Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-06-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 juin 1860 01 juin 1860
Description : 1860/06/01 (A5,N95). 1860/06/01 (A5,N95).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529961j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 181
la fournir à 12 francs ayant été obligé d'abandonner
son marché.
» L'eau est encore plus précieuse que la pierre. Les
puits engloutis dans le sable ne sont bons à rien ; l'eau
s'y trouve, mais elle est si imprégnée de sel qu'a peine les
chameaux veulent la boire. Dans l'une des onze stations
conservées, nous devrions plutôt dire projetées, car nous
croyons qu'à l'exception de deux, elles sont toutes aban-
données, entre les deux extrémités du canal projeté la
dépense de conduire l'eau pour l'usage des travail-
leurs était d'environ trois livres par jour; çà et la on
peut obtenir un peu de verdure, mais une nuit d'orage
engloutira tout dans le sable. Telles sont les conditions
qui rendent l'entreprise si impraticable. Si l'œuvre
était faite, était faite pour jamais, et que la dépense pût
être couverte par les profits du canal, la première dé-
pense ne serait pas un obstacle sérieux. La pierre pour-
rait être chère et l'eau coûteuse, mais ces frais seraient
bientôt calculés. La difficulté réelle gît dans la nature
du débours qui, non-seulement sera énorme, mais in-
cessant, et dans le revenu complétement insuffisant
qu'on peut attendre du péage du canal. Le percement
lui-même coûterait une énorme somme d'argent, en rai-
son de la cherté des matériaux; les excavations de-
manderaient à être constamment renouvelées à cause
des torrents de sable. Quant aux deux termes ou ports
du canal, nous pensons que l'estimation des travaux et
de la dépense est quelque chose de fabuleux. Nous avons
entendu dire que les travaux de Port-Saïd absorbe-
raient quatre fois l'argent alloué pour tout le canal,
et que l'entrepreneur français, lui-même, a exclu ces
travaux de ses computations. Sans doute si le capital
de 8 millions sterling de M. de Lessep3 peut être indéfi-
niment multiplié, tous ces empêchements peuvent être
surmontés; mais le projet, comme il a pris la peine de
l'affirmer au monde, est purement commercial, ce qui
veut dire qu'il doit être exécuté pour une somme capa-
ble de laisser un honorable bénéfice, provenant des re-
venus de l'opération.
» Nous savons quelle réponse fera M. de Lesseps à ces
observations. Il nous demandera pourquoi, si nous
sommes convaincus de ces faits, nous prenons la peine
de nous opposer à un projet impraticable ? Pourquoi le
Times, ou l'ambassadeur anglais à Constantinople, ou le
gouvernement anglais, ou un sujet anglais quelconque
se donneraient-ils le mal de déprécierlou de contrecarrer
un projet qui lui-même ne peut aboutir qu'à une fin si
ruineuse? C'est très-bien, et nous devons répliquer que
nous ne voyons aucune raison impérative pour procéder
de cette manière, quoique par ailleurs nous ne puissions
voir non plus pourquoi l'intervention de la diplomatie
ou l'influence des rivalités nationales serait mise en jeu
du côté opposé. Certainement il n'y a pas à s'inquiéter
d'un projet même inacceptable, s'il ne peut jamais être
exécuté, et que le canal de Suez tombe dans cette ca-
tégorie , c'est à nos yeux un incontestable fait. Mais
pourquoi a-t-on agité la chose avec tant de menaces à
notre visage ? Pourquoi nous parler de « perforer notre
cuirasse » et de nous percer au cœur? Personne n'aime
à voir un canon pointé sur soi, même en jouant ou en
étant sûr qu'il n'est pas chargé. M. de Girardin a fait
tout le mal en laissant échapper ce secret. S'il n'y
avait devant le monde que les chiffres de M. de Lesseps,
nous serions très-embarrassés de justifier toute opposi-
tion à son projet. Nous aimerions tout autant pro-
tester contre la navigation aérienne; mais lorsqu'on
nous signifie ouvertement de nous tenir sur nos gardes
et de nous préparer au pire, il est naturel que nous ac-
cordions quelque attention à l'avis.
» Nous désirons sincèrement que tout ce que nous
disons serve à convaincre nos voisins les Français de
l'état réel de l'opinion anglaise en cette affaire. Ils ne
nous croiront pas, nous le craignons bien, mais nous pou-
vons vraiment leur assurer que dans le peuple de notre
pays il n'existe pas la plus légère jalousie ou la plus
légère alarme sur ce précieux topique. Pas un homme
sur mille ne connaît ni ne désire rien connaître de ce
sujet. Ceux qui sont mieux informés seraient bien
aises de voir une semblable entreprise réussir ; mais ils
savent que commercialement parlant elle est imprati-
cable, et ils la vouent à l'oubli avec d'autres projets du
même caractère. Les appréhensions elles-mêmes qu'on
pourrait concevoir sur l'extension de l'influence fran-
çaise en Egypte n'ont eu que très-peu de prise sur nous.
Nous avons appris en fait à penser assez mal de ces
grandes questions de politique qui anciennement pous-
saient les nations à la guerre. Nous ne regardons plus
avec jalousie la construction de nouvelles grandes
routes vers l'Orient. Nos idées elles-mêmes sur l'Orient
se sont considérablement modifiées. Nous ne pouvons
nous empêcher de discuter publiquement une question
que nos voisins ont élevée à une dignité si peu méri-
tée ; mais M. de Lesseps peut être certain que ni le dé-
pit ni l'alarme n'inspirent nos remarques sur son pro-
jet. Sa Compagnie n'est pas la première qui a englouti
ses fonds dans un mauvais placement. Ses travaux ne
sont pas les premiers qui se soient perdus dans les sa-
bles d'Egypte dont le sol est couvert de monuments d'en-
treprises mal conçues ; il peut pousser son travail le long
de la même ligne que celle des anciens ouvrages ins-
pirés par le même esprit, et trouver à Péluse et à Suez
des traces des extravagances passées. Si nous lui re-
présentons que son travail sera sans bénéfice, nous ne
parlons pas dans une pensée de jalousie, mais dans un
simple esprit de vérité et avec une abondance de
raison. »
Le DAILy-NEWS et le rapport de M. Ferdinand de Lesseps.
« Que M. de Lesseps soit un homme qui « comprend
son époque, » c'est ce que témoigne abondamment son
rapport à la récente réunion de ses actionnaires au ca-
nal de Suez. L'allocution adressée par le grand prêtre
de cette entreprise égyptienne au corps de souscrip-
teurs le plus plein d'abnégation et de confiance qui
existe, remplit une page des principaux journaux fran-
çais et belges, et pour tout lecteur qui n'a pas encore
noyé ses épargnes dans les sables du désert, elle présente
un mirage aussi pittoresque et aussi attrayant que le
désert lui-même peut l'offrir à des lèvres altérées et à
des yeux éblouis. Le fameux Balbriggam, dont le patri-
la fournir à 12 francs ayant été obligé d'abandonner
son marché.
» L'eau est encore plus précieuse que la pierre. Les
puits engloutis dans le sable ne sont bons à rien ; l'eau
s'y trouve, mais elle est si imprégnée de sel qu'a peine les
chameaux veulent la boire. Dans l'une des onze stations
conservées, nous devrions plutôt dire projetées, car nous
croyons qu'à l'exception de deux, elles sont toutes aban-
données, entre les deux extrémités du canal projeté la
dépense de conduire l'eau pour l'usage des travail-
leurs était d'environ trois livres par jour; çà et la on
peut obtenir un peu de verdure, mais une nuit d'orage
engloutira tout dans le sable. Telles sont les conditions
qui rendent l'entreprise si impraticable. Si l'œuvre
était faite, était faite pour jamais, et que la dépense pût
être couverte par les profits du canal, la première dé-
pense ne serait pas un obstacle sérieux. La pierre pour-
rait être chère et l'eau coûteuse, mais ces frais seraient
bientôt calculés. La difficulté réelle gît dans la nature
du débours qui, non-seulement sera énorme, mais in-
cessant, et dans le revenu complétement insuffisant
qu'on peut attendre du péage du canal. Le percement
lui-même coûterait une énorme somme d'argent, en rai-
son de la cherté des matériaux; les excavations de-
manderaient à être constamment renouvelées à cause
des torrents de sable. Quant aux deux termes ou ports
du canal, nous pensons que l'estimation des travaux et
de la dépense est quelque chose de fabuleux. Nous avons
entendu dire que les travaux de Port-Saïd absorbe-
raient quatre fois l'argent alloué pour tout le canal,
et que l'entrepreneur français, lui-même, a exclu ces
travaux de ses computations. Sans doute si le capital
de 8 millions sterling de M. de Lessep3 peut être indéfi-
niment multiplié, tous ces empêchements peuvent être
surmontés; mais le projet, comme il a pris la peine de
l'affirmer au monde, est purement commercial, ce qui
veut dire qu'il doit être exécuté pour une somme capa-
ble de laisser un honorable bénéfice, provenant des re-
venus de l'opération.
» Nous savons quelle réponse fera M. de Lesseps à ces
observations. Il nous demandera pourquoi, si nous
sommes convaincus de ces faits, nous prenons la peine
de nous opposer à un projet impraticable ? Pourquoi le
Times, ou l'ambassadeur anglais à Constantinople, ou le
gouvernement anglais, ou un sujet anglais quelconque
se donneraient-ils le mal de déprécierlou de contrecarrer
un projet qui lui-même ne peut aboutir qu'à une fin si
ruineuse? C'est très-bien, et nous devons répliquer que
nous ne voyons aucune raison impérative pour procéder
de cette manière, quoique par ailleurs nous ne puissions
voir non plus pourquoi l'intervention de la diplomatie
ou l'influence des rivalités nationales serait mise en jeu
du côté opposé. Certainement il n'y a pas à s'inquiéter
d'un projet même inacceptable, s'il ne peut jamais être
exécuté, et que le canal de Suez tombe dans cette ca-
tégorie , c'est à nos yeux un incontestable fait. Mais
pourquoi a-t-on agité la chose avec tant de menaces à
notre visage ? Pourquoi nous parler de « perforer notre
cuirasse » et de nous percer au cœur? Personne n'aime
à voir un canon pointé sur soi, même en jouant ou en
étant sûr qu'il n'est pas chargé. M. de Girardin a fait
tout le mal en laissant échapper ce secret. S'il n'y
avait devant le monde que les chiffres de M. de Lesseps,
nous serions très-embarrassés de justifier toute opposi-
tion à son projet. Nous aimerions tout autant pro-
tester contre la navigation aérienne; mais lorsqu'on
nous signifie ouvertement de nous tenir sur nos gardes
et de nous préparer au pire, il est naturel que nous ac-
cordions quelque attention à l'avis.
» Nous désirons sincèrement que tout ce que nous
disons serve à convaincre nos voisins les Français de
l'état réel de l'opinion anglaise en cette affaire. Ils ne
nous croiront pas, nous le craignons bien, mais nous pou-
vons vraiment leur assurer que dans le peuple de notre
pays il n'existe pas la plus légère jalousie ou la plus
légère alarme sur ce précieux topique. Pas un homme
sur mille ne connaît ni ne désire rien connaître de ce
sujet. Ceux qui sont mieux informés seraient bien
aises de voir une semblable entreprise réussir ; mais ils
savent que commercialement parlant elle est imprati-
cable, et ils la vouent à l'oubli avec d'autres projets du
même caractère. Les appréhensions elles-mêmes qu'on
pourrait concevoir sur l'extension de l'influence fran-
çaise en Egypte n'ont eu que très-peu de prise sur nous.
Nous avons appris en fait à penser assez mal de ces
grandes questions de politique qui anciennement pous-
saient les nations à la guerre. Nous ne regardons plus
avec jalousie la construction de nouvelles grandes
routes vers l'Orient. Nos idées elles-mêmes sur l'Orient
se sont considérablement modifiées. Nous ne pouvons
nous empêcher de discuter publiquement une question
que nos voisins ont élevée à une dignité si peu méri-
tée ; mais M. de Lesseps peut être certain que ni le dé-
pit ni l'alarme n'inspirent nos remarques sur son pro-
jet. Sa Compagnie n'est pas la première qui a englouti
ses fonds dans un mauvais placement. Ses travaux ne
sont pas les premiers qui se soient perdus dans les sa-
bles d'Egypte dont le sol est couvert de monuments d'en-
treprises mal conçues ; il peut pousser son travail le long
de la même ligne que celle des anciens ouvrages ins-
pirés par le même esprit, et trouver à Péluse et à Suez
des traces des extravagances passées. Si nous lui re-
présentons que son travail sera sans bénéfice, nous ne
parlons pas dans une pensée de jalousie, mais dans un
simple esprit de vérité et avec une abondance de
raison. »
Le DAILy-NEWS et le rapport de M. Ferdinand de Lesseps.
« Que M. de Lesseps soit un homme qui « comprend
son époque, » c'est ce que témoigne abondamment son
rapport à la récente réunion de ses actionnaires au ca-
nal de Suez. L'allocution adressée par le grand prêtre
de cette entreprise égyptienne au corps de souscrip-
teurs le plus plein d'abnégation et de confiance qui
existe, remplit une page des principaux journaux fran-
çais et belges, et pour tout lecteur qui n'a pas encore
noyé ses épargnes dans les sables du désert, elle présente
un mirage aussi pittoresque et aussi attrayant que le
désert lui-même peut l'offrir à des lèvres altérées et à
des yeux éblouis. Le fameux Balbriggam, dont le patri-
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