Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-04-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 avril 1860 15 avril 1860
Description : 1860/04/15 (A5,N92). 1860/04/15 (A5,N92).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65299582
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 119
point changer tous les jours ? On pourrait déjà faire
un volume de ses variations.
Un jour elle proclame qu: le terrain de l'isthme
n'est qu'un lit de rocher intraitable à la pioche. C'est
au Morning Fost qu'appartient cette belle invention,
Bientôt après c'est le contraire : le canal sera in-
cessamment comblé par les sables mouvants, portés
sur l'aile des vents du désert. L'état du vieux canal
d'Ambrou, dont les berges existent encore, ne lais-
sent point de prise à cette seconde objection.
La baie de Péluse ne devait offrir à l'abordage des
navires qu'une côte inhospitalière ouverte à toutes les
tempêtes. Le séjour d'une frégate égyptienne dans
cette baie et les observations du capitaine Philigret,
jointes à une multitude d'expériences subséquentes,
démontrent que la baie de Péluse est la rade la
meilleure de toute la côte égyptienne, que le fond
et la tenue en sont également excellents.
Encombrée par les limons du Nil, la baie de Péluse
n'était qu'un vaste amas de boue, et la Revue d'Edim-
bourg racontait même l'histoire d'un navire qui, dans
ces parages, s'était trouvé enveloppé d'une sorte d'île
flottante. Il est constaté désormais que le littoral de
la côte ne contient pas un seul atome de limon et
est formé de sable pur.
M. Robert Stephenson prétendait que faute d'une
différence de niveau de 20 ou 25 pieds entre la mer
Rouge et la Méditerranée, le canal ne serait qu'un
fossé stagnant, impraticable à la navigation. M. Con-
rad lui a répondu souverainement par l'exemple des
grands canaux maritimes de la Hollande, et l'opinion
plus qu'erronée de M. Stephenson paraît l'avoir suivi
dans sa tombe.
On a dit encore que l'opération ne serait pas rému-
nérative ; mais le Morning Herald n'est pas évidem-
ment de cet avis, puisqu'il subordonne la coopération
de ses concitoyens uniquement à une modification
dans les plans.
Tant de défaites successives n'auraient-elles pas dû
éteindre l'ardeur des plus obstinés assaillants9
C'est en cet état de la question que le Morning
Herald essaie de faire surgir tout à coup une nou-
velle difficulté : Uno avulso, non déficit aller.
Nous aurions certainement le droit de ne point
prendre au sérieux cette dernière évolution. Une
cause qui change à toute heure d'argumentation et
de thèse n'en a certainement pas une bonne.
Qu'a cependant découvert le Morning Herald ? Il a
découvert, en 1860, des rapports de M. le capitaine
Spratt, datés des 30 janvier, 9 et 26 juillet 1858, et
dont des extraits ont été cette année distribués à la
Chambre des communes.
Ce n'est que d'aujourd'hui, et après que tous les
autres arguments sont anéantis, que toute espérance
d'une discussion sérieuse semble impossible, qu'on
démasque cette nouvelle batterie sous laquelle doit
s'abîmer le canal de Suez. Cela seul suffit pour en
apprécier la valeur et le fond qu'on a fait d'elle.
Ne parlons donc plus ni des roches, ni des limons,
ni du fossé stagnant, ni même des fureurs de la rade
de Péluse. Le temps de ces fictions est passé, et nous
touchons à la réalité. La réalité, la voici selon le Mor-
ning Herald, éclairé par M. le capitaine Spratt :
La difficulté n'est pas une difficulté de boue, c'est
une difficulté de sable ; il n'y a plus de limon dans
la baie de Peluse, mais il y a du sable, beaucoup de
sable, des montagnes de sable. Ces montagnes sont
si grosses que le Morning Herald en compte une sur
le rivage de 270 pieds d'élévation ; elle est plus
haute par conséquent qu'un gros navire avec sa mâ-
ture. Cette montagne est un des produits de la mer,
et voilà les prouesses que commet la mer dans les
environs de la baie de Péluse.
Or, si dans une mer où des flots sans profon-
deur expirant sur une plage plate construisent une
pareille montagne, on va pousser transversalement
une jetée d'une certaine longueur devant aller attein-
dre des profondeurs de 8 à 10 mètres, il est incontes-
table que les sables seront arrêtés par les murs de
cette jetée, qu'ils viendront s'accumuler sur elle, et
qu'au lieu de creuser un chenal, les ingénieurs n'au-
ront fait que jeter les fondements d'un magnifique
pic de sable.
C'est sur cette perspective que le Morning Herald
invite M. de Lesseps à modifier ses plans, et certes le
conseil est raisonnable.
Nous l'avouons, nous avions attaché à ces travaux
du capilaine Spratt aussi peu d'importance qu'ils
avaient fait peu de bruit et obtenu peu d'attention,
même en Angleterre. Après les avoir lus, il nous sem-
blait qu'ils se réfutaient d'eux-mêmes, et nous com-
prenions que nos adversaires se fussent jusqu'à pré-
sent refusés à s'en servir. Nous n'entendons nulle-
ment contester ni les connaissances nautiques, ni le
mérite, quel qu'il soit, de cet honorable officier. Mais
puisque pour dernière ressource on provoque la dis-
cussion sur ce point et qu'on a saisi de ses observa-
tions les membres de la Chambre des communes,
nous examinerons ces rapports dans notre prochain
numéro, et nous n'hésitons pas à nous engager de
démontrer que l'opposition anglaise doit se sentir
bien désarmée pour se retrancher en dernier ressort
derrière les montagnes sablonneuses de M. le capi-
taine Spratt.
ERNEST DESPLACES.
LETTRES
Adressées au président de la Compagnie universelle.
Nous continuons à publier les lettres adressées à
M. Ferdinand de Lesseps, en réponse à sa brochure,
par nos Conseils généraux et nos Chambres de com -
merce.
J. MONGIN.
point changer tous les jours ? On pourrait déjà faire
un volume de ses variations.
Un jour elle proclame qu: le terrain de l'isthme
n'est qu'un lit de rocher intraitable à la pioche. C'est
au Morning Fost qu'appartient cette belle invention,
Bientôt après c'est le contraire : le canal sera in-
cessamment comblé par les sables mouvants, portés
sur l'aile des vents du désert. L'état du vieux canal
d'Ambrou, dont les berges existent encore, ne lais-
sent point de prise à cette seconde objection.
La baie de Péluse ne devait offrir à l'abordage des
navires qu'une côte inhospitalière ouverte à toutes les
tempêtes. Le séjour d'une frégate égyptienne dans
cette baie et les observations du capitaine Philigret,
jointes à une multitude d'expériences subséquentes,
démontrent que la baie de Péluse est la rade la
meilleure de toute la côte égyptienne, que le fond
et la tenue en sont également excellents.
Encombrée par les limons du Nil, la baie de Péluse
n'était qu'un vaste amas de boue, et la Revue d'Edim-
bourg racontait même l'histoire d'un navire qui, dans
ces parages, s'était trouvé enveloppé d'une sorte d'île
flottante. Il est constaté désormais que le littoral de
la côte ne contient pas un seul atome de limon et
est formé de sable pur.
M. Robert Stephenson prétendait que faute d'une
différence de niveau de 20 ou 25 pieds entre la mer
Rouge et la Méditerranée, le canal ne serait qu'un
fossé stagnant, impraticable à la navigation. M. Con-
rad lui a répondu souverainement par l'exemple des
grands canaux maritimes de la Hollande, et l'opinion
plus qu'erronée de M. Stephenson paraît l'avoir suivi
dans sa tombe.
On a dit encore que l'opération ne serait pas rému-
nérative ; mais le Morning Herald n'est pas évidem-
ment de cet avis, puisqu'il subordonne la coopération
de ses concitoyens uniquement à une modification
dans les plans.
Tant de défaites successives n'auraient-elles pas dû
éteindre l'ardeur des plus obstinés assaillants9
C'est en cet état de la question que le Morning
Herald essaie de faire surgir tout à coup une nou-
velle difficulté : Uno avulso, non déficit aller.
Nous aurions certainement le droit de ne point
prendre au sérieux cette dernière évolution. Une
cause qui change à toute heure d'argumentation et
de thèse n'en a certainement pas une bonne.
Qu'a cependant découvert le Morning Herald ? Il a
découvert, en 1860, des rapports de M. le capitaine
Spratt, datés des 30 janvier, 9 et 26 juillet 1858, et
dont des extraits ont été cette année distribués à la
Chambre des communes.
Ce n'est que d'aujourd'hui, et après que tous les
autres arguments sont anéantis, que toute espérance
d'une discussion sérieuse semble impossible, qu'on
démasque cette nouvelle batterie sous laquelle doit
s'abîmer le canal de Suez. Cela seul suffit pour en
apprécier la valeur et le fond qu'on a fait d'elle.
Ne parlons donc plus ni des roches, ni des limons,
ni du fossé stagnant, ni même des fureurs de la rade
de Péluse. Le temps de ces fictions est passé, et nous
touchons à la réalité. La réalité, la voici selon le Mor-
ning Herald, éclairé par M. le capitaine Spratt :
La difficulté n'est pas une difficulté de boue, c'est
une difficulté de sable ; il n'y a plus de limon dans
la baie de Peluse, mais il y a du sable, beaucoup de
sable, des montagnes de sable. Ces montagnes sont
si grosses que le Morning Herald en compte une sur
le rivage de 270 pieds d'élévation ; elle est plus
haute par conséquent qu'un gros navire avec sa mâ-
ture. Cette montagne est un des produits de la mer,
et voilà les prouesses que commet la mer dans les
environs de la baie de Péluse.
Or, si dans une mer où des flots sans profon-
deur expirant sur une plage plate construisent une
pareille montagne, on va pousser transversalement
une jetée d'une certaine longueur devant aller attein-
dre des profondeurs de 8 à 10 mètres, il est incontes-
table que les sables seront arrêtés par les murs de
cette jetée, qu'ils viendront s'accumuler sur elle, et
qu'au lieu de creuser un chenal, les ingénieurs n'au-
ront fait que jeter les fondements d'un magnifique
pic de sable.
C'est sur cette perspective que le Morning Herald
invite M. de Lesseps à modifier ses plans, et certes le
conseil est raisonnable.
Nous l'avouons, nous avions attaché à ces travaux
du capilaine Spratt aussi peu d'importance qu'ils
avaient fait peu de bruit et obtenu peu d'attention,
même en Angleterre. Après les avoir lus, il nous sem-
blait qu'ils se réfutaient d'eux-mêmes, et nous com-
prenions que nos adversaires se fussent jusqu'à pré-
sent refusés à s'en servir. Nous n'entendons nulle-
ment contester ni les connaissances nautiques, ni le
mérite, quel qu'il soit, de cet honorable officier. Mais
puisque pour dernière ressource on provoque la dis-
cussion sur ce point et qu'on a saisi de ses observa-
tions les membres de la Chambre des communes,
nous examinerons ces rapports dans notre prochain
numéro, et nous n'hésitons pas à nous engager de
démontrer que l'opposition anglaise doit se sentir
bien désarmée pour se retrancher en dernier ressort
derrière les montagnes sablonneuses de M. le capi-
taine Spratt.
ERNEST DESPLACES.
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Adressées au président de la Compagnie universelle.
Nous continuons à publier les lettres adressées à
M. Ferdinand de Lesseps, en réponse à sa brochure,
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J. MONGIN.
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