Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-07-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 juillet 1860 15 juillet 1860
Description : 1860/07/15 (A5,N98). 1860/07/15 (A5,N98).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529964s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 229
Ces précautions seront indispensables sur un aussi
grand chantier, mais rien jusqu'à présent ne doit
faire penser qu'on ait à craindre des maladies graves.
L'air de Port-Saïd est excellent, et les produits des
dragages dont les exhalaisons avaient inspiré quel-
ques doutes, ne sont jusqu'à présent que du sable
pur qui ne peut donner lieu à aucune émanation
pernicieuse.
Les communications de Port-Saïd avec Damiette,
qui sont aujourd'hui faites au moyen des barques du
lac, vont devenir plus rapides et plus fréquentes en-
core, grâce à l'emploi d'un bateau à vapeur qui est
au moment d'être lancé dans le lac ; il ne doit exi -
ger qu'un tirant d'eau de 30 à 35 centimètres, et
quelques légers dragages dans le chenal qui va à Da-
miette suffiront pour lui tracer une voie facile.
Le 12 juin au matin, M. de Lesseps et les person-
nes qui l'accompagnaient s'embarquèrent sur le
Mmzaleh pour parcourir l'isthme et visiter les tra-
vaux exécutés. Comme dans cette saison les eaux du
lac sont très-basses il fut nécessaire, pour arriver à
la station de Kantara-el-Kasné, de faire un assez
long détour en allant rejoindre la route de terre qui
conduit d'Egypte en Syrie.
On se dirigea en conséquence vers le canal 'de
Moez, ancienne branche tanitique du Nil, qui tire
son nom d'une des antiques capitales de l'Egypte,
Tanis , aujourd'hui Sân, l'ancienne Tsohan de la
Bible.
Au bout de quatre ou cinq heures de navigation
on commença à distinguer les terrains bas couverts
de végétations, qui forment le bord méridional du
lac, et les barques s'engagèrent bientôt entre
des berges qui forment l'embouchure par laquelle le
canal de Moez vient se jeter dans le lac. Ces deux
berges s'élèvent graduellement et sont couvertes
d'arbrisseaux qui deviennent plus nombreux à me-
sure qu'on avance ; tout indique clairement une
branche naturelle du fleuve et non un ouvrage fait
de main d'homme, car nulle part on n'observe sur
les bords ces éminences allongées formées par les
déblais qu'entraîne nécessairement le creusement
artificiel d'un chenal.
Les barques vinrent s'arrêter près d'une levée en
terre du Nil, que les habitants construisent chaque
année en travers de la branche tanitique pour re-
tenir de l'eau douce en amont et empêcher qu'au
moment où le Nil décroît les eaux du lac qui sont
salées ne se mélangent à celles que le fleuve leur
amène.
Les cultures commencent à se manifester en cet
endroit, et l'œil distingue, au milieu de cette campa-
gne plate et unie, des monticules plus ou moins
élevés, complètement isolés, qui sont les ruines de
villes dont quelques-unes ont été considérables, et
dont la quantité de décombres gisant sur le sol at-
teste l'importance passée.
Ces élévations de terrain, qui existent en nombre
presque incalculable, présentent une couleur rougeâ-
tre due à l'énorme quantité de débris de briques et
de poteries antiques qui les constitutent.
Dautres barques que celles qui nous avaient ame-
nés étaient dispersées en amont du barrage, de ma-
nière à pouvoir remonter la branche tanitique ou
plutôt le canal de Moez, puisque tel est le nom qu'on
lui donne aujourd'hui dans le pays.
Ce ne fut que le lendemain, 13, que nous partîmes-
en nous dirigeant vers Salahieh, village placé à l'ex-
trémité N.-E. du Delta qui, en raison de sa position,
a été le témoin de tant d'actions militaires du temps
de l'occupation française.
Après deux heures de voyage, nous étions devant
les ruines de Sân; elles couvrent un espace immense
et dessinent sur le ciel un profil imposant; chacun
de nous avait présents à l'esprit les passages des
écritures qui parlent de cette ville antique, aussi
vieille que l'hébreu dé la Bible, et le récit des douleurs
du peuple captif que les Pharaons employaient aux
plus durs travaux.
Une visite aux ruines, avec le plan qui fait partie
du grand ouvrage d'Egypte, nous permit d'embras-
ser d'un seul coup d'œil les dispositions de la vaste
enceinte de briques crues qui renferme les débris de
plusieurs pylônes et de neuf obélisques.
A l'entour s'élèvent de véritables montagnes de dé-
combres et de ruines d'habitations amoncelées ; tout
est recouvert d'une poussière brune dans laquelle les
pieds pénètrent, et qui contient de petits fragments de
verre colorié et de débris de petites amulettes de
pierre ou de terre émaillée.
On partit ensuite pour Salahieh vers midi, soit à
dromadaire, soit à cheval ou à baudet, - et, après
avoir traversé d'immenses espaces, autrefois cultivés
et qui maintenant offrent l'image de la stérilité et
de l'abandon, on arriva au terme de la journée. Tout
le territoire dont nous venons de parler présente en
effet des traces de canaux, de fossés et de comparti-
ments disposés pour les irrigations. Quand la branche
pélusiaque, la plus orientale .des sept branches du
Nil, coulait à plein bord, et qu'elle alimentait de
nombreux canaux d'arrosage, le pays était peuplé
et nourrissait largement ses habitants ; aujour-
d'hui c'est à peine si de loin en loin quelque petit
filet d'eau, qui coule quand le Nil déborde, per-
met pendant le courant de l'année une maigre cul-
ture.
Lè 14 juin, nous quittâmes, avant 5 heures du
matin, la maison du gouvernement à Salahieh, qui
nous avait donné asile pour la nuit, et dans laquelle
nos lits. avaient été dresses.
Un plateau uni et stérile s'offrit d'abord à nous i
Ces précautions seront indispensables sur un aussi
grand chantier, mais rien jusqu'à présent ne doit
faire penser qu'on ait à craindre des maladies graves.
L'air de Port-Saïd est excellent, et les produits des
dragages dont les exhalaisons avaient inspiré quel-
ques doutes, ne sont jusqu'à présent que du sable
pur qui ne peut donner lieu à aucune émanation
pernicieuse.
Les communications de Port-Saïd avec Damiette,
qui sont aujourd'hui faites au moyen des barques du
lac, vont devenir plus rapides et plus fréquentes en-
core, grâce à l'emploi d'un bateau à vapeur qui est
au moment d'être lancé dans le lac ; il ne doit exi -
ger qu'un tirant d'eau de 30 à 35 centimètres, et
quelques légers dragages dans le chenal qui va à Da-
miette suffiront pour lui tracer une voie facile.
Le 12 juin au matin, M. de Lesseps et les person-
nes qui l'accompagnaient s'embarquèrent sur le
Mmzaleh pour parcourir l'isthme et visiter les tra-
vaux exécutés. Comme dans cette saison les eaux du
lac sont très-basses il fut nécessaire, pour arriver à
la station de Kantara-el-Kasné, de faire un assez
long détour en allant rejoindre la route de terre qui
conduit d'Egypte en Syrie.
On se dirigea en conséquence vers le canal 'de
Moez, ancienne branche tanitique du Nil, qui tire
son nom d'une des antiques capitales de l'Egypte,
Tanis , aujourd'hui Sân, l'ancienne Tsohan de la
Bible.
Au bout de quatre ou cinq heures de navigation
on commença à distinguer les terrains bas couverts
de végétations, qui forment le bord méridional du
lac, et les barques s'engagèrent bientôt entre
des berges qui forment l'embouchure par laquelle le
canal de Moez vient se jeter dans le lac. Ces deux
berges s'élèvent graduellement et sont couvertes
d'arbrisseaux qui deviennent plus nombreux à me-
sure qu'on avance ; tout indique clairement une
branche naturelle du fleuve et non un ouvrage fait
de main d'homme, car nulle part on n'observe sur
les bords ces éminences allongées formées par les
déblais qu'entraîne nécessairement le creusement
artificiel d'un chenal.
Les barques vinrent s'arrêter près d'une levée en
terre du Nil, que les habitants construisent chaque
année en travers de la branche tanitique pour re-
tenir de l'eau douce en amont et empêcher qu'au
moment où le Nil décroît les eaux du lac qui sont
salées ne se mélangent à celles que le fleuve leur
amène.
Les cultures commencent à se manifester en cet
endroit, et l'œil distingue, au milieu de cette campa-
gne plate et unie, des monticules plus ou moins
élevés, complètement isolés, qui sont les ruines de
villes dont quelques-unes ont été considérables, et
dont la quantité de décombres gisant sur le sol at-
teste l'importance passée.
Ces élévations de terrain, qui existent en nombre
presque incalculable, présentent une couleur rougeâ-
tre due à l'énorme quantité de débris de briques et
de poteries antiques qui les constitutent.
Dautres barques que celles qui nous avaient ame-
nés étaient dispersées en amont du barrage, de ma-
nière à pouvoir remonter la branche tanitique ou
plutôt le canal de Moez, puisque tel est le nom qu'on
lui donne aujourd'hui dans le pays.
Ce ne fut que le lendemain, 13, que nous partîmes-
en nous dirigeant vers Salahieh, village placé à l'ex-
trémité N.-E. du Delta qui, en raison de sa position,
a été le témoin de tant d'actions militaires du temps
de l'occupation française.
Après deux heures de voyage, nous étions devant
les ruines de Sân; elles couvrent un espace immense
et dessinent sur le ciel un profil imposant; chacun
de nous avait présents à l'esprit les passages des
écritures qui parlent de cette ville antique, aussi
vieille que l'hébreu dé la Bible, et le récit des douleurs
du peuple captif que les Pharaons employaient aux
plus durs travaux.
Une visite aux ruines, avec le plan qui fait partie
du grand ouvrage d'Egypte, nous permit d'embras-
ser d'un seul coup d'œil les dispositions de la vaste
enceinte de briques crues qui renferme les débris de
plusieurs pylônes et de neuf obélisques.
A l'entour s'élèvent de véritables montagnes de dé-
combres et de ruines d'habitations amoncelées ; tout
est recouvert d'une poussière brune dans laquelle les
pieds pénètrent, et qui contient de petits fragments de
verre colorié et de débris de petites amulettes de
pierre ou de terre émaillée.
On partit ensuite pour Salahieh vers midi, soit à
dromadaire, soit à cheval ou à baudet, - et, après
avoir traversé d'immenses espaces, autrefois cultivés
et qui maintenant offrent l'image de la stérilité et
de l'abandon, on arriva au terme de la journée. Tout
le territoire dont nous venons de parler présente en
effet des traces de canaux, de fossés et de comparti-
ments disposés pour les irrigations. Quand la branche
pélusiaque, la plus orientale .des sept branches du
Nil, coulait à plein bord, et qu'elle alimentait de
nombreux canaux d'arrosage, le pays était peuplé
et nourrissait largement ses habitants ; aujour-
d'hui c'est à peine si de loin en loin quelque petit
filet d'eau, qui coule quand le Nil déborde, per-
met pendant le courant de l'année une maigre cul-
ture.
Lè 14 juin, nous quittâmes, avant 5 heures du
matin, la maison du gouvernement à Salahieh, qui
nous avait donné asile pour la nuit, et dans laquelle
nos lits. avaient été dresses.
Un plateau uni et stérile s'offrit d'abord à nous i
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