Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-07-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juillet 1860 15 juillet 1860
Description : 1860/07/15 (A5,N98). 1860/07/15 (A5,N98).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529964s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 231
M. Mougel-Bey, lors de son voyage dans l'isthme, au
mois d'avril, et qui a été. pratiqué sur le contre-fort
qui domine le lac Timsah. De là la vue s'étend sur un
immense bassin, et on s'imagine facilement par la
pensée, l'aspect qu'il présentera, quand il sera rempli
par les eaux de la mer.
Le fond du lac, qui est à sec dans presque toute
son ;étendue, est à 4 ou 5 mètres en contre-bas du
niveau de la Méditerranée ; il y aura relativement
peu de travaux à faire, pour y obtenir la profondeur
de 8 mètres dans une étendue aussi considérable
qu'on le jugera nécessaire. A droite est l'emplace-
ment choisi pour la ville future de Timsah, et un
peu plus loin l'entrée du canal dérivé du Nil, ou
canal de communication, ainsi que l'embouchure de
l'Ouadée; au fond, les montagnes de l'A ttaka,'dont
on distingue la silhouette bleuâtre, et qui marquent
l'extrémité de l'isthme et le fond du golfe de Suez.
Nous descendîmes des hauteurs d'El-Guisr, et après
avoir parcouru un véritable dédale de petites dunes
couvertes de tamarins et de lentisques, et qui sont
complètement fixées par une végétation abondante,
nous traversâmes des espaces considérables plantés
d'arbres, qui offrent à la Compagnie une ressource
bien précieuse en combustible. Enfin, nous vîmes le
Scheik-Ennedeck, qui se montrait à la pointe septen-
trionale du plateau sur lequel Toussoum a été établi.
Ce petit monument est le tombeau d'un scheik
très-vénéré des tribus de Bédouins des environs, et
qui est regardé par elles comme un saint. La Com-
pagnie l'a fait restaurer complètement, l'a fait pein-
dre, et les indigènes en ont témoigné une vive re-
connaissance. Une mosquée va être installée dans
son voisinage, pour permettre aux musulmans de
faire les ablutions et la prière.
Toussoum renferme aujourd'hui un nombre considé-
rable d'établissements et d'habitations; c'est un centre
qui a rendu déjà de grands services. C'est de là qu'on
a pu approvisionner et ravitailler les travailleurs dissé-
minés de côté et d'autre pour l'installation des fours à
chaux, l'extraction de divers matériaux, le creusement
des puits, etc. Il deviendra une sorte d'ambulance plus
tard, quand les opérations vont commencer sur le
plateau de Timsah pour l'érection de la ville nouvelle.
En attendant, la manière intelligente dont les bâ-
timents ont été groupés et appropriés aux usages
auxquels ils étaient destinés, les méthodes ingénieuses
et économiques qu'on a employées pour élever rapi-
dement une foule d'ateliers et de magasins, ont mé-
rité les éloges et les témoignages de satisfaction, de
M. de Lesseps.
Le 1G juin, la caravane reprit sa marche vers le
Nord pour faire une exploration du bassin du lac
Ticasah et une reconnaissance détaillée de l'emplace-
ment destiné à la ville projetée, qui dominera par
sa position le lac et les docks préparés pour son com-
merce. Après avoir suivi un chemin que nos cara-
vanes ont frayé, et qui s'étend au milieu de vastes
espaces plantés d'arbres, nous arrivâmes dans le
bassin même de Timsah, c'est-à-dire à 6 mètres au-
dessous du niveau de la mer. Le sol est noirâtre, uni
et peu résistant, de telle sorte que nous dûmes suivre
un sentier qui serpente dans la direction de la bri-
queterie et des fours déjà construits en attendant
des établissements plus importants.
Après avoir traversé le lac et avoir gravi les
coupes qui le bornent au nord-ouest, nous nous
trouvâmes à l'emplacement de la ville de Timsah.
Le plateau qui présente une pente douce permettra
de construire les maisons dans une situation des plus
favorables. Mais ce qui a déterminé le choix du ter.
rain, c'est le voisinage de véritables bassins tracés et
creusés par la nature elle-même. Les dispositions des
plans vont les utiliser au profit des docks de Tim-
sah. Après un examen des lieux qui se prolongea
assez longtemps, après avoir visité le tracé de la ri-
gole d'eau douce qui 'va passer sur le plateau de la
ville dans sa partie, élevée, et dont la tranchée est
entamée sur un grand nombre de points, nous sui-
vîmes la direction que marquaient les jalons et les
amas considérables de tuyaux en poterie qui vont
servir à amener l'eau. En tournant vers le sud-ouest,
nous gagnâmes Bii--Abou-Ballah. Il y a actuellement
sur ce point, qui forme l'embouchure du canal d'eau
douce et de l'Ouadée-Toumilat (terre de Gessen), une
véritable petite ferme et des essais de culture pleins
d'intérêt. Lelsoi est le limon même de la vallée du
Nil, sur une profondeur de plusieurs mètres. L'arro-
sement se fait au moyen de l'eau de puits voisins
extraite par des machines. L'œil est agréablement
surpris de voir rangés symétriquement les différents
compartiments de terrains disposés par la main de
l'homme, et d'apercevoir au milieu du désert des ins-
truments de labour, et les premiers résultats d'un
travail agricole. Quelques moments après nous quit-
tions Bir-Abou-Ballah pour entrer dans la terre de
Gessen.
Terre de Gessen. — Nous devions aller coucher à
Maxama où il existe un lac formé par l'eau du Nil,
qui doit alimenter précisément la rigole et la con-
duite en poterie dont nous avions suivi le tracé et la
construction avec tant d'intérêt. m
C'est l'eau du lac Maxama qui a alimenté les cam-
pements pendant longtemps; c'est la même eau que
nous buvions depuis le Ferdanne, et chacun de
nous reconnaissait l'eau légère et savoureuse du
Nil.
A Il heures nous arrivions à Tel-el-Mascouta,
qui est l'ancienne ville de Ramsès de la Bible. Au mi-
lieu des amas de décomures, on distingue encore un
monolithe en granit rose qui représente, suivant les
uns, la triade adorée à Ramsès, suivant d'autres, le
M. Mougel-Bey, lors de son voyage dans l'isthme, au
mois d'avril, et qui a été. pratiqué sur le contre-fort
qui domine le lac Timsah. De là la vue s'étend sur un
immense bassin, et on s'imagine facilement par la
pensée, l'aspect qu'il présentera, quand il sera rempli
par les eaux de la mer.
Le fond du lac, qui est à sec dans presque toute
son ;étendue, est à 4 ou 5 mètres en contre-bas du
niveau de la Méditerranée ; il y aura relativement
peu de travaux à faire, pour y obtenir la profondeur
de 8 mètres dans une étendue aussi considérable
qu'on le jugera nécessaire. A droite est l'emplace-
ment choisi pour la ville future de Timsah, et un
peu plus loin l'entrée du canal dérivé du Nil, ou
canal de communication, ainsi que l'embouchure de
l'Ouadée; au fond, les montagnes de l'A ttaka,'dont
on distingue la silhouette bleuâtre, et qui marquent
l'extrémité de l'isthme et le fond du golfe de Suez.
Nous descendîmes des hauteurs d'El-Guisr, et après
avoir parcouru un véritable dédale de petites dunes
couvertes de tamarins et de lentisques, et qui sont
complètement fixées par une végétation abondante,
nous traversâmes des espaces considérables plantés
d'arbres, qui offrent à la Compagnie une ressource
bien précieuse en combustible. Enfin, nous vîmes le
Scheik-Ennedeck, qui se montrait à la pointe septen-
trionale du plateau sur lequel Toussoum a été établi.
Ce petit monument est le tombeau d'un scheik
très-vénéré des tribus de Bédouins des environs, et
qui est regardé par elles comme un saint. La Com-
pagnie l'a fait restaurer complètement, l'a fait pein-
dre, et les indigènes en ont témoigné une vive re-
connaissance. Une mosquée va être installée dans
son voisinage, pour permettre aux musulmans de
faire les ablutions et la prière.
Toussoum renferme aujourd'hui un nombre considé-
rable d'établissements et d'habitations; c'est un centre
qui a rendu déjà de grands services. C'est de là qu'on
a pu approvisionner et ravitailler les travailleurs dissé-
minés de côté et d'autre pour l'installation des fours à
chaux, l'extraction de divers matériaux, le creusement
des puits, etc. Il deviendra une sorte d'ambulance plus
tard, quand les opérations vont commencer sur le
plateau de Timsah pour l'érection de la ville nouvelle.
En attendant, la manière intelligente dont les bâ-
timents ont été groupés et appropriés aux usages
auxquels ils étaient destinés, les méthodes ingénieuses
et économiques qu'on a employées pour élever rapi-
dement une foule d'ateliers et de magasins, ont mé-
rité les éloges et les témoignages de satisfaction, de
M. de Lesseps.
Le 1G juin, la caravane reprit sa marche vers le
Nord pour faire une exploration du bassin du lac
Ticasah et une reconnaissance détaillée de l'emplace-
ment destiné à la ville projetée, qui dominera par
sa position le lac et les docks préparés pour son com-
merce. Après avoir suivi un chemin que nos cara-
vanes ont frayé, et qui s'étend au milieu de vastes
espaces plantés d'arbres, nous arrivâmes dans le
bassin même de Timsah, c'est-à-dire à 6 mètres au-
dessous du niveau de la mer. Le sol est noirâtre, uni
et peu résistant, de telle sorte que nous dûmes suivre
un sentier qui serpente dans la direction de la bri-
queterie et des fours déjà construits en attendant
des établissements plus importants.
Après avoir traversé le lac et avoir gravi les
coupes qui le bornent au nord-ouest, nous nous
trouvâmes à l'emplacement de la ville de Timsah.
Le plateau qui présente une pente douce permettra
de construire les maisons dans une situation des plus
favorables. Mais ce qui a déterminé le choix du ter.
rain, c'est le voisinage de véritables bassins tracés et
creusés par la nature elle-même. Les dispositions des
plans vont les utiliser au profit des docks de Tim-
sah. Après un examen des lieux qui se prolongea
assez longtemps, après avoir visité le tracé de la ri-
gole d'eau douce qui 'va passer sur le plateau de la
ville dans sa partie, élevée, et dont la tranchée est
entamée sur un grand nombre de points, nous sui-
vîmes la direction que marquaient les jalons et les
amas considérables de tuyaux en poterie qui vont
servir à amener l'eau. En tournant vers le sud-ouest,
nous gagnâmes Bii--Abou-Ballah. Il y a actuellement
sur ce point, qui forme l'embouchure du canal d'eau
douce et de l'Ouadée-Toumilat (terre de Gessen), une
véritable petite ferme et des essais de culture pleins
d'intérêt. Lelsoi est le limon même de la vallée du
Nil, sur une profondeur de plusieurs mètres. L'arro-
sement se fait au moyen de l'eau de puits voisins
extraite par des machines. L'œil est agréablement
surpris de voir rangés symétriquement les différents
compartiments de terrains disposés par la main de
l'homme, et d'apercevoir au milieu du désert des ins-
truments de labour, et les premiers résultats d'un
travail agricole. Quelques moments après nous quit-
tions Bir-Abou-Ballah pour entrer dans la terre de
Gessen.
Terre de Gessen. — Nous devions aller coucher à
Maxama où il existe un lac formé par l'eau du Nil,
qui doit alimenter précisément la rigole et la con-
duite en poterie dont nous avions suivi le tracé et la
construction avec tant d'intérêt. m
C'est l'eau du lac Maxama qui a alimenté les cam-
pements pendant longtemps; c'est la même eau que
nous buvions depuis le Ferdanne, et chacun de
nous reconnaissait l'eau légère et savoureuse du
Nil.
A Il heures nous arrivions à Tel-el-Mascouta,
qui est l'ancienne ville de Ramsès de la Bible. Au mi-
lieu des amas de décomures, on distingue encore un
monolithe en granit rose qui représente, suivant les
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