Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-03-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 mars 1860 01 mars 1860
Description : 1860/03/01 (A5,N89). 1860/03/01 (A5,N89).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529955t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
68 L'ISTHME DE SUEZ,
tion préparatoire, motivée, imposée par l'obstination
avec laquelle on prétendait faire prévaloir devant
les conseils de la Porte l'opinion non désintéressée
d'un seul entrepreneur anglais contre les avis, les
convictions, les études des ingénieurs les plus consi-
dérables et de tous les corps savants du continent ?
Que risquait l'opposition à accepter l'épreuve?
Elle n'en faisait pas les frais. De sa résistance n'a-
ton pas le droit de conclure qu'elle en redoutait la
réussite ; tous les risques, au contraire, étaient du
côté des promoteurs de l'entreprise. On les accusait
d'avoir ébloui la crédulité publique par une bulle de
savon ; on leur imputait de n'avoir envisagé dans le
projet qu'une spéculation malhonnête Pourquoi donc
ne pas les prendre au mot? ne se livraient-ils pas
eux-mêmes? Il n'y avait qu'à leur laisser tenter
l'épreuve, ils venaient eux-mêmes hâter le dénoÙ-
ment de leur fourberie, et après leur échec, relati-
vement peu coûteux, la probité britannique avait la
satisfaction de les démasquer et d'exonérer de tous
leurs engagements ces actionnaires auxquels elle
porte une si tendre sollicitude.
Quoi qu'il en soit, l'opposition s'est prise dans son
propre piège : l'incident par lequel elle croyait por-
ter un coup mortel à l'entreprise, lui a donné un nou-
veau ressort ; la constitution fiuancière de la Compa-
gnie ne pouvait permettre au gouvernement de l'Em-
pereur de s'abstenir dans une question où se trou-
vaient en jeu de si grands et si nombreux, intérêts
français, et du jour où sa haute influence est inter-
venue, on peut dire que la question est entrée dans sa
phase d'entente générale et d'aboutissement.
La question telle qu'elle se présente dès à présent
aux yeux des actionnaires, sans parler du progrès
qu'elle peut et doit faire prochainement, peut se ré-
sumer en ces quelques mots :
Le côté technique ;
Le côté politique ;
La nature et l'avenir des travaux.
Pour le côté technique, nous ne voyons point
quelles difficultés sérieuses pourraient être suscitées.
Les objections pratiques faites au projet ne suppor-
tent point la discussion. D'ailleurs le gouvernement
anglais ne peut point s'ériger en tuteur des bourses
continentales ; et s'il veut persévérer dans son opinion
solitaire sur l'impossibilité du canal, la réponse est
toute prête : il ne peut point imposer arbitrairement
sa conviction aux convictions contraires, et entre elles
et lui il ne peut se refuser à accepter l'arbitrage d'une
expérience.
Pour le côté politique, la dernière note du gouver-
nement turc l'a singulièrement désarmé d'un de ses
principaux arguments. C'était en effet au nom de
l'intégrité de l'empire ottoman qu'il motivait surtout
sa résistance ; ce prétexte lui échappe du moment
que la Turquie déclare qu'elle est prête à donner son
autorisation si les puissances s'entendent sur les ga-
ranties politiques qu'elle a le droit de réclamer pour
l'indépendance de son territoire et la neutralité de
cette route Lavigablr.
Sur ce dernier point la négociation est facile si,
comme nous n'en doutons point, l'Angleterre y veut
être sincère. Il s'agit en effet d'une convention dans
le genre de celle qu'ont entre elles stipulée les puis-
sances dans le traité des détroits, et comme l'Angle-
terre elle-même en a conclu spécialement une autre
avec les Etats-Unis pour l'isthme de Panama. Il s'a-
git de donner une garantie et une force de plus au statu
quo oriental et à l'intégrité de la Turquie ; il s'agit d'as-
surer le maintien de l'état des choses en Egypte, de la
mettre à l'abri de toute ambition personnelle ; il s'agit
aussi d'une satisfaction à donner à la France et à l'Eu-
rope, et dans les termes d'intimité où sont aujourd'hui
les cabinets de Londres et de Paris, il n'est pas possible
que la négociation ne soit résolue conformément aux
intérêts du monde et aux vœux de la civilisation.
Ajoutons que jusqu'au dernier prétexte d'une ob-
jection a été enlevé à l'opposition anglaise par la
généreuse idée du vice-roi offrant, pour vaincre tous
les soupçons et tous les scrupules, de recevoir dans
l'isthme une garnison turque.
Ajoutons de plus que les membres du cabinet an-
glais, dont l'influence déjà si considérable a encore
grandi dans les derniers débats, lord John Russel,
M. Gladstone et M. Milner Gibson, sont engagés par
leurs discours et leurs précédents à l'issue heureuse
de la négociation.
Ajoutons, enfin, que ce grand intérêt de la civili-
sation est sous l'égide d'un patronage puissant et
ferme qui sait achever ce qu'il a commencé.
Ainsi la Compagnie est en pleine marche vers son
avenir : elle a pour elle le concours et les sympathies
des gouvernements et des peuples: la protection
éprouvée de l'Empereur des Français ; la reconnais-
sance, plusieurs fois répétée, de son utilité par la
Turquie ; la négociation sollicitée par cette puissance
pour hàter le dénoûment final, et en outre les preu-
ves, les faits, les arguments les plus capables de
rendre insoutenables dans une discussion les motifs
sur lesquels s'appuyait la seule opposition qu'elle
ait rencontrée. Elle a surmonté tous les obstacles
qu'on a voulu semer sur ses pas; elle a vécu; elle a
agi ; elle n'a cessé de progresser ; elle est arrivée à ce
point que dans la presse anglaise elle-même il est
déclaré que son entreprise a pris ce degré de puis-
sance et de crédit public qui n'a pas d'autre terme
que l'exécution.
La Compagnie a marché, avons nous dit ; c'est ici
que vient naturellement se placer la question de tra-
vaux.
Nous répétons tout d'abord que la Compagnie s'est
tenue dans le cercle qui lui était tracé, dans les limi-
tion préparatoire, motivée, imposée par l'obstination
avec laquelle on prétendait faire prévaloir devant
les conseils de la Porte l'opinion non désintéressée
d'un seul entrepreneur anglais contre les avis, les
convictions, les études des ingénieurs les plus consi-
dérables et de tous les corps savants du continent ?
Que risquait l'opposition à accepter l'épreuve?
Elle n'en faisait pas les frais. De sa résistance n'a-
ton pas le droit de conclure qu'elle en redoutait la
réussite ; tous les risques, au contraire, étaient du
côté des promoteurs de l'entreprise. On les accusait
d'avoir ébloui la crédulité publique par une bulle de
savon ; on leur imputait de n'avoir envisagé dans le
projet qu'une spéculation malhonnête Pourquoi donc
ne pas les prendre au mot? ne se livraient-ils pas
eux-mêmes? Il n'y avait qu'à leur laisser tenter
l'épreuve, ils venaient eux-mêmes hâter le dénoÙ-
ment de leur fourberie, et après leur échec, relati-
vement peu coûteux, la probité britannique avait la
satisfaction de les démasquer et d'exonérer de tous
leurs engagements ces actionnaires auxquels elle
porte une si tendre sollicitude.
Quoi qu'il en soit, l'opposition s'est prise dans son
propre piège : l'incident par lequel elle croyait por-
ter un coup mortel à l'entreprise, lui a donné un nou-
veau ressort ; la constitution fiuancière de la Compa-
gnie ne pouvait permettre au gouvernement de l'Em-
pereur de s'abstenir dans une question où se trou-
vaient en jeu de si grands et si nombreux, intérêts
français, et du jour où sa haute influence est inter-
venue, on peut dire que la question est entrée dans sa
phase d'entente générale et d'aboutissement.
La question telle qu'elle se présente dès à présent
aux yeux des actionnaires, sans parler du progrès
qu'elle peut et doit faire prochainement, peut se ré-
sumer en ces quelques mots :
Le côté technique ;
Le côté politique ;
La nature et l'avenir des travaux.
Pour le côté technique, nous ne voyons point
quelles difficultés sérieuses pourraient être suscitées.
Les objections pratiques faites au projet ne suppor-
tent point la discussion. D'ailleurs le gouvernement
anglais ne peut point s'ériger en tuteur des bourses
continentales ; et s'il veut persévérer dans son opinion
solitaire sur l'impossibilité du canal, la réponse est
toute prête : il ne peut point imposer arbitrairement
sa conviction aux convictions contraires, et entre elles
et lui il ne peut se refuser à accepter l'arbitrage d'une
expérience.
Pour le côté politique, la dernière note du gouver-
nement turc l'a singulièrement désarmé d'un de ses
principaux arguments. C'était en effet au nom de
l'intégrité de l'empire ottoman qu'il motivait surtout
sa résistance ; ce prétexte lui échappe du moment
que la Turquie déclare qu'elle est prête à donner son
autorisation si les puissances s'entendent sur les ga-
ranties politiques qu'elle a le droit de réclamer pour
l'indépendance de son territoire et la neutralité de
cette route Lavigablr.
Sur ce dernier point la négociation est facile si,
comme nous n'en doutons point, l'Angleterre y veut
être sincère. Il s'agit en effet d'une convention dans
le genre de celle qu'ont entre elles stipulée les puis-
sances dans le traité des détroits, et comme l'Angle-
terre elle-même en a conclu spécialement une autre
avec les Etats-Unis pour l'isthme de Panama. Il s'a-
git de donner une garantie et une force de plus au statu
quo oriental et à l'intégrité de la Turquie ; il s'agit d'as-
surer le maintien de l'état des choses en Egypte, de la
mettre à l'abri de toute ambition personnelle ; il s'agit
aussi d'une satisfaction à donner à la France et à l'Eu-
rope, et dans les termes d'intimité où sont aujourd'hui
les cabinets de Londres et de Paris, il n'est pas possible
que la négociation ne soit résolue conformément aux
intérêts du monde et aux vœux de la civilisation.
Ajoutons que jusqu'au dernier prétexte d'une ob-
jection a été enlevé à l'opposition anglaise par la
généreuse idée du vice-roi offrant, pour vaincre tous
les soupçons et tous les scrupules, de recevoir dans
l'isthme une garnison turque.
Ajoutons de plus que les membres du cabinet an-
glais, dont l'influence déjà si considérable a encore
grandi dans les derniers débats, lord John Russel,
M. Gladstone et M. Milner Gibson, sont engagés par
leurs discours et leurs précédents à l'issue heureuse
de la négociation.
Ajoutons, enfin, que ce grand intérêt de la civili-
sation est sous l'égide d'un patronage puissant et
ferme qui sait achever ce qu'il a commencé.
Ainsi la Compagnie est en pleine marche vers son
avenir : elle a pour elle le concours et les sympathies
des gouvernements et des peuples: la protection
éprouvée de l'Empereur des Français ; la reconnais-
sance, plusieurs fois répétée, de son utilité par la
Turquie ; la négociation sollicitée par cette puissance
pour hàter le dénoûment final, et en outre les preu-
ves, les faits, les arguments les plus capables de
rendre insoutenables dans une discussion les motifs
sur lesquels s'appuyait la seule opposition qu'elle
ait rencontrée. Elle a surmonté tous les obstacles
qu'on a voulu semer sur ses pas; elle a vécu; elle a
agi ; elle n'a cessé de progresser ; elle est arrivée à ce
point que dans la presse anglaise elle-même il est
déclaré que son entreprise a pris ce degré de puis-
sance et de crédit public qui n'a pas d'autre terme
que l'exécution.
La Compagnie a marché, avons nous dit ; c'est ici
que vient naturellement se placer la question de tra-
vaux.
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