Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-07-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juillet 1860 01 juillet 1860
Description : 1860/07/01 (A5,N97). 1860/07/01 (A5,N97).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529963c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 211
saint Louis, en ces deux endroits, se montra également
héroïque.
Dans cette partie du Delta, très-peuplée, comme vous
le savez, j'ai pu me convaincre des mœurs douces et
hospitalières des fellahs (paysans) ; ils entendent l'agri-
culture à merveille et paraissent d'ailleurs fort intelli-
gents. Les Européens sont accueillis par eux avec beau-
coup d'aménité.
Nous sommes arrivés le 9 à Port-Saïd. Dès six heures
du matin nous apercevions la silhouette transparente du
phare; puis, successivement, les ateliers, les chalets,
les maisons, et enfin la future ville tout entière. A dix
heures environ nous débarquions.
Ma première visite fut pour le canal, qui, sur un
certain espace, a 22 mètres de largeur. Une drague
fonctionnait ; cinq autres, qui sont sur le chantier, vont
être mises en activité successivement, d'ici à quinze
jours.
Près de là les machines distillatoires attirèrent vive-
ment mon attention. Ces précieux appareils pourvoient
amplement aux besoins généraux et permettent d'at-
tendre tranquillement l'achèvement du canal d'eau
douce.
Un brick, que nous croyons grec, vient de jeter l'an-
cre. Cela fait trois bâtiments qui se trouvent en ce
moment dans la rade ; en moyenne, jusqu'à présent, il
en est venu un par semaine, ce qui fait plus de soixante
bâtiments qui ont séjourné ici sans éprouver aucune
avarie.
L'aspect général extérieur de Port-Saïd est fort re-
marquable, mais ce qui frappe surtout, c'est l'admira-
ble système d'organisation qui fonctionne ici; Port-
Saïd peut dès à présent soutenir avec avantage toute
comparaison avec nos premiers établissements indus-
triels. Quand on songe à tous les obstacles que l'on a
dû surmonter pour arriver à un pareil résultat, on se
sent pris d'admiration.
La direction supérieure des travaux, à Port-Saïd, est
confiée à un jeune ingénieur plein de talent et d'éner-
gie, M. Laroche. Les travaux sont conduits avec beau-
coup d'intelligence par M. Barallier, agent de l'entre-
preneur général.
Le travail est d'environ dix heures par jour matin et
soir. Le salaire des ouvriers européens est élevé, et les
denrées alimentaires, fournies par l'entreprise au prix
de revient, permettent à ces ouvriers de se nourrir à
bon marché.
Des magasins d'habillement, des cordonniers et au-
tres industriels établis sur place pourvoient à leurs
autres besoins.
Le salaire des ouvriers indigènes est moins élevé, et
cependant on a beaucoup à se louer de leur travail. En
voici un exemple :
Deux dragues furent mises dernièrement en chan-
tier; le montage de la première fut confié h des Euro
péens, celui de la seconde à des indigènes. Le travail
achevé et également conditionné revenait pour les Eu-
ropéens à 900 fr., et pour les indigènes à 500 fr. seule-
ment.
Je ne vous parlerai pas de l'hôpital, car il n'y a, en
ce moment, aucun malade. L'air, assez vif et très-sain
à Port-Saïd, permet d'espérer qu'il en sera souvent
ainsi. Les accidents, qui le croirait? sont eux-mêmes
fort rares ; depuis la fondation, on ne compte qu'un
doigt écrasé.
Aujourd'hui dimanche, nous avons assisté à une cé-
rémonie touchante, une messe suivie d'un baptême !
C'était celui du premier enfant né à Port-Saïd. Cet en-
fant, fils d'un ouvrier de l'entreprise, a eu la singulière
fortune d'être tenu sur les fonts baptismaux par M. de
Lesseps lui-même, qui a donné à son filleul les noms de -
Ferdinand-Saïd (Saïd correspond à notre prénom de
Félix), et de plus l'a doté de deux actions de l'entre-
prise.
Après la double cérémonie, un banquet a réuni la
presque totalité de la population européenne et quel-
ques Arabes.
L'honorable président de la Compagnie a été acclamé,
et lorsque, par quelques paroles bien senties, il a re-
commandé à tous la concorde et l'union, sans distinc-
tion aucune de nationalité, sa voix a été couverte
d'applaudissements et de promesses.
E. T. BAIGNIÈRES.
(Correspondance particulière du CONSTITUTIONNEL,)
Toussoumville, le 16 juin 1860.
Le 12 au matin, nous quittions Port-Saïd pour con-
tinuer notre voyage dans l'isthme.
Après avoir salué d'un dernier regard le canal nais-
sant, après avoir une dernière fois admiré la marche
victorieuse de la drague, nous nous sommes embarqués
de nouveau sur le lac Menzaleh; puis, laissant derrière
nous, à gauche et à droite, Matarieh, le pays des pêche-
ries, et Menzaleh, la ville où les croyants de la con-
trée vont pieusement passer le Ramadan, nous sommes
entrés dans le canal de Moïse (branche tanitique). A
partir de ce moment, c'est la Bible à la main qu'il faut
voyager. Chaque village, chaque ruine est une page du
saint livre. Ici, nous sommes sur la branche du fleuve
où dut être exposé le futur chef des Hébreux; plus
loin, nous trouvons Sanè, l'ancienne capitale des Pha-
raon aux temps de Moïse.
A Sanè, nous avons quitté le Nil et nous nous som-
mes dirigés, à travers le désert, par Salahieh, sur El-
Kantarah, qui était le premier point où nous devions
rejoindre le tracé du canal.
El-Kantarah est aujourd'hui doté d'une douzaine de
maisons et d'établissements construits au moyen de
briques et de pierres, trouvées en abondance tout près
de là. Une drague qui en ce moment est en route, va
très-prochainement fonctionner sur ce point et aller à
la rencontre de celles de Port-Saïd.
D'El-Kantarah aux dunes d'El-Ferdanne, le canal
suit une sorte de vallée d'environ 30 kilomètres. Ce
n'est donc qu'à El-Ferdanne que commencent les tra-
vaux de déblai proprement dits ; c'est aussi à partir de
ce point que l'œuvre de canalisation devient plus in.
téressante.
El-Ferdanne, qui hier était encore une colline déserte,
est aujourd'hui un charmant village en miniature ; ici,
comme à Kantarah, le bien-être et la santé règnent
saint Louis, en ces deux endroits, se montra également
héroïque.
Dans cette partie du Delta, très-peuplée, comme vous
le savez, j'ai pu me convaincre des mœurs douces et
hospitalières des fellahs (paysans) ; ils entendent l'agri-
culture à merveille et paraissent d'ailleurs fort intelli-
gents. Les Européens sont accueillis par eux avec beau-
coup d'aménité.
Nous sommes arrivés le 9 à Port-Saïd. Dès six heures
du matin nous apercevions la silhouette transparente du
phare; puis, successivement, les ateliers, les chalets,
les maisons, et enfin la future ville tout entière. A dix
heures environ nous débarquions.
Ma première visite fut pour le canal, qui, sur un
certain espace, a 22 mètres de largeur. Une drague
fonctionnait ; cinq autres, qui sont sur le chantier, vont
être mises en activité successivement, d'ici à quinze
jours.
Près de là les machines distillatoires attirèrent vive-
ment mon attention. Ces précieux appareils pourvoient
amplement aux besoins généraux et permettent d'at-
tendre tranquillement l'achèvement du canal d'eau
douce.
Un brick, que nous croyons grec, vient de jeter l'an-
cre. Cela fait trois bâtiments qui se trouvent en ce
moment dans la rade ; en moyenne, jusqu'à présent, il
en est venu un par semaine, ce qui fait plus de soixante
bâtiments qui ont séjourné ici sans éprouver aucune
avarie.
L'aspect général extérieur de Port-Saïd est fort re-
marquable, mais ce qui frappe surtout, c'est l'admira-
ble système d'organisation qui fonctionne ici; Port-
Saïd peut dès à présent soutenir avec avantage toute
comparaison avec nos premiers établissements indus-
triels. Quand on songe à tous les obstacles que l'on a
dû surmonter pour arriver à un pareil résultat, on se
sent pris d'admiration.
La direction supérieure des travaux, à Port-Saïd, est
confiée à un jeune ingénieur plein de talent et d'éner-
gie, M. Laroche. Les travaux sont conduits avec beau-
coup d'intelligence par M. Barallier, agent de l'entre-
preneur général.
Le travail est d'environ dix heures par jour matin et
soir. Le salaire des ouvriers européens est élevé, et les
denrées alimentaires, fournies par l'entreprise au prix
de revient, permettent à ces ouvriers de se nourrir à
bon marché.
Des magasins d'habillement, des cordonniers et au-
tres industriels établis sur place pourvoient à leurs
autres besoins.
Le salaire des ouvriers indigènes est moins élevé, et
cependant on a beaucoup à se louer de leur travail. En
voici un exemple :
Deux dragues furent mises dernièrement en chan-
tier; le montage de la première fut confié h des Euro
péens, celui de la seconde à des indigènes. Le travail
achevé et également conditionné revenait pour les Eu-
ropéens à 900 fr., et pour les indigènes à 500 fr. seule-
ment.
Je ne vous parlerai pas de l'hôpital, car il n'y a, en
ce moment, aucun malade. L'air, assez vif et très-sain
à Port-Saïd, permet d'espérer qu'il en sera souvent
ainsi. Les accidents, qui le croirait? sont eux-mêmes
fort rares ; depuis la fondation, on ne compte qu'un
doigt écrasé.
Aujourd'hui dimanche, nous avons assisté à une cé-
rémonie touchante, une messe suivie d'un baptême !
C'était celui du premier enfant né à Port-Saïd. Cet en-
fant, fils d'un ouvrier de l'entreprise, a eu la singulière
fortune d'être tenu sur les fonts baptismaux par M. de
Lesseps lui-même, qui a donné à son filleul les noms de -
Ferdinand-Saïd (Saïd correspond à notre prénom de
Félix), et de plus l'a doté de deux actions de l'entre-
prise.
Après la double cérémonie, un banquet a réuni la
presque totalité de la population européenne et quel-
ques Arabes.
L'honorable président de la Compagnie a été acclamé,
et lorsque, par quelques paroles bien senties, il a re-
commandé à tous la concorde et l'union, sans distinc-
tion aucune de nationalité, sa voix a été couverte
d'applaudissements et de promesses.
E. T. BAIGNIÈRES.
(Correspondance particulière du CONSTITUTIONNEL,)
Toussoumville, le 16 juin 1860.
Le 12 au matin, nous quittions Port-Saïd pour con-
tinuer notre voyage dans l'isthme.
Après avoir salué d'un dernier regard le canal nais-
sant, après avoir une dernière fois admiré la marche
victorieuse de la drague, nous nous sommes embarqués
de nouveau sur le lac Menzaleh; puis, laissant derrière
nous, à gauche et à droite, Matarieh, le pays des pêche-
ries, et Menzaleh, la ville où les croyants de la con-
trée vont pieusement passer le Ramadan, nous sommes
entrés dans le canal de Moïse (branche tanitique). A
partir de ce moment, c'est la Bible à la main qu'il faut
voyager. Chaque village, chaque ruine est une page du
saint livre. Ici, nous sommes sur la branche du fleuve
où dut être exposé le futur chef des Hébreux; plus
loin, nous trouvons Sanè, l'ancienne capitale des Pha-
raon aux temps de Moïse.
A Sanè, nous avons quitté le Nil et nous nous som-
mes dirigés, à travers le désert, par Salahieh, sur El-
Kantarah, qui était le premier point où nous devions
rejoindre le tracé du canal.
El-Kantarah est aujourd'hui doté d'une douzaine de
maisons et d'établissements construits au moyen de
briques et de pierres, trouvées en abondance tout près
de là. Une drague qui en ce moment est en route, va
très-prochainement fonctionner sur ce point et aller à
la rencontre de celles de Port-Saïd.
D'El-Kantarah aux dunes d'El-Ferdanne, le canal
suit une sorte de vallée d'environ 30 kilomètres. Ce
n'est donc qu'à El-Ferdanne que commencent les tra-
vaux de déblai proprement dits ; c'est aussi à partir de
ce point que l'œuvre de canalisation devient plus in.
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El-Ferdanne, qui hier était encore une colline déserte,
est aujourd'hui un charmant village en miniature ; ici,
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