Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-02-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 février 1860 01 février 1860
Description : 1860/02/01 (A5,N87). 1860/02/01 (A5,N87).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65299530
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 35
Il voltes comme celles qui viennent d'avoir lieu der-
» nièrement. »
Dans mes conférences avec Réchid Pacha, j'eus beau-
coup à me louer des dispositions qu'il me manifesta.
Plusieurs personnages de son intimité pourront certi-
fier qu'il se montrait décidé à faire connaître publique-
ment, au nom de son gouvernement, l'approbation déjà
annoncée dans sa lettre du 1er mars 1855, lorsque la
mort vint le surprendre.
Les négociations que j'avais commencées avec Réchid
Pacha continuèrent pendant quelques mois avec son
successeur, qui n'éleva jamais une objection contre la
concession du vice-roi ou contre les avantages que ce
projet promettait à la Turquie. Les ministres de la
Porte déclarèrent à plusieurs reprises à des membres
du corps diplomatique et à moi-même, qu'ils n'enten-
daient point faire d'opposition à l'exécution du canal de
Suez, en ce qui concernait les intérêts de l'empire otto-
man. L'ambassadeur d'une grande puissance m'écrivit
le 8 avril 1858 : « J'ai vu ce matin A'ali Pacha et Fuad
» Pacha; je les ai trouvés l'un et l'autre dans les mêmes
» dispositions, c'est-à-dire toujours favorables au canal
» et désireux d'établir publiquement que la Porte n'op-
» pose de son chef aucun obstacle à la réalisation de
» votre grande entreprise. Il
Cependant, malgré la bienveillance constante et la
bonne volonté personnelle du grand vizir, je reconnus
qu'il ne serait pas possible à la Porte de prendre d'elle-
même une résolution officielle, tant que l'opposition du
cabinet anglais continuerait à s'exercer sans le contre-
poids d'autres influences gouvernementales. Mes dé-
marches se bornèrent à maintenir et à constater les
bonnes dispositions du Divan, ce qui était essentiel pour
la poursuite de l'entreprise.
Lorsque lord Derby remplaça momentanément lord
Palmerston, la Porte espéra que le nouveau cabinet
anglais se montrerait plus conciliant; elle lui fit faire
des ouvertures par son ambassadeur à Londres, mais
le résultat ne répondit point à son attente. Des inter-
pellations eurent ensuite lieu à la Chambre des com-
munes en juin 1858. La motion dont voici la substance
fut présentée à l'assemblée :
« Suivant l'opinion de la Chambre, le pouvoir et l'in-
» fluence de l'Angleterre ne doivent point être em-
» ployés pour obliger le sultan à refuser son assenti-
» ment au projet d'un canal à travers l'isthme de
» Suez. »
Cette motion fut appuyée par des membres qui [font
aujourd'hui partie du ministère anglais. Il est surtout
important de rappeler les discours de M. Gladstone et
de lord John Russell. L'honorable chancelier actuel de
l'Echiquier qualifia la résistance du gouvernement de
« système d'intervention coupable et arbitraire, injus-
» tifiable et égoïste. Cette opposition, dit-il, est incon-
» venante, injuste, illégitime. Elle se fonde sur des
» moyens illégitimes, elle n'aurait jamais dû être
» élevée. Elle a été faite sans la sanction et sans l'ap-
» probation des Chambres. »
Citons sa conclusion :
« Je suis profondément convaincu que dans l'état où
» se trouve l'opinion générale sur ce sujet, non-seule-
» ment la politique adoptée est une fausse politique,
» mais qu'elle est diamétralement opposée aux plus
» simples principes de la prudence, et on peut dire
» aussi à la loyauté et à la bienveillance nécessaires
entre des nations amies. Voilà ce que produit la ten-
» dance à s'isoler sur ces questions du monde civilisé,
» et cet effet certain ne fera qu'être de mieux en
» mieux senti chaque année par le peuple anglais,
» attendu que vous ne serez pas en mesure de main-
» tenir toujours cette politique. Si donc vous voulez
» abandonner ce fâcheux système, le plus tôt sera le
» mieux. En tout cas et pour ma part je n'aurai pas la
» moindre hésitation à donner mon vote à la motion,
Il parce que je trouve que le principe qu'elle nous in-
» vite à soutenir est à la fois sage et indispensable
pour la solution de ces difficultés, et que, dans le cas
» particulier qui nous est soumis, ce principe se trouve
» intimement lié aux intérêts de mon pays et aux in.
» térêts des autres peuples de l'Europe.. (Applaudis-
sements.)
Lord John Russell, le chef actuel du Foreign-Office,
s'est exprimé ainsi :
« Je ne puis pas concevoir qu'une nouvelle facilité
du commerce, que l'exécution d'une grande route
» entre les différentes parties du monde puisse être
» dommageable à l'Angleterre. Si l'on m'objecte que
» de certains ports de France et d'autres contrées con-
Il tinentales sont plus près de l'Egypte que l'Angleterre,
» et qu'ils auront de grands avantages commerciaux
par l'établissement du canal, je réponds que notre
» principe c'est de rendre le commerce aussi libre que
» possible. (Bien I bien 1) C'est notre politique depuis ces
» dernières années : c'est une politique juste et géné-
» reuse. Mais je crois en même temps que c'est la po-
» litique la plus utile à notre pays de nous résigner
» nous-mêmes à la concurrence qui doit accroître le
» commerce du globe, et j'ai la pleine confiance que
» l'Angleterre n'aura pas le moins du monde à souffrir
» de cette concurrence. (Bien 1 bien !) Si des denrées de
» quelque genre que ce soit peuvent être exportées par
la France, la Suisse et l'Italie, et peuvent être don-
» nées dans l'Inde aux sujets de la reine à plus bas
» prix que les denrées anglaises de même qualité ou
» de qualité inférieure, de quel droit le pouvoir exécutif
» en Angleterre viendrait-il priver les sujets de la reine
Il des avantages qui pourraient leur être offerts de
Il cette façon ?. »
En terminant le noble lord ajoutait :
« J'apprécie très-haut la force de l'argument qu'a
» développé le très-honorable représentant de l'univer-
n site d'Oxford (M. Gladstone). L'opposition faite à ce
» projet ^est de nature à entretenir l'opinion trop ré.
» pandue sur le continent de l'Europe que, poussés par
» nos intérêts égoïstes et notre jalousie commerciale,
» nous sommes prêts à sacrifier ou à entraver le com-
» merce de toutes les autres nations. Je crois que cette
» accusation n'est pas juste, mais je ne voudrais pas
Il qu'elle pût le devenir, et j'ai la confiance que la
» Chambre adoptera la motion de l'honorable et docte
o membre (M. Rœbuck) ; et, en l'adoptant, nous mon-
» trerons que, pour ce sujet du moins, nous sommes
» prêts à nous entendre avec le reste du monde, e
Il voltes comme celles qui viennent d'avoir lieu der-
» nièrement. »
Dans mes conférences avec Réchid Pacha, j'eus beau-
coup à me louer des dispositions qu'il me manifesta.
Plusieurs personnages de son intimité pourront certi-
fier qu'il se montrait décidé à faire connaître publique-
ment, au nom de son gouvernement, l'approbation déjà
annoncée dans sa lettre du 1er mars 1855, lorsque la
mort vint le surprendre.
Les négociations que j'avais commencées avec Réchid
Pacha continuèrent pendant quelques mois avec son
successeur, qui n'éleva jamais une objection contre la
concession du vice-roi ou contre les avantages que ce
projet promettait à la Turquie. Les ministres de la
Porte déclarèrent à plusieurs reprises à des membres
du corps diplomatique et à moi-même, qu'ils n'enten-
daient point faire d'opposition à l'exécution du canal de
Suez, en ce qui concernait les intérêts de l'empire otto-
man. L'ambassadeur d'une grande puissance m'écrivit
le 8 avril 1858 : « J'ai vu ce matin A'ali Pacha et Fuad
» Pacha; je les ai trouvés l'un et l'autre dans les mêmes
» dispositions, c'est-à-dire toujours favorables au canal
» et désireux d'établir publiquement que la Porte n'op-
» pose de son chef aucun obstacle à la réalisation de
» votre grande entreprise. Il
Cependant, malgré la bienveillance constante et la
bonne volonté personnelle du grand vizir, je reconnus
qu'il ne serait pas possible à la Porte de prendre d'elle-
même une résolution officielle, tant que l'opposition du
cabinet anglais continuerait à s'exercer sans le contre-
poids d'autres influences gouvernementales. Mes dé-
marches se bornèrent à maintenir et à constater les
bonnes dispositions du Divan, ce qui était essentiel pour
la poursuite de l'entreprise.
Lorsque lord Derby remplaça momentanément lord
Palmerston, la Porte espéra que le nouveau cabinet
anglais se montrerait plus conciliant; elle lui fit faire
des ouvertures par son ambassadeur à Londres, mais
le résultat ne répondit point à son attente. Des inter-
pellations eurent ensuite lieu à la Chambre des com-
munes en juin 1858. La motion dont voici la substance
fut présentée à l'assemblée :
« Suivant l'opinion de la Chambre, le pouvoir et l'in-
» fluence de l'Angleterre ne doivent point être em-
» ployés pour obliger le sultan à refuser son assenti-
» ment au projet d'un canal à travers l'isthme de
» Suez. »
Cette motion fut appuyée par des membres qui [font
aujourd'hui partie du ministère anglais. Il est surtout
important de rappeler les discours de M. Gladstone et
de lord John Russell. L'honorable chancelier actuel de
l'Echiquier qualifia la résistance du gouvernement de
« système d'intervention coupable et arbitraire, injus-
» tifiable et égoïste. Cette opposition, dit-il, est incon-
» venante, injuste, illégitime. Elle se fonde sur des
» moyens illégitimes, elle n'aurait jamais dû être
» élevée. Elle a été faite sans la sanction et sans l'ap-
» probation des Chambres. »
Citons sa conclusion :
« Je suis profondément convaincu que dans l'état où
» se trouve l'opinion générale sur ce sujet, non-seule-
» ment la politique adoptée est une fausse politique,
» mais qu'elle est diamétralement opposée aux plus
» simples principes de la prudence, et on peut dire
» aussi à la loyauté et à la bienveillance nécessaires
entre des nations amies. Voilà ce que produit la ten-
» dance à s'isoler sur ces questions du monde civilisé,
» et cet effet certain ne fera qu'être de mieux en
» mieux senti chaque année par le peuple anglais,
» attendu que vous ne serez pas en mesure de main-
» tenir toujours cette politique. Si donc vous voulez
» abandonner ce fâcheux système, le plus tôt sera le
» mieux. En tout cas et pour ma part je n'aurai pas la
» moindre hésitation à donner mon vote à la motion,
Il parce que je trouve que le principe qu'elle nous in-
» vite à soutenir est à la fois sage et indispensable
pour la solution de ces difficultés, et que, dans le cas
» particulier qui nous est soumis, ce principe se trouve
» intimement lié aux intérêts de mon pays et aux in.
» térêts des autres peuples de l'Europe.. (Applaudis-
sements.)
Lord John Russell, le chef actuel du Foreign-Office,
s'est exprimé ainsi :
« Je ne puis pas concevoir qu'une nouvelle facilité
du commerce, que l'exécution d'une grande route
» entre les différentes parties du monde puisse être
» dommageable à l'Angleterre. Si l'on m'objecte que
» de certains ports de France et d'autres contrées con-
Il tinentales sont plus près de l'Egypte que l'Angleterre,
» et qu'ils auront de grands avantages commerciaux
par l'établissement du canal, je réponds que notre
» principe c'est de rendre le commerce aussi libre que
» possible. (Bien I bien 1) C'est notre politique depuis ces
» dernières années : c'est une politique juste et géné-
» reuse. Mais je crois en même temps que c'est la po-
» litique la plus utile à notre pays de nous résigner
» nous-mêmes à la concurrence qui doit accroître le
» commerce du globe, et j'ai la pleine confiance que
» l'Angleterre n'aura pas le moins du monde à souffrir
» de cette concurrence. (Bien 1 bien !) Si des denrées de
» quelque genre que ce soit peuvent être exportées par
la France, la Suisse et l'Italie, et peuvent être don-
» nées dans l'Inde aux sujets de la reine à plus bas
» prix que les denrées anglaises de même qualité ou
» de qualité inférieure, de quel droit le pouvoir exécutif
» en Angleterre viendrait-il priver les sujets de la reine
Il des avantages qui pourraient leur être offerts de
Il cette façon ?. »
En terminant le noble lord ajoutait :
« J'apprécie très-haut la force de l'argument qu'a
» développé le très-honorable représentant de l'univer-
n site d'Oxford (M. Gladstone). L'opposition faite à ce
» projet ^est de nature à entretenir l'opinion trop ré.
» pandue sur le continent de l'Europe que, poussés par
» nos intérêts égoïstes et notre jalousie commerciale,
» nous sommes prêts à sacrifier ou à entraver le com-
» merce de toutes les autres nations. Je crois que cette
» accusation n'est pas juste, mais je ne voudrais pas
Il qu'elle pût le devenir, et j'ai la confiance que la
» Chambre adoptera la motion de l'honorable et docte
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