Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-02-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 février 1860 01 février 1860
Description : 1860/02/01 (A5,N87). 1860/02/01 (A5,N87).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65299530
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
46 L'ISTHME DE SUEZ,
« L'Angleterre est appelée à jouer un rôle prépon-
» dérant dans cette affaire; ses intérêts doivent être
» pris en très-grande considération, et si par malheur
» il était vrai que l'ouverture du canal maritime les
» compromît, il faudrait désespérer de voir, de long-
.) temps du moins, s'accomplir cette œuvre importante.
» Mais est-il donc vrai que la canalisation de l'isthme
» puisse nuire à l'Angleterre? Cette question a été
» parfaitement traitée par M. Baude dans le travail
f) que j'ai déjà cité ; je me bornerai à dire quelques
» mots des objections principales qu'on élève au nom
» des intérêts généraux de ce pays et qui, je le crains
» bien, ne couvrent que des intérêts privés beaucoup
» moins respectables.
» L'ouverture de l'isthme, plus favorable aux na-
» tions méditerranéennes qu'à l'Angleterre , modi-
» fiera, dit-on, la situation respective de ces puis-
» sances, et compromettra la supériorité de l'Angle-
» terre. Assurément il est permis de s'étonner que la
» question ait pu être envisagée à ce point de vue,
» et si nous n'étions habitué de longue main à voir
» le détestable esprit qu'on a décoré longtemps du
» nom d'esprit national, et qui n'est que le travestis-
» sement de l'esprit national bien entendu, propa-
» ger les plus détestables et les plus dangereux pré-
» jugés, il n'y aurait rai ment pas lieu de se pré-
» occuper d'un argument aussi singulier ; malheu-
» reusement les faits n'ont que trop prouvé combien
» la jalousie des nations est exclusive et tyrannique,
» et il ne reste que trop de traces de cette politique
» suivant laquelle les grandes nations européennes se
» sont toujours beaucoup plus préoccupées du mal
» qu'elles peuvent faire à leurs voisins que du bien
» qu'elles pourraient se faire à elle-même.
» Quoi! l'Angleterre fait à elle seule les deux tiers
» du commerce avec l'Inde et la Chine ; elle possède
» en Asie un empire immense; elle peut faire ré-
» duire d'un tiers les frais de ce commerce, rappro-
» cher cet empire de moitié de la distance totale, et
» elle ne le ferait pas ! Et pourquoi ? Pour empêcher
» les nations méditerranéennes de faire dans les mers
Il orientales un peu plus de commerce qu'elles n'y
» en font aujourd'hui ! Elle se priverait des avanta-
» ges immenses qu'elle doit retirer politiquement et
» commercialement de cette communication nouvelle
» par cet unique motif que d'autres nations de
» l'Europe sont plus favorablement placées qu'elle
» pour en user, et bien qu'elle ait plus à gagner à
» cette grande œuvre que toutes les autres nations
» réunies. »
Le meeting de Newcastle, après sa manifesta-
tion, ne peut certainement pas traiter M. Talabot
en ennemi ; il peut voir par ce langage comment
les hommes les plus impartiaux interprètent et
jugent en Europe l'opposition dont M. Stephenson
était l'âme scientifique et l'une des pierres angu-
laires ; et puisqu'on a chez nos voisins une confiance
si profonde dans la parole de M. Talabot, qu'ils veuil-
lent bien lire et s'instruire, et surtout qu'ils ne le
placent plus, à propos du canal de Suez, sur la
même ligne que M. Stephenson.
ERNEST DESPLACES.
LES VARIANTES DU MORNING-POST.
Le Morning-Post possède à Alexandrie un corres-
pondant qui s'est rendu notoire par la fécondité de
son imagination à l'encontre du canal de Suez. C'est
lui surtout qui s'est montré fidèle à ce mot d'ordre
donné par un haut personnage se rendant aux Indes
par l'Egypte : « Il faut que le canal ne soit pas pos-
sible. »
En conséquence cet écrivain a accumulé autour de
l'entreprise toutes les impossibilités que peut créer
une plume inventive: impossibilité matérielle, tech-
nique, commerciale, politique. Tantôt c'était la baie
de Péluse transformée en étang de boue dans lequel
les navires devaient échouer en pleine mer ; un autre
jour c'étaient à Suez et à Tineh des jetées d'une lon-
gueur presque incommensurable où l'on devait en-
gloutir des milliards ; puis venait la conspiration
française voulant arracher l'Egypte à la suzeraineté
de la Turquie en coupant l'isthme par un infran-
chissable fossé. Un matin le correspondant se réveille
d'un rêve ; il apprend au monde étonné que l'isthme
n'est, qu'un vaste bassin de rochers dont on ne peut
venir à bout que par la sape et par la mine, et que
dès lors la poursuite de l'œuvre ne peut être qu'une
pensée de démence. Revenu de ce cauchemar, il ne
se déconcerte pas. S'il n'y a pas de rochers dans
l'isthme, il y a des sables ; et si tout à l'heure le pro-
jet était impraticable parce qu'il traversait un sol
granitique, il devient non moins impraticable parce
que ce sol granitique se trouve au contraire être un
sol léger et sablonneux.
Nous ne parlons point du torrent d'injures et d'im-
putations diffamatrices que le correspondant a versé
à pleins flots d'encre sur les promoteurs de l'œu-
vre. Il paraît que cVst ainsi que de l'autre côté
du détroit certains écrivains, en trop grand nombre,
hélas! comprennent les libres prérogatives de la
presse, et, dans cette occasion, il nous faut avouer
que les exemples leur sont venus de haut.
Il est d'autant plus facile de se résigner à cet in-
convénient qu'il a pour inévitable résultat d'inspirer
à tous les hommes honnêtes et sérieux le dédain et
le dégoût pour les thèses qui se défendent ainsi.
Cependant les vieilles fables sont bien usées et bien
discréditées ; il fallait en chercher de nouvelles ; le cor-
respondant du Morniny-Post s'en est chargé; il a
cherché et il a trouvé.
« L'Angleterre est appelée à jouer un rôle prépon-
» dérant dans cette affaire; ses intérêts doivent être
» pris en très-grande considération, et si par malheur
» il était vrai que l'ouverture du canal maritime les
» compromît, il faudrait désespérer de voir, de long-
.) temps du moins, s'accomplir cette œuvre importante.
» Mais est-il donc vrai que la canalisation de l'isthme
» puisse nuire à l'Angleterre? Cette question a été
» parfaitement traitée par M. Baude dans le travail
f) que j'ai déjà cité ; je me bornerai à dire quelques
» mots des objections principales qu'on élève au nom
» des intérêts généraux de ce pays et qui, je le crains
» bien, ne couvrent que des intérêts privés beaucoup
» moins respectables.
» L'ouverture de l'isthme, plus favorable aux na-
» tions méditerranéennes qu'à l'Angleterre , modi-
» fiera, dit-on, la situation respective de ces puis-
» sances, et compromettra la supériorité de l'Angle-
» terre. Assurément il est permis de s'étonner que la
» question ait pu être envisagée à ce point de vue,
» et si nous n'étions habitué de longue main à voir
» le détestable esprit qu'on a décoré longtemps du
» nom d'esprit national, et qui n'est que le travestis-
» sement de l'esprit national bien entendu, propa-
» ger les plus détestables et les plus dangereux pré-
» jugés, il n'y aurait rai ment pas lieu de se pré-
» occuper d'un argument aussi singulier ; malheu-
» reusement les faits n'ont que trop prouvé combien
» la jalousie des nations est exclusive et tyrannique,
» et il ne reste que trop de traces de cette politique
» suivant laquelle les grandes nations européennes se
» sont toujours beaucoup plus préoccupées du mal
» qu'elles peuvent faire à leurs voisins que du bien
» qu'elles pourraient se faire à elle-même.
» Quoi! l'Angleterre fait à elle seule les deux tiers
» du commerce avec l'Inde et la Chine ; elle possède
» en Asie un empire immense; elle peut faire ré-
» duire d'un tiers les frais de ce commerce, rappro-
» cher cet empire de moitié de la distance totale, et
» elle ne le ferait pas ! Et pourquoi ? Pour empêcher
» les nations méditerranéennes de faire dans les mers
Il orientales un peu plus de commerce qu'elles n'y
» en font aujourd'hui ! Elle se priverait des avanta-
» ges immenses qu'elle doit retirer politiquement et
» commercialement de cette communication nouvelle
» par cet unique motif que d'autres nations de
» l'Europe sont plus favorablement placées qu'elle
» pour en user, et bien qu'elle ait plus à gagner à
» cette grande œuvre que toutes les autres nations
» réunies. »
Le meeting de Newcastle, après sa manifesta-
tion, ne peut certainement pas traiter M. Talabot
en ennemi ; il peut voir par ce langage comment
les hommes les plus impartiaux interprètent et
jugent en Europe l'opposition dont M. Stephenson
était l'âme scientifique et l'une des pierres angu-
laires ; et puisqu'on a chez nos voisins une confiance
si profonde dans la parole de M. Talabot, qu'ils veuil-
lent bien lire et s'instruire, et surtout qu'ils ne le
placent plus, à propos du canal de Suez, sur la
même ligne que M. Stephenson.
ERNEST DESPLACES.
LES VARIANTES DU MORNING-POST.
Le Morning-Post possède à Alexandrie un corres-
pondant qui s'est rendu notoire par la fécondité de
son imagination à l'encontre du canal de Suez. C'est
lui surtout qui s'est montré fidèle à ce mot d'ordre
donné par un haut personnage se rendant aux Indes
par l'Egypte : « Il faut que le canal ne soit pas pos-
sible. »
En conséquence cet écrivain a accumulé autour de
l'entreprise toutes les impossibilités que peut créer
une plume inventive: impossibilité matérielle, tech-
nique, commerciale, politique. Tantôt c'était la baie
de Péluse transformée en étang de boue dans lequel
les navires devaient échouer en pleine mer ; un autre
jour c'étaient à Suez et à Tineh des jetées d'une lon-
gueur presque incommensurable où l'on devait en-
gloutir des milliards ; puis venait la conspiration
française voulant arracher l'Egypte à la suzeraineté
de la Turquie en coupant l'isthme par un infran-
chissable fossé. Un matin le correspondant se réveille
d'un rêve ; il apprend au monde étonné que l'isthme
n'est, qu'un vaste bassin de rochers dont on ne peut
venir à bout que par la sape et par la mine, et que
dès lors la poursuite de l'œuvre ne peut être qu'une
pensée de démence. Revenu de ce cauchemar, il ne
se déconcerte pas. S'il n'y a pas de rochers dans
l'isthme, il y a des sables ; et si tout à l'heure le pro-
jet était impraticable parce qu'il traversait un sol
granitique, il devient non moins impraticable parce
que ce sol granitique se trouve au contraire être un
sol léger et sablonneux.
Nous ne parlons point du torrent d'injures et d'im-
putations diffamatrices que le correspondant a versé
à pleins flots d'encre sur les promoteurs de l'œu-
vre. Il paraît que cVst ainsi que de l'autre côté
du détroit certains écrivains, en trop grand nombre,
hélas! comprennent les libres prérogatives de la
presse, et, dans cette occasion, il nous faut avouer
que les exemples leur sont venus de haut.
Il est d'autant plus facile de se résigner à cet in-
convénient qu'il a pour inévitable résultat d'inspirer
à tous les hommes honnêtes et sérieux le dédain et
le dégoût pour les thèses qui se défendent ainsi.
Cependant les vieilles fables sont bien usées et bien
discréditées ; il fallait en chercher de nouvelles ; le cor-
respondant du Morniny-Post s'en est chargé; il a
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