Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-05-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 mai 1860 01 mai 1860
Description : 1860/05/01 (A5,N93). 1860/05/01 (A5,N93).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529959g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 133
la bouche de Rosette et celle de Damiette. Il est in-
contestable, à la seule inspection de la carte, que le
cordon littoral ou lido sablonneux qui le sépare de
la mer n'a pu être, vu son peu de largeur, sensible-
ment augmenté depuis le temps de Strabon. Ce lac
est toujours à une très-faible distance de la mer, et,
comme le fait observer M. Elie de Beaumont, il com-
munique encore avec la Méditerranée par la bouche
de l'ancienne branche oblitérée du Nil.
Pour le lac Menzaleh, tordant une très-grande
partie de la côte occidentale de Péluse, l'observation
est encore plus remarquable. La bande de sable qui
le sépare de la mer est si étroite qu'incontestablement
elle n'a pu l'être moins dans les temps antiques. Le
rapprochement de la description de Strabon avec la
situation actuelle des débouchés du lac dans la mer
n'est pas moins décisif, et ce point, que M. Spratt
désigne comme celui qui sert en quelque sorte de
rendez-vous à tous les dépôts du Nil, est justement
celui que désigne M. de Beaumont comme présentant
le caractère de fixité le plus immuable.
Ajoutons à ces considérations deux autres faits
également expressifs:
, A la pointe occidentale du Delta, vers Rosette,
M. de Beaumont rapporte que l'expédition scientifique
de 1798 a constaté des traces de constructions et des
ruines de villages submergés par les flots de la mer.
A l'extrémité orientale du Delta, M. Ferdinand de
Lesseps s'est rendu à la nage sur les ruines d'une
construction située à environ 100 mètres du rivage
entre Tineh et le cap Cassius, où commence la côte
de Syrie.
Cette double observation n'est-elle pas de nature
à faire supposer que bien loin de s'avancer vers la
mer, le rivage au contraire recule devant la mer?
En tout cas, nous pensons avoir démontré à
M. Spratt lui-même que l'opinion émise par M. Fer-
dinand de Lesseps sur la fixité et l'invariabilité ex-
térieure du Delta n'a rien qui puisse surprendre ni
les géologues ni les hydrographes; qu'elle a été pro-
fessée par les savants, les voyageurs, les explorateurs
qui ont le plus étudié l'Egypte, et que son système
seul a les désavantages de la nouveauté et de l'iso-
lement.
Si le Delta, dans sa configuration maritime, n'a
pas changé ou a imperceptiblement changé depuis
les temps historiques comme l'attesten t tant d'auto-
rités imposantes, et, moins M. Spratt, tous les obser-
vateurs qui sont allés examiner la question sur les
lieux, tout débat ultérieur pourrait sembler oiseux,
au moins jusqu'à ce que l'adversaire du canal de
Suez ait détruit par des faits constatés l'ensemble
de faits que lui oppose ce faisceau de témoignages.
Or, c'est ce qu'il n'a point effectué jusqu'ici, c'est
donc ce qui lui reste à faire,
M. Spratt, en effet, ne signale nulle part des altéra-
tions graves et prouvées dans le contour extérieur du
Delta : il fabrique une théorie ; il produit un système,
et il nous signifie que ce système étant conforme aux
lois de la nature, il est impossible à la nature de ne
s'y point conformer. A la bonne heure. Mais si la na-
ture a obéi aux lois de son législateur improvisé, et
si, par conséquent, le Nil pousse depuis des siècles
ses sables et ses dépôts vers la côte de Péluse, il est
incontestable qu'il ne doit pas être difficile de montrer
les traces de cette invasion qui durerait depuis trois
mille ans. Or, M. Spratt se contente de les démôn-
trer par sa théorie et non par la situation de ces ri-
vages en eux-mêmes.
Sauf quelques détails contestables et insignifiants,
M. le capitaine Spratt ne nous offre que des conjec-
tures et des appréciations arbitraires. Nulle part il
ne montre en fait un accroissement sensible des plages
du Delta sur lesquelles pourtant le Nil exercerait son
influence depuis tant de siècles.
Dès lors, M. Spratt n'est pas autant qu'il le pense
le législateur de la nature, car les lois de la nature se
révèlent matériellement aux yeux par leurs effets phy-
siques.
Examinons toutefois la théorie de M. Spratt et les
déductions qu'il en tire :
Dans son système, les matières provenant de l'ér
rosion des côtes ou des apports du Nil sont, d'après la
direction du courant littoral et des vents dominants,
entraînées par la mer de l'ouest à l'est, c'est-à-dire
d'Alexandrie et au delà vers Rosette, Damiette et Pé-
luse.
Quant à la direction du courant littoral et des vents
dominants, elle n'a jamais été contestée : elle est ad-
mise par M. Élie de Beaumont comme par la commis-
sion internationale. Mais conformément au système de
M. Spratt, en résulte-t-il que ces matières, et plus spé-
cialement celles que charrierait le Nil, vont s'atterrir
dans la baie de Péluse et l'ensabler progressivement ?
C'est d'abord un système général que contredit en fait
la fixité reconnue de tout le lido égyptien.
Ce lido est universellement sablonneux; il l'est
vers la plage d'Alexandrie, il l'est également vers la
plage de Péluse. Il est aujourd'hui constaté, et
M. Spratt ne le nie point, que la plage de Péluse est
formée d'un sable pur sans aucun mélange de li-
mon. Comment donc M. Spratt pourra-t-il établir
que le sable de Péluse est fourni par le Nil, tandis
que le sable d'Alexandrie serait fourni par la mer ?
L'honorable théoricien a découvert un procédé pour
cela : il a distingué entre la nature des sables : les
sables de la mer sont des sables calcaires, les sables
traînés par le Nil sont des sables siliceux; il ne s'a-
git plus que d'analyser les sables des deux côtés
pour savoir ce qui vient du Nil et ce qui vient de la
mer. Il établit dès lors que les côtes au-dessus et au-
la bouche de Rosette et celle de Damiette. Il est in-
contestable, à la seule inspection de la carte, que le
cordon littoral ou lido sablonneux qui le sépare de
la mer n'a pu être, vu son peu de largeur, sensible-
ment augmenté depuis le temps de Strabon. Ce lac
est toujours à une très-faible distance de la mer, et,
comme le fait observer M. Elie de Beaumont, il com-
munique encore avec la Méditerranée par la bouche
de l'ancienne branche oblitérée du Nil.
Pour le lac Menzaleh, tordant une très-grande
partie de la côte occidentale de Péluse, l'observation
est encore plus remarquable. La bande de sable qui
le sépare de la mer est si étroite qu'incontestablement
elle n'a pu l'être moins dans les temps antiques. Le
rapprochement de la description de Strabon avec la
situation actuelle des débouchés du lac dans la mer
n'est pas moins décisif, et ce point, que M. Spratt
désigne comme celui qui sert en quelque sorte de
rendez-vous à tous les dépôts du Nil, est justement
celui que désigne M. de Beaumont comme présentant
le caractère de fixité le plus immuable.
Ajoutons à ces considérations deux autres faits
également expressifs:
, A la pointe occidentale du Delta, vers Rosette,
M. de Beaumont rapporte que l'expédition scientifique
de 1798 a constaté des traces de constructions et des
ruines de villages submergés par les flots de la mer.
A l'extrémité orientale du Delta, M. Ferdinand de
Lesseps s'est rendu à la nage sur les ruines d'une
construction située à environ 100 mètres du rivage
entre Tineh et le cap Cassius, où commence la côte
de Syrie.
Cette double observation n'est-elle pas de nature
à faire supposer que bien loin de s'avancer vers la
mer, le rivage au contraire recule devant la mer?
En tout cas, nous pensons avoir démontré à
M. Spratt lui-même que l'opinion émise par M. Fer-
dinand de Lesseps sur la fixité et l'invariabilité ex-
térieure du Delta n'a rien qui puisse surprendre ni
les géologues ni les hydrographes; qu'elle a été pro-
fessée par les savants, les voyageurs, les explorateurs
qui ont le plus étudié l'Egypte, et que son système
seul a les désavantages de la nouveauté et de l'iso-
lement.
Si le Delta, dans sa configuration maritime, n'a
pas changé ou a imperceptiblement changé depuis
les temps historiques comme l'attesten t tant d'auto-
rités imposantes, et, moins M. Spratt, tous les obser-
vateurs qui sont allés examiner la question sur les
lieux, tout débat ultérieur pourrait sembler oiseux,
au moins jusqu'à ce que l'adversaire du canal de
Suez ait détruit par des faits constatés l'ensemble
de faits que lui oppose ce faisceau de témoignages.
Or, c'est ce qu'il n'a point effectué jusqu'ici, c'est
donc ce qui lui reste à faire,
M. Spratt, en effet, ne signale nulle part des altéra-
tions graves et prouvées dans le contour extérieur du
Delta : il fabrique une théorie ; il produit un système,
et il nous signifie que ce système étant conforme aux
lois de la nature, il est impossible à la nature de ne
s'y point conformer. A la bonne heure. Mais si la na-
ture a obéi aux lois de son législateur improvisé, et
si, par conséquent, le Nil pousse depuis des siècles
ses sables et ses dépôts vers la côte de Péluse, il est
incontestable qu'il ne doit pas être difficile de montrer
les traces de cette invasion qui durerait depuis trois
mille ans. Or, M. Spratt se contente de les démôn-
trer par sa théorie et non par la situation de ces ri-
vages en eux-mêmes.
Sauf quelques détails contestables et insignifiants,
M. le capitaine Spratt ne nous offre que des conjec-
tures et des appréciations arbitraires. Nulle part il
ne montre en fait un accroissement sensible des plages
du Delta sur lesquelles pourtant le Nil exercerait son
influence depuis tant de siècles.
Dès lors, M. Spratt n'est pas autant qu'il le pense
le législateur de la nature, car les lois de la nature se
révèlent matériellement aux yeux par leurs effets phy-
siques.
Examinons toutefois la théorie de M. Spratt et les
déductions qu'il en tire :
Dans son système, les matières provenant de l'ér
rosion des côtes ou des apports du Nil sont, d'après la
direction du courant littoral et des vents dominants,
entraînées par la mer de l'ouest à l'est, c'est-à-dire
d'Alexandrie et au delà vers Rosette, Damiette et Pé-
luse.
Quant à la direction du courant littoral et des vents
dominants, elle n'a jamais été contestée : elle est ad-
mise par M. Élie de Beaumont comme par la commis-
sion internationale. Mais conformément au système de
M. Spratt, en résulte-t-il que ces matières, et plus spé-
cialement celles que charrierait le Nil, vont s'atterrir
dans la baie de Péluse et l'ensabler progressivement ?
C'est d'abord un système général que contredit en fait
la fixité reconnue de tout le lido égyptien.
Ce lido est universellement sablonneux; il l'est
vers la plage d'Alexandrie, il l'est également vers la
plage de Péluse. Il est aujourd'hui constaté, et
M. Spratt ne le nie point, que la plage de Péluse est
formée d'un sable pur sans aucun mélange de li-
mon. Comment donc M. Spratt pourra-t-il établir
que le sable de Péluse est fourni par le Nil, tandis
que le sable d'Alexandrie serait fourni par la mer ?
L'honorable théoricien a découvert un procédé pour
cela : il a distingué entre la nature des sables : les
sables de la mer sont des sables calcaires, les sables
traînés par le Nil sont des sables siliceux; il ne s'a-
git plus que d'analyser les sables des deux côtés
pour savoir ce qui vient du Nil et ce qui vient de la
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