Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-03-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mars 1860 15 mars 1860
Description : 1860/03/15 (A5,N90). 1860/03/15 (A5,N90).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65299567
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 93
der par les prétendus obstacles qu'on nous prédisait
sur cette ligne.
Une Société belge trouve intérêt à aller porter les
produits de l'industrie nationale dans ces mers que
depuis longtemps la marine marchande de son pays
ne connaissait presque plus. Ses navires traverseront
le détroit de Gibraltar, le détroit des Dardanelles, et
ils iront braver le courroux traditionnel des flots du
Pont-Euxin. Tous ces vieux fantômes n'effraient pas
les Belges. Mais si à l'heure qu'il est l'isthme de Suez
était percé, est-ce du côté d'Odessa et de Constanti-
nople seulement qu'Anvers irait demander le retour
de quelque peu de son ancienne splendeur ? La mer
Rouge, la mer des Indes, Alexandrie, Suez, Djeddah,
Aden, Bombay, Calcutta, l'Afrique orientale, Mada-
gascar et tous ces vastes espaces rapprochés de
3,000 lieues de l'Europe ne lui offriraient-ils pas
une autre carrière d'activité que celle qu'il va
chercher dans le vieux monde des Vénitiens et des
Génois ! Qu'on juge par ce qui se passe maintenant
en Belgique de ce qui adviendra sur toutes nos côtes
européennes, sur l'Océan comme sur la Méditerranée,
lorsque le canal des deux mers aura ouvert à cette
activité ces immenses marchés asiatiques et africains
qui s'échelonnent jusqu'au Japon, et qu'on ose encore
dire que l'Europe du Nord ne trouvera point sa part
dans cette grande révolution commerciale et ma-
ritime !
ERNEST DESPLACES.
LES EUROPÉENS AU JAPON.
On écrit de Yoku-Hama (Japon) au Journal des
Débats, le 2 décembre 1859 :
« On sera peut être bien aise quelque jour do savoir
ce qu'étaient au Japon les établissements européens six
mois après l'ouverture de l'empire. Voici, pour les fu-
turs historiens, quelques détails exacts sur Yoku-Hama:
D Par 139 degrés 42 minutes longitude E. de Green-
wich et 35 degrés 27 minutes latitude N., sur les bords
de la baie de Yeddo, qui n'a en cet endroit qu'une
largeur de 13 milles, se trouve aujourd'hui un village
composé d'une centaine de maisons neuves dans une
douzaine de rues qui se coupent à angles droits. C'est
Yoku-Hama, qui est actuellement le centre des rela-
tions des peuples de l'Occident avec le Japon. Je vous
enverrais bien le plan de ce village; mais ce travail
ne serait peut-être pas très-utile, car ce village n'est
pas aujourd'hui ce qu'il était hier, et il ne sera plus
demain ce qu'il est en ce moment. Les maisons s'élè-
vent comme par enchantement, et là où il n'y avait que
deux ou trois maisons éparses il y a quelques semaines,
on voit aujourd'hui toute une nouvelle rue.
» Yoku-Hama n'existait point pour ainsi dire au mois
de mai dernier. C'était alors un de ces innombrables
villages qui forment une suite non interrompue d'ha-
bitations le long de la route et de la baie de Yeddo, et
dont les noms ne sont plus connus à la distance de
quelques kilomètres. A 3 ou 4 milles de Yoku-Hama se
trouve le grand village de Kanagawa. C'était cet en-
droit particulier qui, conformément à l'article 3 du
traité entre le Japon et l'Angleterre, devait être ou-
vert au commerce européen à partir du 1er juillet 1859.
Mais, réflexion faite, le lieu ne convenait plus au gou-
vernement japonais. Fidèle au système d'isolement qui
a prévalu au Nipon pendant deux siècles, la cour de
Yeddo crut agir prudemment en nous éloignant autant
que possible de tout centre de population, et en nous
reléguant dans un village qui, n'ayant aucune impor-
tance, devait équivaloir à une Ile. Yoku-Hama devint
ainsi le Décima de Kanagawa. Cela ne faisait pas du
tout l'affaire des ministres et des consuls généraux re-
présentant ici l'Amérique, la France, l'Angleterre et
la Hollande. Ils protestèrent; mais en attendant une
réponse à leurs protestations, il fallait bien loger quel-
que part les commerçants accourus ici dès le jour de
l'ouverture du port et apportant des marchandises de
toute espèce et des dollars en quantités considérables.
Que fallait-il faire? Impossible de se procurer des loge-
ments à Kanagawa, tandis qu'à Yoku-Hama il y avait
une maison de douane, quelques magasins spacieux et
une demi-douzaine d'habitations neuves et vides. Les
marchands en prirent possession en attendant mieux.
Mais ce mieux ne se hâtait pas de venir.
» On n'a pas une idée du temps qu'il faut à un fonc-
tionnaire japonais pour comprendre quelque chose lors-
qu'il a reçu l'ordre de ne pas comprendre. Quant aux
marchands européens, ils se souciaient fort peu de
vendre à Kanagawa ou à Yoku-Hama, pourvu qu'ils
pussent bien vendre. Peu à peu le commerce commen-
çait à marcher, et lorsque enfin il fut décidé que les
occidentaux pouvaient se fixer à Kanagawa, ils avaient
si bien pris pied à Yoku-Hama, qu'ils se décidèrent à y
rester. Il est possible qu'ils aillent plus tard à Kana-
gawa, mais j'en doute, et tout au plus arrivera-t-il que
les étrangers auront leurs maisons à Kanagawa et
leurs comptoirs à Yoku-Hama. Leurs affaires se feront
loin d'un centre de population considérable, et le gou-
vernement japonais aura ainsi obtenu ce qu'il voulait.
D Les environs de Yoku-Hama sont plats et maréca-
geux. Au nord-ouest, l'horizon est borné par les hautes
et belles montagnes de Hakowi, derrière lesquelles s'é-
lève, à une distance de 55 milles, le pic de Fuzi-Yama.
Dans toutes les autres directions, le regard s'étend sur
la mer et sur les collines qui forment les bords pitto-
resques de !a baie de Yeddo. En mettant pied à terre
à Yoku-Hama, on se trouve en face de la douane, du
Cuslom house. C'est le nom anglais qui a prévalu. La
douane se distingue de toutes les autres maisons de
Yoku-Hama par la grandeur de ses dimensions, et elle
sert à bien des usages : c'est là que le gouverneur de
Kanagawa reçoit les consuls étrangers ; c'est là que l'on
change les dollars en itzibones, que l'on paie les droits
d'entrée et de sortie, et enfin c'est là qu'on juge tous
les différends entre les étrangers et les Japonais. Le
Cusfom house est donc tout à la fois le palais du gouver-
der par les prétendus obstacles qu'on nous prédisait
sur cette ligne.
Une Société belge trouve intérêt à aller porter les
produits de l'industrie nationale dans ces mers que
depuis longtemps la marine marchande de son pays
ne connaissait presque plus. Ses navires traverseront
le détroit de Gibraltar, le détroit des Dardanelles, et
ils iront braver le courroux traditionnel des flots du
Pont-Euxin. Tous ces vieux fantômes n'effraient pas
les Belges. Mais si à l'heure qu'il est l'isthme de Suez
était percé, est-ce du côté d'Odessa et de Constanti-
nople seulement qu'Anvers irait demander le retour
de quelque peu de son ancienne splendeur ? La mer
Rouge, la mer des Indes, Alexandrie, Suez, Djeddah,
Aden, Bombay, Calcutta, l'Afrique orientale, Mada-
gascar et tous ces vastes espaces rapprochés de
3,000 lieues de l'Europe ne lui offriraient-ils pas
une autre carrière d'activité que celle qu'il va
chercher dans le vieux monde des Vénitiens et des
Génois ! Qu'on juge par ce qui se passe maintenant
en Belgique de ce qui adviendra sur toutes nos côtes
européennes, sur l'Océan comme sur la Méditerranée,
lorsque le canal des deux mers aura ouvert à cette
activité ces immenses marchés asiatiques et africains
qui s'échelonnent jusqu'au Japon, et qu'on ose encore
dire que l'Europe du Nord ne trouvera point sa part
dans cette grande révolution commerciale et ma-
ritime !
ERNEST DESPLACES.
LES EUROPÉENS AU JAPON.
On écrit de Yoku-Hama (Japon) au Journal des
Débats, le 2 décembre 1859 :
« On sera peut être bien aise quelque jour do savoir
ce qu'étaient au Japon les établissements européens six
mois après l'ouverture de l'empire. Voici, pour les fu-
turs historiens, quelques détails exacts sur Yoku-Hama:
D Par 139 degrés 42 minutes longitude E. de Green-
wich et 35 degrés 27 minutes latitude N., sur les bords
de la baie de Yeddo, qui n'a en cet endroit qu'une
largeur de 13 milles, se trouve aujourd'hui un village
composé d'une centaine de maisons neuves dans une
douzaine de rues qui se coupent à angles droits. C'est
Yoku-Hama, qui est actuellement le centre des rela-
tions des peuples de l'Occident avec le Japon. Je vous
enverrais bien le plan de ce village; mais ce travail
ne serait peut-être pas très-utile, car ce village n'est
pas aujourd'hui ce qu'il était hier, et il ne sera plus
demain ce qu'il est en ce moment. Les maisons s'élè-
vent comme par enchantement, et là où il n'y avait que
deux ou trois maisons éparses il y a quelques semaines,
on voit aujourd'hui toute une nouvelle rue.
» Yoku-Hama n'existait point pour ainsi dire au mois
de mai dernier. C'était alors un de ces innombrables
villages qui forment une suite non interrompue d'ha-
bitations le long de la route et de la baie de Yeddo, et
dont les noms ne sont plus connus à la distance de
quelques kilomètres. A 3 ou 4 milles de Yoku-Hama se
trouve le grand village de Kanagawa. C'était cet en-
droit particulier qui, conformément à l'article 3 du
traité entre le Japon et l'Angleterre, devait être ou-
vert au commerce européen à partir du 1er juillet 1859.
Mais, réflexion faite, le lieu ne convenait plus au gou-
vernement japonais. Fidèle au système d'isolement qui
a prévalu au Nipon pendant deux siècles, la cour de
Yeddo crut agir prudemment en nous éloignant autant
que possible de tout centre de population, et en nous
reléguant dans un village qui, n'ayant aucune impor-
tance, devait équivaloir à une Ile. Yoku-Hama devint
ainsi le Décima de Kanagawa. Cela ne faisait pas du
tout l'affaire des ministres et des consuls généraux re-
présentant ici l'Amérique, la France, l'Angleterre et
la Hollande. Ils protestèrent; mais en attendant une
réponse à leurs protestations, il fallait bien loger quel-
que part les commerçants accourus ici dès le jour de
l'ouverture du port et apportant des marchandises de
toute espèce et des dollars en quantités considérables.
Que fallait-il faire? Impossible de se procurer des loge-
ments à Kanagawa, tandis qu'à Yoku-Hama il y avait
une maison de douane, quelques magasins spacieux et
une demi-douzaine d'habitations neuves et vides. Les
marchands en prirent possession en attendant mieux.
Mais ce mieux ne se hâtait pas de venir.
» On n'a pas une idée du temps qu'il faut à un fonc-
tionnaire japonais pour comprendre quelque chose lors-
qu'il a reçu l'ordre de ne pas comprendre. Quant aux
marchands européens, ils se souciaient fort peu de
vendre à Kanagawa ou à Yoku-Hama, pourvu qu'ils
pussent bien vendre. Peu à peu le commerce commen-
çait à marcher, et lorsque enfin il fut décidé que les
occidentaux pouvaient se fixer à Kanagawa, ils avaient
si bien pris pied à Yoku-Hama, qu'ils se décidèrent à y
rester. Il est possible qu'ils aillent plus tard à Kana-
gawa, mais j'en doute, et tout au plus arrivera-t-il que
les étrangers auront leurs maisons à Kanagawa et
leurs comptoirs à Yoku-Hama. Leurs affaires se feront
loin d'un centre de population considérable, et le gou-
vernement japonais aura ainsi obtenu ce qu'il voulait.
D Les environs de Yoku-Hama sont plats et maréca-
geux. Au nord-ouest, l'horizon est borné par les hautes
et belles montagnes de Hakowi, derrière lesquelles s'é-
lève, à une distance de 55 milles, le pic de Fuzi-Yama.
Dans toutes les autres directions, le regard s'étend sur
la mer et sur les collines qui forment les bords pitto-
resques de !a baie de Yeddo. En mettant pied à terre
à Yoku-Hama, on se trouve en face de la douane, du
Cuslom house. C'est le nom anglais qui a prévalu. La
douane se distingue de toutes les autres maisons de
Yoku-Hama par la grandeur de ses dimensions, et elle
sert à bien des usages : c'est là que le gouverneur de
Kanagawa reçoit les consuls étrangers ; c'est là que l'on
change les dollars en itzibones, que l'on paie les droits
d'entrée et de sortie, et enfin c'est là qu'on juge tous
les différends entre les étrangers et les Japonais. Le
Cusfom house est donc tout à la fois le palais du gouver-
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