Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-03-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mars 1860 01 mars 1860
Description : 1860/03/01 (A5,N89). 1860/03/01 (A5,N89).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529955t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 19
de l'île de Perim, au débouché de la mer Rouge dans
celle des Indes.
» Ils prévoyaient bien que, malgré la pression qu'ils
exerçaient sur le sultan, ils finiraient par être forcés de
céder, et qu'alors il était sage de se procurer le moyen
de fermer le débouché par lequel les Français pouvaient
arriver si promptement à leur colonie de Bourbon.
» M. de Lesseps n'avait qu'un moyen de lutter contre
un mauvais vouloir aussi persistant. C'était de faire ap-
pel aux capitaux de tous les pays. Le succès ne se fit
pas attendre. A la fin de 1858, la souscription fut close,
et le capital souscrit malgré les criailleries destinées à
effaroucher les capitaux -
- » Les délégués, se mettant alors à l'œuvre, explorent
l'isthme en compagnie des ingénieurs etde l'entrepreneur
soumissionnaire de tous les travaux à exécuter. Le 5 mai
1859, le rapport est présenté et le matériel existant dans
les magasins du vice-roi consigné aux agents de la
Compagnie. Après cet exposé succinct, laissons parler
M. de Lesseps lui-même et empruntons les pages sui-
vantes au travail qu'il vient de publier. »
La GAZETTE DE FRANCE reproduit ici une des par-
ties les plus importantes de la brochure; elle termine
enfin par cette réflexion d'une incontestable justesse,
que la résistance du gouvernement anglais à l'exé-
cution du canal fait, avec ses professions de libéralisme
commercial, un contraste de nature à tenir en dé-
fiance les gouvernements et les peuples du continent.
L'AMI DE LA RELIGION, qui a toujours apprécié et
défendu avec une constance qui ne s'est pas démentie
un seul jour les avantages que ce chemin ménageait
à la diffusion des vérités morales parmi des centaines
de millions d'âmes plongées dans les ténèbres du pa_
ganisme et de la barbarie, a consacré à la brochure
de M. Ferdinand de Lesseps un article qui se distingue
par la chaleur des convictions et par une vive et ner-
veuse logique. Nous terminerons notre revue par la
reproduction textuelle de cet article.
J. MONGIN.
« Depuis que l'Italie s'est vue jetée dans une ère de
révolutions dont elle ne semble pas près de sortir, les
yeux du monde sont fixés sur ce point du globe où la
politique des grands cabinets européens est elle-même
engagée. Aussi le moment serait-il mal choisi pour
parler au public d'une question d'intérêt particulier et
par cela même secondaire; mais quand il s'agit d'une
entreprise où le monde est intéressé, quand il s'agit de
relier par une voie nouvelle l'Occident à l'Orient, et de
créer ainsi pour le commerce un moyen facile de com-
munication, on est sûr, quels que soient d'ailleurs les
événements, de trouver un accueil favorable près des
gens sérieux dont les passions n'absorbent pas l'esprit
au point de les rendre insensibles à tout le reste.
» M. de Lesseps l'a senti, et fort de l'universalité de
son œuvre, fort des heureux commencements de ses
travaux, il vient de résumer, dans une brochure de
cent pages, les volumes qu'il a déjà publiés sur ce su-
jet : il y expose les précédents de la question, ses res-
sources, ses moyens d'action, les encouragements qu'il
a reçus, et, il faut le dire, les obstacles qui s'opposent
encore à la réalisation de sa vaste entreprise.
» Napoléon, pendant la guerre d'Egypte, avait visité
l'isthme de Suez ; et en lisant, après son retour en
France, le Mémoire qu'il avait demandé sur ce sujet à
M. Lepère, il prononça ces mémorables paroles: « La
chose est grande, ce n'est pas moi maintenant qui pour-
rai l'accomplir, mais le gouvernement turc trouvera un
jour sa conservation et sa gloire dans l'exécution de ce
projet. » Certes, Napoléon était bon juge en pareille
matière, et on ne peut l'accuser ici, puisqu'il était com-
plètement désintéressé.
» Eh bien, c'est la grande œuvre que les anciens rois
d'Egypte auraient accomplie, si la science d'alors ne leur
eût fait défaut, c'est la grande œuvre qui avait préoc-
cupé Napoléon, vainqueur aux Pyramides et au Caire,
qu'un Français généreux et entreprenant a résolu de
réaliser. Les risques et les avantages de l'entreprise, il
avait tout pesé ; sûr de lui-même et ne doutant pas
de l'accueil qui serait fait dans le monde civilisé à ses
premières ouvertures, il n'a pas hésité à prendre l'ini-
tiative. Les capitaux n'ont pas manqué, en effet, d'at-
teindre en un mois à peine, la somme fixée pour le
commencement des travaux. Le vice-roi d'Egypte ac-
corda à M. de Lesseps l'entière approbation de son pro-
jet. Rien ne semblait plus, dès lors, devoir l'arrêter,
mais les grandes entreprises ont toujours, à l'origine,
des luttes à soutenir contre la malveillance et la ja-
lousie, et il est écrit que pour rendre service aux hom-
mes il faut longtemps lutter contre eux.
» On avait compté sans la politique ombrageuse du
gouvernement britannique. Sur les observations de lord
Strattford, alors ambassadeur en Turquie, M. de Lesseps
crut devoir retarder les opérations, pour éclairer l'opi-
nion publique par des enquêtes, des explications mul-
tipliées, des controverses sans nombre qu'il sollicitait
comme une faveur. Son courageux projet ne craignait
pas le grand jour. C'était, au contraire, le seul moyen
d'en démontrer l'universalité et la loyauté. Partout en
Europe on approuva ses rapports, et les hommes les
plus compétents en pareille matière, ainsi que les villes
commerçantes et les centres industriels lui votèrent des
félicitations. Les meetings tenus en Angleterre et dont
M. de Lesseps nous donne les principaux, sont unani-
mes à proclamer l'utilité du canal au point de vue des
intérêts commerciaux de.la Grande-Bretagne.
» La question, a dit M. Gladstone à la Chambre des
» communes, la question est purement commerciale et
» son utilité paraîtra jusqu'à l'évidence, à qui jettera un
» regard sur la carte du monde ; tous les gouvernements
» l'ont approuvée ; ne rompons pas ce concert en faisant
» naître sur nous des soupçons d'égoïsme et de jalousie. »
» La question était proclamée purement commerciale ;
il fallait donc, pour pouvoir s'y opposer encore, la dé-
naturer et chercher contre elle des raisons politiques.
Telle a été d'abord la conduite de l'Angleterre. Elle a
commencé par faire appel à des sentiments d'humanité
et de charité. Elle a taxé d'imprudence un projet où
sont engagés des capitaux considérables qui seront
inévitablement compromis par les difficultés insurmon-
tables que la Compagnie doit rencontrer à chaque
instant sous ses pas. Je gage que si la Grande-Bretagne
de l'île de Perim, au débouché de la mer Rouge dans
celle des Indes.
» Ils prévoyaient bien que, malgré la pression qu'ils
exerçaient sur le sultan, ils finiraient par être forcés de
céder, et qu'alors il était sage de se procurer le moyen
de fermer le débouché par lequel les Français pouvaient
arriver si promptement à leur colonie de Bourbon.
» M. de Lesseps n'avait qu'un moyen de lutter contre
un mauvais vouloir aussi persistant. C'était de faire ap-
pel aux capitaux de tous les pays. Le succès ne se fit
pas attendre. A la fin de 1858, la souscription fut close,
et le capital souscrit malgré les criailleries destinées à
effaroucher les capitaux -
- » Les délégués, se mettant alors à l'œuvre, explorent
l'isthme en compagnie des ingénieurs etde l'entrepreneur
soumissionnaire de tous les travaux à exécuter. Le 5 mai
1859, le rapport est présenté et le matériel existant dans
les magasins du vice-roi consigné aux agents de la
Compagnie. Après cet exposé succinct, laissons parler
M. de Lesseps lui-même et empruntons les pages sui-
vantes au travail qu'il vient de publier. »
La GAZETTE DE FRANCE reproduit ici une des par-
ties les plus importantes de la brochure; elle termine
enfin par cette réflexion d'une incontestable justesse,
que la résistance du gouvernement anglais à l'exé-
cution du canal fait, avec ses professions de libéralisme
commercial, un contraste de nature à tenir en dé-
fiance les gouvernements et les peuples du continent.
L'AMI DE LA RELIGION, qui a toujours apprécié et
défendu avec une constance qui ne s'est pas démentie
un seul jour les avantages que ce chemin ménageait
à la diffusion des vérités morales parmi des centaines
de millions d'âmes plongées dans les ténèbres du pa_
ganisme et de la barbarie, a consacré à la brochure
de M. Ferdinand de Lesseps un article qui se distingue
par la chaleur des convictions et par une vive et ner-
veuse logique. Nous terminerons notre revue par la
reproduction textuelle de cet article.
J. MONGIN.
« Depuis que l'Italie s'est vue jetée dans une ère de
révolutions dont elle ne semble pas près de sortir, les
yeux du monde sont fixés sur ce point du globe où la
politique des grands cabinets européens est elle-même
engagée. Aussi le moment serait-il mal choisi pour
parler au public d'une question d'intérêt particulier et
par cela même secondaire; mais quand il s'agit d'une
entreprise où le monde est intéressé, quand il s'agit de
relier par une voie nouvelle l'Occident à l'Orient, et de
créer ainsi pour le commerce un moyen facile de com-
munication, on est sûr, quels que soient d'ailleurs les
événements, de trouver un accueil favorable près des
gens sérieux dont les passions n'absorbent pas l'esprit
au point de les rendre insensibles à tout le reste.
» M. de Lesseps l'a senti, et fort de l'universalité de
son œuvre, fort des heureux commencements de ses
travaux, il vient de résumer, dans une brochure de
cent pages, les volumes qu'il a déjà publiés sur ce su-
jet : il y expose les précédents de la question, ses res-
sources, ses moyens d'action, les encouragements qu'il
a reçus, et, il faut le dire, les obstacles qui s'opposent
encore à la réalisation de sa vaste entreprise.
» Napoléon, pendant la guerre d'Egypte, avait visité
l'isthme de Suez ; et en lisant, après son retour en
France, le Mémoire qu'il avait demandé sur ce sujet à
M. Lepère, il prononça ces mémorables paroles: « La
chose est grande, ce n'est pas moi maintenant qui pour-
rai l'accomplir, mais le gouvernement turc trouvera un
jour sa conservation et sa gloire dans l'exécution de ce
projet. » Certes, Napoléon était bon juge en pareille
matière, et on ne peut l'accuser ici, puisqu'il était com-
plètement désintéressé.
» Eh bien, c'est la grande œuvre que les anciens rois
d'Egypte auraient accomplie, si la science d'alors ne leur
eût fait défaut, c'est la grande œuvre qui avait préoc-
cupé Napoléon, vainqueur aux Pyramides et au Caire,
qu'un Français généreux et entreprenant a résolu de
réaliser. Les risques et les avantages de l'entreprise, il
avait tout pesé ; sûr de lui-même et ne doutant pas
de l'accueil qui serait fait dans le monde civilisé à ses
premières ouvertures, il n'a pas hésité à prendre l'ini-
tiative. Les capitaux n'ont pas manqué, en effet, d'at-
teindre en un mois à peine, la somme fixée pour le
commencement des travaux. Le vice-roi d'Egypte ac-
corda à M. de Lesseps l'entière approbation de son pro-
jet. Rien ne semblait plus, dès lors, devoir l'arrêter,
mais les grandes entreprises ont toujours, à l'origine,
des luttes à soutenir contre la malveillance et la ja-
lousie, et il est écrit que pour rendre service aux hom-
mes il faut longtemps lutter contre eux.
» On avait compté sans la politique ombrageuse du
gouvernement britannique. Sur les observations de lord
Strattford, alors ambassadeur en Turquie, M. de Lesseps
crut devoir retarder les opérations, pour éclairer l'opi-
nion publique par des enquêtes, des explications mul-
tipliées, des controverses sans nombre qu'il sollicitait
comme une faveur. Son courageux projet ne craignait
pas le grand jour. C'était, au contraire, le seul moyen
d'en démontrer l'universalité et la loyauté. Partout en
Europe on approuva ses rapports, et les hommes les
plus compétents en pareille matière, ainsi que les villes
commerçantes et les centres industriels lui votèrent des
félicitations. Les meetings tenus en Angleterre et dont
M. de Lesseps nous donne les principaux, sont unani-
mes à proclamer l'utilité du canal au point de vue des
intérêts commerciaux de.la Grande-Bretagne.
» La question, a dit M. Gladstone à la Chambre des
» communes, la question est purement commerciale et
» son utilité paraîtra jusqu'à l'évidence, à qui jettera un
» regard sur la carte du monde ; tous les gouvernements
» l'ont approuvée ; ne rompons pas ce concert en faisant
» naître sur nous des soupçons d'égoïsme et de jalousie. »
» La question était proclamée purement commerciale ;
il fallait donc, pour pouvoir s'y opposer encore, la dé-
naturer et chercher contre elle des raisons politiques.
Telle a été d'abord la conduite de l'Angleterre. Elle a
commencé par faire appel à des sentiments d'humanité
et de charité. Elle a taxé d'imprudence un projet où
sont engagés des capitaux considérables qui seront
inévitablement compromis par les difficultés insurmon-
tables que la Compagnie doit rencontrer à chaque
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