Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-06-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 juin 1860 15 juin 1860
Description : 1860/06/15 (A5,N96). 1860/06/15 (A5,N96).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529962z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
198 L'ISTHME DE SUEZ,
tages elle se prive en maintenant entre les deux mers
la barrière de l'isthme. En vérité, ne croirait-on pas
qu'elle conspire contre elle-même, quand on la voit
devant de telles éventualités augmenter à plaisir de
3,000 lieues la distance qui sépare ses flottes de la
Chine, du Japon et de l'Inde.
JULES ROSÉ.
CORRESPONDANCES D'ALEXANDRIE.
«Alexandrie, 29 mai.
» M. de Lesseps est arrivé ici le 26, venant de France.
Le président de la Compagnie du canal de Suez, en
descendant à terre — il était quatre heures et demie du
matin — a trouvé la foule de ses amis assemblée pour
le recevoir. Les souvenirs que M. de Lesseps a laissés
en Egypte lui assurent touj ours dans ce pays un ac-
cueil des plus sympathiques auquel ne pouvaient nuire,
cette fois, le succès et les encouragements enthousiastes
qu'il a récemment obtenus devant l'assemblée générale
des actionnaires. Le vice-roi se trouvait dans l'inté-
rieur du pays lorsque M. de Lesseps est arrivé. Il lui
a fait immédiatement adresser par le télégraphe l'in-
vitation de venir le joindre.
D M. de Lesseps est donc parti le 21 par un train du
chemin de fer ; il a dû quitter ce train à Damanhour,
où les moyens de transport les plus convenables
avaient été préparés pour lui par les ordres du vice-
roi.
» Par le même courrier nous avons reçu des exem-
plaires de certains journaux anglais qui ne paraissent
pas plus satisfaits que de raison des résultats de l'as-
semblée générale des actionnaires, et qui reprennent
avec un ensemble remarquable le refrain usé del l'im-
praticabilité du canal. Pardonnez-moi ce mot barbare.
J'ai remarqué que chaque entreprise qui occupe l'at-
tention publique donne naissance à quelque néologisme
indispensable. Ainsi il est convenu qu'on dit : le perce-
ment de l'isthme de Suez ; vous voudrez bien par suite
passer sur le mot peu euphonique d'impraticabilité. —
Donc, les journaux anglais recommencent à répéter en
chœur leur éternel refrain sur l'impossibilité de creuser
le canal. Touchante sollicitude !
» Ces journaux ne peuvent nier cependant que les
travaux aient commencé, ils ne peuvent contester que
les opérations de la Compagnie se poursuivent, mais
ils se consolent en pensant que les sables, ces sables
du désert qu'on n'a jamais pu rencontrer dans l'isthme
de Suez, mais qui existent évidemment dans l'imagi-
nation très-aride sur ce point de vos confrères d'outre-
Manche, ne peuvent manquer d'ensevelir bientôt les
maisons, les ateliers et les magasins élevés par la Com-
pagnie. Une considération qui n'est pas non plus pour
eux sans douceur, c'est de penser que les terres ne
peuvent pas manquer de boire l'eau qu'on y introduira,
de sorte que les ingénieurs qui, après avoir percé le
canal, l'auront laissé le soir rempli d'eau de mer, seront
bien surpris le matin, à leur réveil, de le voir complè-
tement à sec.
» Qu'on dise, après cela, que certains journaux an-
glais ne sont pas gais et spirituels quand ils s'y met-
tent! En attendant, les travaux marchent. On achève
en France la construction de nombreuses machines des-
tinées à renforcer celles qui sont déjà a l'oeuvre, et
l'arrivée de M. de Lesseps ne peut manquer de donner
à l'entreprise une nouvelle impulsion.
» En somme, tandis que, de l'autre côté de la Manche,
quelques feuilles prétendent qu'on sera bien surpris en
France d'apprendre un matin que le canal est à sec, on
leur prépare un autre genre de surprise, qui sera de
voir le canal plein d'eau.
» Les bruits qu'on avait fait courir sur la santé du
vice-roi sont controuvés. Mohammed-Saïd jouit d'une
santé excellente, et jamais il ne s'est occupé avec plus
d'activité et d'assiduité des affaires du pays.
» La Compagnie de la Medjidié, formée pourla navi-
gation à vapeur dans la mer Rouge et la Méditerranée,
après trois années d'exercice, s'est trouvée en déficit
par suite de l'insuffisance de son matériel, et piut-ètre
aussi du personnel des officiers auxquels a été confié
le commandement de plusieurs navires. Le vice roi a
fait connaître à la Compagnie qu'il comblerait le dé-
ficit, qu'il garantirait, indépendamment d'une subven-
tion annuelle, un intérêt de 6 0/0 aux actionnaires, et
qu'il allait faire construire immédiatement à Suez les
établissements nécessaires à la réparation et à l'entre-
tien des navires de la Compagnie.
» Mohammed-Saïd a manifesté, en une autre circons-
tance non moins importante, toute la sollicitude avec
laquelle il saisit les occasions d'assurer à l'Egypte de
nouveaux éléments de prospérité.
» Depuis longtemps l'Autriche, qui entretient à Kar-
toum, dans le Sennaar, un agent consulaire et même
une sorte de mission, a pu apprécier ce qu'il résulterait
d'avantages pour la civilisation et pour l'industrie à
établir, entre ces riches contrées et la basse Egypte,
une voie de communication prompte et facile. Plein de
cette idée, le consul général autrichien, M. Schreiner,
n'a pas hésité à prendre l'initiative dans le projet dont
je viens de parler.
» Il s'est rendu dernièrement auprès du vice-roi et
lui a expliqué l'utilité de cette entreprise ; mais Son
Altesse ne parut jnullement disposée à prendre la di-
rection, et, par conséquent, la responsabilité de l'œu-
vre. Alors, le consul général demanda au prince si,
dans le cas où une compagnie autrichienne s'organise-
rait pour faire ce chemin, on trouverait Son Altesse
disposée à la protéger. Le vice-roi répondit aussitôt qu'il
ne demandait pas mieux, et que, dès ce moment, il ac-
cordait ladite concession à l'Autriche ; qu'en outre, sa
protection était assurée à l'entreprise, qu'il fournirait
des troupes pour protéger les travailleurs, et qu'enfin
il apporterait à ce projet son concoure le plus actif.
» Voilà où en sont les choses.
» Quant au projet par lui-même, il est incontestable-
ment sérieux et fortement apprécié par la partie intel-
ligente et commerçante des populations
» C'est, du reste, facile à comprendre. Les produits
de la Nubie et du Sennaar, riches en grains, en gomme
et en bestiaux, n'arrivent que très-diiffcilement parmi
tages elle se prive en maintenant entre les deux mers
la barrière de l'isthme. En vérité, ne croirait-on pas
qu'elle conspire contre elle-même, quand on la voit
devant de telles éventualités augmenter à plaisir de
3,000 lieues la distance qui sépare ses flottes de la
Chine, du Japon et de l'Inde.
JULES ROSÉ.
CORRESPONDANCES D'ALEXANDRIE.
«Alexandrie, 29 mai.
» M. de Lesseps est arrivé ici le 26, venant de France.
Le président de la Compagnie du canal de Suez, en
descendant à terre — il était quatre heures et demie du
matin — a trouvé la foule de ses amis assemblée pour
le recevoir. Les souvenirs que M. de Lesseps a laissés
en Egypte lui assurent touj ours dans ce pays un ac-
cueil des plus sympathiques auquel ne pouvaient nuire,
cette fois, le succès et les encouragements enthousiastes
qu'il a récemment obtenus devant l'assemblée générale
des actionnaires. Le vice-roi se trouvait dans l'inté-
rieur du pays lorsque M. de Lesseps est arrivé. Il lui
a fait immédiatement adresser par le télégraphe l'in-
vitation de venir le joindre.
D M. de Lesseps est donc parti le 21 par un train du
chemin de fer ; il a dû quitter ce train à Damanhour,
où les moyens de transport les plus convenables
avaient été préparés pour lui par les ordres du vice-
roi.
» Par le même courrier nous avons reçu des exem-
plaires de certains journaux anglais qui ne paraissent
pas plus satisfaits que de raison des résultats de l'as-
semblée générale des actionnaires, et qui reprennent
avec un ensemble remarquable le refrain usé del l'im-
praticabilité du canal. Pardonnez-moi ce mot barbare.
J'ai remarqué que chaque entreprise qui occupe l'at-
tention publique donne naissance à quelque néologisme
indispensable. Ainsi il est convenu qu'on dit : le perce-
ment de l'isthme de Suez ; vous voudrez bien par suite
passer sur le mot peu euphonique d'impraticabilité. —
Donc, les journaux anglais recommencent à répéter en
chœur leur éternel refrain sur l'impossibilité de creuser
le canal. Touchante sollicitude !
» Ces journaux ne peuvent nier cependant que les
travaux aient commencé, ils ne peuvent contester que
les opérations de la Compagnie se poursuivent, mais
ils se consolent en pensant que les sables, ces sables
du désert qu'on n'a jamais pu rencontrer dans l'isthme
de Suez, mais qui existent évidemment dans l'imagi-
nation très-aride sur ce point de vos confrères d'outre-
Manche, ne peuvent manquer d'ensevelir bientôt les
maisons, les ateliers et les magasins élevés par la Com-
pagnie. Une considération qui n'est pas non plus pour
eux sans douceur, c'est de penser que les terres ne
peuvent pas manquer de boire l'eau qu'on y introduira,
de sorte que les ingénieurs qui, après avoir percé le
canal, l'auront laissé le soir rempli d'eau de mer, seront
bien surpris le matin, à leur réveil, de le voir complè-
tement à sec.
» Qu'on dise, après cela, que certains journaux an-
glais ne sont pas gais et spirituels quand ils s'y met-
tent! En attendant, les travaux marchent. On achève
en France la construction de nombreuses machines des-
tinées à renforcer celles qui sont déjà a l'oeuvre, et
l'arrivée de M. de Lesseps ne peut manquer de donner
à l'entreprise une nouvelle impulsion.
» En somme, tandis que, de l'autre côté de la Manche,
quelques feuilles prétendent qu'on sera bien surpris en
France d'apprendre un matin que le canal est à sec, on
leur prépare un autre genre de surprise, qui sera de
voir le canal plein d'eau.
» Les bruits qu'on avait fait courir sur la santé du
vice-roi sont controuvés. Mohammed-Saïd jouit d'une
santé excellente, et jamais il ne s'est occupé avec plus
d'activité et d'assiduité des affaires du pays.
» La Compagnie de la Medjidié, formée pourla navi-
gation à vapeur dans la mer Rouge et la Méditerranée,
après trois années d'exercice, s'est trouvée en déficit
par suite de l'insuffisance de son matériel, et piut-ètre
aussi du personnel des officiers auxquels a été confié
le commandement de plusieurs navires. Le vice roi a
fait connaître à la Compagnie qu'il comblerait le dé-
ficit, qu'il garantirait, indépendamment d'une subven-
tion annuelle, un intérêt de 6 0/0 aux actionnaires, et
qu'il allait faire construire immédiatement à Suez les
établissements nécessaires à la réparation et à l'entre-
tien des navires de la Compagnie.
» Mohammed-Saïd a manifesté, en une autre circons-
tance non moins importante, toute la sollicitude avec
laquelle il saisit les occasions d'assurer à l'Egypte de
nouveaux éléments de prospérité.
» Depuis longtemps l'Autriche, qui entretient à Kar-
toum, dans le Sennaar, un agent consulaire et même
une sorte de mission, a pu apprécier ce qu'il résulterait
d'avantages pour la civilisation et pour l'industrie à
établir, entre ces riches contrées et la basse Egypte,
une voie de communication prompte et facile. Plein de
cette idée, le consul général autrichien, M. Schreiner,
n'a pas hésité à prendre l'initiative dans le projet dont
je viens de parler.
» Il s'est rendu dernièrement auprès du vice-roi et
lui a expliqué l'utilité de cette entreprise ; mais Son
Altesse ne parut jnullement disposée à prendre la di-
rection, et, par conséquent, la responsabilité de l'œu-
vre. Alors, le consul général demanda au prince si,
dans le cas où une compagnie autrichienne s'organise-
rait pour faire ce chemin, on trouverait Son Altesse
disposée à la protéger. Le vice-roi répondit aussitôt qu'il
ne demandait pas mieux, et que, dès ce moment, il ac-
cordait ladite concession à l'Autriche ; qu'en outre, sa
protection était assurée à l'entreprise, qu'il fournirait
des troupes pour protéger les travailleurs, et qu'enfin
il apporterait à ce projet son concoure le plus actif.
» Voilà où en sont les choses.
» Quant au projet par lui-même, il est incontestable-
ment sérieux et fortement apprécié par la partie intel-
ligente et commerçante des populations
» C'est, du reste, facile à comprendre. Les produits
de la Nubie et du Sennaar, riches en grains, en gomme
et en bestiaux, n'arrivent que très-diiffcilement parmi
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