Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-05-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mai 1860 01 mai 1860
Description : 1860/05/01 (A5,N93). 1860/05/01 (A5,N93).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529959g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 131
M. LE CAPITAINE SPRATT.
M. le capitaine Spratt, de la marine royale d'An-
gleterre, a écrit, en 1858, sur le Delta d'Egypte,
quatre mémoires ayant pour objet de prouver l'im-
possibilité d'ouvrir au canal de Suez une entrée pra-
ticable pour les navires sur la Méditerranée.
Les deux premiers de ces mémoires tendent à dé-
montrer que, par l'action des vagues et la direction
des vents, les apports, énormes selon l'auteur, que le
Nil entraîne vers la mer par ses deux embouchures de
Rosette et de Damiette, amènent l'encombrement de
la baie de Péluse, et par les ensablements successifs
finiront par rendre inabordable l'entrée du port Saïd.
Les deux autres mémoires essaient de détruire un
des arguments décisifs contre tout ce système. Strabon,
il y a dix-neuf cents ans, a établi la position de
Péluse ; elle était de son temps à vingt stades ou en-
viron 3,000 mètres du rivage, et les vérifications des
ingénieurs de l'expédition d'Égypte, en 1798, corrobo-
rées par celles de la science moderne, constatent que
les rives de Péluse sont toujours à la même distance
de la mer.
Pour les besoins de sa thèse M. le capitaine Spratt,
ne pouvant faire avancer la plage prétend, faire reculer
Péluse Il conteste, sur la situation de cette ville, les
opinions de tous les ingénieurs et de tous les savants.
Péluse, selon lui, n'est point sur l'emplacement qui
lui a été désigné jusqu'ici; il faut l'aller chercher
en remontant loin dans l'intérieur des terres, et
M. Spratt ne peut justifier ce démenti infligé à la
géographie et à l'archéologie que par des conjectures
et des hypothèses dont il avoue lui-même le vague et
le peu de consistance.
M. Spratt, en désaccord avec les antiquaires, avec
les voyageurs, avec les sociétés savantes, avec les
ingénieurs et les marins de la commission internatio-
nale, affirmant la sécurité de l'entrée du canal par la
Méditerranée, a voulu fortifier son autorité par une
invocation à ses services passés : il commence en se
recommandant de son expérience et du rôle qu'il a
joué dans la question des bouches du Danube.
L'honorable navigateur, iî est vrai, a fourni de
nombreuses observations et de nombreux documents
à la commission internationale chargée de résoudre
ce grand problème; mais on peut dire que ses opi-
nions n'y ont brillé ni par l'unité, ni par la maturité.
Entre les diverses branches du fleuve, il avait d'abord
indiqué la branche de Saint-Georges comme la plus
propre à former l'entrée maritime du Danube ; bientôt
il changea d'avis et proposa, au contraire, la branche
duKilia. Un membre de la commission internationale
du canal de Suez, l'illustre M. Paléocapa, en témoi-
gnant plusieurs fois sa surprise de cette volte-
face, démontra, dans un savant mémoire, toutes les
erreurs de la discussion de M. Spratt, et, en consé-
quence, la commission se prononça pour la branche
de Saint-Georges, proposée par M. Paléocapa, contre
la branche du Kilia, soutenue par M. Spratt.
A ce propos, M. Paléocapa exprimait à son adver-
saire une objection que nous devons recueillir :
Il M. Spratt, disait-il, signale l'énorme quantité de
» sable unie aux détritus des crustacés qui se trouve
» le long de la côte, depuis l'embouchure du Dniester
» jusqu'à Kustendjé, jetée continuellement, comme
» il le dit, sur la côte par la tempête ; puis, il suppose
» que ces sables ne pourront jamais obstruer l'em-
» bouchure d'Otchakof. Pour moi, je pense, au con-
» traire, que ces sables descendent même jusque
D devant les diverses embouchures du Kilia et encore
» plus bas. Ils sont entraînés par l'action continuelle
» du courant littoral qui agit à une grande profon-
» deur, comme je l'ai noté dans mon premier mé-
» moire. » (Mémoire hydrographique sur les bouches du
Danube, page 104.)
Or, c'est aussi au moyen du courant littoral que
M. Spratt prétend justifier tout son système sur l'at-
terrissement prog'ressif de la baie de Péluse par les
détritus du Nil. Ainsi, d'un côté, il ne reconnaissait
point pour le Kilia, dont il avait fait choix, l'influence
du courant littoral pour former l'encombrement de
son embouchure, et, de l'autre côté, ce même courant
littoral vers le Nil doit apporter des obstacles insur-
montables au fonctionnement du port Saïd que
M. Spratt a besoin de condamner.
Nous ne pouvons certes point trouver dans ces
variations et dans ces contradictions ces présomp-
tions de consistance ou d'infaillibilité que l'honorable
écrivain voudrait faire tirer de ses travaux sur le
Danube.
Il ne nous serait pas possible, il serait presque
éternel de reprendre un à un tous les détails dans
lesquels entre dans sa discussion M. le capitaine
Spratt ; il nous suffira d'en saisir les sommités. En
réalité, tout le débat entre lui et M. Ferdinand de
Lesseps pourrait se borner à cette simple proposi-
tion : les prétendus apports du Nil ont-ils fait avan-
cer les rives du Delta? Le Dalta n'est-il point au-
jourd'hui dans ses contours extérieurs ce qu'il a
toujours été dans les temps historiques?
« Cette assertion, dit M. Spratt, est de nature à
» étonner dans notre siècle le géographe, le géo-
» logue et l'hydrographe. » C'est ce que nous al-
lons voir.
Il est en France un géologue, membre éminent de
l'Institut, dont la science fait autorité en Europe.
Ce savant, c'est M. Élie de Baumont. Il est président
honoraire du Conseil d'administration de la Compa-
gnie universelle. A ce point de vue M. Spratt'pour-
rait peut-être contester son impartialité. Nous lui
répondrions d'abord que la sienne serait aussi contes-
table. On sait en effet tout ce que l'amiraift^ an-
M. LE CAPITAINE SPRATT.
M. le capitaine Spratt, de la marine royale d'An-
gleterre, a écrit, en 1858, sur le Delta d'Egypte,
quatre mémoires ayant pour objet de prouver l'im-
possibilité d'ouvrir au canal de Suez une entrée pra-
ticable pour les navires sur la Méditerranée.
Les deux premiers de ces mémoires tendent à dé-
montrer que, par l'action des vagues et la direction
des vents, les apports, énormes selon l'auteur, que le
Nil entraîne vers la mer par ses deux embouchures de
Rosette et de Damiette, amènent l'encombrement de
la baie de Péluse, et par les ensablements successifs
finiront par rendre inabordable l'entrée du port Saïd.
Les deux autres mémoires essaient de détruire un
des arguments décisifs contre tout ce système. Strabon,
il y a dix-neuf cents ans, a établi la position de
Péluse ; elle était de son temps à vingt stades ou en-
viron 3,000 mètres du rivage, et les vérifications des
ingénieurs de l'expédition d'Égypte, en 1798, corrobo-
rées par celles de la science moderne, constatent que
les rives de Péluse sont toujours à la même distance
de la mer.
Pour les besoins de sa thèse M. le capitaine Spratt,
ne pouvant faire avancer la plage prétend, faire reculer
Péluse Il conteste, sur la situation de cette ville, les
opinions de tous les ingénieurs et de tous les savants.
Péluse, selon lui, n'est point sur l'emplacement qui
lui a été désigné jusqu'ici; il faut l'aller chercher
en remontant loin dans l'intérieur des terres, et
M. Spratt ne peut justifier ce démenti infligé à la
géographie et à l'archéologie que par des conjectures
et des hypothèses dont il avoue lui-même le vague et
le peu de consistance.
M. Spratt, en désaccord avec les antiquaires, avec
les voyageurs, avec les sociétés savantes, avec les
ingénieurs et les marins de la commission internatio-
nale, affirmant la sécurité de l'entrée du canal par la
Méditerranée, a voulu fortifier son autorité par une
invocation à ses services passés : il commence en se
recommandant de son expérience et du rôle qu'il a
joué dans la question des bouches du Danube.
L'honorable navigateur, iî est vrai, a fourni de
nombreuses observations et de nombreux documents
à la commission internationale chargée de résoudre
ce grand problème; mais on peut dire que ses opi-
nions n'y ont brillé ni par l'unité, ni par la maturité.
Entre les diverses branches du fleuve, il avait d'abord
indiqué la branche de Saint-Georges comme la plus
propre à former l'entrée maritime du Danube ; bientôt
il changea d'avis et proposa, au contraire, la branche
duKilia. Un membre de la commission internationale
du canal de Suez, l'illustre M. Paléocapa, en témoi-
gnant plusieurs fois sa surprise de cette volte-
face, démontra, dans un savant mémoire, toutes les
erreurs de la discussion de M. Spratt, et, en consé-
quence, la commission se prononça pour la branche
de Saint-Georges, proposée par M. Paléocapa, contre
la branche du Kilia, soutenue par M. Spratt.
A ce propos, M. Paléocapa exprimait à son adver-
saire une objection que nous devons recueillir :
Il M. Spratt, disait-il, signale l'énorme quantité de
» sable unie aux détritus des crustacés qui se trouve
» le long de la côte, depuis l'embouchure du Dniester
» jusqu'à Kustendjé, jetée continuellement, comme
» il le dit, sur la côte par la tempête ; puis, il suppose
» que ces sables ne pourront jamais obstruer l'em-
» bouchure d'Otchakof. Pour moi, je pense, au con-
» traire, que ces sables descendent même jusque
D devant les diverses embouchures du Kilia et encore
» plus bas. Ils sont entraînés par l'action continuelle
» du courant littoral qui agit à une grande profon-
» deur, comme je l'ai noté dans mon premier mé-
» moire. » (Mémoire hydrographique sur les bouches du
Danube, page 104.)
Or, c'est aussi au moyen du courant littoral que
M. Spratt prétend justifier tout son système sur l'at-
terrissement prog'ressif de la baie de Péluse par les
détritus du Nil. Ainsi, d'un côté, il ne reconnaissait
point pour le Kilia, dont il avait fait choix, l'influence
du courant littoral pour former l'encombrement de
son embouchure, et, de l'autre côté, ce même courant
littoral vers le Nil doit apporter des obstacles insur-
montables au fonctionnement du port Saïd que
M. Spratt a besoin de condamner.
Nous ne pouvons certes point trouver dans ces
variations et dans ces contradictions ces présomp-
tions de consistance ou d'infaillibilité que l'honorable
écrivain voudrait faire tirer de ses travaux sur le
Danube.
Il ne nous serait pas possible, il serait presque
éternel de reprendre un à un tous les détails dans
lesquels entre dans sa discussion M. le capitaine
Spratt ; il nous suffira d'en saisir les sommités. En
réalité, tout le débat entre lui et M. Ferdinand de
Lesseps pourrait se borner à cette simple proposi-
tion : les prétendus apports du Nil ont-ils fait avan-
cer les rives du Delta? Le Dalta n'est-il point au-
jourd'hui dans ses contours extérieurs ce qu'il a
toujours été dans les temps historiques?
« Cette assertion, dit M. Spratt, est de nature à
» étonner dans notre siècle le géographe, le géo-
» logue et l'hydrographe. » C'est ce que nous al-
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Il est en France un géologue, membre éminent de
l'Institut, dont la science fait autorité en Europe.
Ce savant, c'est M. Élie de Baumont. Il est président
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gnie universelle. A ce point de vue M. Spratt'pour-
rait peut-être contester son impartialité. Nous lui
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