Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-03-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mars 1860 01 mars 1860
Description : 1860/03/01 (A5,N89). 1860/03/01 (A5,N89).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529955t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
74 L'ISTHME DE SUEZ.
') et je n'hésite pas à dire qu'elle est aussi navigable pour
» des navires à voiles que le canal de la Manche. »
M. Harris a terminé en exprimant, comme M. Con-
rad, comme tous les hommes sachant juger l'avenir,
que la navigation à voiles serait très-probablement
surannée lorsque le canal de Suez ouvrirait à la va-
peur et à l'hélice un chemin plus rapide et moins dis-
pendieux. Mais on vient de voir que son expérience
sans seconde sur la question n'hésitait pas à affir-
mer la parfaite praticabilité de cette mer qu'il avait si
souvent parcourue, même pour les navires à voiles.
Nous avons dû, pour l'acquit de notre conscience,
revenir sur cette vieille discussion : nous osons espé-
rer désormais que des deux côtés elle ne sera plus
rouverte.
ERNEST DESPLACES.
LA MER ROUGE ET L'ÉGYPTE.
La Patrie, dans son numéro du 24 février, publie
les impressions de voyage d'un officier français,
allant rejoindre par Alexandrie et Suez notre corps
d'expédition contre la Chine. Nous y avons trouvé
quelques détails intéressants quoique connus sur
1 l'Egypte elle-même. Mais nous avons voulu sur-
tout recueillir les résultats de l'expérience de notre
compatriote sur la navigation de la mer Rouge. Il ne
se plaint pas le moins du monde de ces difficultés
qu'on a si libéralement prêtées à cette pauvre mer.
Les occupations bachiques des passagers prouvent suf-
fisamment que leurs inquiétudes n'étaient pas grandes,
et enfin c'est en cinq jours qne le steamer devait se
rendre de Bombay à Aden, c'est-à-dire franchir et
au delà toute la longueur de la mer Rouge.
Nous remarquons également dans ce récit l'immense
développement que prennent de ce côté l'ascendant
et le commerce britanniques et nous partageons sincè-
rement les vœux du correspondant de la Patrie pour
voir ressusciter parmi les Français cet esprit d'entre-
prise et de découvertes qui leur donna dans les siè-
cles passés le Canada, les Antilles, Saint-Domingue, la
Louisiane, l'Ile-de-France et l'empire conquis par
Dupleix.
Certes, en parcourant cette esquisse, l'âme s'émeut
à l'idée du grand mouvement que suscitera dans
ces contrées l'ouverture d'un passage continu de l'oc-
cident à l'orient, et les fameux périls de la navigation
de la mer Rouge prennent un caractère bien inoffensif
après la narration de notre témoin oculaire.
JULES ROSÉ.
« En mer, à bord de la Némésis, 25 janvier.
(Mer Rouge, — côte d'Abyssinie.)
» Mon cher ami,
» Je n'ai pu t'écrire depuis mon départ d'Alexandrie
malgré tout mon désir de le faire. Nous voguons en
ce moment en vue des côtes d'Abyssinie, demain nous
serons à Aden; pour profiter du courrier je vais te
conter mes impressions que je n'aurai plus qu'à mettre
à la poste à mon arrivée.
» Je fais quelques pas en arrière et reviens à Alexan-
drie, d'où j'ai daté ma dernière lettre. Arrivés, le 19
janvier, à trois heures dans cette ville, nous sommes
partis pour le Caire à cinq heures du soir; à une heure
du matin, après avoir traversé le Nil plusieurs fois,
dans l'obscurité la plus complète, nous entrions en
gare. Tout le monde était embarrassé et ne savait où
aller et à qui s'adresser. Ne me souciant nullement de
coucher à la belle étoile, j'errais un peu à l'aventure,
quand j'entrevis une calèche qui arrivait à nous, con-
duite par un négro en chemise avec un valet de pied
portant même couleur et même livrée que son cama-
rade. Mon ami C. et moi en prîmes possession aus-
sitôt. Notre cocher, sans doute pour nous prouver la
bonté de son attelage, au risque de nous culbuter cent
fois, nous mena à toute bride jusqu'à l'hôtel de l'Uni-
vers, où nous arrivâmes les premiers. Il restait une
chambre à deux lits, dont je m'emparai, et bien m'en
prit, car quelques intants plus tard, l'hôtel était envahi
par une trentaine de voyageurs ne pouvant trouver
place.
» Dès six heures du matin, j'étais en voiture pour
aller visiter la ville jusqu'à l'heure du départ pour
Suez, fixé à dix heures. Mon premier but était la cita-
delle, qui domine la ville à l'occident. La ville du Caire
présente le type musulman le plus complet que j'aie
encore vu; les rues, en certains endroits, sont recou-
vertes d'un ciel en planches ou tout simplement en
bandes d'étoffe blanche, pour arrêter les ardeurs du so-
leil et donner un peu d'ombre aux habitants. A cha-
que pas, une mosquée.
n Le caractère des habitations est tel qu'on pourrait
se croire transporté dans une ville d'Arabie, au temps
des kalifes. A chaque instant on voit des coureurs qui
précèdent des cavaliers lancés de toute la vitesse de
leur monture ; ces coureurs n'ont d'autre emploi que de
faire ranger les troupeaux d'ânes et de mulets qui eu
cette ville, comme dans toute l'Egypte, sont en très-
grand nombre. Ainsi que dans tous les pays musul-
mans, les rues sont sillonnées d'une foule de gens en
guenilles, criant, gesticulant pour vendre quelques den-
rées alimentaires. Cette population musulmane et le-
vantine, que nous connaissons si bien, est partout, dans
notre colonie d'Afrique, à Constantinople, en Grèce
comme en Egypte, aussi laide, aussi sale, aussi re-
poussante. Malgré tout, l'aspect des rues du Caire, si
animé, si original, doit impressionner beaucoup le voya-
geur européen qui ne connaît pas l'Islam.
» On monte à la citadelle par une belle route maca-
damisée, et après avoir franchi une porte voûtée, on
se trouve en face de la Mosquée construite par Méhe-
met-Ali ; les bâtiments qui la composent, ornés de deux
grands minarets, sont de forme élégante, et l'architec-
ture curieuse à étudier. Du sommet de la citadelle,
l'horizon s'étend de toutes parts à perte de vue ; vers
l'occident et le sud, on aperçoit l'immense vallée du
Nil qui, après mille détours que l'œil se plaît à suivre,
se perd dans le vague : çà et là des groupes considéra-
') et je n'hésite pas à dire qu'elle est aussi navigable pour
» des navires à voiles que le canal de la Manche. »
M. Harris a terminé en exprimant, comme M. Con-
rad, comme tous les hommes sachant juger l'avenir,
que la navigation à voiles serait très-probablement
surannée lorsque le canal de Suez ouvrirait à la va-
peur et à l'hélice un chemin plus rapide et moins dis-
pendieux. Mais on vient de voir que son expérience
sans seconde sur la question n'hésitait pas à affir-
mer la parfaite praticabilité de cette mer qu'il avait si
souvent parcourue, même pour les navires à voiles.
Nous avons dû, pour l'acquit de notre conscience,
revenir sur cette vieille discussion : nous osons espé-
rer désormais que des deux côtés elle ne sera plus
rouverte.
ERNEST DESPLACES.
LA MER ROUGE ET L'ÉGYPTE.
La Patrie, dans son numéro du 24 février, publie
les impressions de voyage d'un officier français,
allant rejoindre par Alexandrie et Suez notre corps
d'expédition contre la Chine. Nous y avons trouvé
quelques détails intéressants quoique connus sur
1 l'Egypte elle-même. Mais nous avons voulu sur-
tout recueillir les résultats de l'expérience de notre
compatriote sur la navigation de la mer Rouge. Il ne
se plaint pas le moins du monde de ces difficultés
qu'on a si libéralement prêtées à cette pauvre mer.
Les occupations bachiques des passagers prouvent suf-
fisamment que leurs inquiétudes n'étaient pas grandes,
et enfin c'est en cinq jours qne le steamer devait se
rendre de Bombay à Aden, c'est-à-dire franchir et
au delà toute la longueur de la mer Rouge.
Nous remarquons également dans ce récit l'immense
développement que prennent de ce côté l'ascendant
et le commerce britanniques et nous partageons sincè-
rement les vœux du correspondant de la Patrie pour
voir ressusciter parmi les Français cet esprit d'entre-
prise et de découvertes qui leur donna dans les siè-
cles passés le Canada, les Antilles, Saint-Domingue, la
Louisiane, l'Ile-de-France et l'empire conquis par
Dupleix.
Certes, en parcourant cette esquisse, l'âme s'émeut
à l'idée du grand mouvement que suscitera dans
ces contrées l'ouverture d'un passage continu de l'oc-
cident à l'orient, et les fameux périls de la navigation
de la mer Rouge prennent un caractère bien inoffensif
après la narration de notre témoin oculaire.
JULES ROSÉ.
« En mer, à bord de la Némésis, 25 janvier.
(Mer Rouge, — côte d'Abyssinie.)
» Mon cher ami,
» Je n'ai pu t'écrire depuis mon départ d'Alexandrie
malgré tout mon désir de le faire. Nous voguons en
ce moment en vue des côtes d'Abyssinie, demain nous
serons à Aden; pour profiter du courrier je vais te
conter mes impressions que je n'aurai plus qu'à mettre
à la poste à mon arrivée.
» Je fais quelques pas en arrière et reviens à Alexan-
drie, d'où j'ai daté ma dernière lettre. Arrivés, le 19
janvier, à trois heures dans cette ville, nous sommes
partis pour le Caire à cinq heures du soir; à une heure
du matin, après avoir traversé le Nil plusieurs fois,
dans l'obscurité la plus complète, nous entrions en
gare. Tout le monde était embarrassé et ne savait où
aller et à qui s'adresser. Ne me souciant nullement de
coucher à la belle étoile, j'errais un peu à l'aventure,
quand j'entrevis une calèche qui arrivait à nous, con-
duite par un négro en chemise avec un valet de pied
portant même couleur et même livrée que son cama-
rade. Mon ami C. et moi en prîmes possession aus-
sitôt. Notre cocher, sans doute pour nous prouver la
bonté de son attelage, au risque de nous culbuter cent
fois, nous mena à toute bride jusqu'à l'hôtel de l'Uni-
vers, où nous arrivâmes les premiers. Il restait une
chambre à deux lits, dont je m'emparai, et bien m'en
prit, car quelques intants plus tard, l'hôtel était envahi
par une trentaine de voyageurs ne pouvant trouver
place.
» Dès six heures du matin, j'étais en voiture pour
aller visiter la ville jusqu'à l'heure du départ pour
Suez, fixé à dix heures. Mon premier but était la cita-
delle, qui domine la ville à l'occident. La ville du Caire
présente le type musulman le plus complet que j'aie
encore vu; les rues, en certains endroits, sont recou-
vertes d'un ciel en planches ou tout simplement en
bandes d'étoffe blanche, pour arrêter les ardeurs du so-
leil et donner un peu d'ombre aux habitants. A cha-
que pas, une mosquée.
n Le caractère des habitations est tel qu'on pourrait
se croire transporté dans une ville d'Arabie, au temps
des kalifes. A chaque instant on voit des coureurs qui
précèdent des cavaliers lancés de toute la vitesse de
leur monture ; ces coureurs n'ont d'autre emploi que de
faire ranger les troupeaux d'ânes et de mulets qui eu
cette ville, comme dans toute l'Egypte, sont en très-
grand nombre. Ainsi que dans tous les pays musul-
mans, les rues sont sillonnées d'une foule de gens en
guenilles, criant, gesticulant pour vendre quelques den-
rées alimentaires. Cette population musulmane et le-
vantine, que nous connaissons si bien, est partout, dans
notre colonie d'Afrique, à Constantinople, en Grèce
comme en Egypte, aussi laide, aussi sale, aussi re-
poussante. Malgré tout, l'aspect des rues du Caire, si
animé, si original, doit impressionner beaucoup le voya-
geur européen qui ne connaît pas l'Islam.
» On monte à la citadelle par une belle route maca-
damisée, et après avoir franchi une porte voûtée, on
se trouve en face de la Mosquée construite par Méhe-
met-Ali ; les bâtiments qui la composent, ornés de deux
grands minarets, sont de forme élégante, et l'architec-
ture curieuse à étudier. Du sommet de la citadelle,
l'horizon s'étend de toutes parts à perte de vue ; vers
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Nil qui, après mille détours que l'œil se plaît à suivre,
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