Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-07-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 juillet 1860 01 juillet 1860
Description : 1860/07/01 (A5,N97). 1860/07/01 (A5,N97).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529963c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 215
tions de l'isthme en plaisant à l'Angleterre et sans
blesser la France.
L'événement a montré combien encore ici la Porte
avait été trompée. Dès qu'il a vu les intérêts de la
Compagnie aussi grièvement attaqués, le gouverne -
ment de l'Empereur a porté dans la balance le poids
de son opposition, et la Compagnie est restée inves-
tie de toutes les facultés dont elle avait joui jusqu'a-
lors. Bien plus, l'Empereur des Français, par son
ambassadeur à Constantinople, M. Thouvenel, main-
tenant son ministre des affaires étrangères, a invité
la Porte à faire connaître son opinion pour le canal
de Suez. La question a été débattue sous toutes ses
faces dans le divan ; il y a consacré seize séances,
et de la délibération il est résulté que la Porte, quant
à elle, n'avait point d'objections à faire contre l'exécu-
tion de l'entreprise, et qu'elle remettait aux puis-
sances européennes, et spécialement à la France et à
l'Angleterre, le règlement des questions politiques
auxquelles pouvait donner naissance la création de
ce passage nouveau.
Toutes les circonstances attestent donc que la mis-
sion de Mouktar-Bey n'a été qu'un accident, une er-
reur que la Porte s*est empressée d'effacer devant
les observations amicales du gouvernement français,
et certes, elle ne peut ni la renouveler ni y per-
sister.
Elle le peut moins que jamais sous l'administration
supérieure du haut personnage qui présidait lui-même
aux délibérations d'où sont sorties les déclarations
favorables du gouvernement ottoman pour le perce-
ment de l'istlime. L'esprit éclairé et ferme de Ku-
prisli-Mehemet-Pacha a toujours senti l'importance
de cette œuvre pour les intérêts de l'empire ; il n'a
cessé de lui témoigner toutes ses sympathies ; il les
a exprimées personnellement et explicitement pen-
dant et après les délibérations dont nous venons de
parler ; il veut développer les ressources de la Tur-
quie ; il veut la mêler à la civilisation européenne ;
il sait avec quelle faveur le percement de l'isthme
est envisagé par l'opinion universelle, et, à coup sûr,
nous n'avons à attendre de lui que bienveillance et
bonne volonté pour une entreprise qui met entre les
mains de son peuple les deux principales clefs des
mers orientales : le bosphore de Thrace et le bos.
phore de Suez.
Cependant le iïloming Post et le Times ont encore
une appréhension à exprimer : le vice-roi a souscrit
une grande partie du fonds social de la Compagnie.
N'est-ce point alarmant pour les finances égytiennes?
L'Angleterre n'a-t-elle point à s'en préoccuper? N'y
a-t-il point là des considérations politiques lui don-
nant le droit de s'immiscer dans l'affaire à ce seul
point de vue? Car, hâtons-nous de le reconnaître,
après s'être posé ces interrogations, le Times proteste
et répète que pour tous les actionnaires ordinaires
qui ont voulu s'engager dans la spéculation, l'An-
gleterre n'a aucun titre pour intervenir dans l'exer-
cice ou la jouissance de leurs droits « soit de parole,
soit de fait. »
Il ne s'agit donc plus que de l'Egypte et des actes
de son gouvernement. Mais l'Égypte est-elle une pro-
vince ou une dépendance de l'Angleterre? L'Angle"
terre est-elle la tutrice financière du vice-roi ? Est-ce
à dire que ce prince ne peut s'associer aux grandes
entreprises qui se fonderont sur son territoire pour
l'améliorer et le civiliser, sans Yexequcttur britan-
nique? L'Angleterre, pour ses arrangements particu-
liers, désire un chemin de fer entre le Caire et Suez,
et le vice-roi, dans sa générosité, assume sur son
trésor toutes les charges et toutes les dépenses de ce
grand travail. Naturellement le Times applaudit et
s'inquiète fort peu de l'état des finances égyptiennes.
Mais d'un autre côté le vice-roi se mêle à une opé-
ration à laquelle il convie tous les capitalistes du
monde, et dont il attend les plus magnifiques consé-
quences et pour ses propres domaines et pour la
prospérité générale. Soudain le Times se recueille et
se demande si ce ne serait point le cas d'interdire
quelque peu le vice-roi à son profit. Que le prince
engage son argent dans des travaux agtéables à
l'Angleterre, c'est acte de sagesse et de bonne admi-
nistration ; mais s'agit-il d'un travail d'une utilité
universelle et dont par conséquent l'Angleterre ne
recueillera pas seule presque tous les avantages, il y
a lieu de s'effrayer et d'examiner si l'héritier de
Mehemet-Ali ne tourne pas à l'enfant prodigue, s'il
lui appartient de prêter son concours pécuniaire à
tous ces hommes qui, animés de son esprit, sont ve-
nus de tous les points du monde se grouper autour
de son initiative. Peut-il se compromettre ainsi sans
l'approbation de l'Angleterre? Étrange question. La
poser, c'est tout simplement admettre que l'Angle-
terre est politiquement plus souveraine en Egypte
que le sultan lui-même, car le sultan n'a certes au
cune prétention et' les traités lui interdisent tout
contrôle sur les finances du vice-roi ; celui-ci doit
un tribut déterminé à la Porte, et ce tribut payé, il
est maître de ses revenus.
Faisons en outre observer au Times que le vice-
roi a une façon d'envisager l'affaire du canal tout à
fait contraire à la sienne. Le Times croit que l'opéra-
tion est inexécutable et sans bénéfices possibles ; le
vice-roi est convaincu qns l'exécution en est facile,
qu'elle est avantageuse à tous les intérêts, principa-
lement aux siens, et il pense aussi avec le Times, que,
réussissant, elle sera fort utile à l'Angleterre.
Dans ces conditions est-ce que le Times peut préten-
dre faire prévaloir son opinion sur celle du vice-roi chez
lui, contre lui et malgré lui? Alors le Times n'a plus
qu'une chose à faire ; c'est de déléguer un d Î ses
rédacteurs au gouvernement de l'Egypte et de ran-
tions de l'isthme en plaisant à l'Angleterre et sans
blesser la France.
L'événement a montré combien encore ici la Porte
avait été trompée. Dès qu'il a vu les intérêts de la
Compagnie aussi grièvement attaqués, le gouverne -
ment de l'Empereur a porté dans la balance le poids
de son opposition, et la Compagnie est restée inves-
tie de toutes les facultés dont elle avait joui jusqu'a-
lors. Bien plus, l'Empereur des Français, par son
ambassadeur à Constantinople, M. Thouvenel, main-
tenant son ministre des affaires étrangères, a invité
la Porte à faire connaître son opinion pour le canal
de Suez. La question a été débattue sous toutes ses
faces dans le divan ; il y a consacré seize séances,
et de la délibération il est résulté que la Porte, quant
à elle, n'avait point d'objections à faire contre l'exécu-
tion de l'entreprise, et qu'elle remettait aux puis-
sances européennes, et spécialement à la France et à
l'Angleterre, le règlement des questions politiques
auxquelles pouvait donner naissance la création de
ce passage nouveau.
Toutes les circonstances attestent donc que la mis-
sion de Mouktar-Bey n'a été qu'un accident, une er-
reur que la Porte s*est empressée d'effacer devant
les observations amicales du gouvernement français,
et certes, elle ne peut ni la renouveler ni y per-
sister.
Elle le peut moins que jamais sous l'administration
supérieure du haut personnage qui présidait lui-même
aux délibérations d'où sont sorties les déclarations
favorables du gouvernement ottoman pour le perce-
ment de l'istlime. L'esprit éclairé et ferme de Ku-
prisli-Mehemet-Pacha a toujours senti l'importance
de cette œuvre pour les intérêts de l'empire ; il n'a
cessé de lui témoigner toutes ses sympathies ; il les
a exprimées personnellement et explicitement pen-
dant et après les délibérations dont nous venons de
parler ; il veut développer les ressources de la Tur-
quie ; il veut la mêler à la civilisation européenne ;
il sait avec quelle faveur le percement de l'isthme
est envisagé par l'opinion universelle, et, à coup sûr,
nous n'avons à attendre de lui que bienveillance et
bonne volonté pour une entreprise qui met entre les
mains de son peuple les deux principales clefs des
mers orientales : le bosphore de Thrace et le bos.
phore de Suez.
Cependant le iïloming Post et le Times ont encore
une appréhension à exprimer : le vice-roi a souscrit
une grande partie du fonds social de la Compagnie.
N'est-ce point alarmant pour les finances égytiennes?
L'Angleterre n'a-t-elle point à s'en préoccuper? N'y
a-t-il point là des considérations politiques lui don-
nant le droit de s'immiscer dans l'affaire à ce seul
point de vue? Car, hâtons-nous de le reconnaître,
après s'être posé ces interrogations, le Times proteste
et répète que pour tous les actionnaires ordinaires
qui ont voulu s'engager dans la spéculation, l'An-
gleterre n'a aucun titre pour intervenir dans l'exer-
cice ou la jouissance de leurs droits « soit de parole,
soit de fait. »
Il ne s'agit donc plus que de l'Egypte et des actes
de son gouvernement. Mais l'Égypte est-elle une pro-
vince ou une dépendance de l'Angleterre? L'Angle"
terre est-elle la tutrice financière du vice-roi ? Est-ce
à dire que ce prince ne peut s'associer aux grandes
entreprises qui se fonderont sur son territoire pour
l'améliorer et le civiliser, sans Yexequcttur britan-
nique? L'Angleterre, pour ses arrangements particu-
liers, désire un chemin de fer entre le Caire et Suez,
et le vice-roi, dans sa générosité, assume sur son
trésor toutes les charges et toutes les dépenses de ce
grand travail. Naturellement le Times applaudit et
s'inquiète fort peu de l'état des finances égyptiennes.
Mais d'un autre côté le vice-roi se mêle à une opé-
ration à laquelle il convie tous les capitalistes du
monde, et dont il attend les plus magnifiques consé-
quences et pour ses propres domaines et pour la
prospérité générale. Soudain le Times se recueille et
se demande si ce ne serait point le cas d'interdire
quelque peu le vice-roi à son profit. Que le prince
engage son argent dans des travaux agtéables à
l'Angleterre, c'est acte de sagesse et de bonne admi-
nistration ; mais s'agit-il d'un travail d'une utilité
universelle et dont par conséquent l'Angleterre ne
recueillera pas seule presque tous les avantages, il y
a lieu de s'effrayer et d'examiner si l'héritier de
Mehemet-Ali ne tourne pas à l'enfant prodigue, s'il
lui appartient de prêter son concours pécuniaire à
tous ces hommes qui, animés de son esprit, sont ve-
nus de tous les points du monde se grouper autour
de son initiative. Peut-il se compromettre ainsi sans
l'approbation de l'Angleterre? Étrange question. La
poser, c'est tout simplement admettre que l'Angle-
terre est politiquement plus souveraine en Egypte
que le sultan lui-même, car le sultan n'a certes au
cune prétention et' les traités lui interdisent tout
contrôle sur les finances du vice-roi ; celui-ci doit
un tribut déterminé à la Porte, et ce tribut payé, il
est maître de ses revenus.
Faisons en outre observer au Times que le vice-
roi a une façon d'envisager l'affaire du canal tout à
fait contraire à la sienne. Le Times croit que l'opéra-
tion est inexécutable et sans bénéfices possibles ; le
vice-roi est convaincu qns l'exécution en est facile,
qu'elle est avantageuse à tous les intérêts, principa-
lement aux siens, et il pense aussi avec le Times, que,
réussissant, elle sera fort utile à l'Angleterre.
Dans ces conditions est-ce que le Times peut préten-
dre faire prévaloir son opinion sur celle du vice-roi chez
lui, contre lui et malgré lui? Alors le Times n'a plus
qu'une chose à faire ; c'est de déléguer un d Î ses
rédacteurs au gouvernement de l'Egypte et de ran-
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