Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-06-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juin 1860 15 juin 1860
Description : 1860/06/15 (A5,N96). 1860/06/15 (A5,N96).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529962z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 207
naise de parcourir les boulevards de Paris, de visiter
nos grandes fabriques, d'assister à une manœuvre mi-
litaire au Champ-de-Mars, et il est possible alors qu'à
force d'éprouver le désir d'apprendre de nous et de nous
imiter, ils sentent le besoin de nous garder auprès d'eux.
L'ambassade partie pour Washington est composée de
deux anciens gouverneurs des affaires étrangères, am-
bassadeurs, d'un inspecteur rapporteur en chef, d'un
vice-gouverneur comptable, d'un vice-gouverneur des
affaires étrangères, de plusieurs secrétaires, de plusieurs
inspecteurs de diverses classes, de deux interprètes, de
deux médecins et de cinquante-trois domestiques, en
tout soixante et onze personnes. Un bateau à vapeur
aponais emporte le matériel.
» La police de Yeddo n'est pas encore parvenue à dé-
couvrir les assassins de Der-Kouchki. Les membres
des légations et consulats étrangers à Yeddo ne sortent
plus sans se faire accompagner par deux officiers à che-
val. Cette mesure semble suffisante pour les protéger
contre les insultes et les attaques des indigènes. La
question des monnaies est entrée dans une nouvelle
phase. Le gouvernement japonais s'est décidé à frapper
les dollars qu'on lui présente d'un timbre, et à leur
donner un cours forcé de 3 itzibones. Ce sera bien assez
pour assurer aux commerçants la facilité d'acheter tout
ce qu'ils voudront. Mais il faut savoir quelles instruc-
tions ont été transmises aux marchands japonais, et
c'est seulement dans quelques jours que nous pourrons
juger si la mesure est sérieuse et vraiment utile. Une
autre mesure adoptée pour régulariser la question des
monnaies est l'élévation de la valeur des kobangs d'or
de 4 itzibones à 10 3/4 et à 13 1/2, suivant que ce sont
des kobangs anciens ou nouveaux. Je doute que cette
mesure puisse être mise p'einement en vigueur, parce
que le gouvernement serait obligé de débourser des
sommes énormes. Mais il est dit que cette malheureuse
affaire des monnaies donnera naissance à une foule de
complications. Plusieurs des officiers du Powhaltan sont
accusés d'avoir abusé de leur position officielle et excep-
tionnelle pour obtenir à Kanagawa l'échange d'une
somme considérable de dollars en itzibones, et de s'être
servis de ces itzibones pour faire une concurrence victo-
rieuse aux négociants étrangers de Yoku-Hama. L'af-
faire s'instruit encore ; mais le résultat parait très-fâ-
cheux pour plusieurs des officiers américains. Ceci a été
l'occasion d'un échange actif de Notes entre le repré-
sentant de l'Angleterre et le gouvernement japonais. »
On nous écrit de Yoku-Hama, le 6 mars 1860 :
« Je vous écris sous l'impression encore vive d'un
horrible drame auquel j'ai récement assisté. Le capi-
taine Vos, du Christian-Louis, et le capitaine Decker, de
la Henriette-Louise, ont été assassinés dans la grande
rue de Yoku-Hama, le dimanche, 26 février, à sept
heures et demie du soir. Ce crime, qui suit de si près
celui dont je vous ai parlé dans ma lettre du 1er février,
nous a tous consternés. Lorsque les deux Russes furent
assassinés, on parla de vengeance personnelle. Le gou-
vernement japonais demanda excuse du crime dont il
ne put découvrir les auteurs, et qui néanmoins fut bien-
tôt oublié. Lorsque le domestique du consul français
fut massacré, on soutint généralement qu'il était tombé
victime d'une méprise, et qu'il avait payé de son sang
une brutalité commise par un de ses compatriotes. L'in-
souciance est grande dans un pays où les émotions
violentes se succèdent si rapidement. Au bout de huit
jours, on cessa de parler du pauvre Chinois, comme
depuis longtemps on avait cessé de parler des Russes.
Un nouveau crime d'une audace extraordinaire réveilla
cependant les craintes. Den-Kouchki fut tué à l'ombre
du pavillon anglais qui le protégeait, en plein jour,
sur le Tokaïdo, la principale rue de Yeddo. Mais on au-
rait dit que les étrangers avaient peur d'avoir peur :
« Den-Kouchki, disait-on, n'était pas Européen; sa té-
» mérité avait suscité des haines; les Japonais le consi-
» déraient comme un renégat. » Bref sa mort était fa-
cile à expliquer, et il n'y avait pas à y voir l'idée d'une
haine nationale contre les étrangers. J'ai partagé cette
manière de voir; mais en face du nouveau crime, je
dois dire que la vie des étrangers, au Japon, n'est pas
en sûreté, parce qu'il y existe un parti puissant qui ne
reculera devant aucun moyen pour nous en chasser.
Le récit des faits va vous le prouver.
« Le capitaine Vos était un homme de mœurs douces
et faciles. Personne ne lui connaissait la moindre que-
relle avec qui que ce fût. Le capitaine Decker était un
vieillard qui se trouvait à Yoku-Hama depuis trois jours,
et qui n'y avait aucune relation en dehors de quelques
connaissances anciennes et des consignataires de la
Henriette-Louise. Ces deux Hollandais avaient été vus à
sept heures un quart sortant de l'hôtel de Yoku Hama
où ils venaient de prendre un sobre repas, et se pré-
parant à faire une promenade; vingt minutes plus tard
ils étaient tués. Un comprador chinois a vu commet-
tre ce crime, et de sa déposition, jointe à ce qui a pu
être deviné, il résulte que cinq ou six Japonais ont at-
taqué les deux capitaines par derrière.
» Vos a été abattu comme par la hache d'un boucher.
Un seul coup du formidable sabre du Yakounin a séparé
l'épaule droite et la moitié de sa poitrine du corps. Il
a dû tomber roide mort ; néanmoins les meurtriers l'ont
haché, littéralement haché en morceaux. M. de Pols-
broek, le consul hollandais, a constaté le lendemain
que le cadavre portait cinquante et une blessures, et
que presque toutes étaient mortelles. Le capitaine Dec-
ker a essayé de fuir, et s'il avait été plus jeune ou armé
d'un revolver, il aurait peut-être échappé à la mort. Ses
agresseurs ne l'ont atteint qu'à une centaine de pas de
l'endroit où Vos venait d'être tué. Le vieux marin a
fait face à ses ennemis, et une courte lutte s'est en-
gagée. En parant du bras gauche, il a eu la main cou-
pée au poignet. Il a saisi le sabre de la main droite;
mais cette arme, tranchante comme un rasoir, lui a en-
levé quatre doigts. Sans défense, il a eu recours de nou-
veau à la fuite, et il a encore pu courir une trentaine de
pas. Alors il a été assailli une troisième fois et proba-
blement tué d'un coup qui a fendu le crâne. Sa tête
portait sept blessures, toutes mortelles ; son corps était
couvert d'une vingtaine d'autres blessures, dont une
seule, la plus hideuse à voir, ouvrait toute la poitrine
d'une épaule à l'autre.
naise de parcourir les boulevards de Paris, de visiter
nos grandes fabriques, d'assister à une manœuvre mi-
litaire au Champ-de-Mars, et il est possible alors qu'à
force d'éprouver le désir d'apprendre de nous et de nous
imiter, ils sentent le besoin de nous garder auprès d'eux.
L'ambassade partie pour Washington est composée de
deux anciens gouverneurs des affaires étrangères, am-
bassadeurs, d'un inspecteur rapporteur en chef, d'un
vice-gouverneur comptable, d'un vice-gouverneur des
affaires étrangères, de plusieurs secrétaires, de plusieurs
inspecteurs de diverses classes, de deux interprètes, de
deux médecins et de cinquante-trois domestiques, en
tout soixante et onze personnes. Un bateau à vapeur
aponais emporte le matériel.
» La police de Yeddo n'est pas encore parvenue à dé-
couvrir les assassins de Der-Kouchki. Les membres
des légations et consulats étrangers à Yeddo ne sortent
plus sans se faire accompagner par deux officiers à che-
val. Cette mesure semble suffisante pour les protéger
contre les insultes et les attaques des indigènes. La
question des monnaies est entrée dans une nouvelle
phase. Le gouvernement japonais s'est décidé à frapper
les dollars qu'on lui présente d'un timbre, et à leur
donner un cours forcé de 3 itzibones. Ce sera bien assez
pour assurer aux commerçants la facilité d'acheter tout
ce qu'ils voudront. Mais il faut savoir quelles instruc-
tions ont été transmises aux marchands japonais, et
c'est seulement dans quelques jours que nous pourrons
juger si la mesure est sérieuse et vraiment utile. Une
autre mesure adoptée pour régulariser la question des
monnaies est l'élévation de la valeur des kobangs d'or
de 4 itzibones à 10 3/4 et à 13 1/2, suivant que ce sont
des kobangs anciens ou nouveaux. Je doute que cette
mesure puisse être mise p'einement en vigueur, parce
que le gouvernement serait obligé de débourser des
sommes énormes. Mais il est dit que cette malheureuse
affaire des monnaies donnera naissance à une foule de
complications. Plusieurs des officiers du Powhaltan sont
accusés d'avoir abusé de leur position officielle et excep-
tionnelle pour obtenir à Kanagawa l'échange d'une
somme considérable de dollars en itzibones, et de s'être
servis de ces itzibones pour faire une concurrence victo-
rieuse aux négociants étrangers de Yoku-Hama. L'af-
faire s'instruit encore ; mais le résultat parait très-fâ-
cheux pour plusieurs des officiers américains. Ceci a été
l'occasion d'un échange actif de Notes entre le repré-
sentant de l'Angleterre et le gouvernement japonais. »
On nous écrit de Yoku-Hama, le 6 mars 1860 :
« Je vous écris sous l'impression encore vive d'un
horrible drame auquel j'ai récement assisté. Le capi-
taine Vos, du Christian-Louis, et le capitaine Decker, de
la Henriette-Louise, ont été assassinés dans la grande
rue de Yoku-Hama, le dimanche, 26 février, à sept
heures et demie du soir. Ce crime, qui suit de si près
celui dont je vous ai parlé dans ma lettre du 1er février,
nous a tous consternés. Lorsque les deux Russes furent
assassinés, on parla de vengeance personnelle. Le gou-
vernement japonais demanda excuse du crime dont il
ne put découvrir les auteurs, et qui néanmoins fut bien-
tôt oublié. Lorsque le domestique du consul français
fut massacré, on soutint généralement qu'il était tombé
victime d'une méprise, et qu'il avait payé de son sang
une brutalité commise par un de ses compatriotes. L'in-
souciance est grande dans un pays où les émotions
violentes se succèdent si rapidement. Au bout de huit
jours, on cessa de parler du pauvre Chinois, comme
depuis longtemps on avait cessé de parler des Russes.
Un nouveau crime d'une audace extraordinaire réveilla
cependant les craintes. Den-Kouchki fut tué à l'ombre
du pavillon anglais qui le protégeait, en plein jour,
sur le Tokaïdo, la principale rue de Yeddo. Mais on au-
rait dit que les étrangers avaient peur d'avoir peur :
« Den-Kouchki, disait-on, n'était pas Européen; sa té-
» mérité avait suscité des haines; les Japonais le consi-
» déraient comme un renégat. » Bref sa mort était fa-
cile à expliquer, et il n'y avait pas à y voir l'idée d'une
haine nationale contre les étrangers. J'ai partagé cette
manière de voir; mais en face du nouveau crime, je
dois dire que la vie des étrangers, au Japon, n'est pas
en sûreté, parce qu'il y existe un parti puissant qui ne
reculera devant aucun moyen pour nous en chasser.
Le récit des faits va vous le prouver.
« Le capitaine Vos était un homme de mœurs douces
et faciles. Personne ne lui connaissait la moindre que-
relle avec qui que ce fût. Le capitaine Decker était un
vieillard qui se trouvait à Yoku-Hama depuis trois jours,
et qui n'y avait aucune relation en dehors de quelques
connaissances anciennes et des consignataires de la
Henriette-Louise. Ces deux Hollandais avaient été vus à
sept heures un quart sortant de l'hôtel de Yoku Hama
où ils venaient de prendre un sobre repas, et se pré-
parant à faire une promenade; vingt minutes plus tard
ils étaient tués. Un comprador chinois a vu commet-
tre ce crime, et de sa déposition, jointe à ce qui a pu
être deviné, il résulte que cinq ou six Japonais ont at-
taqué les deux capitaines par derrière.
» Vos a été abattu comme par la hache d'un boucher.
Un seul coup du formidable sabre du Yakounin a séparé
l'épaule droite et la moitié de sa poitrine du corps. Il
a dû tomber roide mort ; néanmoins les meurtriers l'ont
haché, littéralement haché en morceaux. M. de Pols-
broek, le consul hollandais, a constaté le lendemain
que le cadavre portait cinquante et une blessures, et
que presque toutes étaient mortelles. Le capitaine Dec-
ker a essayé de fuir, et s'il avait été plus jeune ou armé
d'un revolver, il aurait peut-être échappé à la mort. Ses
agresseurs ne l'ont atteint qu'à une centaine de pas de
l'endroit où Vos venait d'être tué. Le vieux marin a
fait face à ses ennemis, et une courte lutte s'est en-
gagée. En parant du bras gauche, il a eu la main cou-
pée au poignet. Il a saisi le sabre de la main droite;
mais cette arme, tranchante comme un rasoir, lui a en-
levé quatre doigts. Sans défense, il a eu recours de nou-
veau à la fuite, et il a encore pu courir une trentaine de
pas. Alors il a été assailli une troisième fois et proba-
blement tué d'un coup qui a fendu le crâne. Sa tête
portait sept blessures, toutes mortelles ; son corps était
couvert d'une vingtaine d'autres blessures, dont une
seule, la plus hideuse à voir, ouvrait toute la poitrine
d'une épaule à l'autre.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 15/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6529962z/f15.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6529962z/f15.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6529962z/f15.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6529962z
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6529962z
Facebook
Twitter