Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-05-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mai 1860 15 mai 1860
Description : 1860/05/15 (A5,N94)-1860/05/18. 1860/05/15 (A5,N94)-1860/05/18.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65299604
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 151
formaient que la Porte avait cherché à savoir si lord
Stratford de Redcliffe avait été autorisé à donner
officiellement un avis contraire à l'exécution du
canal. On croyait savoir qu'il n'avait émis qu'une
opinion personnelle. D'un autre côté, l'ambassadeur
ottoman à Londres avait rendu compte d'une con-
versation qu'il avait eue à ce sujet avec lord Claren-
don. Le principal secrétaire d'Etat du cabinet britan-
nique avait d'abord présenté des objections ; mais
l'ambassadeur ayant fait valoir à son tour les consi-
dérations d'utilité générale qui militaient en faveur
du projet, lord Clarendon aurait répondu : « Si la
» Société doit être européenne, si tous les capitaux
» y sont admis, l'Angleterre pourra y avoir sa place,
» et nous n'aurons peut-être plus d'objections à
» faire. » Mais l'ambassadeur d'Angleterre à Cons-
tantinople avait des prétentions plus étendues.
Le grand vizir Réchid-Pacha, dans une dépêche
au vice-roi, ne dissimulait point que lord Stratford
de Redcliffe trouvait au canal beaucoup d'inconvé-
nients politiques, et de plus le déclarait inutile au
commerce, tandis que le chemin de fer était par-
faitement suffisant ; il prévenait que l'agent et con-
sul général britannique en Egypte était chargé de
faire d'autres observations essentielles.
Mohammed-Saïd, dans sa réponse, à laquelle était
joint le dernier mémoire de ses ingénieurs, des cartes
plans et devis, expliqua que le chemin de fer exigeant
deux transbordements ne pourrait jamais, pour le
commerce du monde, remplacer le canal ; que l'An-
gleterre y trouverait son intérêt autant et plus encore
que les autres nations, et que les conseillers et les
serviteurs du Grand Seigneur, par leur seule qualité
de bons musulmans, devaient tenir à assurer la ré-
gularité des rapports de la Turquie avec les lieux
saints de l'Arabie, et à sauver la vie de milliers de
croyants voués, dans l'état actuel des communica-
tions, à une perte certaine au milieu des fatigues
d'un long et difficile pèlerinage.
Il ajoutait enfin que l'agent de l'Angleterre à
Alexandrie ne lui' avait encore présenté aucune ob-
servation.
Malgré l'opposition de la diplomatie anglaise, les
dispositions personnellement favorables de Sa Hau-
tesse et du divan étant bien constatées, il était évi-
dent que le seul danger à prévoir pour le vice roi
dans la poursuite de son entreprise était une oppo-
sition étrangère qui pourrait chercher à dénaturer
ses intentions et lui causer de sérieuses difficultés,
en le représentant comme voulant porter atteinte à
l'autorité du sultan, pour le maintien de laquelle
les puissances occidentales venaient de faire tant de
sacrifices.
Nous étions depuis longtemps trop dévoué au vice-
roi, trop désireux de ne point apporter d'embarras
dans la marche de son gouvernement ou dans ses
relations politiques pour ne point lui signaler la
gravité de cette situation. Nous lui déclarâmes
spontanément que tout en acceptant ses pouvoirs
nous n'entendions pas en faire usage sans l'acquies-
cement de la Sublime Porte, ou sans avoir aplani les
difficultés qui se présenteraient. 1
Telle fut l'origine du rescrit ajouté, sur notre pro-
position, le 19 mai 1855, au firman de concession
du 30 novembre 1851. Les termes de ce rescrit, com-
parés avec ceux du firman du 5 janvier 1856, en
expliqueront plus tard l'esprit et la véritable portée.
Le cabinet anglais naturellement bien informé des
dispositions favorables de la Sublime Porte et con-
vaincu qu'un accord s'établissait déjà à ce sujet entre
elle et le vice-roi, fit une tentative pour entraîner le
gouvernement français à empêcher cet accord.
Une dépêche adressée par lord Clarendon à lord
Cowley, en juin 1855, faisait connaître que: «le
gouvernement de Sa Majesté Britannique verrait des
inconvénients à laisser la question du canal de
l'isthme de Suez se décider entre le sultan et le vice-
roi d'Egypte, parce qu'alors les agents et les parti-
sans des deux pays alliés, usant de leur influence à
Constantinople et à Alexandrie, pourraient, par des
menées et des intrigues, renouveler une lutte d'an-
tagonisme et de rivalité qui avait heureusement dis-
paru de la politique des deux gouvernements. » La
question se trouvant donc dans le cas d'être exa-
minée, lord Clarendon présentait les objections sui-
vantes :
« 1° Le canal de Suez était physiquement impos-
sible, et s'il pouvait être exécuté, ce serait au prix
de telles dépenses qu'il n'en ressortirait aucun profit
comme spéculation commerciale, ce qui prouvait
qu'il ne pourrait être entrepris que pour des motifs
politiques.
» 20 Le projet du canal, qui en tout cas, demanderait
un temps fort long pour l'exécution, retarderait
considérablement, s'il ne l'empêchait pas tout à fait,
l'achèvement du chemin de fer entre le Caire et Suez
en prolongement de celui déjà établi entre Alexan-
drie et le Caire. IL serait ainsi certainement nuisible
aux intérêts anglais relatifs à l'Inde. Tout ce que
le gouvernement britannique devait rechercher en
Egypte, c'était une route facile et prompte vers
l'Inde pour des voyageurs, des marchandises légères
et des dépêches. Il ne recherchait ni ascendant ni
domination territoriale. Il lui fallait seulement un
transit libre et sans entraves. La conlinuation du
chemin de fer lui donnerait ce transit rapide, et la
condition actuelle de l'Egypte, comme dépendance
de l'empire turc, le lui garantissait librement et
sûrement. »
Le ministre des affaires étrangères de îFrance ré-
pondit :
« 1° Si le canal de Suez est matériellement impos-
formaient que la Porte avait cherché à savoir si lord
Stratford de Redcliffe avait été autorisé à donner
officiellement un avis contraire à l'exécution du
canal. On croyait savoir qu'il n'avait émis qu'une
opinion personnelle. D'un autre côté, l'ambassadeur
ottoman à Londres avait rendu compte d'une con-
versation qu'il avait eue à ce sujet avec lord Claren-
don. Le principal secrétaire d'Etat du cabinet britan-
nique avait d'abord présenté des objections ; mais
l'ambassadeur ayant fait valoir à son tour les consi-
dérations d'utilité générale qui militaient en faveur
du projet, lord Clarendon aurait répondu : « Si la
» Société doit être européenne, si tous les capitaux
» y sont admis, l'Angleterre pourra y avoir sa place,
» et nous n'aurons peut-être plus d'objections à
» faire. » Mais l'ambassadeur d'Angleterre à Cons-
tantinople avait des prétentions plus étendues.
Le grand vizir Réchid-Pacha, dans une dépêche
au vice-roi, ne dissimulait point que lord Stratford
de Redcliffe trouvait au canal beaucoup d'inconvé-
nients politiques, et de plus le déclarait inutile au
commerce, tandis que le chemin de fer était par-
faitement suffisant ; il prévenait que l'agent et con-
sul général britannique en Egypte était chargé de
faire d'autres observations essentielles.
Mohammed-Saïd, dans sa réponse, à laquelle était
joint le dernier mémoire de ses ingénieurs, des cartes
plans et devis, expliqua que le chemin de fer exigeant
deux transbordements ne pourrait jamais, pour le
commerce du monde, remplacer le canal ; que l'An-
gleterre y trouverait son intérêt autant et plus encore
que les autres nations, et que les conseillers et les
serviteurs du Grand Seigneur, par leur seule qualité
de bons musulmans, devaient tenir à assurer la ré-
gularité des rapports de la Turquie avec les lieux
saints de l'Arabie, et à sauver la vie de milliers de
croyants voués, dans l'état actuel des communica-
tions, à une perte certaine au milieu des fatigues
d'un long et difficile pèlerinage.
Il ajoutait enfin que l'agent de l'Angleterre à
Alexandrie ne lui' avait encore présenté aucune ob-
servation.
Malgré l'opposition de la diplomatie anglaise, les
dispositions personnellement favorables de Sa Hau-
tesse et du divan étant bien constatées, il était évi-
dent que le seul danger à prévoir pour le vice roi
dans la poursuite de son entreprise était une oppo-
sition étrangère qui pourrait chercher à dénaturer
ses intentions et lui causer de sérieuses difficultés,
en le représentant comme voulant porter atteinte à
l'autorité du sultan, pour le maintien de laquelle
les puissances occidentales venaient de faire tant de
sacrifices.
Nous étions depuis longtemps trop dévoué au vice-
roi, trop désireux de ne point apporter d'embarras
dans la marche de son gouvernement ou dans ses
relations politiques pour ne point lui signaler la
gravité de cette situation. Nous lui déclarâmes
spontanément que tout en acceptant ses pouvoirs
nous n'entendions pas en faire usage sans l'acquies-
cement de la Sublime Porte, ou sans avoir aplani les
difficultés qui se présenteraient. 1
Telle fut l'origine du rescrit ajouté, sur notre pro-
position, le 19 mai 1855, au firman de concession
du 30 novembre 1851. Les termes de ce rescrit, com-
parés avec ceux du firman du 5 janvier 1856, en
expliqueront plus tard l'esprit et la véritable portée.
Le cabinet anglais naturellement bien informé des
dispositions favorables de la Sublime Porte et con-
vaincu qu'un accord s'établissait déjà à ce sujet entre
elle et le vice-roi, fit une tentative pour entraîner le
gouvernement français à empêcher cet accord.
Une dépêche adressée par lord Clarendon à lord
Cowley, en juin 1855, faisait connaître que: «le
gouvernement de Sa Majesté Britannique verrait des
inconvénients à laisser la question du canal de
l'isthme de Suez se décider entre le sultan et le vice-
roi d'Egypte, parce qu'alors les agents et les parti-
sans des deux pays alliés, usant de leur influence à
Constantinople et à Alexandrie, pourraient, par des
menées et des intrigues, renouveler une lutte d'an-
tagonisme et de rivalité qui avait heureusement dis-
paru de la politique des deux gouvernements. » La
question se trouvant donc dans le cas d'être exa-
minée, lord Clarendon présentait les objections sui-
vantes :
« 1° Le canal de Suez était physiquement impos-
sible, et s'il pouvait être exécuté, ce serait au prix
de telles dépenses qu'il n'en ressortirait aucun profit
comme spéculation commerciale, ce qui prouvait
qu'il ne pourrait être entrepris que pour des motifs
politiques.
» 20 Le projet du canal, qui en tout cas, demanderait
un temps fort long pour l'exécution, retarderait
considérablement, s'il ne l'empêchait pas tout à fait,
l'achèvement du chemin de fer entre le Caire et Suez
en prolongement de celui déjà établi entre Alexan-
drie et le Caire. IL serait ainsi certainement nuisible
aux intérêts anglais relatifs à l'Inde. Tout ce que
le gouvernement britannique devait rechercher en
Egypte, c'était une route facile et prompte vers
l'Inde pour des voyageurs, des marchandises légères
et des dépêches. Il ne recherchait ni ascendant ni
domination territoriale. Il lui fallait seulement un
transit libre et sans entraves. La conlinuation du
chemin de fer lui donnerait ce transit rapide, et la
condition actuelle de l'Egypte, comme dépendance
de l'empire turc, le lui garantissait librement et
sûrement. »
Le ministre des affaires étrangères de îFrance ré-
pondit :
« 1° Si le canal de Suez est matériellement impos-
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