Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-02-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 février 1860 15 février 1860
Description : 1860/02/15 (A5,N88). 1860/02/15 (A5,N88).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529954d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
52 L'ISTHME DE SUEZ,
de la civilisation ; l'Angleterre aurait dû ou démontrer
incontestablement l'impossibilité de canaliser l'isthme de
Suez, ou élever l'entreprise à une pensée d'intérêt et de
bénéfice universel et proclamer son juste droit à
prendre en Egypte la place que la France s'attribue
avec tant d'arrogance.
a Aujourd'hui toutes les grandes voix scientifiques,
sauf, nous le pensons, une exception solitaire, attestent
que la jonction de la mer Rouge et de la Méditerranée
ne présente pas de difficultés insurmontables, et feu
Robert Stephenson, tout doué qu'il était et distingué
comme ingénieur, avait, dit-on, des connaissances très-
médiocres en hydraulique. Autant que nous sommes
capable d'en juger, le percement de la langue de terre
unissant l'Asie et l'Afrique est aussi aisé que peuvent
le désirer le commerce de tous les pays et la diffusion
de la culture européenne. N'est-il pas très-curieux que
l'Angleterre devant profiter du canal plus que toutes
les autres nations, la seule opposition élevée soit celle
de l'Angleterre ! Qu'en matière de commerce nous trou-
vions l'Angleterre donnant une impulsion et un appui
zélé au progrès, tandis que la France chercherait
à l'arrêter avec ardeur, cela serait assez intelligible ;
mais qu'en pareil occurrence, l'Angleterre soit le prin-
cipal obstacle, ce n'est ni intelligible ni intelligent.
« L'auteur du présent volume nous fournit le témoi-
gnage unanime de l'opinion publique, les conclusions
unanimes de la science sur le continent par rapport au
canal de Suez. L'Allemagne, si éclairée, et qu'on peut
regarder comme un juge impartial, dont les sympathies,
si elles étaient plus prononcées, pencheraient plutôt du
côté de l'Angleterre que du côté de la France, s'étonne
de la stupidité et de l'opiniâtreté anglaises, ou, pour par-
ler plus correctement, de l'apathie anglaise.
» Mais notre société est-elle réellement indifférente
ou simplement défiante faute de renseignements suffi-
sants? Dans ce dernier cas, le récit simple et clair de
M. Szarvady, avec ses documents à l'appui, sera avan-
tageusement consulté. Que le canal de Suez soit une
entreprise praticable, c'est prouvé par le fait qu'en des
temps très-éloignés et depuis, dans une période compa-
rativement récente, un canal a existé ; ce qu'ont exécuté
les anciens avec une habileté scientifique très-inférieure,
avec de très-inférieures ressources mécaniques, à coup
sûr les modernes peuvent aussi l'accomplir. Qu'il nous
soit permis d'offrir à nos lecteurs ce chapitre de l'his-
toire égyptienne embrassant la canalisation de l'isthme
de Suez; nous l'empruntons en partie à M. Szarvady,
et en partie à des articles publiés dans les suppléments
du Conversation's lexicon.
» Il y a plus de trois mille ans, régnait en Egypte
un roi nommé Sothos 1er auquel succéda son fils Ramsès II.
Ces deux rois confondus par les Grecs nous sont connus
sous le nom de Sésostris, célèbre conquérant de l'Afri-
que et de l'Asie, qui remplit de ses exploits d'un côté
la Scythie et de l'autre côté les Indes. C'est pour lui,
dit-on, que les Israélites bâtirent les cités trésorières,
Pithon à l'ouest, Ramsès à l'est. Par ses ordres plusieurs
canaux furent construits, un spécialement à travers la
terre de Gessen, indiqué sur les cartes comme le canal
de Sésostris, reliant la mer Rouge au Nil et établissant
ainsi la communicationentre la mer Rouge et là Médi-
terranée. Néchos 11, vers la fin -du vu® siècle avant
J.-C., renouvela ou tenta de perfectionner ce canal, mais
le travail fut abandonné après avoir coûté la vie à plug
de cent mille hommes. Plus de cent ans après, Darius
Hystaspe voulut continuer ou compléter ce à quoi les
avertissements d'un oracle ou la mort de Néchos avait
fait renoncer. Les informations se contredisent sur son
succès. Les uns racontent qu'il élargit tellement le canal
que deux vaisseaux du plus fort tonnage y pouvaient na-
viguer de front, et d'autres prétendent qu'il n'y fit au-
cune amélioration digne de mémoire.
» Deux cents ans s'écoulent, et nous trouvons Pto-
lémée Philadelphe ardent à cette œuvre. Entre autres
additions et améliorations importantes, le canal fut
pourvu d'un système de doubles écluses, et on prit
soin qu'aucune partie d'eau saumâtre ou salée ne vint
se mêler aux eaux du Nil qui remplissaient le canal. Pto-
lémée avait principalement en vue l'extension du com-
merce avec l'Inde ; l'activité du commerce par le èanal
créa plusieurs cités, au premier rang desquelles était
Héroopolis et Arsinoé. Lorsque Myos Hormus et Béré-
nice devinrent les principaux ports de l'intercourse
avec l'Arabie méridionale et l'Inde, le canal commença
à être négligé: c'était seulement lorsque le Nil était à
sa pleine élévation que le canal pouvait porter les gros
navires, et il pouvait être souvent dangereux de retirer
du Nil pendant cette saison la vaste masse d'eau requise
pour les besoins du canal. En même temps, les naviga-
teurs avaient à braver des bancs de sable à Arsinoé,
des rochers à fleur d'eau dans le golfe, et à lutter
contre l'influence prévalente des vents du nord. Dans
le désert nu, on souffrait aussi de l'absence de tous les
objets nécessaires à la navigation, y compris le bois.
La vase s'accumula dans les écluses, le sable envahit le
canal, en rendit l'efficacité difficile, les anciens n'ayant
pas de machines à creuser propres à combattre un tel
ennemi. Néanmoins, il ne perdit sa grande utilité
qu'après les jours fatals et criminels des derniers Pto-
lémées. Une portion des vaisseaux sur lesquels Cléopâtre
portait ses richesses vers la mer Rouge se perdit dans le
golfe. Les Arabes pillèrent et détruisirent ceux qui
atteignirent la mer Rouge. Sous Auguste, le canal fut
restauré, et les deux ports jumeaux d'Arsinoé et Cléo
patris retentirent joyeusement une fois de plus de l'ac-
tivité du commerce. De ces ports, le préfet iElius Gallus
équipa une flotte pour une expédition contre l'Arabie,
les bois pour la construction des navires arrivant par le
Nil et le canal.
» Les restaurateurs immédiats du canal furent les em-
pereurs Trajan et Adrien; mais ils avaient en vue des
objets aussi bien militaires que commerciaux. Enfin,
lorsque l'Egypte tomba sous le pouvoir du calife Omar,
Amrou, général et vice-roi de ce calife, essaya de
sauver le canal d'une ruine infaillible.Une famine ayant
semé la désolation et la mort dans les saintes cités de
Médine et de la Mecque, du blé leur fut envoyé en
abondance de la riche Egypte, et on prétend qu'Am-
roux organisa une si énorme caravane pour le transport
des provisions, que les premières bêtes qui les portaient
entraient à la Mecque, tandis que les dernières quittaient
de la civilisation ; l'Angleterre aurait dû ou démontrer
incontestablement l'impossibilité de canaliser l'isthme de
Suez, ou élever l'entreprise à une pensée d'intérêt et de
bénéfice universel et proclamer son juste droit à
prendre en Egypte la place que la France s'attribue
avec tant d'arrogance.
a Aujourd'hui toutes les grandes voix scientifiques,
sauf, nous le pensons, une exception solitaire, attestent
que la jonction de la mer Rouge et de la Méditerranée
ne présente pas de difficultés insurmontables, et feu
Robert Stephenson, tout doué qu'il était et distingué
comme ingénieur, avait, dit-on, des connaissances très-
médiocres en hydraulique. Autant que nous sommes
capable d'en juger, le percement de la langue de terre
unissant l'Asie et l'Afrique est aussi aisé que peuvent
le désirer le commerce de tous les pays et la diffusion
de la culture européenne. N'est-il pas très-curieux que
l'Angleterre devant profiter du canal plus que toutes
les autres nations, la seule opposition élevée soit celle
de l'Angleterre ! Qu'en matière de commerce nous trou-
vions l'Angleterre donnant une impulsion et un appui
zélé au progrès, tandis que la France chercherait
à l'arrêter avec ardeur, cela serait assez intelligible ;
mais qu'en pareil occurrence, l'Angleterre soit le prin-
cipal obstacle, ce n'est ni intelligible ni intelligent.
« L'auteur du présent volume nous fournit le témoi-
gnage unanime de l'opinion publique, les conclusions
unanimes de la science sur le continent par rapport au
canal de Suez. L'Allemagne, si éclairée, et qu'on peut
regarder comme un juge impartial, dont les sympathies,
si elles étaient plus prononcées, pencheraient plutôt du
côté de l'Angleterre que du côté de la France, s'étonne
de la stupidité et de l'opiniâtreté anglaises, ou, pour par-
ler plus correctement, de l'apathie anglaise.
» Mais notre société est-elle réellement indifférente
ou simplement défiante faute de renseignements suffi-
sants? Dans ce dernier cas, le récit simple et clair de
M. Szarvady, avec ses documents à l'appui, sera avan-
tageusement consulté. Que le canal de Suez soit une
entreprise praticable, c'est prouvé par le fait qu'en des
temps très-éloignés et depuis, dans une période compa-
rativement récente, un canal a existé ; ce qu'ont exécuté
les anciens avec une habileté scientifique très-inférieure,
avec de très-inférieures ressources mécaniques, à coup
sûr les modernes peuvent aussi l'accomplir. Qu'il nous
soit permis d'offrir à nos lecteurs ce chapitre de l'his-
toire égyptienne embrassant la canalisation de l'isthme
de Suez; nous l'empruntons en partie à M. Szarvady,
et en partie à des articles publiés dans les suppléments
du Conversation's lexicon.
» Il y a plus de trois mille ans, régnait en Egypte
un roi nommé Sothos 1er auquel succéda son fils Ramsès II.
Ces deux rois confondus par les Grecs nous sont connus
sous le nom de Sésostris, célèbre conquérant de l'Afri-
que et de l'Asie, qui remplit de ses exploits d'un côté
la Scythie et de l'autre côté les Indes. C'est pour lui,
dit-on, que les Israélites bâtirent les cités trésorières,
Pithon à l'ouest, Ramsès à l'est. Par ses ordres plusieurs
canaux furent construits, un spécialement à travers la
terre de Gessen, indiqué sur les cartes comme le canal
de Sésostris, reliant la mer Rouge au Nil et établissant
ainsi la communicationentre la mer Rouge et là Médi-
terranée. Néchos 11, vers la fin -du vu® siècle avant
J.-C., renouvela ou tenta de perfectionner ce canal, mais
le travail fut abandonné après avoir coûté la vie à plug
de cent mille hommes. Plus de cent ans après, Darius
Hystaspe voulut continuer ou compléter ce à quoi les
avertissements d'un oracle ou la mort de Néchos avait
fait renoncer. Les informations se contredisent sur son
succès. Les uns racontent qu'il élargit tellement le canal
que deux vaisseaux du plus fort tonnage y pouvaient na-
viguer de front, et d'autres prétendent qu'il n'y fit au-
cune amélioration digne de mémoire.
» Deux cents ans s'écoulent, et nous trouvons Pto-
lémée Philadelphe ardent à cette œuvre. Entre autres
additions et améliorations importantes, le canal fut
pourvu d'un système de doubles écluses, et on prit
soin qu'aucune partie d'eau saumâtre ou salée ne vint
se mêler aux eaux du Nil qui remplissaient le canal. Pto-
lémée avait principalement en vue l'extension du com-
merce avec l'Inde ; l'activité du commerce par le èanal
créa plusieurs cités, au premier rang desquelles était
Héroopolis et Arsinoé. Lorsque Myos Hormus et Béré-
nice devinrent les principaux ports de l'intercourse
avec l'Arabie méridionale et l'Inde, le canal commença
à être négligé: c'était seulement lorsque le Nil était à
sa pleine élévation que le canal pouvait porter les gros
navires, et il pouvait être souvent dangereux de retirer
du Nil pendant cette saison la vaste masse d'eau requise
pour les besoins du canal. En même temps, les naviga-
teurs avaient à braver des bancs de sable à Arsinoé,
des rochers à fleur d'eau dans le golfe, et à lutter
contre l'influence prévalente des vents du nord. Dans
le désert nu, on souffrait aussi de l'absence de tous les
objets nécessaires à la navigation, y compris le bois.
La vase s'accumula dans les écluses, le sable envahit le
canal, en rendit l'efficacité difficile, les anciens n'ayant
pas de machines à creuser propres à combattre un tel
ennemi. Néanmoins, il ne perdit sa grande utilité
qu'après les jours fatals et criminels des derniers Pto-
lémées. Une portion des vaisseaux sur lesquels Cléopâtre
portait ses richesses vers la mer Rouge se perdit dans le
golfe. Les Arabes pillèrent et détruisirent ceux qui
atteignirent la mer Rouge. Sous Auguste, le canal fut
restauré, et les deux ports jumeaux d'Arsinoé et Cléo
patris retentirent joyeusement une fois de plus de l'ac-
tivité du commerce. De ces ports, le préfet iElius Gallus
équipa une flotte pour une expédition contre l'Arabie,
les bois pour la construction des navires arrivant par le
Nil et le canal.
» Les restaurateurs immédiats du canal furent les em-
pereurs Trajan et Adrien; mais ils avaient en vue des
objets aussi bien militaires que commerciaux. Enfin,
lorsque l'Egypte tomba sous le pouvoir du calife Omar,
Amrou, général et vice-roi de ce calife, essaya de
sauver le canal d'une ruine infaillible.Une famine ayant
semé la désolation et la mort dans les saintes cités de
Médine et de la Mecque, du blé leur fut envoyé en
abondance de la riche Egypte, et on prétend qu'Am-
roux organisa une si énorme caravane pour le transport
des provisions, que les premières bêtes qui les portaient
entraient à la Mecque, tandis que les dernières quittaient
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 4/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6529954d/f4.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6529954d/f4.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6529954d/f4.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6529954d
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6529954d
Facebook
Twitter