Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-03-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mars 1860 15 mars 1860
Description : 1860/03/15 (A5,N90). 1860/03/15 (A5,N90).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65299567
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
82 L'ISTHME DE SUEZ,
Conformément à l'article 51 des statuts, ving t cinq
actions donnent droit à une voix ; le même actionnaire
ne peut réunir plus de dix voix, soit comme action-
naire, soit comme mandataire.
Les cartes d'admission à l'assemblée délivrées aux
actionnaires sont nominatives et personnelles.
MM. les actionnaires trouveront des modèles de pou-
voirs dans les bureaux de l'administration.
Paris, le 20 février 1860.
Par ordre du Conseil,
Le secrétaire général,
P. MERRUAU.
L'EMPEREUR D'ABYSSINIE ET LE CANAL DE SUEZ.
M. Ferdinand de Lesseps a reçu ces jours derniers
une communication d'un intérêt tout spécial et très-
caractéristique du sentiment universel sur la portée
civilisatrice de son projet.
Un avis de Massouah annonce que notre consul
dans cette station a été chargé de transmettre au
président du canal maritime de Suez une lettre qui
lui est adressée par l'empereur d'Abyssinie.
Dans cette lettre autographe, le souverain, tant en
son nom qu'au nom de son peuple, exprime à M. de
Lesseps ses remercîments de tout ce qu'il a fait pour
le percement de l'isthme qui doit mettre son empire
en relation directe avec l'Europe.
Ce prince ne se borne point à des vœux stériles ; il
offre tout son concours à la Compagnie; il invite
M. de Lesseps à s'adresser à lui pour tout le matériel
dont la Compagnie pourrait avoir besoin, et que pour-
raient fournir ses Etats. Il ajoute qu'il est prêt à
mettre à sa disposition toutes les ressources de l'Abys-
sinie, afin de participer autant qu'il sera en lui à
l'exécution d'une œuvre d'utilité universelle.
Cette adhésion généreuse est d'autant plus flatteuse
qu'elle est imprévue et spontanée. Elle est de nature
à aider puissamment la Compagnie dans ses travaux,
car l'Abyssinie fournit abondamment, à des prix d'une
modicité presque incroyable, des bœufs, des mulets et
les plus beaux bois du monde. Elle promet plus tard à
la navigation les facilités les plus grandes pour le com-
merce et les échanges dans ces contrées presque
inexploitées jusqu'ici. Elle donne enfin la mesure du
mouvement qu'est destinée à amener parmi ces popu-
lations la nouvelle route qui va les placer sur le pas-
sage du commerce entre l'Asie et l'Europe.
A tous ces points de vue, nous n'hésitons pas à
penser que cette manifestation est un événement,
dont l'influence ne peut pas manquer de se faire
sentir sur les côtes de la mer Rouge, et contribuer
puissamment au succès rapide et définitif de l'entre-
prise.
L'original de la lettre du prince abyssinien a été
expédié directement à Constantinople, où notre consul
pensait que M. Lesseps se trouvait encore. Nous
espérons pouvoir en communiquer le texte à nos lec-
teurs dans notre prochain numéro.
En attendant, nous nous empressons de leur faire
part de cette nouvelle, qui leur prouvera tout ce que
possède de puissance morale et de grand avenir une
œuvre qui va remuer ainsi les intelligences et les es-
prits dans des régions retranchées jusqu'à présent
pour ainsi dire de tous rapports réguliers avec le
monde civilisé.
Nous ne terminerons pas sans exprimer notre pen-
sée sur cette initiative de' l'empereur d'Abyssinie.
Elle est certainement le témoignage d'un esprit non
commun, et d'une vue profonde et ferme; elle ne peut
manquer d'attirer et sur la personne du prince et sur
son empire lui-même les regards et les sympathies de
l'Europe.
Mais quand la voix de la conscience humaine
s'élève ainsi du fond de l'Abyssinie, sera-t- elle encore
longtemps étouffée sur les bords de la Tamise?
ERMEST DESPLACES.
LES PROGRÈS DE LA QUESTION.
Le projet du canal de Suez a eu cet honneur unique
dans l'histoire des entreprises industrielles qu'il n'a
pas seulement ému les sympathies privées et l'opinion
publique, mais qu'aussi il a recueilli les suffrages
spontanés des corps représentant soit en Europe, soit
en France, les intérêts du commerce, de la produc-
tion et de la science. N'estr,il pas au plus haut degré
remarquable qu'une opération purement commerciale
ait provoqué de toutes parts de semblables manifesta-
tions, sans qu'un dissentiment se soit élevé dans
le monde entier du sein d'une seule des corporations
analogues à celles que nous mentionnons ? C'est là
sans contredit le témoignage le plus caractéristique
de l'universalité de l'œuvre dont les adversaires se
distinguent essentiellement par l'individualité soli-
taire et l'espèce d'isolement répulsif dans lequel ils
sont confiné.
Cette situation, sans contredit, et quoi que disent
les pessimistes, prouve en faveur de la moralité de
notre époque; elle prouve aussi le progrès qu'a fait
le sentiment de la solidarité et de la réciprocité par-
mi les peuples. Les chemins de fer, la vapeur, le télé-
graphe électrique, ont merveilleusement rapproché
les nations et les races humaines : on s'est mieux
connu ; les haines nationales, les ambitions d'empié-
tement tendent il s'affaiblir. On commence à ne plus
apercevoir son bien dans la gêne, le mal et la com-
pression de ses'voisins. Les grandes découvertes du
génie, les grands véhicules du travail et de la ri-
Conformément à l'article 51 des statuts, ving t cinq
actions donnent droit à une voix ; le même actionnaire
ne peut réunir plus de dix voix, soit comme action-
naire, soit comme mandataire.
Les cartes d'admission à l'assemblée délivrées aux
actionnaires sont nominatives et personnelles.
MM. les actionnaires trouveront des modèles de pou-
voirs dans les bureaux de l'administration.
Paris, le 20 février 1860.
Par ordre du Conseil,
Le secrétaire général,
P. MERRUAU.
L'EMPEREUR D'ABYSSINIE ET LE CANAL DE SUEZ.
M. Ferdinand de Lesseps a reçu ces jours derniers
une communication d'un intérêt tout spécial et très-
caractéristique du sentiment universel sur la portée
civilisatrice de son projet.
Un avis de Massouah annonce que notre consul
dans cette station a été chargé de transmettre au
président du canal maritime de Suez une lettre qui
lui est adressée par l'empereur d'Abyssinie.
Dans cette lettre autographe, le souverain, tant en
son nom qu'au nom de son peuple, exprime à M. de
Lesseps ses remercîments de tout ce qu'il a fait pour
le percement de l'isthme qui doit mettre son empire
en relation directe avec l'Europe.
Ce prince ne se borne point à des vœux stériles ; il
offre tout son concours à la Compagnie; il invite
M. de Lesseps à s'adresser à lui pour tout le matériel
dont la Compagnie pourrait avoir besoin, et que pour-
raient fournir ses Etats. Il ajoute qu'il est prêt à
mettre à sa disposition toutes les ressources de l'Abys-
sinie, afin de participer autant qu'il sera en lui à
l'exécution d'une œuvre d'utilité universelle.
Cette adhésion généreuse est d'autant plus flatteuse
qu'elle est imprévue et spontanée. Elle est de nature
à aider puissamment la Compagnie dans ses travaux,
car l'Abyssinie fournit abondamment, à des prix d'une
modicité presque incroyable, des bœufs, des mulets et
les plus beaux bois du monde. Elle promet plus tard à
la navigation les facilités les plus grandes pour le com-
merce et les échanges dans ces contrées presque
inexploitées jusqu'ici. Elle donne enfin la mesure du
mouvement qu'est destinée à amener parmi ces popu-
lations la nouvelle route qui va les placer sur le pas-
sage du commerce entre l'Asie et l'Europe.
A tous ces points de vue, nous n'hésitons pas à
penser que cette manifestation est un événement,
dont l'influence ne peut pas manquer de se faire
sentir sur les côtes de la mer Rouge, et contribuer
puissamment au succès rapide et définitif de l'entre-
prise.
L'original de la lettre du prince abyssinien a été
expédié directement à Constantinople, où notre consul
pensait que M. Lesseps se trouvait encore. Nous
espérons pouvoir en communiquer le texte à nos lec-
teurs dans notre prochain numéro.
En attendant, nous nous empressons de leur faire
part de cette nouvelle, qui leur prouvera tout ce que
possède de puissance morale et de grand avenir une
œuvre qui va remuer ainsi les intelligences et les es-
prits dans des régions retranchées jusqu'à présent
pour ainsi dire de tous rapports réguliers avec le
monde civilisé.
Nous ne terminerons pas sans exprimer notre pen-
sée sur cette initiative de' l'empereur d'Abyssinie.
Elle est certainement le témoignage d'un esprit non
commun, et d'une vue profonde et ferme; elle ne peut
manquer d'attirer et sur la personne du prince et sur
son empire lui-même les regards et les sympathies de
l'Europe.
Mais quand la voix de la conscience humaine
s'élève ainsi du fond de l'Abyssinie, sera-t- elle encore
longtemps étouffée sur les bords de la Tamise?
ERMEST DESPLACES.
LES PROGRÈS DE LA QUESTION.
Le projet du canal de Suez a eu cet honneur unique
dans l'histoire des entreprises industrielles qu'il n'a
pas seulement ému les sympathies privées et l'opinion
publique, mais qu'aussi il a recueilli les suffrages
spontanés des corps représentant soit en Europe, soit
en France, les intérêts du commerce, de la produc-
tion et de la science. N'estr,il pas au plus haut degré
remarquable qu'une opération purement commerciale
ait provoqué de toutes parts de semblables manifesta-
tions, sans qu'un dissentiment se soit élevé dans
le monde entier du sein d'une seule des corporations
analogues à celles que nous mentionnons ? C'est là
sans contredit le témoignage le plus caractéristique
de l'universalité de l'œuvre dont les adversaires se
distinguent essentiellement par l'individualité soli-
taire et l'espèce d'isolement répulsif dans lequel ils
sont confiné.
Cette situation, sans contredit, et quoi que disent
les pessimistes, prouve en faveur de la moralité de
notre époque; elle prouve aussi le progrès qu'a fait
le sentiment de la solidarité et de la réciprocité par-
mi les peuples. Les chemins de fer, la vapeur, le télé-
graphe électrique, ont merveilleusement rapproché
les nations et les races humaines : on s'est mieux
connu ; les haines nationales, les ambitions d'empié-
tement tendent il s'affaiblir. On commence à ne plus
apercevoir son bien dans la gêne, le mal et la com-
pression de ses'voisins. Les grandes découvertes du
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