. C'est là une de
ces assertions gratuites et hardies, comme s'en per-
met trop souvent le correspondant du Morning Post.
Nous lui opposons la plus formelle dénégation : M. de
Lesseps reste fidèle au programme qu'il a soumis à
la Turquie, et qu'il exécute de concert avec le vice-
roi, sans que cette exécution puisse en rien préjudi-
cier aux droits de la Porte.
Ensuite, et dans le but évident d'envenimer les
choses, le correspondant prête au vice-roi une décla-
ration fort invraisemblable, d'après laquelle le prince
aurait protesté que si le gouvernement turc lui or-
donnait de s'opposer à la construction du canal, il
n'obéirait que dans le cas où cette injonction lui
serait portée par un des hauts dignitaires de l'empire
appuyé de la force. Une telle déclaration n'a pas de
raison d'être : la Porte ne fait aucune objection aux
opérations qui se poursuivent dans l'isthme. Quant
au projet lui-même, elle a donné complète satisfaction
à la généreuse initiative de Mohammed-Saïd. Le con-
seil des ministres, en effet, a longuement délibéré sur
la question: il a déclaré qu'en ce qui concerne les
intérêts de l'empire, il n'avait aucune opposition à
former contre l'entreprise ; dès lors, le suzerain et
le vassal, sur le fond même de l'affaire, sont entière-
ment d'accord, et à coup sûr Son Altesse n'avait
pas à aller au devant d'une résistance en dehors des
vraisemblances et des prévisions les plus raison-
nables.
A qui toutefois aurait été faite cette déclaration ?
C'est ce que le correspondant a soin de ne pas dire,
et ce qu'il a sans doute de bonnes raisons pour ca-
cher. Nous croyons savoir que dans tous les cas elle
n'a pu être faite à un représentant de la Porte, et si
quelque équivalent de cette allégation a de la réalité,
nous pourrions demander au correspondant si elle
ne se rapporte pas plutôt à quelque démarche d'un
agent anglais ! Ce n'est point dans le gouvernement
turc, c'est dans la diplomatie anglaise que réside
toute l'opposition survivante, quoique défaillante,
contre le canal de Suez, et en présence des menées
souterraines dont cette diplomatie l'a tant obsédé,
il ne serait point surprenant que le vice-roi eût
invité les agents anglais à constater dans une
note officielle la pensée de leur gouvernement, en
ajoutant que si l'Angleterre voulait lui imposer la
rupture de ses engagements envers la Compagnie
universelle, sa responsabilité lui faisait un devoir de
ne céder que devant la force.
Voilà la seule version que neus puissions accepter,
s'il y a quelque chose de vrai dans l'assertion du cor-
respondant. Mais comme il sait très-bien qu'un cri
universel [s'élèverait en Angleterre et en Europe
contre cette tentative impossible de violence, c'est
contre la Porte qu'il aura jugé habile de diriger une
déclaration à laquelle évidemment et dans tous les
cas elle doit rester étrangère.
Nous n'avons que peu de mots à dire sur la dis-
tribution qu'opère le correspondant entre les in-
fluences française et anglaise en Orient. Nous ne
savons jusqu'à quel point c'est rendre service au sul-
tan que de le représenter comme une sorte de préfet
de l'Angleterre, toujours prêt à la servir contre la
France, payée par cette ingratitude du sang et de
l'or qu'elle a prodigués avec tant de gloire et d'efli-
cacité pour sauver l'empire ottoman.
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