Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-02-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 février 1860 15 février 1860
Description : 1860/02/15 (A5,N88). 1860/02/15 (A5,N88).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529954d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
50 L'ISTHME DE SUEZ,
objectent qu'il ne fera pas ses frais ; on leur répond
par la confiance des capitalistes associés à l'affaire,
par le fonds social réalisé, et enfin par cette consi-
dération péremptoire que quiconque est de leur avis,
soit en Angleterre, soit ailleurs, est parfaitement
libre de ne pas engager son argent dans l'opération.
On ne leur demande que de laisser faire ceux qui
veulent faire et qui sont convaincus qu'ils font bien.
On ajoute toutefois que la question est politique,
qu'elle peut menacer l'intégrité de l'empire ottoman
et relâcher ou rompre les liens rattachant l'Egypte à
la Turquie.
On a répondu :
Que l'exécution du canal, au contraire, était une
garantie de plus pour le maintien du statu quo en
Orient ; qu'il donnait à la Turquie la garde d'un
autre Bosphore dont l'Europe était intéressée à lui
conserver la possession et la neutralité par des motifs
encore plus puissants que pour le détroit des Darda-
nelles ; que la concession elle-même était basée sur
ces principes, et qu'enfin il avait été toujours compris
et stipulé, et par le vice-roi concédant et par la
Compagnie concessionnaire, que les puissances in-
terviendraient pour maintenir le passage dans toutes
ses conditions de liberté et d'usage commun en le
plaçant sous la protection d'un droit public analogue
à celui qui assure à la Porte la souveraineté du Bos-
phore de Thrace, avec la sûreté et la liberté d'y na-
viguer pour tous les pavillons commerciaux.
A ces réponses, l'opposition anglaise n'a jamais
rien trouvé à répliquer ; dès qu'on la suit sur le ter-
rain de sa propre discussion, elle le déserte ou le dé-
place. C'est ainsi qu'en désespoir de cause un journal
semi-officiel effrayait la presse et l'opinion à Londres
d'un récit tout fantastique : la Compagnie s'était fait
attribuer un droit de souveraineté sur le territoire de
l'isthme ; la Compagnie avait le droit de se fortifier
sur la ligne du canal, et par là elle se ménageait
les moyens d'ouvrir les portes de l'Egypte à son com-
plice le gouvernement français. L'auteur de cette
fable ne peut s'en excuser qu'en confessant qu'il n'a
jamais lu l'acte de concession, et il nous a suffi de
citer cet acte lui-même pour réduire au néant ces
nouvelles et malveillantes fictions.
Cependant, déconcertée sur tous les points, réfutée
dans tous ses arguments, cette opposition n'en a pas
moins persisté, et de cette ténacité, les hommes po-
litiques dont nous parlions tout à l'heure ont conclu
que les raisons apparentes n'étaient point les raisons
réelles de sa conduite. Pourquoi d'ailleurs ne le di-
rions-nous pas? c'est une opinion très-répandue en
Europe que cette opposition n'exprime point sa véri-
table pensée, et que, tandis qu'elle prend pour pré-
texte l'intégrité de l'empire ottoman et le maintien
des rapports réglés par les traités entre l'Egypte et
là Porte, elle verrait, au contraire, dans l'exécution
du canal de Suez , un obstacle radical aux projets
d'annexion ou de conquête que les traditions du Fo-
reign Office nourriraient sur l'Egypte.
Jusqu'ici les journaux anglais s'étaient énergique-
ment défendus contre de semblables arrière-pensées.
Nous le comprenons : quand même elles eussent
existé, elles n'étaient pas avouables; mais voici qu'une
feuille de Londres, The Critic, vient donner à ces hy-
pothèses une sorte de consistance.
Nos lecteurs trouveront plus bas, et nous recom-
mandons à leur attention l'article que nous venons
de leur signaler en peu de mots : rendons hommage
à l'écrivain, il a du moins le courage de la franchise;
avec lui tout est clair, et les situations deviennent
parfaitement tranchées.
Cette discussion se divise en deux parties : Est-il
vrai que le percement de l'isthme soit impossible?
S'il peut et s'il doit être fait, quelle doit être la con-
duite de l'Angleterre dans la question ?
Sur le premier point, le journaliste n'hésite pas à
déclarer que l'exécution du canal est aussi facile
qu'avantageuse au commerce et à la civilisation, et
se range du côté des ingénieurs unanimes du conti-
nent contre l'opinion solitaire de M. Stephenson, qui
n'avait, dit il, que fort peu de connaissances en hy-
draulique. Il rappelle même que, tandis que M. Ste-
phenson déclare le canal impossible par l'effet de
l'existence du niveau entre les deux mers, on.avait
autrefois renoncé à poursuivre le canal parce qu'on
croyait à une différence de niveau entre la mer Rouge
et la Méditerranée. Ainsi les anciens auraient aban-
donné le projet parce que le niveau n'aurait pas existé,
et les modernes l'abandonneraient parce que le niveau
existerait.
Avec ce double argument, il est impossible à l'œuvre
d'échapper à sa condamnation. Mais notre confrère au-
rait pu ajouter que M. Stephenson jugeait qu'un
grand courant était indispensable de la mer Rouge sur
la Méditerranée pour nettoyer et repousser le limon
du Nil, qui devait obstruer l'embouchure du canal du
côté de Péluse, tandis qu'il est désormais matériel-
lement prouvé que cette côte est entièrement libre et
pure de ces limons.
Le Critic rappelle enfin qu'un canal maritime dj
communication a été ouvert et entretenu plusieurs
fois entre la Méditerranée et la mer Rouge, dans
les siècles les plus reculés, et il ajoute avec toute
raison que l'entreprise achevée par les anciens, avec
leurs ressources très-inférieures aux nôtres, est bien
plus facile et bien plus infaillible aujourd'hui avec
les progrès de la science et les puissants moyens mis
à sa disposition par les découvertes de la mécanique.
La conclusion de notre confrère est, en conséquence,
que l'opposition anglaise a manqué à la fois de sa-
gesse, de patriotisme et de dignité ; que l'entreprise
est mûre aujourd'hui, enracinée dans les esprits, et
objectent qu'il ne fera pas ses frais ; on leur répond
par la confiance des capitalistes associés à l'affaire,
par le fonds social réalisé, et enfin par cette consi-
dération péremptoire que quiconque est de leur avis,
soit en Angleterre, soit ailleurs, est parfaitement
libre de ne pas engager son argent dans l'opération.
On ne leur demande que de laisser faire ceux qui
veulent faire et qui sont convaincus qu'ils font bien.
On ajoute toutefois que la question est politique,
qu'elle peut menacer l'intégrité de l'empire ottoman
et relâcher ou rompre les liens rattachant l'Egypte à
la Turquie.
On a répondu :
Que l'exécution du canal, au contraire, était une
garantie de plus pour le maintien du statu quo en
Orient ; qu'il donnait à la Turquie la garde d'un
autre Bosphore dont l'Europe était intéressée à lui
conserver la possession et la neutralité par des motifs
encore plus puissants que pour le détroit des Darda-
nelles ; que la concession elle-même était basée sur
ces principes, et qu'enfin il avait été toujours compris
et stipulé, et par le vice-roi concédant et par la
Compagnie concessionnaire, que les puissances in-
terviendraient pour maintenir le passage dans toutes
ses conditions de liberté et d'usage commun en le
plaçant sous la protection d'un droit public analogue
à celui qui assure à la Porte la souveraineté du Bos-
phore de Thrace, avec la sûreté et la liberté d'y na-
viguer pour tous les pavillons commerciaux.
A ces réponses, l'opposition anglaise n'a jamais
rien trouvé à répliquer ; dès qu'on la suit sur le ter-
rain de sa propre discussion, elle le déserte ou le dé-
place. C'est ainsi qu'en désespoir de cause un journal
semi-officiel effrayait la presse et l'opinion à Londres
d'un récit tout fantastique : la Compagnie s'était fait
attribuer un droit de souveraineté sur le territoire de
l'isthme ; la Compagnie avait le droit de se fortifier
sur la ligne du canal, et par là elle se ménageait
les moyens d'ouvrir les portes de l'Egypte à son com-
plice le gouvernement français. L'auteur de cette
fable ne peut s'en excuser qu'en confessant qu'il n'a
jamais lu l'acte de concession, et il nous a suffi de
citer cet acte lui-même pour réduire au néant ces
nouvelles et malveillantes fictions.
Cependant, déconcertée sur tous les points, réfutée
dans tous ses arguments, cette opposition n'en a pas
moins persisté, et de cette ténacité, les hommes po-
litiques dont nous parlions tout à l'heure ont conclu
que les raisons apparentes n'étaient point les raisons
réelles de sa conduite. Pourquoi d'ailleurs ne le di-
rions-nous pas? c'est une opinion très-répandue en
Europe que cette opposition n'exprime point sa véri-
table pensée, et que, tandis qu'elle prend pour pré-
texte l'intégrité de l'empire ottoman et le maintien
des rapports réglés par les traités entre l'Egypte et
là Porte, elle verrait, au contraire, dans l'exécution
du canal de Suez , un obstacle radical aux projets
d'annexion ou de conquête que les traditions du Fo-
reign Office nourriraient sur l'Egypte.
Jusqu'ici les journaux anglais s'étaient énergique-
ment défendus contre de semblables arrière-pensées.
Nous le comprenons : quand même elles eussent
existé, elles n'étaient pas avouables; mais voici qu'une
feuille de Londres, The Critic, vient donner à ces hy-
pothèses une sorte de consistance.
Nos lecteurs trouveront plus bas, et nous recom-
mandons à leur attention l'article que nous venons
de leur signaler en peu de mots : rendons hommage
à l'écrivain, il a du moins le courage de la franchise;
avec lui tout est clair, et les situations deviennent
parfaitement tranchées.
Cette discussion se divise en deux parties : Est-il
vrai que le percement de l'isthme soit impossible?
S'il peut et s'il doit être fait, quelle doit être la con-
duite de l'Angleterre dans la question ?
Sur le premier point, le journaliste n'hésite pas à
déclarer que l'exécution du canal est aussi facile
qu'avantageuse au commerce et à la civilisation, et
se range du côté des ingénieurs unanimes du conti-
nent contre l'opinion solitaire de M. Stephenson, qui
n'avait, dit il, que fort peu de connaissances en hy-
draulique. Il rappelle même que, tandis que M. Ste-
phenson déclare le canal impossible par l'effet de
l'existence du niveau entre les deux mers, on.avait
autrefois renoncé à poursuivre le canal parce qu'on
croyait à une différence de niveau entre la mer Rouge
et la Méditerranée. Ainsi les anciens auraient aban-
donné le projet parce que le niveau n'aurait pas existé,
et les modernes l'abandonneraient parce que le niveau
existerait.
Avec ce double argument, il est impossible à l'œuvre
d'échapper à sa condamnation. Mais notre confrère au-
rait pu ajouter que M. Stephenson jugeait qu'un
grand courant était indispensable de la mer Rouge sur
la Méditerranée pour nettoyer et repousser le limon
du Nil, qui devait obstruer l'embouchure du canal du
côté de Péluse, tandis qu'il est désormais matériel-
lement prouvé que cette côte est entièrement libre et
pure de ces limons.
Le Critic rappelle enfin qu'un canal maritime dj
communication a été ouvert et entretenu plusieurs
fois entre la Méditerranée et la mer Rouge, dans
les siècles les plus reculés, et il ajoute avec toute
raison que l'entreprise achevée par les anciens, avec
leurs ressources très-inférieures aux nôtres, est bien
plus facile et bien plus infaillible aujourd'hui avec
les progrès de la science et les puissants moyens mis
à sa disposition par les découvertes de la mécanique.
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que l'opposition anglaise a manqué à la fois de sa-
gesse, de patriotisme et de dignité ; que l'entreprise
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