Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-02-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 février 1860 01 février 1860
Description : 1860/02/01 (A5,N87). 1860/02/01 (A5,N87).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65299530
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 41
pourquoi la France serait-elle soupçonnée de désirer
l'accomplir ?
C'est fort gratuitement et très-faussement que les
journaux anglais prétendent que la politique française
a toujours tendu à la séparation de l'Egypte et de la
Turquie. Ils citent, par exemple, ce qui s'est passé en
1840, pour prouver que la France poussait à cette épo-
que le vice-roi d'Egypte à se rendre indépendant de la
Porte. C'est une erreur. La France avait obtenu du
vice-roi qu'il arrêtât la marche de son armée sur Cons-
tantinople, et, à cette condition, il avait été convenu
qu'il conserverait la Syrie. Plus tard on a voulu lui
enlever ce territoire. Le gouvernement français a cher-
ché à l'y maintenir, par respect pour la promesse qui
lui avait été faite ; mais l'entremise de la France n'a
pas eu pour objet de le rendre indépendant de ses liens
de vasselage envers le sultan ; elle n'y avait aucun in-
térêt.
La constante politique de la France depuis cinquante
ans a consisté à favoriser l'Egypte dans le développe-
ment de ses ressources et dans la voie de progrès et de.
civilisation où un homme de génie l'avait fait entrer ;
c'est à ses seuls efforts qu'est due l'heureuse stipula-
tion de l'hérédité du gouvernement de l'Egypte dans la
descendance de Méhémet-Ali, disposition qui n'aurait
certainement pas été provoquée par une puissance qui
aurait voulu affaiblir une partie de l'empire ottoman,
exposée alors, par l'anarchie et le désordre qui la mena-
çaient, à devenir la proie du premier occupant.
En effet, il n'est pas dans l'intérêt de la France que
les territoires riverains de la Méditerranée soient mor-
celés de manière à tomber dans un état de faiblesse et
d'isolement, car ils deviendraient alors trop accessibles
à l'influence de la politique qui aspire au commande-
ment de la mer. L'Égypte détachée de l'empire otto-
man serait sans défense contre la suprématie de la
première puissance maritime. Il en serait de même de
la Sicile, par exemple. La France n'a pas plus d'inté-
rêt à séparer la Sicile de l'Italie que l'Égypte de la
Turquie. Tout le bénéfice de cette séparation serait évi-
demment pour la Grande-Bretagne.
Et, d'ailleurs, il est facile de prouver que le canal de
Suez empêchera précisément l'établissement de toute
influence exclusive et par conséquent de celle que les
journaux anglais accusent la France d'ambitionner.
L'ouverture du canal de Suez va créer entre la Médi-
terranée et la mer Rouge quelque chose d'analogue à
ce que la nature a formé entre la Méditerranée et le
Pont-Euxin : un détroit.
Or, c'est l'existence du droit des Dardanelles, c'est le
règlement international auquel il a donné lieu, qui a
sauvé la Turquie malgré la supériorité de la puissance
à laquelle elle avait résisté. L'intérêt commun de toutes
les nations à sauvegarder la liberté de la navigation
commerciale dans le détroit des Dardanelles, défend
l'indépendance de la Turquie, assure la liberté et l'inté-
grité de son territoire.
11 en sera de même pour l'Egypte. Le canal de Suez
est un détroit qui sera placé sous la protection inévi-
table de tous les intérêts qu'il aura créés. Toutes les
puissances seront nécessairement jalouses d'y maintenir
les droits de leur navigation et de leur commerce. Ces
droits, après avoir été réglés par des conventions spé-
ciales qui, comme celles des détroits, seront comptées
au nombre des règles du droit des gens, garantiront
pour l'avenir l'Egypte contre l'établissement de toute
influence extérieure exclusive, à plus forte raison
contre toute occupation et toute domination étran-
gère.
Les Etats musulmans de la Méditerranée ne peuvent
désormais se soustraire au mouvement de la civilisation
et des lumières supérieures de l'Europe. L'unique moyen
pour eux d'échapper à l'action d'une seule puissance,
c'est de les intéresser toutes à la conservation de l'em-
pire, de telle sorte qu'elles se fassent contre-poids, et
qu'elles neutralisent les effets des politiques trop ambi-
tieuses et trop portées aux empiétements.
On le voit : d'après ces considérations, la France ne
soutiendrait pas lps promoteurs du percement de l'is-
thme de Suez, si elle entretenait le projet qu'on lui
prête de vouloir exercer en Egypte une prépondérance
quelconque. Si elle y aspirait réellement, c'est une voie
tout opposée qu'elle devrait suivre ; et les journaux
anglais, pour être conséquents avec eux-mêmes, devraient
favoriser de tout leur pouvoir l'exécution du canal pro-
jeté, s'ils veulent sincèrement que l'Egypte soit sous-
traite à toute influence prédominante et reste unie à
l'empire ottoman.
Examinons maintenant quels pourraient être les prin-
cipaux traits de cette addition nouvelle aux conventions
des détroits que la France propose, que la Compagnie
sollicite, et dont l'Angleterre doit nécessairement adop-
ter le principe, si son opposition n'est réellement dé-
terminée que par le désir de préserver l'Egypte de
toute ingérence extérieure et de maintenir l'intégri té
de la Turquie.
Il nous semble qu'on pourrait admettre, comme base
de la convention dont nous parlons, les propositions
suivantes :
1° On proclamerait la neutralité complète du grand
canal maritime de Suez à Péluse, et la liberté du passage
pour tout navire de commerce, quelle que soit sa na-
tionalité, moyennant le paiement de droits qui seraient
les mêmes pour tous.
Cette neutralité est déjà consacrée en principe dans
l'acte de concession donné par le vice-roi d'Egypte;
mais cet acte de concession n'engageant que le vice-
roi et la Compagnie, il serait nécessaire d'en faire l'ob-
jet d'un accord entre les puissances.
2° Il serait interdit aux bâtiments de guerre de passer
par le canal de Suez, à moins d'une autorisation spé-
ciale du gouvernement local.
3° Il serait formellement interdit à la Compagnie
d'ériger aucun ouvrage de défense ni aucune fortifica-
tion, soit a l'entrée, soit le long des rives du canal, soit
sur les terrains dont elle possède la jouissance dans
l'isthme; elle ne pourrait non plus fonder des colonies
de cultivateurs qui ne seraient point sujets du gouver-
nement local.
4° Les navires passant par le canal ne pourraient
débarquer des troupes dans l'is fe' t en cas
de maladies, d'avaries, de Sillistie hy-
pourquoi la France serait-elle soupçonnée de désirer
l'accomplir ?
C'est fort gratuitement et très-faussement que les
journaux anglais prétendent que la politique française
a toujours tendu à la séparation de l'Egypte et de la
Turquie. Ils citent, par exemple, ce qui s'est passé en
1840, pour prouver que la France poussait à cette épo-
que le vice-roi d'Egypte à se rendre indépendant de la
Porte. C'est une erreur. La France avait obtenu du
vice-roi qu'il arrêtât la marche de son armée sur Cons-
tantinople, et, à cette condition, il avait été convenu
qu'il conserverait la Syrie. Plus tard on a voulu lui
enlever ce territoire. Le gouvernement français a cher-
ché à l'y maintenir, par respect pour la promesse qui
lui avait été faite ; mais l'entremise de la France n'a
pas eu pour objet de le rendre indépendant de ses liens
de vasselage envers le sultan ; elle n'y avait aucun in-
térêt.
La constante politique de la France depuis cinquante
ans a consisté à favoriser l'Egypte dans le développe-
ment de ses ressources et dans la voie de progrès et de.
civilisation où un homme de génie l'avait fait entrer ;
c'est à ses seuls efforts qu'est due l'heureuse stipula-
tion de l'hérédité du gouvernement de l'Egypte dans la
descendance de Méhémet-Ali, disposition qui n'aurait
certainement pas été provoquée par une puissance qui
aurait voulu affaiblir une partie de l'empire ottoman,
exposée alors, par l'anarchie et le désordre qui la mena-
çaient, à devenir la proie du premier occupant.
En effet, il n'est pas dans l'intérêt de la France que
les territoires riverains de la Méditerranée soient mor-
celés de manière à tomber dans un état de faiblesse et
d'isolement, car ils deviendraient alors trop accessibles
à l'influence de la politique qui aspire au commande-
ment de la mer. L'Égypte détachée de l'empire otto-
man serait sans défense contre la suprématie de la
première puissance maritime. Il en serait de même de
la Sicile, par exemple. La France n'a pas plus d'inté-
rêt à séparer la Sicile de l'Italie que l'Égypte de la
Turquie. Tout le bénéfice de cette séparation serait évi-
demment pour la Grande-Bretagne.
Et, d'ailleurs, il est facile de prouver que le canal de
Suez empêchera précisément l'établissement de toute
influence exclusive et par conséquent de celle que les
journaux anglais accusent la France d'ambitionner.
L'ouverture du canal de Suez va créer entre la Médi-
terranée et la mer Rouge quelque chose d'analogue à
ce que la nature a formé entre la Méditerranée et le
Pont-Euxin : un détroit.
Or, c'est l'existence du droit des Dardanelles, c'est le
règlement international auquel il a donné lieu, qui a
sauvé la Turquie malgré la supériorité de la puissance
à laquelle elle avait résisté. L'intérêt commun de toutes
les nations à sauvegarder la liberté de la navigation
commerciale dans le détroit des Dardanelles, défend
l'indépendance de la Turquie, assure la liberté et l'inté-
grité de son territoire.
11 en sera de même pour l'Egypte. Le canal de Suez
est un détroit qui sera placé sous la protection inévi-
table de tous les intérêts qu'il aura créés. Toutes les
puissances seront nécessairement jalouses d'y maintenir
les droits de leur navigation et de leur commerce. Ces
droits, après avoir été réglés par des conventions spé-
ciales qui, comme celles des détroits, seront comptées
au nombre des règles du droit des gens, garantiront
pour l'avenir l'Egypte contre l'établissement de toute
influence extérieure exclusive, à plus forte raison
contre toute occupation et toute domination étran-
gère.
Les Etats musulmans de la Méditerranée ne peuvent
désormais se soustraire au mouvement de la civilisation
et des lumières supérieures de l'Europe. L'unique moyen
pour eux d'échapper à l'action d'une seule puissance,
c'est de les intéresser toutes à la conservation de l'em-
pire, de telle sorte qu'elles se fassent contre-poids, et
qu'elles neutralisent les effets des politiques trop ambi-
tieuses et trop portées aux empiétements.
On le voit : d'après ces considérations, la France ne
soutiendrait pas lps promoteurs du percement de l'is-
thme de Suez, si elle entretenait le projet qu'on lui
prête de vouloir exercer en Egypte une prépondérance
quelconque. Si elle y aspirait réellement, c'est une voie
tout opposée qu'elle devrait suivre ; et les journaux
anglais, pour être conséquents avec eux-mêmes, devraient
favoriser de tout leur pouvoir l'exécution du canal pro-
jeté, s'ils veulent sincèrement que l'Egypte soit sous-
traite à toute influence prédominante et reste unie à
l'empire ottoman.
Examinons maintenant quels pourraient être les prin-
cipaux traits de cette addition nouvelle aux conventions
des détroits que la France propose, que la Compagnie
sollicite, et dont l'Angleterre doit nécessairement adop-
ter le principe, si son opposition n'est réellement dé-
terminée que par le désir de préserver l'Egypte de
toute ingérence extérieure et de maintenir l'intégri té
de la Turquie.
Il nous semble qu'on pourrait admettre, comme base
de la convention dont nous parlons, les propositions
suivantes :
1° On proclamerait la neutralité complète du grand
canal maritime de Suez à Péluse, et la liberté du passage
pour tout navire de commerce, quelle que soit sa na-
tionalité, moyennant le paiement de droits qui seraient
les mêmes pour tous.
Cette neutralité est déjà consacrée en principe dans
l'acte de concession donné par le vice-roi d'Egypte;
mais cet acte de concession n'engageant que le vice-
roi et la Compagnie, il serait nécessaire d'en faire l'ob-
jet d'un accord entre les puissances.
2° Il serait interdit aux bâtiments de guerre de passer
par le canal de Suez, à moins d'une autorisation spé-
ciale du gouvernement local.
3° Il serait formellement interdit à la Compagnie
d'ériger aucun ouvrage de défense ni aucune fortifica-
tion, soit a l'entrée, soit le long des rives du canal, soit
sur les terrains dont elle possède la jouissance dans
l'isthme; elle ne pourrait non plus fonder des colonies
de cultivateurs qui ne seraient point sujets du gouver-
nement local.
4° Les navires passant par le canal ne pourraient
débarquer des troupes dans l'is fe' t en cas
de maladies, d'avaries, de Sillistie hy-
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