Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-07-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juillet 1860 01 juillet 1860
Description : 1860/07/01 (A5,N97). 1860/07/01 (A5,N97).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529963c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 213
P
drions point qu'il voulût jeter le découragement ou
le trouble parmi ceux qui se dévouent à réaliser une
œuvre dont il attend lui-même de si grands résultats,
et qu'il pût provoquer surtout toute intervention
nouvelle de la Turquie au grand détriment de la po-
pularité et de la considération de ce gouvernement
dans le monde.
Le Times, à coup sûr, n'entend pas jouer ce double
jeu, sympathique dans la théorie et hostile dans la
pratique. Il a signifié franchement son opinion à
l'Europe et au monde : que le canal de Suez se fasse,
et il s'en réjouira Que si les lettres de son correspon-
dant d'Alexandrie sont rédigées dans une autre di-
rection d'idées, nous ne devons y voir, d'après cela,
qu'une simple opinion individuelle, étrangère à la
pensée d'un journal dont les colonnes s'ouvrent à
toutes les communications souvent contraires à sa
propre politique.
Il n'en est pas tout à fait de même des correspon-
dances du Morning Post : ce journal est à Londres
celui qui s'est livré, à l'égard du canal de Suez, aux
fantaisies les plus terrifiantes. Le canal n'était point
ce qu'un vain peuple pouvait croire ; le canal avait
été inventé pour creuser une séparation infranchis-
sable entre la Turquie et l'Egypte ; l'écrivain ou-
bliait le désert de Syrie qui est un obstacle bien plus
effrayant pour la marche d'une armée d'invasion de
Turquie en Egypte. Le canal était un moyen prémé-
dité d'amener incognito les flottes françaises dans le
cœur de l'Inde ; il était une conspiration ourdie en-
tre Napoléon III et Mohammed-Saïd : du côté de
Mohammed-Saïd, dans l'intention intelligente de se
détrôner lui-même, en livrant l'Egypte à l'empereur
des Français, et, du côté de Napoléon III, dans le
but de favoriser les idées d'indépendance de Moliam-
med-Saïd. C'est encore le Morning Post qui a inventé
l'aliénation de la souveraineté du sol de l'isthme au
profit de la Compagnie, et ces fameuses fortifications
derrière lesquelles elle devait se donner une armée
et se constituer un empire. Quant à M. de Lesseps,
il était tantôt un spéculateur éhonté, abandonné à la
seule préocupation de duper des actionnaires,et tantôt
un agent souterrain employé aux plus odieuses com-
binaisons du machiavélisme français.
Le correspondant du Morning Post s'est assez na-
turellement inspiré des colères du journal auquel
il était attaché, et son imagination à su se mettre
au niveau de celle de ses supérieurs à Londres. Nous
avons eu malheureusement de nombreuses occasions
de placer sous les yeux de nos lecteurs les inexacti-
tudes matérielles et les erreurs fantasques dont il
remplissait presque chacune de ses lettres. Les bancs
de rocher obstruant l'isthme, les sables mouvants
devant engloutir le canal, puis le canal à l'état de
fossé bourbeux et les jetées en mer de 5 ou 6 milles
de long, puis les boues du Nil envahissant la baie de
Péluse, puis cette baie elle-même intenable pour les
navires, et enfin, en désespoir de cause, les boues du
Nil transformées en sable pur, si bien que si le port
de Saïd ne devait plus être embourbé, au moins ne
pouvait-il manquer d'être ensablé.
C'est derrière cette version, celle de M. le capitaine
Spratt, que se réfugie aujourd'hui le correspondant
du Morning Post. Il apprend à ses lecteurs que dans
les temps historiques les sables du Nil ont formé la
baie de Péluse, et que par conséquent ils combleront
le port de Saïd. Il leur apprend encore qu'à des épo-
ques indéterminées le lac Menzaleh n'était point sé-
paré de la mer, et que le cordon qui l'en isole au-
jourd'hui est d'une formation dont il se garde d'in-
diquer la date.
A ce dernier point nous répondons que nous avons
sous les yeux plusieurs cartes de l'ancienne Egypte,
entre autres, la carte si estimée de Danville, dressée
sur l'étude la plus minutieuse des lieux et des au-
teurs anciens. Sur toutes ces cartes, le lac Men-
zaleh est marqué dans la position et dans les condi-
tions où nous le trouvons aujourd'hui. Nous n'avons
donc aucun intérêt à rechercher si, en des périodes
perdues dans la nuit des temps, le canal Menzaleh
était ou n'était pas ce qu'il est maintenant; il nous
suffit de constater par toutes les autorités de la géo-
graphie et de l'histoire, que ce lac, depuis Hérodote,
était connu dans la plus haute antiquité, et que c'est
là une preuve physique de l'immuabilité du rivage
de Péluse, depuis des milliers de siècles.
Nous aimons à supposer, d'ailleurs, qu'en avançant
ces allégations, le correspondant du Morning Post n'a
pas lu la réponse que nous avons adressée à M. le capi-
taine Spratt, et comme les mêmes assertions sont justi-
ciables des mêmes arguments, il nous suffit de le ren-
envoyer à cette réponse insérée dans notre nu-
méro du 1er mai dernier. Il n'y trouvera pas seu-
lement la réfutation de ses idées par le témoignage
des explorateurs les plus éminents et les plus hautes
capacités da la science, il y trouvera aussi l'attesta-
tion de la possibilité et de la facilité du percement
de l'isthme, fournie à l'enquête anglaise de 1834 par
les dépositions les plus compétentes, et, à coup sûr,
les moins suspectes. Il y trouvera que le sol de
l'isthme est parfaitement consistant et solide; il y
trouvera qu'en Egypte, en 1834, personne ne suppo-
sait qu'une difficulté sérieuse pût s'opposer à l'éta-
blissement d'une communication directe entre les deux
mers, et nous ajouterons que plusieurs témoins en-
tendus dans l'enquête déclaraient le lac Menzaleh
lui-même comme un havre excellent où, moyennant
quelques travaux, l'Angleterre pouvait concentrer
la flotte marchande et les navires de guerre ayant
pour objet de la mettre en communication avec
la mer Rouge, et, sans aucun doute, la première con-
dition pour aboutir cette rade était un approfondisse-
P
drions point qu'il voulût jeter le découragement ou
le trouble parmi ceux qui se dévouent à réaliser une
œuvre dont il attend lui-même de si grands résultats,
et qu'il pût provoquer surtout toute intervention
nouvelle de la Turquie au grand détriment de la po-
pularité et de la considération de ce gouvernement
dans le monde.
Le Times, à coup sûr, n'entend pas jouer ce double
jeu, sympathique dans la théorie et hostile dans la
pratique. Il a signifié franchement son opinion à
l'Europe et au monde : que le canal de Suez se fasse,
et il s'en réjouira Que si les lettres de son correspon-
dant d'Alexandrie sont rédigées dans une autre di-
rection d'idées, nous ne devons y voir, d'après cela,
qu'une simple opinion individuelle, étrangère à la
pensée d'un journal dont les colonnes s'ouvrent à
toutes les communications souvent contraires à sa
propre politique.
Il n'en est pas tout à fait de même des correspon-
dances du Morning Post : ce journal est à Londres
celui qui s'est livré, à l'égard du canal de Suez, aux
fantaisies les plus terrifiantes. Le canal n'était point
ce qu'un vain peuple pouvait croire ; le canal avait
été inventé pour creuser une séparation infranchis-
sable entre la Turquie et l'Egypte ; l'écrivain ou-
bliait le désert de Syrie qui est un obstacle bien plus
effrayant pour la marche d'une armée d'invasion de
Turquie en Egypte. Le canal était un moyen prémé-
dité d'amener incognito les flottes françaises dans le
cœur de l'Inde ; il était une conspiration ourdie en-
tre Napoléon III et Mohammed-Saïd : du côté de
Mohammed-Saïd, dans l'intention intelligente de se
détrôner lui-même, en livrant l'Egypte à l'empereur
des Français, et, du côté de Napoléon III, dans le
but de favoriser les idées d'indépendance de Moliam-
med-Saïd. C'est encore le Morning Post qui a inventé
l'aliénation de la souveraineté du sol de l'isthme au
profit de la Compagnie, et ces fameuses fortifications
derrière lesquelles elle devait se donner une armée
et se constituer un empire. Quant à M. de Lesseps,
il était tantôt un spéculateur éhonté, abandonné à la
seule préocupation de duper des actionnaires,et tantôt
un agent souterrain employé aux plus odieuses com-
binaisons du machiavélisme français.
Le correspondant du Morning Post s'est assez na-
turellement inspiré des colères du journal auquel
il était attaché, et son imagination à su se mettre
au niveau de celle de ses supérieurs à Londres. Nous
avons eu malheureusement de nombreuses occasions
de placer sous les yeux de nos lecteurs les inexacti-
tudes matérielles et les erreurs fantasques dont il
remplissait presque chacune de ses lettres. Les bancs
de rocher obstruant l'isthme, les sables mouvants
devant engloutir le canal, puis le canal à l'état de
fossé bourbeux et les jetées en mer de 5 ou 6 milles
de long, puis les boues du Nil envahissant la baie de
Péluse, puis cette baie elle-même intenable pour les
navires, et enfin, en désespoir de cause, les boues du
Nil transformées en sable pur, si bien que si le port
de Saïd ne devait plus être embourbé, au moins ne
pouvait-il manquer d'être ensablé.
C'est derrière cette version, celle de M. le capitaine
Spratt, que se réfugie aujourd'hui le correspondant
du Morning Post. Il apprend à ses lecteurs que dans
les temps historiques les sables du Nil ont formé la
baie de Péluse, et que par conséquent ils combleront
le port de Saïd. Il leur apprend encore qu'à des épo-
ques indéterminées le lac Menzaleh n'était point sé-
paré de la mer, et que le cordon qui l'en isole au-
jourd'hui est d'une formation dont il se garde d'in-
diquer la date.
A ce dernier point nous répondons que nous avons
sous les yeux plusieurs cartes de l'ancienne Egypte,
entre autres, la carte si estimée de Danville, dressée
sur l'étude la plus minutieuse des lieux et des au-
teurs anciens. Sur toutes ces cartes, le lac Men-
zaleh est marqué dans la position et dans les condi-
tions où nous le trouvons aujourd'hui. Nous n'avons
donc aucun intérêt à rechercher si, en des périodes
perdues dans la nuit des temps, le canal Menzaleh
était ou n'était pas ce qu'il est maintenant; il nous
suffit de constater par toutes les autorités de la géo-
graphie et de l'histoire, que ce lac, depuis Hérodote,
était connu dans la plus haute antiquité, et que c'est
là une preuve physique de l'immuabilité du rivage
de Péluse, depuis des milliers de siècles.
Nous aimons à supposer, d'ailleurs, qu'en avançant
ces allégations, le correspondant du Morning Post n'a
pas lu la réponse que nous avons adressée à M. le capi-
taine Spratt, et comme les mêmes assertions sont justi-
ciables des mêmes arguments, il nous suffit de le ren-
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lement la réfutation de ses idées par le témoignage
des explorateurs les plus éminents et les plus hautes
capacités da la science, il y trouvera aussi l'attesta-
tion de la possibilité et de la facilité du percement
de l'isthme, fournie à l'enquête anglaise de 1834 par
les dépositions les plus compétentes, et, à coup sûr,
les moins suspectes. Il y trouvera que le sol de
l'isthme est parfaitement consistant et solide; il y
trouvera qu'en Egypte, en 1834, personne ne suppo-
sait qu'une difficulté sérieuse pût s'opposer à l'éta-
blissement d'une communication directe entre les deux
mers, et nous ajouterons que plusieurs témoins en-
tendus dans l'enquête déclaraient le lac Menzaleh
lui-même comme un havre excellent où, moyennant
quelques travaux, l'Angleterre pouvait concentrer
la flotte marchande et les navires de guerre ayant
pour objet de la mettre en communication avec
la mer Rouge, et, sans aucun doute, la première con-
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