Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-03-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 mars 1860 01 mars 1860
Description : 1860/03/01 (A5,N89). 1860/03/01 (A5,N89).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529955t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 67
ne manquait pas une occasion d'affirmer qu'en ce qui
la concernait elle la jugeait comme également avan-
tageuse aux intérêts de l'empire ottoman et à ceux
du reste du monde.
D'un autre côté, tous les gouvernements, toutes les
nations appuyaient à l'envi le projet; les classes in-
dustrielles et commerciales de l'Angleterre le procla-
maient comme hautement favorable au commerce de
leur pays : la diplomatie anglaise seule lui faisait une
opposition souterraine et inavouée.
C'est dans ces conditions que fut souscrit le fonds
social à la fin de 1858 et que la Compagnie uni-
verselle fut constituée.
Cependant la diplomatie anglaise élevait négations
sur négations. A côté, et indépendamment des ques-
tions politiques, elle dressait une montagne d'objec-
tions techniques et pratiques. Retranchée derrière
M. Stephenson, elle prétendait que l'entrée du canal
serait encombrée par les limons dont le Nil couvrait
les rives de la baie de Péluse ; que le canal lui-même
ne serait qu'un fossé stagnant; que l'exécution pré-
sentait des difficultés presque insurmontables, et
qu'ennn, si elles pouvaient être surmontées, elles ne.
pouvaient l'être qu'au prix de dépenses au-dessus de
toutes compensations probables ou possibles.
En conséquence, on recommandait à la Porte de
refuser sa ratification dans l'intérêt des actionnaires
et même au nom de sa propre moralité.
L'attaque était dangereuse : la simple discussion
n'eût point suffi à la repousser: il fallait à la Compagnie
et au gouvernement turc des armes invincibles, c'est-
à-dire des preuves matérielles. La Compagnie
dut les rechercher et les accumuler. De là une nou-
velle phase dans les opérations préparatoires pour la-
quelle la Compagnie devait avoir d'autant moins de
répugnance qu'elle avançait et qu'elle améliorait pra-
tiquement et utilement son œuvre. Il était bon qu'elle
se montrât prête à ne reculer devant aucune épreuve,
devant aucune vérification par l'autorité des faits. Elle
se prépara donc à répondre par les faits aux objec-
tions anglaises : on lui opposait que la baie de Pé-
luse était encombrée de limons ; elle répondit par une
série de travaux hydrographiques dans la baie de
Péluse, desquels il résultait qu'il n'existait sur le cor-
don de cette baie, ni sur ses rives entièrement formées
de sable pur, ni dans ses flots jusqu'à une profondeur
de 10 mètres aucune trace de ces limons. On opposait
que le canal coûterait des sommes insupputables;
elle envoyait des ingénieurs, des travailleurs inter-
roger, explorer, sonder de nouveau le terrain ; elle
faisait effectuer des fouilles ; elle y découvrait des
matériaux aussi précieux qu'inespérés : de l'eau po-
table, des carrières de pierres, des bancs de cailloux,
du combustible, du plâtre, de la cliaux : elle réalisait
sur le tracé primitif les plus heureuses et les plus
économiques améliorations, et elle répondait aux exa-
gérations de ses adversaires par un nouvel abaisse-
ment dans ses estimations, et ses récents travaux pré-
paratoires à la main, elle s'offre à prouver que l'exé-
cution complète du canal laissera la dépense prévue
bien au-dessous des devis primitifs portés à 200 mil-
lions. On lui opposait enfin que, par suite du niveau
des deux mers, le chenal ne serait qu'un fossé d'eau
croupissante : elle répondait par sa décision de ré-.
soudre le problème au moyen d'une simple rigole de
service dont le succès décidait la question, et qui na-
turellement mettait le projet à néant si les idées émises
par M. Stephenson avaient le moindre fondement.
Mais l'opposition n'avait pas tant de foi en l'in-
faillibilité de son prophète qu'elle ait voulu laisser
s'achever l'expérience, et c'est alors que par suite
de la mission de Mouktar-Bey et sous la pression
énergique et avérée de l'ambassadeur britannique,
la Porte Ottomane a élevé une difficulté sur la pour -
suite des opérations préparatoires dont le programme
lui avait été préalablement et depuis longtemps
soumis.
Nous insistons encore sur le caractère de spécia-
lité et de nécessité de ces diverses opérations. Elles
s'enchaînent indissolublement et se motivent l'une
par l'autre. Le lien par lequel elles se rattachent est
si étroit qu'on ne peut contester la dernière sans
contester également la première. Dès le principe et
dans tout le cours du débat il a été reconnu, et par
la Turquie et par l'Egypte, que des travaux prépa-
ratoires étaient indispensables pour constater la pra-
ticabilité du canal, la somme possible de ses dé-
penses. Chaque fois qu'une nouvelle objection a été
soulevée, une nouvelle démonstration a été provoquée.
Mais certes tout ce qui, dans cet ordre d'idées et par
l'effet de cette provocation, constituait une constata-
tion plus sensible, une attestation physique de la
possibilité du canal sans être toutefois l'œuvre défi-
nitive elle-même, peut et doit se ranger dans la ca-
tégorie de ces travaux préparatoires dont tout le
monde, chacun dans sa mesure, admet la préalable
indispensabilité.
Quand d'un côté la diplomatie anglaise, appuyée
sur le dire d'un seul de ses ingénieurs, soutenait que
l'existence du niveau entre les deux mers rendait
impossible l'alimentation du canal, et que de l'autre
toute la science européenne, citant l'exemple maté-
riel des canaux hollandais, affirmait unanimement le
contraire, quel moyen plus loyal et meilleur de dé-
partager l'une et l'autre opinion que de faire l'essai
du problème en le limitant à une petite échelle ?
Par ce simple procédé la question technique était
vidée ; l'événement prononçait entre les deux parties,
et par les frais connus de l'exécution de cette com-
munication d'essai, on pouvait arriver à une très-ap-
proximative vérification des devis du canal maritime.
N'était-ce point là, nous le demandons, une opéra-
ne manquait pas une occasion d'affirmer qu'en ce qui
la concernait elle la jugeait comme également avan-
tageuse aux intérêts de l'empire ottoman et à ceux
du reste du monde.
D'un autre côté, tous les gouvernements, toutes les
nations appuyaient à l'envi le projet; les classes in-
dustrielles et commerciales de l'Angleterre le procla-
maient comme hautement favorable au commerce de
leur pays : la diplomatie anglaise seule lui faisait une
opposition souterraine et inavouée.
C'est dans ces conditions que fut souscrit le fonds
social à la fin de 1858 et que la Compagnie uni-
verselle fut constituée.
Cependant la diplomatie anglaise élevait négations
sur négations. A côté, et indépendamment des ques-
tions politiques, elle dressait une montagne d'objec-
tions techniques et pratiques. Retranchée derrière
M. Stephenson, elle prétendait que l'entrée du canal
serait encombrée par les limons dont le Nil couvrait
les rives de la baie de Péluse ; que le canal lui-même
ne serait qu'un fossé stagnant; que l'exécution pré-
sentait des difficultés presque insurmontables, et
qu'ennn, si elles pouvaient être surmontées, elles ne.
pouvaient l'être qu'au prix de dépenses au-dessus de
toutes compensations probables ou possibles.
En conséquence, on recommandait à la Porte de
refuser sa ratification dans l'intérêt des actionnaires
et même au nom de sa propre moralité.
L'attaque était dangereuse : la simple discussion
n'eût point suffi à la repousser: il fallait à la Compagnie
et au gouvernement turc des armes invincibles, c'est-
à-dire des preuves matérielles. La Compagnie
dut les rechercher et les accumuler. De là une nou-
velle phase dans les opérations préparatoires pour la-
quelle la Compagnie devait avoir d'autant moins de
répugnance qu'elle avançait et qu'elle améliorait pra-
tiquement et utilement son œuvre. Il était bon qu'elle
se montrât prête à ne reculer devant aucune épreuve,
devant aucune vérification par l'autorité des faits. Elle
se prépara donc à répondre par les faits aux objec-
tions anglaises : on lui opposait que la baie de Pé-
luse était encombrée de limons ; elle répondit par une
série de travaux hydrographiques dans la baie de
Péluse, desquels il résultait qu'il n'existait sur le cor-
don de cette baie, ni sur ses rives entièrement formées
de sable pur, ni dans ses flots jusqu'à une profondeur
de 10 mètres aucune trace de ces limons. On opposait
que le canal coûterait des sommes insupputables;
elle envoyait des ingénieurs, des travailleurs inter-
roger, explorer, sonder de nouveau le terrain ; elle
faisait effectuer des fouilles ; elle y découvrait des
matériaux aussi précieux qu'inespérés : de l'eau po-
table, des carrières de pierres, des bancs de cailloux,
du combustible, du plâtre, de la cliaux : elle réalisait
sur le tracé primitif les plus heureuses et les plus
économiques améliorations, et elle répondait aux exa-
gérations de ses adversaires par un nouvel abaisse-
ment dans ses estimations, et ses récents travaux pré-
paratoires à la main, elle s'offre à prouver que l'exé-
cution complète du canal laissera la dépense prévue
bien au-dessous des devis primitifs portés à 200 mil-
lions. On lui opposait enfin que, par suite du niveau
des deux mers, le chenal ne serait qu'un fossé d'eau
croupissante : elle répondait par sa décision de ré-.
soudre le problème au moyen d'une simple rigole de
service dont le succès décidait la question, et qui na-
turellement mettait le projet à néant si les idées émises
par M. Stephenson avaient le moindre fondement.
Mais l'opposition n'avait pas tant de foi en l'in-
faillibilité de son prophète qu'elle ait voulu laisser
s'achever l'expérience, et c'est alors que par suite
de la mission de Mouktar-Bey et sous la pression
énergique et avérée de l'ambassadeur britannique,
la Porte Ottomane a élevé une difficulté sur la pour -
suite des opérations préparatoires dont le programme
lui avait été préalablement et depuis longtemps
soumis.
Nous insistons encore sur le caractère de spécia-
lité et de nécessité de ces diverses opérations. Elles
s'enchaînent indissolublement et se motivent l'une
par l'autre. Le lien par lequel elles se rattachent est
si étroit qu'on ne peut contester la dernière sans
contester également la première. Dès le principe et
dans tout le cours du débat il a été reconnu, et par
la Turquie et par l'Egypte, que des travaux prépa-
ratoires étaient indispensables pour constater la pra-
ticabilité du canal, la somme possible de ses dé-
penses. Chaque fois qu'une nouvelle objection a été
soulevée, une nouvelle démonstration a été provoquée.
Mais certes tout ce qui, dans cet ordre d'idées et par
l'effet de cette provocation, constituait une constata-
tion plus sensible, une attestation physique de la
possibilité du canal sans être toutefois l'œuvre défi-
nitive elle-même, peut et doit se ranger dans la ca-
tégorie de ces travaux préparatoires dont tout le
monde, chacun dans sa mesure, admet la préalable
indispensabilité.
Quand d'un côté la diplomatie anglaise, appuyée
sur le dire d'un seul de ses ingénieurs, soutenait que
l'existence du niveau entre les deux mers rendait
impossible l'alimentation du canal, et que de l'autre
toute la science européenne, citant l'exemple maté-
riel des canaux hollandais, affirmait unanimement le
contraire, quel moyen plus loyal et meilleur de dé-
partager l'une et l'autre opinion que de faire l'essai
du problème en le limitant à une petite échelle ?
Par ce simple procédé la question technique était
vidée ; l'événement prononçait entre les deux parties,
et par les frais connus de l'exécution de cette com-
munication d'essai, on pouvait arriver à une très-ap-
proximative vérification des devis du canal maritime.
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