Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-05-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 mai 1860 15 mai 1860
Description : 1860/05/15 (A5,N94)-1860/05/18. 1860/05/15 (A5,N94)-1860/05/18.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65299604
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 149
furent définitivement réglés par l'intervention et
sous la garantie des cinq grandes puissances.
Le batti-chérif de 1841 est venu très-sagement
consacrer les conventions adoptées et placer légale-
ment l'Egypte dans les conditions exceptionnelles
qui jusqu'alors l'avaient fait prospérer.
Ces faits nous amènent à reconnaître que l'Égypte
n'est point un pachalik comme ceux de Smyrne,
d'Alep, de Damas ou de Bagdad, et que le vice-roi
d'Égypte n'est point un simple fonctionnaire de la
Porte, ainsi que le pensent aujourd'hui, ou du moins
ont la prétention de le faire croire quelques person-
nages d'Occident et d'Orient.
Le vice-roi d'Égypte a donc des droits qui lui sont
propres. Parmi ces droits, a-t-il la faculté d'améliorer
motu proprio, par de grands travaux d'utilité publi-
que, les territoires dont le gouvernement héréditaire
lui a été concédé, à la seule condition de payer au
suzerain un tribut annuel déterminé, et sous certai-
nes réserves minutieusement exprimées dans l'acte
spécial appelé hatti-chérif? Aucune de ces réserves
n'étant applicable aux travaux publics, et des exem-
ples nombreux, ceux notamment du grand canal
d'Alexandrie au Nil et du chemin de fer du Caire
à Suez, ayant consacré la faculté d'initiative du vice-
roi, la concession du canal de Suez est, d'après le
droit commun et les conventions internationales,
parfaitement régulière et inattaquable.
Aussi, dans le principe, personne ne songea à la
contester; et le cabinet anglais le pouvait moins
qu'aucun autre, puisqu'il avait soutenu diplomati-
quement à Constantinople, lors des discussions rela-
tives au chemin de fer d'Alexandrie au Caire, dé-
crété à la demande formelle de l'agent brilormique en
Égypte, par le vice-roi Abbas-Pacha, que l'initiative
de ce prince 'devait être respectée par la Porte, et
qu'il n'y avait pas lieu de s'opposer à l'exécution de
son entreprise.
Toutefois le vice-roi ne voulut pas se dispenser de
s'entendre avec son suzerain dans une circonstance
telle que la dernière guerre d'Orient, où il employait
les forces et les ressources de son pays pour concou-
rir à la défense de l'empire. Il nous accrédita lui-
même à Constantinople, pour exposer la question au
sultan et à ses ministres. (Très-bien, très-bien!)
La concession du canal de Suez venait d'être expli-
citement ou implicitement approuvée par tous les
gouvernements du continent auxquels elle avait été
signifiée. Nous croyons qu'il ne sera pas sans intérêt
de consigner dans ce rapport l'opinion exprimée au
début de l'affaire par l'illustre doyen de la diploma-
tie, le prince de Metternich, qui certes n'était point
suspect de partialité envers. l'Égypte au détriment
de l'autorité ou des droits du sultan. Voici ses pro-
pres paroles que nous avons eu l'honneur d'écrire sous
sa dictée, et qu'il a bien voulu nous autoriser à com-
muniquer à la Porte, ainsi qu'aux diverses. cours de
l'Europe : ,
« S. A. Mohammed-Saïd avait le droit de décréter
» l'exécution du canal de. Suez : toutes les mesures
» prises par lui à ce sujet méritent l'assentiment des
» hommes d'État de l'Europe ; mais dans une ques-
» tion de cette importance, où il y avait lieu de pré-
» voir que la politique étrangère pourrait s'engager,
» il a très-sagement fait de demander la ratification
» de la Porte.
» L'approbation officielle d'une entreprise si évi-
» demment utile aux intérêts de l'empire ottoman
» comme à ceux de toutes les nations, ne peut plus
» laisser de doute depuis que la science a rendu un
» jugement favorable, et que des capitaux suffisants
» sont prêts pour l'exécution.
»» Sa Hautesse se placera dans une situation excel-
» lente vis-à-vis de l'Europe, en proposant aux puis-
» sances amies ou alliées, pour éviter dans l'avenir
» sur cette question toutes difficultés entre elles ou
» avec l'Égypte, de désigner des plénipotentiaires, à
» l'effet de régler par. une convention la neutralité
» perpétuelle du passage dans le canal de Suez.
» De cette manière, la question intérieure de l'.exé.
» cution du canal est séparée comme elle devait l'être
» de la question extérieure de neutralité, les préroga-
» tives de la souveraineté territoriale restent intac-
» tes, et l'empire ottoman, prenant la position qui
» lui convient dans une négociation de droit public
» européen, donne satisfaction aux intérêts politiques
» et commerciaux de toutes les puissances, en même
» temps qu'il obtient par leur accession une nouvelle
» garantie de son intégrité et de son indépendance.
« Le vice-roi d'Égypte, qui a si fidèlement servi
» son suzerain pendant la guerre, lui aura rendu,'
» par sa conduite dans une œuvre de paix, un service
» non moins signalé, et ainsi se trouvera vérifiée cette
» prédiction d'un grand homme qui déjà, au commen-
» cement de ce siècle, avait regardé' l'exécution du
» canal des deux mers comme devant contribuer à la
» gloire et au maintien de l'empire ottoman. » (Mou -
vement.)
On peut dire que cette note, œuvre d'un des esprits
politiques les plus éminents de notre temps, est au-
jourd'hui, dans toutes ses indications, réalisée.par lès
faits.
Le prince de Metternich, en établissant une intelli-
gente distinction entre la question intérieure d'exécu-
tion et la question extérieure de neutralité, avait très-
judicieusement attribué au vice-roi le pouvoir de
décréter motu proprio la concession du canal, et au
sultan le pouvoir exclusif de faire donner à l'entre-
prise une consécration politique, en ce qui concernait
les points de droit international qui seraient la consé-
quence de l'exécution du canal.
En effet, si la prince vassal égyptien possède la
furent définitivement réglés par l'intervention et
sous la garantie des cinq grandes puissances.
Le batti-chérif de 1841 est venu très-sagement
consacrer les conventions adoptées et placer légale-
ment l'Egypte dans les conditions exceptionnelles
qui jusqu'alors l'avaient fait prospérer.
Ces faits nous amènent à reconnaître que l'Égypte
n'est point un pachalik comme ceux de Smyrne,
d'Alep, de Damas ou de Bagdad, et que le vice-roi
d'Égypte n'est point un simple fonctionnaire de la
Porte, ainsi que le pensent aujourd'hui, ou du moins
ont la prétention de le faire croire quelques person-
nages d'Occident et d'Orient.
Le vice-roi d'Égypte a donc des droits qui lui sont
propres. Parmi ces droits, a-t-il la faculté d'améliorer
motu proprio, par de grands travaux d'utilité publi-
que, les territoires dont le gouvernement héréditaire
lui a été concédé, à la seule condition de payer au
suzerain un tribut annuel déterminé, et sous certai-
nes réserves minutieusement exprimées dans l'acte
spécial appelé hatti-chérif? Aucune de ces réserves
n'étant applicable aux travaux publics, et des exem-
ples nombreux, ceux notamment du grand canal
d'Alexandrie au Nil et du chemin de fer du Caire
à Suez, ayant consacré la faculté d'initiative du vice-
roi, la concession du canal de Suez est, d'après le
droit commun et les conventions internationales,
parfaitement régulière et inattaquable.
Aussi, dans le principe, personne ne songea à la
contester; et le cabinet anglais le pouvait moins
qu'aucun autre, puisqu'il avait soutenu diplomati-
quement à Constantinople, lors des discussions rela-
tives au chemin de fer d'Alexandrie au Caire, dé-
crété à la demande formelle de l'agent brilormique en
Égypte, par le vice-roi Abbas-Pacha, que l'initiative
de ce prince 'devait être respectée par la Porte, et
qu'il n'y avait pas lieu de s'opposer à l'exécution de
son entreprise.
Toutefois le vice-roi ne voulut pas se dispenser de
s'entendre avec son suzerain dans une circonstance
telle que la dernière guerre d'Orient, où il employait
les forces et les ressources de son pays pour concou-
rir à la défense de l'empire. Il nous accrédita lui-
même à Constantinople, pour exposer la question au
sultan et à ses ministres. (Très-bien, très-bien!)
La concession du canal de Suez venait d'être expli-
citement ou implicitement approuvée par tous les
gouvernements du continent auxquels elle avait été
signifiée. Nous croyons qu'il ne sera pas sans intérêt
de consigner dans ce rapport l'opinion exprimée au
début de l'affaire par l'illustre doyen de la diploma-
tie, le prince de Metternich, qui certes n'était point
suspect de partialité envers. l'Égypte au détriment
de l'autorité ou des droits du sultan. Voici ses pro-
pres paroles que nous avons eu l'honneur d'écrire sous
sa dictée, et qu'il a bien voulu nous autoriser à com-
muniquer à la Porte, ainsi qu'aux diverses. cours de
l'Europe : ,
« S. A. Mohammed-Saïd avait le droit de décréter
» l'exécution du canal de. Suez : toutes les mesures
» prises par lui à ce sujet méritent l'assentiment des
» hommes d'État de l'Europe ; mais dans une ques-
» tion de cette importance, où il y avait lieu de pré-
» voir que la politique étrangère pourrait s'engager,
» il a très-sagement fait de demander la ratification
» de la Porte.
» L'approbation officielle d'une entreprise si évi-
» demment utile aux intérêts de l'empire ottoman
» comme à ceux de toutes les nations, ne peut plus
» laisser de doute depuis que la science a rendu un
» jugement favorable, et que des capitaux suffisants
» sont prêts pour l'exécution.
»» Sa Hautesse se placera dans une situation excel-
» lente vis-à-vis de l'Europe, en proposant aux puis-
» sances amies ou alliées, pour éviter dans l'avenir
» sur cette question toutes difficultés entre elles ou
» avec l'Égypte, de désigner des plénipotentiaires, à
» l'effet de régler par. une convention la neutralité
» perpétuelle du passage dans le canal de Suez.
» De cette manière, la question intérieure de l'.exé.
» cution du canal est séparée comme elle devait l'être
» de la question extérieure de neutralité, les préroga-
» tives de la souveraineté territoriale restent intac-
» tes, et l'empire ottoman, prenant la position qui
» lui convient dans une négociation de droit public
» européen, donne satisfaction aux intérêts politiques
» et commerciaux de toutes les puissances, en même
» temps qu'il obtient par leur accession une nouvelle
» garantie de son intégrité et de son indépendance.
« Le vice-roi d'Égypte, qui a si fidèlement servi
» son suzerain pendant la guerre, lui aura rendu,'
» par sa conduite dans une œuvre de paix, un service
» non moins signalé, et ainsi se trouvera vérifiée cette
» prédiction d'un grand homme qui déjà, au commen-
» cement de ce siècle, avait regardé' l'exécution du
» canal des deux mers comme devant contribuer à la
» gloire et au maintien de l'empire ottoman. » (Mou -
vement.)
On peut dire que cette note, œuvre d'un des esprits
politiques les plus éminents de notre temps, est au-
jourd'hui, dans toutes ses indications, réalisée.par lès
faits.
Le prince de Metternich, en établissant une intelli-
gente distinction entre la question intérieure d'exécu-
tion et la question extérieure de neutralité, avait très-
judicieusement attribué au vice-roi le pouvoir de
décréter motu proprio la concession du canal, et au
sultan le pouvoir exclusif de faire donner à l'entre-
prise une consécration politique, en ce qui concernait
les points de droit international qui seraient la consé-
quence de l'exécution du canal.
En effet, si la prince vassal égyptien possède la
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