Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-04-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 avril 1860 15 avril 1860
Description : 1860/04/15 (A5,N92). 1860/04/15 (A5,N92).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65299582
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 115
En tout cas, il n'en eût pas fallu davantage pour
faire rentrer une pareille coalition dans ses tenèbres ;
elle ne pourrait affronter la lumière du jour, et la sim-
ple nouvelle de son existence possible l'a frappée
immédiatement d'une réprobation unanime.
Mais le mouvement suscité par ces circonstances ne
s'est pas arrêté dans le cercle de l'opinion et de la
presse; il devait produire un contre-coup quelconque
sur l'esprit des actionnaires de la Compagnie univer-
selle. Nous sommes en communication trop constante
avec eux pour avoir un seul instant douté du résultat;
maintenant nous pouvons le constater. Les action-
naires du canal de Suez n'entendent se laisser ni
égarer ni désorganiser ; ils sont entrés sérieusement
dans une entreprise sérieuse et grande ; ils ont asso-
cié leurs capitaux non pour agioter sur des primes ar-
tificielles, mais pour percer l'isthme de Suez, pour
ouvrir au monde commercial la plus belle des routes
maritimes, après avoir envisagé à la fois et les avan-
tages financiers de l'œuvre proposée, et les bénéfices
de toute espèce qu'en doivent retirer la civilisation et
l'humanité. Ils tiennent à leur œuvre et ils ne consen-
tiraient pas à l'abandonn-er; ils ont une riche conces-
sion et ils veulent la faire fructifier ; ils ont surmonté
et vaincu trop d'obstacles pour se laisser ébranler par
de derniers et défaillants efforts, et en apprenant qu'il
s'agirait aujourd'hui, pour ressource désespérée, de
semer la discorde parmi eux, ils se serrent plus réso-
lûment que jamais autour de l'homme inébranlable et
désintéressé qui possède leur confiance.
Nous savons, en effet, que dans ces derniers jours
un grand nombre de lettres ont été adressées à M. Fer-
dinand de Lesseps, et que plusieurs démarches per-
sonnelles ont été faites auprès de lui pour lui garantir
tout le concours des membres de la Compagnie uni-
verselle. Nous avons reçu nous-même plusieurs ma-
nifestations de la même nature : le trouble dont on les
menace n'a fait que redoubler la fermeté et l'union
des actionnaires. Nous regrettons d'être obligé de
nous borner parmi les diverses expressions de cette
fermeté qui nous sont parvenues, mais par les ex-
traits que nous allons citer on pourra juger de l'en-
semble.
Voici en quels termes nous écrit, le 6 de ce mois,
un fonctionnaire d'un grade élevé dans l'une de nos
administrations financières.
« Propriétaire de cent actions, elles sont acquises
» et dévouées sans réserve à l'œuvre si courageuse-
» ment poursuivie par notre infatigable et illustre
» président.
» Mon intention n'était pourtant pas de me faire
» représenter à l'assemblée générale du 15 mai, à
» laquelle mes fonctions m'empêchent d'assister en
» personne; mais les machinations anglaises aux-
» quelles quelques Français ont le triste courage de
» s'associer, bravant ainsi les sympathies nationales
» et universelles acquises à cette œuvre grandiose,
» me font, je crois, un devoir d'apporter mon concours
» aux résolutions de l'assemblée.
» L'œuvre humanitaire du percement de l'isthme a
» déjà passé à travers tant d'écueils plus redoutables
» qu'il n'est certainement pas à craindre qu'elle vienne
» échouer contre quelques mesquines et jalouses in-
» trigues ; le mobile intéressé et rancuneux qui les
» dirige n'étant un secret pour personne, elles ne peu-
» vent espérer le moindre succès. J'estime néanmoins,
» Monsieur, que dans une pareille occurrence chacun
» de nous se doit tout entier à l'œuvre, et je ne vou-
» drais nullement avoir à me reprocher ma né-
» gligence.
» Les actionnaires doivent, ce me semble, ser-
» rer leurs rangs et arriver en nombre à l'assem-
» blée. Plus la majorité sera compacte, plus le
» triomphe sera éclatant, plus les résolutions adop-
» tées auront de la valeur et donneront la mesure de
» l'énergique et persévérante volonté des actionnaires,
» et plus humiliante aussi sera la défaite de nos ad-
» versaires, à qui, j'ose l'espérer, il ne restera que la
» honte et le ridicule d'avoir suscité à cette noble
» entreprise ce suprême et peu dangereux obstacle.
» En ma qualité d'abonné à votre estimable jour-
» nal, je viens donc vous prier, Monsieur, de vou-
» loir bien me représenter à l'assemblée et d'y voter
» en mon nom toutes les mesures que vous jugerez
» utiles à l'accomplissement de notre grande entre-
» prise.
» Expression d'une confiance absolue dans le suc-
» cès de l'œuvre, dans les hommes distingués qui la
» dirigent et dans son éminent promoteur, vote favo-
» rable à toutes les résolutions qui pourront hâter
» ce succès, tel est l'objet du mandat dont je désire-
» rais vous charger et que je vous serais reconnais-
» sant de vouloir bien remplir en mon nom. »
Un honorable membre du barreau de Montpellier,
pénétré des mêmes sentiments, nous mandait le 4
avril :
« Je fais mes dispositions afin de me trouver dans
» un mois à Paris, pour assister à l'assemblée géné-
» raie des actionnaires, et si avant cette époque quel-
» ques renseignements vous arrivaient qui dussent
» nous être communiqués et ne pussent pas attendre
» la publication du numéro de votre journal, veuillez
» me les faire parvenir. Comptez sur mon adhésion
» à ce que décidera 18 comité directeur pour surmon-
» ter ces nouveaux obstacles. Assurez M. de Lesseps
» de mon entier dévouement, de l'offre de mes moyens
» et, s'il le faut, du sacrifice de ma souscription en-
» tière en faveur d'une œuvre qu'il doit réaliser et
» dont la gloire le dédommagera des malveillances et
» des jalousies. »
L'entreprise n'a point, Dieu merci, à accepter les
En tout cas, il n'en eût pas fallu davantage pour
faire rentrer une pareille coalition dans ses tenèbres ;
elle ne pourrait affronter la lumière du jour, et la sim-
ple nouvelle de son existence possible l'a frappée
immédiatement d'une réprobation unanime.
Mais le mouvement suscité par ces circonstances ne
s'est pas arrêté dans le cercle de l'opinion et de la
presse; il devait produire un contre-coup quelconque
sur l'esprit des actionnaires de la Compagnie univer-
selle. Nous sommes en communication trop constante
avec eux pour avoir un seul instant douté du résultat;
maintenant nous pouvons le constater. Les action-
naires du canal de Suez n'entendent se laisser ni
égarer ni désorganiser ; ils sont entrés sérieusement
dans une entreprise sérieuse et grande ; ils ont asso-
cié leurs capitaux non pour agioter sur des primes ar-
tificielles, mais pour percer l'isthme de Suez, pour
ouvrir au monde commercial la plus belle des routes
maritimes, après avoir envisagé à la fois et les avan-
tages financiers de l'œuvre proposée, et les bénéfices
de toute espèce qu'en doivent retirer la civilisation et
l'humanité. Ils tiennent à leur œuvre et ils ne consen-
tiraient pas à l'abandonn-er; ils ont une riche conces-
sion et ils veulent la faire fructifier ; ils ont surmonté
et vaincu trop d'obstacles pour se laisser ébranler par
de derniers et défaillants efforts, et en apprenant qu'il
s'agirait aujourd'hui, pour ressource désespérée, de
semer la discorde parmi eux, ils se serrent plus réso-
lûment que jamais autour de l'homme inébranlable et
désintéressé qui possède leur confiance.
Nous savons, en effet, que dans ces derniers jours
un grand nombre de lettres ont été adressées à M. Fer-
dinand de Lesseps, et que plusieurs démarches per-
sonnelles ont été faites auprès de lui pour lui garantir
tout le concours des membres de la Compagnie uni-
verselle. Nous avons reçu nous-même plusieurs ma-
nifestations de la même nature : le trouble dont on les
menace n'a fait que redoubler la fermeté et l'union
des actionnaires. Nous regrettons d'être obligé de
nous borner parmi les diverses expressions de cette
fermeté qui nous sont parvenues, mais par les ex-
traits que nous allons citer on pourra juger de l'en-
semble.
Voici en quels termes nous écrit, le 6 de ce mois,
un fonctionnaire d'un grade élevé dans l'une de nos
administrations financières.
« Propriétaire de cent actions, elles sont acquises
» et dévouées sans réserve à l'œuvre si courageuse-
» ment poursuivie par notre infatigable et illustre
» président.
» Mon intention n'était pourtant pas de me faire
» représenter à l'assemblée générale du 15 mai, à
» laquelle mes fonctions m'empêchent d'assister en
» personne; mais les machinations anglaises aux-
» quelles quelques Français ont le triste courage de
» s'associer, bravant ainsi les sympathies nationales
» et universelles acquises à cette œuvre grandiose,
» me font, je crois, un devoir d'apporter mon concours
» aux résolutions de l'assemblée.
» L'œuvre humanitaire du percement de l'isthme a
» déjà passé à travers tant d'écueils plus redoutables
» qu'il n'est certainement pas à craindre qu'elle vienne
» échouer contre quelques mesquines et jalouses in-
» trigues ; le mobile intéressé et rancuneux qui les
» dirige n'étant un secret pour personne, elles ne peu-
» vent espérer le moindre succès. J'estime néanmoins,
» Monsieur, que dans une pareille occurrence chacun
» de nous se doit tout entier à l'œuvre, et je ne vou-
» drais nullement avoir à me reprocher ma né-
» gligence.
» Les actionnaires doivent, ce me semble, ser-
» rer leurs rangs et arriver en nombre à l'assem-
» blée. Plus la majorité sera compacte, plus le
» triomphe sera éclatant, plus les résolutions adop-
» tées auront de la valeur et donneront la mesure de
» l'énergique et persévérante volonté des actionnaires,
» et plus humiliante aussi sera la défaite de nos ad-
» versaires, à qui, j'ose l'espérer, il ne restera que la
» honte et le ridicule d'avoir suscité à cette noble
» entreprise ce suprême et peu dangereux obstacle.
» En ma qualité d'abonné à votre estimable jour-
» nal, je viens donc vous prier, Monsieur, de vou-
» loir bien me représenter à l'assemblée et d'y voter
» en mon nom toutes les mesures que vous jugerez
» utiles à l'accomplissement de notre grande entre-
» prise.
» Expression d'une confiance absolue dans le suc-
» cès de l'œuvre, dans les hommes distingués qui la
» dirigent et dans son éminent promoteur, vote favo-
» rable à toutes les résolutions qui pourront hâter
» ce succès, tel est l'objet du mandat dont je désire-
» rais vous charger et que je vous serais reconnais-
» sant de vouloir bien remplir en mon nom. »
Un honorable membre du barreau de Montpellier,
pénétré des mêmes sentiments, nous mandait le 4
avril :
« Je fais mes dispositions afin de me trouver dans
» un mois à Paris, pour assister à l'assemblée géné-
» raie des actionnaires, et si avant cette époque quel-
» ques renseignements vous arrivaient qui dussent
» nous être communiqués et ne pussent pas attendre
» la publication du numéro de votre journal, veuillez
» me les faire parvenir. Comptez sur mon adhésion
» à ce que décidera 18 comité directeur pour surmon-
» ter ces nouveaux obstacles. Assurez M. de Lesseps
» de mon entier dévouement, de l'offre de mes moyens
» et, s'il le faut, du sacrifice de ma souscription en-
» tière en faveur d'une œuvre qu'il doit réaliser et
» dont la gloire le dédommagera des malveillances et
» des jalousies. »
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