Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-03-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mars 1860 15 mars 1860
Description : 1860/03/15 (A5,N90). 1860/03/15 (A5,N90).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65299567
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 83
chesse n'ont désormais plus de frontières ; ils ne peu-
vent plus se concentrer dans les mains d'une natio-
nalité exclusive, ils sont le domaine du genre hu-
main.
C'est certainement à ce large mouvement des es-
prits que le percement de l'isthme de Suez a dû sa
glorieuse et universelle popularité. Toutes les intel-
ligences qui n'étaient pas obscurcies par des arriere-
pensées ou des préjugés rétrospectifs n'ont pas eu
de peine à comprendre que l'ouverture de cette route
maritime était l'un des plus efficaces compléments
des puissants progrès réalisés par les générations ac-
tuelles. L'électricité les fait communiquer en quelques
- minutes avec les parties les plus éloignées du monde ;
les chemins de fer placent pour ainsi dire au bord
des mers tous les produits des continents, et la vapeur
nous fournit les moyens les plus rapides et les plus
réguliers de franchir ces mers elles-mêmes. On arrive
maintenant au jour fixé et à l'heure marquée de
Bombay à Marseille et de Hong-Kong à Liverpool.
L'activité civilisée est à l'étroit dans ses vieilles li-
mites ; le cercle où elle s'exerçait se rapetisse de plus
en plus par le raccourcissement des espaces ; elle sent
le besoin de foreer ces barrières surannées ; il lui faut
un théâtre proportionné à sa force d'expansion; l'Oc-
cident tout entier aspire à se mêler à l'Orient.
En même temps la vélocité de nos procédés de
communication nous a enseigné le prix du temps.
Tout ce qui peut abréger les distances entre les
extrémités du globe et faciliter par là l'échange
des produits, des intelligences, des civilisations, est
l'objet de la faveur et de la préoccupation générales,et
le char marche malgré quelques vieillards s'obstinant
à ne s'atteler au char que par derrière. C'est ainsi
que de nos jours tous les isthmes sont sondés, étu-
diés, attaqués; c'est ainsi surtout que le canal de Suez
supprimant pour le navigateur un immense et péril-
leux détour de 3,000 lieues d'étendue, est pour le monde
entier la promesse d'une vie nouvelle en ouvrant à
tous les pavillons l'accès économique et facile de
l'Orient !
Nous n'avons pas besoin de dire à quel point les
perspectives commerciales se sont étendues de ce
côté. Au commencement de ce siècle les limites du
commerce étaient pour ainsi dire tracées au bout du
détroit delà Sonde. Aujourd'hui les vastes continents
de la Polynésie et de l'Australie ne sont plus qu'un
des aboutissants du grand courant européen ; du
côté du Pacifique, les Américains ont transformé la
Californie ; la Chine, le Japon lui-même, subissent
l'ascendant pacifique de la conquête commerciale, et
jusque dans les parages lointains de la Mandchourie,
la Russie tend la main à cette immense chaîne dont
la continuité va se resouder pratiquement par l'an-
neau du canal des deux mers.
Voilà ce qui, dans les désirs comme dans les besoins
du monde, rend';¡:indéracinable l'entreprise dont nous
sommes les humbles défenseurs ! Voilà ce qui peut
seul expliquer la force dont a été investi un seul
homme pour combattre et surmonter les obstacles les
plus puissants, les intrigues, les calomnies, les con-
spirations ardentes de l'égoïsme, et pour réunir en
même temps par le concours de la confiance et du
dévouement public le vaste capital nécessaire à
l'exécution du projet.
Il ne peut donc pas être indifférent de tenir au
courant de la marche et de l'état de l'opération tous
ceux dont les sympathies ont parlé avec tant d'éclat
et d'autorité. C'est à ce titre surtout que nous avons
applaudi à ladernière publication de M. de Lesseps. Il
vient, selon nous, d'ajouter à cet acte une démarche
qui en est comme le complément.
Nous avons rappelé, au début de ces réflexions, les
adhésions dont les représentants directs des intérêts
commerciaux et populaires ont partout honoré le
projet du président de la Compagnie universelle. Par
l'existence même de cette opposition du gouvernement
anglais, la seule qui se soit rencontrée parmi les
hommes d'Etat du monde civilisé, l'adhésion exprimée
par les grandes corporations commerciales du
Royaume-Uni n'en a que plus de poids et d'impor-
tance. M. de Lesseps a jugé avec raison qu'il était
convenable d'appeler encore une fois l'attention de
ces corps sur le grand objet qu'il poursuit, sur les
tristes objections qu'on lui oppose et sur les propo-
sitions par lesquelles tout prétexte leur est radicale-
ment enlevé. En conséquence il vient d'adresser aux
diverses chambres de commerce des trois royaumes qui
ont si hautement approuvé son entreprise, un exem-
plaire de sa brochure, sur laquelle il appelle leur
bienveillante attention par une lettre où nous ne crai-
gnons point de dire que respirent à la fois la fermeté et
la modération, le sentiment des droits qu'il représente
et la nette protestation d'une loyauté éprouvée contre
toute pensée d'exclusivisme ou de privilège quel-
conque dans une entreprise dont les résultats doivent
être le bénéfice commun, la propriété commune et in-
divisible de tous les peuples.
M. de Lesseps en même temps a adressé la même
communication à nos conseils généraux et à nos
chambres de commerce ; il ne pouvait oublier l'appui
et l'autorité qu'il a recueillis pour son œuvre, du vote
à peu près unanime de ces représentations électives
de la France industrielle, maritime, commerciale,
agricole.
C'est un hommage qu'il leur devait, c'est de plus,
pour lui, se retremper à l'une des sources de sa force
morale; c'est continuer à son œuvre son caractère
d'utilité et de grandeur, car ces corps constitués pour
la surveillance et la fécondation des intérêts géné-
raux n'auraient jamais jugé ni dans leurs attributions
ni dans leur dignité de s'occuper d'une simple spécula-
chesse n'ont désormais plus de frontières ; ils ne peu-
vent plus se concentrer dans les mains d'une natio-
nalité exclusive, ils sont le domaine du genre hu-
main.
C'est certainement à ce large mouvement des es-
prits que le percement de l'isthme de Suez a dû sa
glorieuse et universelle popularité. Toutes les intel-
ligences qui n'étaient pas obscurcies par des arriere-
pensées ou des préjugés rétrospectifs n'ont pas eu
de peine à comprendre que l'ouverture de cette route
maritime était l'un des plus efficaces compléments
des puissants progrès réalisés par les générations ac-
tuelles. L'électricité les fait communiquer en quelques
- minutes avec les parties les plus éloignées du monde ;
les chemins de fer placent pour ainsi dire au bord
des mers tous les produits des continents, et la vapeur
nous fournit les moyens les plus rapides et les plus
réguliers de franchir ces mers elles-mêmes. On arrive
maintenant au jour fixé et à l'heure marquée de
Bombay à Marseille et de Hong-Kong à Liverpool.
L'activité civilisée est à l'étroit dans ses vieilles li-
mites ; le cercle où elle s'exerçait se rapetisse de plus
en plus par le raccourcissement des espaces ; elle sent
le besoin de foreer ces barrières surannées ; il lui faut
un théâtre proportionné à sa force d'expansion; l'Oc-
cident tout entier aspire à se mêler à l'Orient.
En même temps la vélocité de nos procédés de
communication nous a enseigné le prix du temps.
Tout ce qui peut abréger les distances entre les
extrémités du globe et faciliter par là l'échange
des produits, des intelligences, des civilisations, est
l'objet de la faveur et de la préoccupation générales,et
le char marche malgré quelques vieillards s'obstinant
à ne s'atteler au char que par derrière. C'est ainsi
que de nos jours tous les isthmes sont sondés, étu-
diés, attaqués; c'est ainsi surtout que le canal de Suez
supprimant pour le navigateur un immense et péril-
leux détour de 3,000 lieues d'étendue, est pour le monde
entier la promesse d'une vie nouvelle en ouvrant à
tous les pavillons l'accès économique et facile de
l'Orient !
Nous n'avons pas besoin de dire à quel point les
perspectives commerciales se sont étendues de ce
côté. Au commencement de ce siècle les limites du
commerce étaient pour ainsi dire tracées au bout du
détroit delà Sonde. Aujourd'hui les vastes continents
de la Polynésie et de l'Australie ne sont plus qu'un
des aboutissants du grand courant européen ; du
côté du Pacifique, les Américains ont transformé la
Californie ; la Chine, le Japon lui-même, subissent
l'ascendant pacifique de la conquête commerciale, et
jusque dans les parages lointains de la Mandchourie,
la Russie tend la main à cette immense chaîne dont
la continuité va se resouder pratiquement par l'an-
neau du canal des deux mers.
Voilà ce qui, dans les désirs comme dans les besoins
du monde, rend';¡:indéracinable l'entreprise dont nous
sommes les humbles défenseurs ! Voilà ce qui peut
seul expliquer la force dont a été investi un seul
homme pour combattre et surmonter les obstacles les
plus puissants, les intrigues, les calomnies, les con-
spirations ardentes de l'égoïsme, et pour réunir en
même temps par le concours de la confiance et du
dévouement public le vaste capital nécessaire à
l'exécution du projet.
Il ne peut donc pas être indifférent de tenir au
courant de la marche et de l'état de l'opération tous
ceux dont les sympathies ont parlé avec tant d'éclat
et d'autorité. C'est à ce titre surtout que nous avons
applaudi à ladernière publication de M. de Lesseps. Il
vient, selon nous, d'ajouter à cet acte une démarche
qui en est comme le complément.
Nous avons rappelé, au début de ces réflexions, les
adhésions dont les représentants directs des intérêts
commerciaux et populaires ont partout honoré le
projet du président de la Compagnie universelle. Par
l'existence même de cette opposition du gouvernement
anglais, la seule qui se soit rencontrée parmi les
hommes d'Etat du monde civilisé, l'adhésion exprimée
par les grandes corporations commerciales du
Royaume-Uni n'en a que plus de poids et d'impor-
tance. M. de Lesseps a jugé avec raison qu'il était
convenable d'appeler encore une fois l'attention de
ces corps sur le grand objet qu'il poursuit, sur les
tristes objections qu'on lui oppose et sur les propo-
sitions par lesquelles tout prétexte leur est radicale-
ment enlevé. En conséquence il vient d'adresser aux
diverses chambres de commerce des trois royaumes qui
ont si hautement approuvé son entreprise, un exem-
plaire de sa brochure, sur laquelle il appelle leur
bienveillante attention par une lettre où nous ne crai-
gnons point de dire que respirent à la fois la fermeté et
la modération, le sentiment des droits qu'il représente
et la nette protestation d'une loyauté éprouvée contre
toute pensée d'exclusivisme ou de privilège quel-
conque dans une entreprise dont les résultats doivent
être le bénéfice commun, la propriété commune et in-
divisible de tous les peuples.
M. de Lesseps en même temps a adressé la même
communication à nos conseils généraux et à nos
chambres de commerce ; il ne pouvait oublier l'appui
et l'autorité qu'il a recueillis pour son œuvre, du vote
à peu près unanime de ces représentations électives
de la France industrielle, maritime, commerciale,
agricole.
C'est un hommage qu'il leur devait, c'est de plus,
pour lui, se retremper à l'une des sources de sa force
morale; c'est continuer à son œuvre son caractère
d'utilité et de grandeur, car ces corps constitués pour
la surveillance et la fécondation des intérêts géné-
raux n'auraient jamais jugé ni dans leurs attributions
ni dans leur dignité de s'occuper d'une simple spécula-
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