Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-07-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juillet 1860 01 juillet 1860
Description : 1860/07/01 (A5,N97). 1860/07/01 (A5,N97).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529963c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
314 L'ISTHME DE SUEZ,
ment de la côte' voisine, garanti par une jetée,
sans laquelle les navires marchands et surtout les
vaisseaux de guerre auraient été parfaitement inca-
pables d'entrer dans le lac Menzaleh. Ainsi, l'enquête
anglaise de 1834 a prouvé à la fois et que le sol de
l'isthme était parfaitement apte à recevoir et conser-
un chenal maritime, et que la baie de Péluse pouvait
s'ouvrir avec sécurité pour un port que la Compagnie
avait placé à Saïd, entre la mer et le lac, et que les
témoins de l'enquête proposaient d'établir dans des
conditions beaucoup moins avantageuses au sein
du lac lui-même.
Cependant les travaux sur l'isthme ne sont pas
aussi vastes que le correspondant du Morning Post
aimait à le supposer. Nous entendons le corres-
pondant se passionner sur leur importance, quand il
s'agissait de faire impression sur la Porte ; il s'exta-
sie sur leur insignifiance, quand il s'agit, par un
effort qui n'aboutira pas, de produire une impression
défavorable sur l'esprit des actionnaires.
Le correspondant exagérait alors et il exagère au-
jourd'hui ; mais nous mettrons à rétablir la vérité
autant de persistance qu'on en met à l'altérer.
Nous y sommes d'autant plus obligé, que le cor-
respondant nous prend nous-même à partie et accuse
notre véracité. « Un exposé succint de ce qui a été
» fait, dit-il, présentera un étrange contraste avec
» les descriptions brillantes et pleines d'imagination
» d'un style oriental, qui ont été publiées dernière-
» ment par les journaux français et notamment dans
» le journal Y Isthme de Suez. »
Or, ce « résumé succint » n'est guère que la ré-
pétition dépitée et malveillante des détails que nous
avons nous-même communiqués au public sur la situa-
tion de Port-Saïd, d'El-Kantarah, de Bir-Abou-Ballah,
Toussoumville, etc. Seulement notre dénonciateur a
regardé par l'envers de sa lunette : c'est ainsi sans
doute qu'il a réduit les mètres en pieds anglais ; il
n'accorde que 330 pieds de longueur à la jetée de
Port-Saïd qui a déjà 300 mètres, et que 20 pieds de
haut au phare qui a 20 mètres. Il n'est pas éton-
nant qu'avec cette prédisposition de son esprit et de
ses yeux, il soit arrivé à cette conclusion que rien
n'avançait sur le terrain de l'isthme. Nous avons
annoncé aussi que les recherches et les fouilles opé-
rées dans le sol avaient fait découvrir d'énormes
quantités de matériaux inappréciables pour l'exécu
tion et pour l'économie des travaux. Le correspon-
dant du Morning Post ne peut plus contester le fait,
mais il trouve encore le secret d'en atténuer la
valeur. Il a le courage d'avancer que ces matériaux
trouvés sur les lieux et sur la ligne même du canal,
reviendront beaucoup plus cher que ceux que d'abord
on devait faire venir à grands frais de l'Europe et
de l'Asie. C'est ainsi qu'il porte à 20 fr. le mètre
- cube les pierres que l'Egypte pourrait fournir pour
Port-Saïd, tandis que la Compagnie a des offres de
fourniture pour les pierres extraites des carrières
de Merx, près d'Alexandrie, à 12 fr. le mètre cube,
et qu'elle espère les obtenir à 9 ou 10 fr. par ses pro-
pres travailleurs. C'est ainsi encore que dans la no-
menclature des points dont la Compagnie a pris posses-
sion, il oublie de citer les magnifiques carrières de
Gebel-Geneffé, offrant à l'exploitation des ressources
à peu près inépuisables en pierres de toute nature;
et celles de l'Attakah, où 100,000 mètres de matériaux
de la même nature sont au bord de la mer, à la dis-
position de qui voudra les embarquer, et doivent
servir à la construction des jetées de Suez. Enfin, le
correspondant n'hésitait pas à affirmer que les tra-
vailleurs réunis dans l'isthme seront inévitablement
condamnés à mourir de faim. 11 a toutefois la géné-
rosité de nous rassurer maintenant à cet égard, et
il daigne nous apprendre qu'on réunit dans l'établis-
sement de Port Saïd toutes les nécessités et même
toutes les commodités de la vie matérielle.
Quoi qu'il en dise donc ou plutôt d'après ce qu'il
en dit, les travaux de la Compagnie se poursuivent,
se développent et se développeront dans la mesure
qui leur a été assignée, et dans cette mesure tous les
droits sont sauvegardés, ceux de la Porte aussi bien
que ceux de la Compagnie. La tranchée est ouverte
pour établir pendant une première période la commu-
nication entre la mer et le lac Timsah. Nous avons
lieu d'espérer que dans la prochaine campagne cette
opération sera terminée. Sur cette exécution sont
concentrés en ce moment les principaux efforts de
la Compagnie et de ses ingénieurs.
Quelle est cependant la nature de ces opérations
déjà commencées et qu'il s'agit de continuer?
Le correspondant lui-même du Morning Post recon-
naît qu'encore à l'heure qu'il est elles gardent le ca-
ractère « de travaux préparatoires. » C'est un aveu
précieux; il prouve combien la Porte a été trompée
sur la réalité des choses dans l'intervention qui lui
fut imposée par la pression britannique; il prouve
combien cette démarche inopportune et mal fondée
était compromettante pour le gouvernement du sul-
tan qu'elle avait en effet déplorablement compromis,
comme les résultats l'ont démontré; car la Porte
basait sa réclamation sur ce que les travaux prépa-
ratoires, dont la légitimité n'a jamais été contestée,
s'étaient changés en travaux définitifs, et c'est au-
jourd'hui un journal semi-officiel de Londres qui
vient démentir les allégations sur lesquelles s'ap-
puyait la diplomatie britannique à Constantinople.
Pourtant le Morning Post a l'assurance d'invoquer
de nouveau contre l'entreprise la mission de Mouktar*
Bey. Comme il vient de l'attester lui-même, cette
mission d'abord était fondée sur une erreur, sur une
faussé appréciation des faits. De plus, on avait fait
croire à la Porte qu'elle pouvait entraver les opéra
ment de la côte' voisine, garanti par une jetée,
sans laquelle les navires marchands et surtout les
vaisseaux de guerre auraient été parfaitement inca-
pables d'entrer dans le lac Menzaleh. Ainsi, l'enquête
anglaise de 1834 a prouvé à la fois et que le sol de
l'isthme était parfaitement apte à recevoir et conser-
un chenal maritime, et que la baie de Péluse pouvait
s'ouvrir avec sécurité pour un port que la Compagnie
avait placé à Saïd, entre la mer et le lac, et que les
témoins de l'enquête proposaient d'établir dans des
conditions beaucoup moins avantageuses au sein
du lac lui-même.
Cependant les travaux sur l'isthme ne sont pas
aussi vastes que le correspondant du Morning Post
aimait à le supposer. Nous entendons le corres-
pondant se passionner sur leur importance, quand il
s'agissait de faire impression sur la Porte ; il s'exta-
sie sur leur insignifiance, quand il s'agit, par un
effort qui n'aboutira pas, de produire une impression
défavorable sur l'esprit des actionnaires.
Le correspondant exagérait alors et il exagère au-
jourd'hui ; mais nous mettrons à rétablir la vérité
autant de persistance qu'on en met à l'altérer.
Nous y sommes d'autant plus obligé, que le cor-
respondant nous prend nous-même à partie et accuse
notre véracité. « Un exposé succint de ce qui a été
» fait, dit-il, présentera un étrange contraste avec
» les descriptions brillantes et pleines d'imagination
» d'un style oriental, qui ont été publiées dernière-
» ment par les journaux français et notamment dans
» le journal Y Isthme de Suez. »
Or, ce « résumé succint » n'est guère que la ré-
pétition dépitée et malveillante des détails que nous
avons nous-même communiqués au public sur la situa-
tion de Port-Saïd, d'El-Kantarah, de Bir-Abou-Ballah,
Toussoumville, etc. Seulement notre dénonciateur a
regardé par l'envers de sa lunette : c'est ainsi sans
doute qu'il a réduit les mètres en pieds anglais ; il
n'accorde que 330 pieds de longueur à la jetée de
Port-Saïd qui a déjà 300 mètres, et que 20 pieds de
haut au phare qui a 20 mètres. Il n'est pas éton-
nant qu'avec cette prédisposition de son esprit et de
ses yeux, il soit arrivé à cette conclusion que rien
n'avançait sur le terrain de l'isthme. Nous avons
annoncé aussi que les recherches et les fouilles opé-
rées dans le sol avaient fait découvrir d'énormes
quantités de matériaux inappréciables pour l'exécu
tion et pour l'économie des travaux. Le correspon-
dant du Morning Post ne peut plus contester le fait,
mais il trouve encore le secret d'en atténuer la
valeur. Il a le courage d'avancer que ces matériaux
trouvés sur les lieux et sur la ligne même du canal,
reviendront beaucoup plus cher que ceux que d'abord
on devait faire venir à grands frais de l'Europe et
de l'Asie. C'est ainsi qu'il porte à 20 fr. le mètre
- cube les pierres que l'Egypte pourrait fournir pour
Port-Saïd, tandis que la Compagnie a des offres de
fourniture pour les pierres extraites des carrières
de Merx, près d'Alexandrie, à 12 fr. le mètre cube,
et qu'elle espère les obtenir à 9 ou 10 fr. par ses pro-
pres travailleurs. C'est ainsi encore que dans la no-
menclature des points dont la Compagnie a pris posses-
sion, il oublie de citer les magnifiques carrières de
Gebel-Geneffé, offrant à l'exploitation des ressources
à peu près inépuisables en pierres de toute nature;
et celles de l'Attakah, où 100,000 mètres de matériaux
de la même nature sont au bord de la mer, à la dis-
position de qui voudra les embarquer, et doivent
servir à la construction des jetées de Suez. Enfin, le
correspondant n'hésitait pas à affirmer que les tra-
vailleurs réunis dans l'isthme seront inévitablement
condamnés à mourir de faim. 11 a toutefois la géné-
rosité de nous rassurer maintenant à cet égard, et
il daigne nous apprendre qu'on réunit dans l'établis-
sement de Port Saïd toutes les nécessités et même
toutes les commodités de la vie matérielle.
Quoi qu'il en dise donc ou plutôt d'après ce qu'il
en dit, les travaux de la Compagnie se poursuivent,
se développent et se développeront dans la mesure
qui leur a été assignée, et dans cette mesure tous les
droits sont sauvegardés, ceux de la Porte aussi bien
que ceux de la Compagnie. La tranchée est ouverte
pour établir pendant une première période la commu-
nication entre la mer et le lac Timsah. Nous avons
lieu d'espérer que dans la prochaine campagne cette
opération sera terminée. Sur cette exécution sont
concentrés en ce moment les principaux efforts de
la Compagnie et de ses ingénieurs.
Quelle est cependant la nature de ces opérations
déjà commencées et qu'il s'agit de continuer?
Le correspondant lui-même du Morning Post recon-
naît qu'encore à l'heure qu'il est elles gardent le ca-
ractère « de travaux préparatoires. » C'est un aveu
précieux; il prouve combien la Porte a été trompée
sur la réalité des choses dans l'intervention qui lui
fut imposée par la pression britannique; il prouve
combien cette démarche inopportune et mal fondée
était compromettante pour le gouvernement du sul-
tan qu'elle avait en effet déplorablement compromis,
comme les résultats l'ont démontré; car la Porte
basait sa réclamation sur ce que les travaux prépa-
ratoires, dont la légitimité n'a jamais été contestée,
s'étaient changés en travaux définitifs, et c'est au-
jourd'hui un journal semi-officiel de Londres qui
vient démentir les allégations sur lesquelles s'ap-
puyait la diplomatie britannique à Constantinople.
Pourtant le Morning Post a l'assurance d'invoquer
de nouveau contre l'entreprise la mission de Mouktar*
Bey. Comme il vient de l'attester lui-même, cette
mission d'abord était fondée sur une erreur, sur une
faussé appréciation des faits. De plus, on avait fait
croire à la Porte qu'elle pouvait entraver les opéra
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