Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-02-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 février 1860 01 février 1860
Description : 1860/02/01 (A5,N87). 1860/02/01 (A5,N87).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65299530
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
36 L'ISTHME DE SUEZ,
» que nous ne cherchons pas à satisfaire des vues
» égoïstes. »
Discernant parfaitement les dispositions de la Cham-
bre, l'orateur du cabinet, M. Disraeli, ne combattit la
motion en elle-même qu' en argumentant de son inutilité.
Il protesta que l'influence qu'on accusait le gouverne-
ment d'exercer, n'existait pas, n'avait jamais existé, et
que l'accusation était dénuée de toute espèce de preuves.
La question était à l'étude. Le gouvernement n'avait point
encore d'opinion arrêtée, il examinait. Le vote de la motion
pouvait donner le change à l'opinion. « Ce que je dis,
» s'écria-t-il, c'est que nous devons abandonner des pro-
» jets d'une telle importance à la libre influence de
» l'opinion publique (applaudissements) ; alors je n'au-
» rai rien à objecter; mais vous ne les abandonnerez
» pas à la libre influence de l'opinion publique, si vous
Il demandez à Ia Chambre des communes d'exprimer
» son opinion, expression qui annoncera à toute l'Eu-
à rope que notre opinion est formée, et que nous som-
» mes pour toujours empêchés de former un jugement
» mûr et de prendre cette marche sage que le temps de
» l'expérience justifieront.
» Je pense que l'honorable membre pour Scheffielt
» (M. Rœbuck) n'a pas le droit de supposer qui la puissance
» et l'influence de l'Angleterre ont été employées pour forcer la
» Porte a s'opposer à ce projet. Je pense également que si
» la Chambre adopte la résolution, elle se liera elle-même
» les mains pour l'avenir, et quittera imprudemment le
» chemin qu'elle a suivi jusqu'ici, qu'elle a suivi jus-
» qu'à un certain degré sous l'influence de graves considé-
» rations politiques, mais qui en même temps peut être quitté
Il plus tard, si le temps et Texpérience démontrent qu'on peut
w prendre cette marche sans faire tort aux intérêts^publics. »
La Sublime Porte, qui savait mieux à quoils'en tenir
que la Chambre des communes sur la nature et les
motifs de la pression politique exercée sur elle-même,
et qui ne pouvait manquer J d'apercevoir le sens véri-
table de la tactique parlementaire de M. Disraeli, se
trouva dans un grand embarras. Il était évident en
effet que le cabinet anglais, tout en donnant quelque
satisfaction à l'opinion publique par sa déclaration que
l'intervention dénoncée par les plus éloquents orateurs de
la Chambre était dénuée de preuves suffisantes, s'était
au fond réservé, avec le consentement tacite de la ma-
jorité du Parlement, la faculté de continuer sur la ques-
tion du canal de Suez l'ancienne politique de résis-
tance jusqu'au moment où le temps et l'expérience l'engage-
raient à changer de conduite. Le langage et les démarches
des agents britanniques à Constantinople et à Alexan-
drie ne laissèrent aucun doute à ce sujet. Il était donc
juste de reconnaître la délicatesse de la situation de la
Porte, lorsqu'elle voyait toute l'influence d'un gouver-
nement puissant s'exercer, sans aucun contre-poids,
contre un seul homme qui ne représentait en définitive
qu'une idée autour de laquelle ne s'étaient point encore
groupés des intérêts matériels, et qui par conséquent
n'avait pas jugé qu'il fût opportun de solliciter l'inter-
vention protectrice d'aucun gouvernement. Il fallait
alors créer les intérêts qui devaient justifier cette inter-
vention.
Le but m'était indiqué, je me mis en mouvement pour
l'atteindre. Je commençai par 'communiquer mes pro-
jets au grand vizir; je fis une excursion rapide dans
toute l'Europe ; je vis que les esprits étaient bien pré-
parés ; j'allai en Egypte pour rendre compte de mes
impressions au vice-roi, auquel j'annonçai que, suivant
mes prévisions, le capital nécessaire à l'accomplisse-
ment de son projet serait effectivement souscrit à la fin
de l'année. Je voulus de plus entretenir moi-même le
grand vizir de la situation décisive et pratique de l'af-
faire, et je passai encore quelques jours à Constantino-
ple pour cet objet, avaut de revenir à Paris au mois
d'août 1858.
Les bases de la souscription et de l'organisation de la
Société ayant été déterminées, des annonces furent
publiées à plusieurs reprises dans les journaux de
Constantinople, d'Alexandrie et des principales villes
de l'Europe et de l'Amérique.
L'avis commençait ainsi :
« SOUSCRIPTION PUBLIQUE.
» Compagnie universelle du canal maritime de Suez, fondée par
décret de S. A. le vice-roi d'Egypte.
» M. Ferdinand de Lesseps, concessionnaire du canal
Il de Suez, en exécution du mandat qu'il a reçu de
» S. A. le vice-roi d'Egypte, ouvre une souscription
» publique.
Il Le canal de Suez est destiné à rétablir la commu-
» nication abrégée entre les deux mondes que la dé-
» couverte du cap de Bonne-Espérance avait fait aban-
» donner. Pour conserver à cette œuvre le caractère
» de grandeur et d'universalité qui lui est propre, M. de
» Lesseps appelle à y participer les capitaux de tous
à les pays.
» Le but et les avantages commerciaux et financiers
6 de l'entreprise sont : etc. » Suivaient les conditions
de la souscription.
La souscription fut ouverte partout à la fois, le 5 no-
vembre, et se clôtura le 30 du même mois. Les sous-
criptions furent publiquement reçues en Turquie et en
Egypte, comme dans les autres pays.
Le 15 décembre 1858, dans un acte notarié, auquel
était jointe la liste nominative de chaque souscripteur
et le lieu de sa résidence, en vertu du mandat exclu-
sif dont j'étais revêtu et des instructions spéciales de
S. A. le vice-roi, je constatai que le capital était entiè-
rement souscrit. Le conseil d'administration n'existait
point encore. Autorisé par l'article 11 des statuts, je fis
choix des administrateurs parmi les principaux fonda-
teurs et actionnaires de l'entreprise. Le Conseil, com-
posé des représentants des diverses nationalités, se réu-
nit la première fois le 20 décembre, et il déclara en
présence et avec le concours d'un commissaire spécial
du vice-roi d'Egypte, que, conformément aux termes de
l'acte de concession et des statuts déjà approuvés, la
Société était définitivement constituée. Cette décision
fut notifiée au vice-roi par message officiel sous la date
du 5 janvier 1859.
Le Conseil décida en outre que les dépenses faites par
le vice-roi lui seraient remboursées et qu'une commis-
sion déléguée en Egypte recevrait livraison du matériel
existait, et ferait continuer au compte de la Compagnie,
» que nous ne cherchons pas à satisfaire des vues
» égoïstes. »
Discernant parfaitement les dispositions de la Cham-
bre, l'orateur du cabinet, M. Disraeli, ne combattit la
motion en elle-même qu' en argumentant de son inutilité.
Il protesta que l'influence qu'on accusait le gouverne-
ment d'exercer, n'existait pas, n'avait jamais existé, et
que l'accusation était dénuée de toute espèce de preuves.
La question était à l'étude. Le gouvernement n'avait point
encore d'opinion arrêtée, il examinait. Le vote de la motion
pouvait donner le change à l'opinion. « Ce que je dis,
» s'écria-t-il, c'est que nous devons abandonner des pro-
» jets d'une telle importance à la libre influence de
» l'opinion publique (applaudissements) ; alors je n'au-
» rai rien à objecter; mais vous ne les abandonnerez
» pas à la libre influence de l'opinion publique, si vous
Il demandez à Ia Chambre des communes d'exprimer
» son opinion, expression qui annoncera à toute l'Eu-
à rope que notre opinion est formée, et que nous som-
» mes pour toujours empêchés de former un jugement
» mûr et de prendre cette marche sage que le temps de
» l'expérience justifieront.
» Je pense que l'honorable membre pour Scheffielt
» (M. Rœbuck) n'a pas le droit de supposer qui la puissance
» et l'influence de l'Angleterre ont été employées pour forcer la
» Porte a s'opposer à ce projet. Je pense également que si
» la Chambre adopte la résolution, elle se liera elle-même
» les mains pour l'avenir, et quittera imprudemment le
» chemin qu'elle a suivi jusqu'ici, qu'elle a suivi jus-
» qu'à un certain degré sous l'influence de graves considé-
» rations politiques, mais qui en même temps peut être quitté
Il plus tard, si le temps et Texpérience démontrent qu'on peut
w prendre cette marche sans faire tort aux intérêts^publics. »
La Sublime Porte, qui savait mieux à quoils'en tenir
que la Chambre des communes sur la nature et les
motifs de la pression politique exercée sur elle-même,
et qui ne pouvait manquer J d'apercevoir le sens véri-
table de la tactique parlementaire de M. Disraeli, se
trouva dans un grand embarras. Il était évident en
effet que le cabinet anglais, tout en donnant quelque
satisfaction à l'opinion publique par sa déclaration que
l'intervention dénoncée par les plus éloquents orateurs de
la Chambre était dénuée de preuves suffisantes, s'était
au fond réservé, avec le consentement tacite de la ma-
jorité du Parlement, la faculté de continuer sur la ques-
tion du canal de Suez l'ancienne politique de résis-
tance jusqu'au moment où le temps et l'expérience l'engage-
raient à changer de conduite. Le langage et les démarches
des agents britanniques à Constantinople et à Alexan-
drie ne laissèrent aucun doute à ce sujet. Il était donc
juste de reconnaître la délicatesse de la situation de la
Porte, lorsqu'elle voyait toute l'influence d'un gouver-
nement puissant s'exercer, sans aucun contre-poids,
contre un seul homme qui ne représentait en définitive
qu'une idée autour de laquelle ne s'étaient point encore
groupés des intérêts matériels, et qui par conséquent
n'avait pas jugé qu'il fût opportun de solliciter l'inter-
vention protectrice d'aucun gouvernement. Il fallait
alors créer les intérêts qui devaient justifier cette inter-
vention.
Le but m'était indiqué, je me mis en mouvement pour
l'atteindre. Je commençai par 'communiquer mes pro-
jets au grand vizir; je fis une excursion rapide dans
toute l'Europe ; je vis que les esprits étaient bien pré-
parés ; j'allai en Egypte pour rendre compte de mes
impressions au vice-roi, auquel j'annonçai que, suivant
mes prévisions, le capital nécessaire à l'accomplisse-
ment de son projet serait effectivement souscrit à la fin
de l'année. Je voulus de plus entretenir moi-même le
grand vizir de la situation décisive et pratique de l'af-
faire, et je passai encore quelques jours à Constantino-
ple pour cet objet, avaut de revenir à Paris au mois
d'août 1858.
Les bases de la souscription et de l'organisation de la
Société ayant été déterminées, des annonces furent
publiées à plusieurs reprises dans les journaux de
Constantinople, d'Alexandrie et des principales villes
de l'Europe et de l'Amérique.
L'avis commençait ainsi :
« SOUSCRIPTION PUBLIQUE.
» Compagnie universelle du canal maritime de Suez, fondée par
décret de S. A. le vice-roi d'Egypte.
» M. Ferdinand de Lesseps, concessionnaire du canal
Il de Suez, en exécution du mandat qu'il a reçu de
» S. A. le vice-roi d'Egypte, ouvre une souscription
» publique.
Il Le canal de Suez est destiné à rétablir la commu-
» nication abrégée entre les deux mondes que la dé-
» couverte du cap de Bonne-Espérance avait fait aban-
» donner. Pour conserver à cette œuvre le caractère
» de grandeur et d'universalité qui lui est propre, M. de
» Lesseps appelle à y participer les capitaux de tous
à les pays.
» Le but et les avantages commerciaux et financiers
6 de l'entreprise sont : etc. » Suivaient les conditions
de la souscription.
La souscription fut ouverte partout à la fois, le 5 no-
vembre, et se clôtura le 30 du même mois. Les sous-
criptions furent publiquement reçues en Turquie et en
Egypte, comme dans les autres pays.
Le 15 décembre 1858, dans un acte notarié, auquel
était jointe la liste nominative de chaque souscripteur
et le lieu de sa résidence, en vertu du mandat exclu-
sif dont j'étais revêtu et des instructions spéciales de
S. A. le vice-roi, je constatai que le capital était entiè-
rement souscrit. Le conseil d'administration n'existait
point encore. Autorisé par l'article 11 des statuts, je fis
choix des administrateurs parmi les principaux fonda-
teurs et actionnaires de l'entreprise. Le Conseil, com-
posé des représentants des diverses nationalités, se réu-
nit la première fois le 20 décembre, et il déclara en
présence et avec le concours d'un commissaire spécial
du vice-roi d'Egypte, que, conformément aux termes de
l'acte de concession et des statuts déjà approuvés, la
Société était définitivement constituée. Cette décision
fut notifiée au vice-roi par message officiel sous la date
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le vice-roi lui seraient remboursées et qu'une commis-
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