Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-05-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 mai 1860 01 mai 1860
Description : 1860/05/01 (A5,N93). 1860/05/01 (A5,N93).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529959g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
138 L'ISTHME DE SUEZ.
LE PÈLERINAGE DE LA MECQUE.
Le Il juillet de l'année dernière, la fête des sacrifices,
célébrée dans la vallée de Moussa, près du mont Arafat,
à quelques milles de la Mecque, au milieu d'un con-
cours immense de fidèles, a achevé de solenniser l'ac-
complissement du saint pèlerinage musulman pour l'an-
née 1859.
Avant de consigner les renseignements statistiques
qu'il a été possible de réunir sur le mouvement des
pèlerins pendant cette dernière année, il peut y avoir
une certaine opportunité à rappeler en peu de mots
l'origine du saint pèlerinage de la Mecque, accompli
aujourd'hui encore avec une piété aussi fervente et
aussi ardente qu'aux premières années de l'islamisme.
Quelque sommaire qu'il soit, cet aperçu historique
pourra donner une idée de la force des convictions reli-
gieuses que chaque pèlerin emporte dans son pays, re-
trempées qu'elles ont été au foyer du plus pur fana-
tisme.
Le pèlerinage de la Mecque remonte à une époque
bien antérieure à Mahomet. Avant lui, et depuis un
temps immémorial, les Arabes païens de la péninsule
arabique venaient en foule visiter dévotement le saint
temple de la Kûba. Vainement le prophète législateur
tenta-t-il d'abolir cet usage ; il dut transiger avec cette
coutume contractée depuis des siècles par les peuples
qu'il voulait soumettre à sa loi, et préféra, à l'anéantis-
sement de ses vastes desseins, la consécration reli-
gieuse de ces habitudes traditionnelles, se contentant
de faire tourner au culte du vrai Dieu ce devoir que les
Arabes rendaient alors à leurs idoles.
La tradition musulmane fait remonter la fondation du
premier temple de la Kâba à Adam même, qui en de-
manda la permission à DÙu. Après sa mort, Seth, son
fils, construisit un autre temple semblable, en pierres et
en chaux, ajoute la tradition, lequel fut détruit à l'épo-
que du déluge universel, et reconstruit longtemps après,
sur l'ordre de Dieu, par Abraham et son fils Ismaël.
(Coran, chapitre h, versets 119 et 121.) Ce fut à cette
époque que, selon la tradition encore, la fameuse pierre
noire tombée du ciel avec Adam (cette pierre n'est autre
chose qu'un aérolithe de grande dimension), fut appor-
tée par l'ange Gabriel à Abraham, qui la scella dans
l'un des angles du saint temple. Au dire de l'historien
Aboul'Féda, ce temple, plusieurs fois réparé, fut en-
tièrement rebâti, peu d'années avant la naissance de
Mahomet, par les Koraïschites, tribu arabe à laquelle
appartenait la famille du prophète. Un peu plus tard,
Abdallah Ibn Zobeïr, calife de la Mecque, y fit de
grandes réparations, et, enfin, l'an 74 de l'hégire, il fut
de nouveau rebâti par El Hadjadj Ibn Youssef, lieute-
nant du calife Abd el Malek, qui s'était emparé de la
Mecque, lequel donna à l'édifice la forme qu'il a conser-
vée, à peu près intacte, jusqu'à ce jour. Depuis lors le
temple a été réparé à plusieurs reprises, notamment
et dans des proportions considérables en 1621 et
1631.
Mahomet dans le Coran a fait du pèlerinage de la
Mecque un des quatre points fondamentaux de sa reli-
gion relatifs à la pratique. Ils constituent autant d'obli-
p our tout vrai croyant. Ce sont : 1 la
prière; 2° l'aumône; 3J le jeûne ; 4° le pèlerinage à la
Mecque ( 'oran, chapitre ii , versets 192 et 193.) Tout
fidèle doit accomplirle pèlerinage au moins une fois dans
sa vie, et il n'y a que la maladie, la privation de moyens,
la misère, qui puissent l'exonérer de ce devoir. Les
femmes mêmes n'en sont point dispensées.
Il est un autre pèlerinage qu'un musulman doit faire
après celui de la Mecque, c'est celui de Médine, où il va
pieusement visiter la tombe du prophète ; seulement le
pèlerinage de la Mecque èst d'obligation divine, tandis
que celui de Médine n'est que d'obligation canonique.
Le livre sacré, le Curan, prescrit formellement le pre-
mier ; l'usage, la tradition et la ferveur ont consacré le
second. De telle sorte que si un pèlerin, par une im-
possibilité quelconque, après avoir observé toutes les
cérémonies religieuses à la Mecque, ne pouvait se
rendre à Médine pour y prier sur le tombeau de Maho-
met, il n'en considérerait pas moins son pèlerinage
comme régulièrement accompli, et, par conséquent,
comme s'étant acquitté du devoir impérieux qui lui est
ordonné par sa religion.
Le pèlerinage de la Mecque est un point de pratique
tellement obligatoire pour le vrai croyant, qu'au rap-
port d'un savant docteur, le scheïkh el Ghazali, le pro-
phète aurait dit : « Autant vaudrait mourir juif ou
chrétien que de n'avoir point, par négligence et sciem-
ment, rempli une fois dans sa vie cet acte reli-
gieux. »
Il serait trop long de décrire ici, avec les nombreux
détails qu'elles comportent, toutes les cérémonies du
pèlerinage ; d'ailleurs elles ont été rapportées par plu-
sieurs auteurs et voyageurs avec une précision telle
qu'il n'est permis de rien ajouter à leurs récits. Men-
tionnons sommairement les plus importantes d'entre
elles.
Le pèlerinage doit s'accomplir dans les premiers jours
du dernier mois de l'année musulmane, celui de Zoul'-
hedjah, mois consacré à cette solennité, ainsi que l'in-
dique son nom. (Coran, chap. n, verset 193.)
C'est le 10 de ce mois que les cérémonies religieuses
sont complétées par la célébration de la fête des sacri-
fices, fête appelée par les Arabes Aid el Corban ou Aïd el
Dhohi'a, et par les Turcs, Corban Beyram.
Le territoire proprement dit de la Mecque a pour li-
mites, le long du littoral de la mer Rouge, au nord-
ouest le village de Rabok, et, au sud-est, celui de Leit.
Si, à partir de ce dernier point, on tire une ligne au
nord, en coupant la chaîne montagneuse du Djebel el
Korah et qu'arrivé au village de El Maghazel, on oblique
cette ligne vers le nord-est, puis vers l'est pour la faire
arriver au littoral, près de Rabok, on aura une sorte
de triangle qui comprend à peu près en entier le terri-
toire sacré, appelé par les Arabes Belad ou Hodcud ri
IIaram.
Dès qu'un musulman, accomplissant le pèlerinage de
la Mecque, franchit ces limites il doit se dépouiller en-
tièrement de ses vêtements, et revêtir le costume de
pèlerin dit shram, consistant en deux pièces d'étoffe
blanche dont l'une ceint les reins et retombe jusqu'à
mi-jambe, et l'autre est rejetée sur les épaules en laissant
LE PÈLERINAGE DE LA MECQUE.
Le Il juillet de l'année dernière, la fête des sacrifices,
célébrée dans la vallée de Moussa, près du mont Arafat,
à quelques milles de la Mecque, au milieu d'un con-
cours immense de fidèles, a achevé de solenniser l'ac-
complissement du saint pèlerinage musulman pour l'an-
née 1859.
Avant de consigner les renseignements statistiques
qu'il a été possible de réunir sur le mouvement des
pèlerins pendant cette dernière année, il peut y avoir
une certaine opportunité à rappeler en peu de mots
l'origine du saint pèlerinage de la Mecque, accompli
aujourd'hui encore avec une piété aussi fervente et
aussi ardente qu'aux premières années de l'islamisme.
Quelque sommaire qu'il soit, cet aperçu historique
pourra donner une idée de la force des convictions reli-
gieuses que chaque pèlerin emporte dans son pays, re-
trempées qu'elles ont été au foyer du plus pur fana-
tisme.
Le pèlerinage de la Mecque remonte à une époque
bien antérieure à Mahomet. Avant lui, et depuis un
temps immémorial, les Arabes païens de la péninsule
arabique venaient en foule visiter dévotement le saint
temple de la Kûba. Vainement le prophète législateur
tenta-t-il d'abolir cet usage ; il dut transiger avec cette
coutume contractée depuis des siècles par les peuples
qu'il voulait soumettre à sa loi, et préféra, à l'anéantis-
sement de ses vastes desseins, la consécration reli-
gieuse de ces habitudes traditionnelles, se contentant
de faire tourner au culte du vrai Dieu ce devoir que les
Arabes rendaient alors à leurs idoles.
La tradition musulmane fait remonter la fondation du
premier temple de la Kâba à Adam même, qui en de-
manda la permission à DÙu. Après sa mort, Seth, son
fils, construisit un autre temple semblable, en pierres et
en chaux, ajoute la tradition, lequel fut détruit à l'épo-
que du déluge universel, et reconstruit longtemps après,
sur l'ordre de Dieu, par Abraham et son fils Ismaël.
(Coran, chapitre h, versets 119 et 121.) Ce fut à cette
époque que, selon la tradition encore, la fameuse pierre
noire tombée du ciel avec Adam (cette pierre n'est autre
chose qu'un aérolithe de grande dimension), fut appor-
tée par l'ange Gabriel à Abraham, qui la scella dans
l'un des angles du saint temple. Au dire de l'historien
Aboul'Féda, ce temple, plusieurs fois réparé, fut en-
tièrement rebâti, peu d'années avant la naissance de
Mahomet, par les Koraïschites, tribu arabe à laquelle
appartenait la famille du prophète. Un peu plus tard,
Abdallah Ibn Zobeïr, calife de la Mecque, y fit de
grandes réparations, et, enfin, l'an 74 de l'hégire, il fut
de nouveau rebâti par El Hadjadj Ibn Youssef, lieute-
nant du calife Abd el Malek, qui s'était emparé de la
Mecque, lequel donna à l'édifice la forme qu'il a conser-
vée, à peu près intacte, jusqu'à ce jour. Depuis lors le
temple a été réparé à plusieurs reprises, notamment
et dans des proportions considérables en 1621 et
1631.
Mahomet dans le Coran a fait du pèlerinage de la
Mecque un des quatre points fondamentaux de sa reli-
gion relatifs à la pratique. Ils constituent autant d'obli-
p our tout vrai croyant. Ce sont : 1 la
prière; 2° l'aumône; 3J le jeûne ; 4° le pèlerinage à la
Mecque ( 'oran, chapitre ii , versets 192 et 193.) Tout
fidèle doit accomplirle pèlerinage au moins une fois dans
sa vie, et il n'y a que la maladie, la privation de moyens,
la misère, qui puissent l'exonérer de ce devoir. Les
femmes mêmes n'en sont point dispensées.
Il est un autre pèlerinage qu'un musulman doit faire
après celui de la Mecque, c'est celui de Médine, où il va
pieusement visiter la tombe du prophète ; seulement le
pèlerinage de la Mecque èst d'obligation divine, tandis
que celui de Médine n'est que d'obligation canonique.
Le livre sacré, le Curan, prescrit formellement le pre-
mier ; l'usage, la tradition et la ferveur ont consacré le
second. De telle sorte que si un pèlerin, par une im-
possibilité quelconque, après avoir observé toutes les
cérémonies religieuses à la Mecque, ne pouvait se
rendre à Médine pour y prier sur le tombeau de Maho-
met, il n'en considérerait pas moins son pèlerinage
comme régulièrement accompli, et, par conséquent,
comme s'étant acquitté du devoir impérieux qui lui est
ordonné par sa religion.
Le pèlerinage de la Mecque est un point de pratique
tellement obligatoire pour le vrai croyant, qu'au rap-
port d'un savant docteur, le scheïkh el Ghazali, le pro-
phète aurait dit : « Autant vaudrait mourir juif ou
chrétien que de n'avoir point, par négligence et sciem-
ment, rempli une fois dans sa vie cet acte reli-
gieux. »
Il serait trop long de décrire ici, avec les nombreux
détails qu'elles comportent, toutes les cérémonies du
pèlerinage ; d'ailleurs elles ont été rapportées par plu-
sieurs auteurs et voyageurs avec une précision telle
qu'il n'est permis de rien ajouter à leurs récits. Men-
tionnons sommairement les plus importantes d'entre
elles.
Le pèlerinage doit s'accomplir dans les premiers jours
du dernier mois de l'année musulmane, celui de Zoul'-
hedjah, mois consacré à cette solennité, ainsi que l'in-
dique son nom. (Coran, chap. n, verset 193.)
C'est le 10 de ce mois que les cérémonies religieuses
sont complétées par la célébration de la fête des sacri-
fices, fête appelée par les Arabes Aid el Corban ou Aïd el
Dhohi'a, et par les Turcs, Corban Beyram.
Le territoire proprement dit de la Mecque a pour li-
mites, le long du littoral de la mer Rouge, au nord-
ouest le village de Rabok, et, au sud-est, celui de Leit.
Si, à partir de ce dernier point, on tire une ligne au
nord, en coupant la chaîne montagneuse du Djebel el
Korah et qu'arrivé au village de El Maghazel, on oblique
cette ligne vers le nord-est, puis vers l'est pour la faire
arriver au littoral, près de Rabok, on aura une sorte
de triangle qui comprend à peu près en entier le terri-
toire sacré, appelé par les Arabes Belad ou Hodcud ri
IIaram.
Dès qu'un musulman, accomplissant le pèlerinage de
la Mecque, franchit ces limites il doit se dépouiller en-
tièrement de ses vêtements, et revêtir le costume de
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