Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-01-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 janvier 1860 15 janvier 1860
Description : 1860/01/15 (A5,N86). 1860/01/15 (A5,N86).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529952k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 19
Voici de quelle manière je fis connaître, le 8 mars
1855, à M. Benedetti, chargé d'affaires de France à
Constantinople, le résultat de la mission que j'avais
remplie auprès du grand vizir de la part du vice-
roi (1) :
« Réchid Pacha m'a autorisé à déclarer au vice-roi,
» ce qu'il lui a d'ailleurs confirmé par écrit, que son
» entreprise avait reçu l'accueil le plus favorable du
Il sultan et de ses conseillers, et que la question étant
» encore soumise au conseil des ministres dont l'avis
» ne semblait pas douteux, la résolution impériale lui
» serait notifiée plus tard.
» J'ai expliqué à Réchid Pacha que l'on ne pouvait
» pas dénaturer les articles de la concession égyptienne.
» Cette concession, dictée par le vice-roi lui-même,
» communiquée à tous les cabinets européens, discutée
» et déjà approuvée par le grand conseil du Caire, est
Il la base indispensable de l'exécution de l'entreprise. Le
» vice-roi se croit parfaitement en droit de ne pas la
» laisser altérer, si le principe de l'entreprise est re-
» connu comme étant utile à l'empire. Il ne veut pas
» non plus que l'on convertisse un acte de loyale défé.
Il rence envers son souverain en un précédent qui habi-
» tuerait la Porte à gêner l'action intérieure de son gou-
» vernement, et à entrer dans le détail de son admi-
» nistration, qui est heureusement à l'abri de l'in-
» fluence de l'esprit d'immobilité et des pressions étran-
» gères. 11 tient à continuer de donner des exemples
» salutaires, et à créer des ressources aussi essentielles
» à la prospérité de l'Egypte qu'aux intérêts bien en-
» tendus de l'empire ottoman. »
Peu de jours après mon départ de Constantinople, Kia-
mil Pacha, un des dignitaires de l'empire, fut chargé
d'écrire à son beau-frère, le vice-roi d'Egypte, pour lui
demander certaines explications provoquées par lord
Stratford de Redcliffe, et pour lui exprimer les craintes
sérieuses qu'inspirait à la Porte l'opposition du cabinet
anglais annoncée par l'ambassadeur d'Angleterre.
Les explications demandées portaient sur deux points :
1° Quelles garanties y aura-t-il lieu de réclamer de la
compagnie du canal des deux mers au sujet du passage
des bâtiments de guerre?
2o Les concessions de terrains à la Compagnie ne
sont-elles point contraires aux anciens usages et aux
principes établis par Mehemet Ali lui-même ?
Le vice-roi répondit sur la première question :
« Il n'y aura lieu de réclamer de la Compagnie con-
» cessionnaire du canal des deux mers aucune garan-
M tie concernant la souveraineté territoriale, qui restera
» intacte, en Turquie, lorsque des capitaux anonymes
» viendront s'engager, sous la protection des lois du
» pays, dans une entreprise de voie de communication
» au même titre que les capitaux nationaux ou étran-
» gers au moyen desquels s'exécutent depuis longtemps
» en Angleterre, en France, en Autriche, en Allemagne,
» des chemins de fer ou des canaux. Aucun de ces pays
» n'a jamais eu la pensée, en admettant des capitaux,
(1) J'avais également adressé à lord Stratfordj de Redcliffe une
longue lettre citée en entier dans le premier des quatre volumes que
j'ai successivement publiés sur le percement de l'isthme de Suez
(page 215 à 222).
de traiter avec les sociétés qui les représentent sur
» des, intérêts de souveraineté locale quirestanttoujours
» réservés, ne peuvent pas être mis en discussion par
» elles et sont inaliénables. »
Sur la seconde question :
< Les concessions de terres faites à la Compagnie du
» canalldans des parties aujourd'hui incultes destinées
Il à être fécondées par un canal intérieur dérivé du Nil,
seront un bienfait pour l'Égypte, dont le gouvernement
» doit tenir à voir augmenter la prospérité et les revenus.
» Si un pareil exemple pouvait être imité dans d'autres
» provinces de l'empire, où la mauvaise administration
a aussi bien que des préjugés destinés à disparaître, ont
» appauvri et dépeuplé le pays, il faudrait, au lieu de
» leur créer des obstacles, favoriser ceux qui offriraient
» en échange d'une terre stérile et improductive, de
« payer l'impôt territorial habituel, et d'abandonner en
» outre au trésor une portion de leurs bénéfices. Il n'y
» a d'ailleurs rien de contraire aux précédents ni aux
usages actuels dans une concession de terres incultes
» faite à une Société anonyme Egyptienne, dont le siège
» social est à Alexandrie, formée, comme il a été déjà
» dit, par des capitaux universels qui ne porteront par
» conséquent avec eux le caractère d'aucune nationalité
» particulière. La loi musulmane dit positivement que ce-
» lui qui fait produire une terre improductive, en conserve
» la jouissance tant qu'il continue à payer l'impôt. En ce
» qui concerne Mehemet Ali, il a non-seulement laissé
» les indigènes profiter de cette loi, mais il en a étendu
» le bénéfice à tous les étrangers qui lui ont demandé
des terrains disponibles. Vers 1843 particulièrement il
» a fait distribuer, tant à des Anglais qu'à d'autres étran-
» gers, autour d'Alexandrie et sur les bords, jusque là
» déserts, du canal Mahmoudiè, plus de trente mille
» feddans de terres. C'est en grande partie à cette me-
» sure que sont dus l'énorme accroissement et la prospé-
» rité d'Alexandrie. Cette ville, qui contenait à peine
» 40,000 âmes en 1835, en compte plus de 120,000 au-
» jourd'hui. »
On se montra satisfait à Constantinople des explica-
tions données par le vice-roi. C'est un fait très-connu
que Kiamil Pacha, ainsi que d'autres fonctionnaires, fu-
rent hautement blâmés pour la manière dont ils avaient
cherché, dans des correspondances privées, à détourner
le vice-roi de son généreux et patriotique projet.
La déclaration écrite du grand vizir suffisait donc dé-
sormais pour montrer au vice-roi que l'adhésion de son
souverain ne lui manquait pas. Il me donna, le 19 mai
1855 (3 ramazan 1271), des instructions et des pouvoirs
spéciaux pour préparer l'organisation de l'entreprise
d'après le principe d'universalité qui, dès le début, avait
été son principal caractère. Je cite les termes du do-
cument :
« Lorsque le projet des ingénieurs égyptiens aura été
Il imprimé en Europe et lorsque les observations re-
» eues des hommes compétents de chaque pays auront
» pu former un corps de doctrine, il sera procédé à
Il la nomination d'une commission d'ingénieurs connus
» par leurs travaux hydrauliques et choisis en Angle -
» terre, en France, en Hollande, en Allemagne, etc.
» Cette commission donnera son opinion sur le projet
Voici de quelle manière je fis connaître, le 8 mars
1855, à M. Benedetti, chargé d'affaires de France à
Constantinople, le résultat de la mission que j'avais
remplie auprès du grand vizir de la part du vice-
roi (1) :
« Réchid Pacha m'a autorisé à déclarer au vice-roi,
» ce qu'il lui a d'ailleurs confirmé par écrit, que son
» entreprise avait reçu l'accueil le plus favorable du
Il sultan et de ses conseillers, et que la question étant
» encore soumise au conseil des ministres dont l'avis
» ne semblait pas douteux, la résolution impériale lui
» serait notifiée plus tard.
» J'ai expliqué à Réchid Pacha que l'on ne pouvait
» pas dénaturer les articles de la concession égyptienne.
» Cette concession, dictée par le vice-roi lui-même,
» communiquée à tous les cabinets européens, discutée
» et déjà approuvée par le grand conseil du Caire, est
Il la base indispensable de l'exécution de l'entreprise. Le
» vice-roi se croit parfaitement en droit de ne pas la
» laisser altérer, si le principe de l'entreprise est re-
» connu comme étant utile à l'empire. Il ne veut pas
» non plus que l'on convertisse un acte de loyale défé.
Il rence envers son souverain en un précédent qui habi-
» tuerait la Porte à gêner l'action intérieure de son gou-
» vernement, et à entrer dans le détail de son admi-
» nistration, qui est heureusement à l'abri de l'in-
» fluence de l'esprit d'immobilité et des pressions étran-
» gères. 11 tient à continuer de donner des exemples
» salutaires, et à créer des ressources aussi essentielles
» à la prospérité de l'Egypte qu'aux intérêts bien en-
» tendus de l'empire ottoman. »
Peu de jours après mon départ de Constantinople, Kia-
mil Pacha, un des dignitaires de l'empire, fut chargé
d'écrire à son beau-frère, le vice-roi d'Egypte, pour lui
demander certaines explications provoquées par lord
Stratford de Redcliffe, et pour lui exprimer les craintes
sérieuses qu'inspirait à la Porte l'opposition du cabinet
anglais annoncée par l'ambassadeur d'Angleterre.
Les explications demandées portaient sur deux points :
1° Quelles garanties y aura-t-il lieu de réclamer de la
compagnie du canal des deux mers au sujet du passage
des bâtiments de guerre?
2o Les concessions de terrains à la Compagnie ne
sont-elles point contraires aux anciens usages et aux
principes établis par Mehemet Ali lui-même ?
Le vice-roi répondit sur la première question :
« Il n'y aura lieu de réclamer de la Compagnie con-
» cessionnaire du canal des deux mers aucune garan-
M tie concernant la souveraineté territoriale, qui restera
» intacte, en Turquie, lorsque des capitaux anonymes
» viendront s'engager, sous la protection des lois du
» pays, dans une entreprise de voie de communication
» au même titre que les capitaux nationaux ou étran-
» gers au moyen desquels s'exécutent depuis longtemps
» en Angleterre, en France, en Autriche, en Allemagne,
» des chemins de fer ou des canaux. Aucun de ces pays
» n'a jamais eu la pensée, en admettant des capitaux,
(1) J'avais également adressé à lord Stratfordj de Redcliffe une
longue lettre citée en entier dans le premier des quatre volumes que
j'ai successivement publiés sur le percement de l'isthme de Suez
(page 215 à 222).
de traiter avec les sociétés qui les représentent sur
» des, intérêts de souveraineté locale quirestanttoujours
» réservés, ne peuvent pas être mis en discussion par
» elles et sont inaliénables. »
Sur la seconde question :
< Les concessions de terres faites à la Compagnie du
» canalldans des parties aujourd'hui incultes destinées
Il à être fécondées par un canal intérieur dérivé du Nil,
seront un bienfait pour l'Égypte, dont le gouvernement
» doit tenir à voir augmenter la prospérité et les revenus.
» Si un pareil exemple pouvait être imité dans d'autres
» provinces de l'empire, où la mauvaise administration
a aussi bien que des préjugés destinés à disparaître, ont
» appauvri et dépeuplé le pays, il faudrait, au lieu de
» leur créer des obstacles, favoriser ceux qui offriraient
» en échange d'une terre stérile et improductive, de
« payer l'impôt territorial habituel, et d'abandonner en
» outre au trésor une portion de leurs bénéfices. Il n'y
» a d'ailleurs rien de contraire aux précédents ni aux
usages actuels dans une concession de terres incultes
» faite à une Société anonyme Egyptienne, dont le siège
» social est à Alexandrie, formée, comme il a été déjà
» dit, par des capitaux universels qui ne porteront par
» conséquent avec eux le caractère d'aucune nationalité
» particulière. La loi musulmane dit positivement que ce-
» lui qui fait produire une terre improductive, en conserve
» la jouissance tant qu'il continue à payer l'impôt. En ce
» qui concerne Mehemet Ali, il a non-seulement laissé
» les indigènes profiter de cette loi, mais il en a étendu
» le bénéfice à tous les étrangers qui lui ont demandé
des terrains disponibles. Vers 1843 particulièrement il
» a fait distribuer, tant à des Anglais qu'à d'autres étran-
» gers, autour d'Alexandrie et sur les bords, jusque là
» déserts, du canal Mahmoudiè, plus de trente mille
» feddans de terres. C'est en grande partie à cette me-
» sure que sont dus l'énorme accroissement et la prospé-
» rité d'Alexandrie. Cette ville, qui contenait à peine
» 40,000 âmes en 1835, en compte plus de 120,000 au-
» jourd'hui. »
On se montra satisfait à Constantinople des explica-
tions données par le vice-roi. C'est un fait très-connu
que Kiamil Pacha, ainsi que d'autres fonctionnaires, fu-
rent hautement blâmés pour la manière dont ils avaient
cherché, dans des correspondances privées, à détourner
le vice-roi de son généreux et patriotique projet.
La déclaration écrite du grand vizir suffisait donc dé-
sormais pour montrer au vice-roi que l'adhésion de son
souverain ne lui manquait pas. Il me donna, le 19 mai
1855 (3 ramazan 1271), des instructions et des pouvoirs
spéciaux pour préparer l'organisation de l'entreprise
d'après le principe d'universalité qui, dès le début, avait
été son principal caractère. Je cite les termes du do-
cument :
« Lorsque le projet des ingénieurs égyptiens aura été
Il imprimé en Europe et lorsque les observations re-
» eues des hommes compétents de chaque pays auront
» pu former un corps de doctrine, il sera procédé à
Il la nomination d'une commission d'ingénieurs connus
» par leurs travaux hydrauliques et choisis en Angle -
» terre, en France, en Hollande, en Allemagne, etc.
» Cette commission donnera son opinion sur le projet
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