JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 227
clamations et exécutèrent des salves de mousque-
terie.
Le lendemain, qui était le dimanche de la Fête-
Dieu, le service divin fut célébré devant la réunion
des ouvriers et de leurs familles ; l'autel avait été
dressé sur le péristyle du chalet des ingénieurs, en
face de la mer, et la foule était groupée sur la
plage. Les dames avaient pris place dans une ga-
lerie couverte qui précède l'habitation. M. Bel, supé-
rieur des Lazaristes, officia. Dans une courte allocu-
tion, en présence du spectacle grandiose qu'il avait
sous les yeux, il sut trouver les paroles les plus tou-
chantes et les mieux faites pour encourager au tra-
vail ceux qui se sont dévoués à la grande œuvre de
la jonction des deux mers.
Après la messe on procéda au baptême d'un enfant
qui est le premier né à Port-Saïd, et qui est fils d'un
père et d'une mère corses.
On avait attendu, pour célébrer cette fête, l'arrivée
de M. Ferdinand de Lesseps qui avait bien voulu
être le parrain de l'enfant, et qui lui donna son nom
de Ferdinand, et celui de Saïd en l'honneur du vice-
roi d'Egypte et de la ville naissante qui l'a vu venir
au monde.
On se dirigea ensuite vers une sorte de grand ré-
fectoire où un certain nombre d'ouvriers européens
prennent leur repas en temps ordinaire, et qu'on
avait disposé pour un banquet d'après le désir ex-
primé par le président-fondateur de la Compagnie.
De longues tables avaient déjà reçu les chefs d'ate-
liers et les ouvriers les plus capables et les plus mé-
ritants, quand M. de Lesseps fit son entrée donnant
le bras à la marraine du nouveau-né, femme du
médecin de la section.
La cordialité fit bientôt place à un véritable en-
thousiasme, quand M. de Lesseps, se levant, porta un
toast au vice-roi d'Egypte, à ce premier promoteur de
Vœuvre ! Son toast fut accueilli par des acclamations
unanimes.
M. Cliaffey-Effendi, ingénieur égyptien, qui a fait
ses études à Paris, répondit eu français dans les
termes suivants :
» Je vous remercie, Monsieur le président-fonda-
» teur de la Compagnie universelle du canal de
» Suez, au nom de notre auguste maître le vice-roi
» d'Egypte. Malgré les difficultés générales oppo-
» sées au percement de l'isthme de Suez, M. Ferd.
» de Lesseps, mû par des sentiments généreux qui
» doivent triompher de tous les obstacles , marche
« avec S. A. le vice-roi d'Egypte, notre auguste mai-
» tre, à l'accomplissement de ses grands projets ; qu'il
» me soit permis de porter sa santé et celle de S. A.
» Saïd-Paclia. Leurs noms sont désormais insépara-
» bles; leur volonté commune ne peut plus être con-
» trariée par rien dans ce monde. J'ai vu de mes
» yeux que leurs travaux sont aujourd'hui inébran-
» labiés. Sur tous ces travaux faits par des ingé-
» nieurs capables, choisis par cet illustre président
» qui ne s'est point trompé dans ses choix, comme
» je l'ai bien vu moi-même, je n'ai.jamais trouvé
» que des hommes pleins de zèle, d'activité, de certi-
» tude et doués d'une énergie continuelle. Grâces
» soient rendues à tous les employés du canal, à
» M. le président, à notre auguste maitre Saïd-Pacha,
» le souverain de l'Egypte.
» A la santé du vice-roi !
» A la santé de M. de Lesseps ! »
Divers autres toasts furent portés :
A M. de Lesseps, par M. Laroche, ingénieur de la
division de Port-Saïd, et par M. Feinieux, directeur
de l'entreprise; à M. Alphonse Hardon, par M. de
Montaut, ingénieur, chef du service central des tra-
vaux et délégué du directeur général, Mougel-Bey.
Pendant que les Européens célébraient ainsi cette
fête qui était comme une inauguration de la nouvelle
ville, un iman musulman rassemblait les ouvriers
égyptiens, et après avoir dit la prière devant eux,
il leur prêchait la concorde et leur recommandait le
respect et l'obéissance envers les chefs européens qui
viennent ainsi leur apporter les bienfaits de la civi-
lisation et des lumières, et les faire jouir eux et leurs
familles d'un bien-être qui ira toujours en croissant.
La journée du 11 fut consacrée à une visite dé-
taillée des chantiers et des machines. Les dragues
attirèrent surtout l'attention de M. de Lesseps. Ces
appareils ont été construits dans les ateliers de M.
Combes, de Lyon, sur des plans arrêtés par les ingé-
nieurs de la Compagnie ; elles sont munies de deux
machines qui produisent une force de vingt chevaux ;
elles doivent extraire un déblai de 1,000 mètres cu-
bes dans une journée de dix heures.
Les matières qu'amènent continuellement les godets
se déversant dans un couloir en tôle et servent à for-
mer les remblais nécessaires sur les bords du canal ;
mais ce système de transport des déblais ne doit pas
être poursuivi.
C'est au moyen d'une toile sans fin mise en mou-
vement continuel par les machines à vapeur elles-
mêmes, roulant sur deux cylindres, et soutenue dans
son développement par une armature convenable,
qu'ils doivent s'opérer.
Ce procédé qui est tout nouveau et qui a déjà produit
des résultats excellents en France, quand on l'a ex-
périmenté au bois de Boulogne, n'a pu recevoir ici
son application dès le principe à cause du naufrage
du navire le .lawl/., qui portait tous les agrès et les
engins nécessaires, mais ce n'est qu'un retard mo-
mentané; on attend à chaque instant des toiles pré-
parées de Paris, de Lyon et de Belgique.
Cette ingénieuse disposition fait que les matières
extraites du fond du canal étant versées à une des
extrémités de la toile qui s'étend à 18 mètres en de-
clamations et exécutèrent des salves de mousque-
terie.
Le lendemain, qui était le dimanche de la Fête-
Dieu, le service divin fut célébré devant la réunion
des ouvriers et de leurs familles ; l'autel avait été
dressé sur le péristyle du chalet des ingénieurs, en
face de la mer, et la foule était groupée sur la
plage. Les dames avaient pris place dans une ga-
lerie couverte qui précède l'habitation. M. Bel, supé-
rieur des Lazaristes, officia. Dans une courte allocu-
tion, en présence du spectacle grandiose qu'il avait
sous les yeux, il sut trouver les paroles les plus tou-
chantes et les mieux faites pour encourager au tra-
vail ceux qui se sont dévoués à la grande œuvre de
la jonction des deux mers.
Après la messe on procéda au baptême d'un enfant
qui est le premier né à Port-Saïd, et qui est fils d'un
père et d'une mère corses.
On avait attendu, pour célébrer cette fête, l'arrivée
de M. Ferdinand de Lesseps qui avait bien voulu
être le parrain de l'enfant, et qui lui donna son nom
de Ferdinand, et celui de Saïd en l'honneur du vice-
roi d'Egypte et de la ville naissante qui l'a vu venir
au monde.
On se dirigea ensuite vers une sorte de grand ré-
fectoire où un certain nombre d'ouvriers européens
prennent leur repas en temps ordinaire, et qu'on
avait disposé pour un banquet d'après le désir ex-
primé par le président-fondateur de la Compagnie.
De longues tables avaient déjà reçu les chefs d'ate-
liers et les ouvriers les plus capables et les plus mé-
ritants, quand M. de Lesseps fit son entrée donnant
le bras à la marraine du nouveau-né, femme du
médecin de la section.
La cordialité fit bientôt place à un véritable en-
thousiasme, quand M. de Lesseps, se levant, porta un
toast au vice-roi d'Egypte, à ce premier promoteur de
Vœuvre ! Son toast fut accueilli par des acclamations
unanimes.
M. Cliaffey-Effendi, ingénieur égyptien, qui a fait
ses études à Paris, répondit eu français dans les
termes suivants :
» Je vous remercie, Monsieur le président-fonda-
» teur de la Compagnie universelle du canal de
» Suez, au nom de notre auguste maître le vice-roi
» d'Egypte. Malgré les difficultés générales oppo-
» sées au percement de l'isthme de Suez, M. Ferd.
» de Lesseps, mû par des sentiments généreux qui
» doivent triompher de tous les obstacles , marche
« avec S. A. le vice-roi d'Egypte, notre auguste mai-
» tre, à l'accomplissement de ses grands projets ; qu'il
» me soit permis de porter sa santé et celle de S. A.
» Saïd-Paclia. Leurs noms sont désormais insépara-
» bles; leur volonté commune ne peut plus être con-
» trariée par rien dans ce monde. J'ai vu de mes
» yeux que leurs travaux sont aujourd'hui inébran-
» labiés. Sur tous ces travaux faits par des ingé-
» nieurs capables, choisis par cet illustre président
» qui ne s'est point trompé dans ses choix, comme
» je l'ai bien vu moi-même, je n'ai.jamais trouvé
» que des hommes pleins de zèle, d'activité, de certi-
» tude et doués d'une énergie continuelle. Grâces
» soient rendues à tous les employés du canal, à
» M. le président, à notre auguste maitre Saïd-Pacha,
» le souverain de l'Egypte.
» A la santé du vice-roi !
» A la santé de M. de Lesseps ! »
Divers autres toasts furent portés :
A M. de Lesseps, par M. Laroche, ingénieur de la
division de Port-Saïd, et par M. Feinieux, directeur
de l'entreprise; à M. Alphonse Hardon, par M. de
Montaut, ingénieur, chef du service central des tra-
vaux et délégué du directeur général, Mougel-Bey.
Pendant que les Européens célébraient ainsi cette
fête qui était comme une inauguration de la nouvelle
ville, un iman musulman rassemblait les ouvriers
égyptiens, et après avoir dit la prière devant eux,
il leur prêchait la concorde et leur recommandait le
respect et l'obéissance envers les chefs européens qui
viennent ainsi leur apporter les bienfaits de la civi-
lisation et des lumières, et les faire jouir eux et leurs
familles d'un bien-être qui ira toujours en croissant.
La journée du 11 fut consacrée à une visite dé-
taillée des chantiers et des machines. Les dragues
attirèrent surtout l'attention de M. de Lesseps. Ces
appareils ont été construits dans les ateliers de M.
Combes, de Lyon, sur des plans arrêtés par les ingé-
nieurs de la Compagnie ; elles sont munies de deux
machines qui produisent une force de vingt chevaux ;
elles doivent extraire un déblai de 1,000 mètres cu-
bes dans une journée de dix heures.
Les matières qu'amènent continuellement les godets
se déversant dans un couloir en tôle et servent à for-
mer les remblais nécessaires sur les bords du canal ;
mais ce système de transport des déblais ne doit pas
être poursuivi.
C'est au moyen d'une toile sans fin mise en mou-
vement continuel par les machines à vapeur elles-
mêmes, roulant sur deux cylindres, et soutenue dans
son développement par une armature convenable,
qu'ils doivent s'opérer.
Ce procédé qui est tout nouveau et qui a déjà produit
des résultats excellents en France, quand on l'a ex-
périmenté au bois de Boulogne, n'a pu recevoir ici
son application dès le principe à cause du naufrage
du navire le .lawl/., qui portait tous les agrès et les
engins nécessaires, mais ce n'est qu'un retard mo-
mentané; on attend à chaque instant des toiles pré-
parées de Paris, de Lyon et de Belgique.
Cette ingénieuse disposition fait que les matières
extraites du fond du canal étant versées à une des
extrémités de la toile qui s'étend à 18 mètres en de-
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