Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-02-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 février 1860 01 février 1860
Description : 1860/02/01 (A5,N87). 1860/02/01 (A5,N87).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65299530
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
44 L'ISTHME DE SUEZ,
on n'a rien à perdre, si ce n'est la prétention à l'in-
faillibité qu'on exprime pour un seul homme, et pour-
tant c'est de ce dernier côté que s'élèvent toutes les
objections et toutes les résistances contre la réalisa-
tion de la preuve qu'on offre. En justice comme en lo-
gique, c'est là le caractère des causes qui désespèrent
d'elles-mêmes.
Mais si nous étions des amis de M. Stephenson , il
est un autre aspect sous lequel cet incident nous
serait bien plus pénible. Nous n'aurions point consenti
à troubler le repos de la tombe ; nous aurions ré-
pugné à cette profanation de la mort ; nous n'aurions
point voulu faire de cette ombre pour des préjugés
populaires un drapeau contre une œuvre de civilisa-
tion et d'intérêt universel ; nous nous serions appli-
qués à mettre en oubli et non en relief cette page de
cette histoire ; nous n'aurions point provoqué de nou-
veau sur ce cercueil à peine fermé la protestation du
monde entier : c'était là l'office de l'amitié ; nous au-
rions vu dans la conduite contraire une exploitation
immorale et rien qu'un excès de l'esprit de parti.
Nous pensons donc que, basée sur ses étranges mo-
tifs, la résolution du meeting de Newcastle doit faire
à la question du canal de Suez plus de bien que de mal.
Nous avons quelques raisons de supposer qu'il en
est ainsi, même à Newcastle, si nous devons en croire
les renseignements que nous transmet notre corres-
pondance de Londres.
Toutefois l'isolement scientifique de M. Stephenson
a un peu effrayé ceux qui exploitaient son nom ;
ils ont cherché du regard un autre nom à lui as-
socier. Il y a quelques jours, par les erreurs ré-
pandues, ils auraient bien pu se servir du rapport
de la commission hollandaise; mais la lumière
s'est faite sur les faussetés mises en circulation,
et les rédacteurs eux-mêmes de la motion adop-
tée se sont jugés dans l'impuissance d'invoquer
ce document. Or, M. Haly leur avait parlé de
M. Talabot, et peut-être en avaient-ils eux-mêmes
beaucoup entendu parler comme secondant M. Ste-
phenson dans ses idées, car il n'y a pas d'inexacti-
tude ou d'exagération qu'on n'accrédite en Angle-
terre à propos de cette affaire. La motion a donc
accouplé le nom de M. Talabot à celui de M. Stephen-
son, comme la dualité formant le symbole de l'im-
possibilité du canal. Il nous appartient de démentir
la part qu'on veut attribuer à un ingénieur français
dans cette opposition contre l'un des plus grands in-
térêts de la France et du monde.
D'abord M. Talabot est d'un avis diamétralement
opposé à celui de M. Stephenson et de ses partisans
sur l'utilité pratique du canal. Nous avons sous les
yeux le travail qu'il a publié dans la Revue des deux
mondes du l'r mai 1855, et, dès la première page, nous
y trouvons exprimé son étonnement de « l'oubli dans
lequel est tombée de plus en plus cette question à me-
sure que s'accroissaient et l'importance des résultats à
obtenir et la puissance des moyens d'exécution dont
disposent les nations modernes. Il Il invoque le sou-
venir des grands esprits anciens et contemporains qui
se sont occupés de la solution de ce problème,
et il n'hésite pas lui même à affirmer la possibilité
de cette solution par l'établissement d'un grand ca-
nal maritime de la Méditerranée à la mer Rouge.
Il nous semble que nous sommes déjà loin des né-
gations absolues et hautaines de M. Stephenson, et
nous ne sommes encore qu'au début. M. Talabot
pensait qu'un canal alimenté par le Nil et propre à
la navigation était faisable d'Alexandrie à Péluse et
il en a donné le plan. M. Stephenson a courtoisement
déclaré en plein parlement que ce plan était « ab-
surde. » Ce n'est pas encore là qu'il faut aller cher-
cher l'accord entre les deux ingénieurs.
L'objection principale sur laquelle n'a cessé d'in-
sister fortement M. Stephenson était que l'existence
constatée du niveau entre les deux mers rendait le
canal impraticable par suite des ensablements et du
défaut d'écoulement des eaux. M. Talabot, dans son
travail, démontre plusieurs fois que les ensablements
ne sont pas à craindre sur le sol de l'isthme, et il
ne croit point que le canal soit impossible par l'effet
du niveau entre les deux mers.
Voici dans son résumé comment il s'explique sur
l'établissement du canal direct entre Suez et Péluse :
« Le projet de coupure de l'isthme par la voie la plus
» courte de Suez à Tineh serait d'une exécution facile ;
» mais le maintien de l'embouchure du canal et
» l'exécution d'un port et d'une rade abritée sur la
» plage de Tineh présentent des difficultés'dont la so-
» lution eût été douteuse même avec la hauteur
» qu'attribuent à la mer Rouge les nivellements de
» 1799 et qui deviennent absolument insurmontables
» dès qu'il est constaté que les deux mers sont à
# peu près de niveau. D
Comme on le voit, ce n'est point le moins du monde
par le motif que le canal ne serait qu'un fossé sta-
gnant, pour nous servir des paroles de M. Stephenson,
que M. Talabot juge le projet insurmontable, c'est
uniquement par la difficulté d'exécuter un port et
une rade abritée sur la plage de Tineh. L'honorable
écrivain fondait cette opinion sur la mauvaise tenue
qu'on attribuait à la rade elle-même et sur les attérisse-
ments prétendus de ses rivages parles limons du Nil.
Il croyait dès lors qu'un puissant courant de la mer
Rouge à la Méditerranée était indispensable pour
écarter ces obstacles et maintenir la liberté et la pro-
fondeur de l'entrée du chenal : c'était sa pensée en
1855 ; c'était aussi l'argument sur lequel s'appuyait
M. Stephenson dans son premier discours à la Cham-
bre des communes. Or, depuis cette époque, des
vérifications et des expériences nombreuses ont
été faites qui constatent que la rade de Tineh est
on n'a rien à perdre, si ce n'est la prétention à l'in-
faillibité qu'on exprime pour un seul homme, et pour-
tant c'est de ce dernier côté que s'élèvent toutes les
objections et toutes les résistances contre la réalisa-
tion de la preuve qu'on offre. En justice comme en lo-
gique, c'est là le caractère des causes qui désespèrent
d'elles-mêmes.
Mais si nous étions des amis de M. Stephenson , il
est un autre aspect sous lequel cet incident nous
serait bien plus pénible. Nous n'aurions point consenti
à troubler le repos de la tombe ; nous aurions ré-
pugné à cette profanation de la mort ; nous n'aurions
point voulu faire de cette ombre pour des préjugés
populaires un drapeau contre une œuvre de civilisa-
tion et d'intérêt universel ; nous nous serions appli-
qués à mettre en oubli et non en relief cette page de
cette histoire ; nous n'aurions point provoqué de nou-
veau sur ce cercueil à peine fermé la protestation du
monde entier : c'était là l'office de l'amitié ; nous au-
rions vu dans la conduite contraire une exploitation
immorale et rien qu'un excès de l'esprit de parti.
Nous pensons donc que, basée sur ses étranges mo-
tifs, la résolution du meeting de Newcastle doit faire
à la question du canal de Suez plus de bien que de mal.
Nous avons quelques raisons de supposer qu'il en
est ainsi, même à Newcastle, si nous devons en croire
les renseignements que nous transmet notre corres-
pondance de Londres.
Toutefois l'isolement scientifique de M. Stephenson
a un peu effrayé ceux qui exploitaient son nom ;
ils ont cherché du regard un autre nom à lui as-
socier. Il y a quelques jours, par les erreurs ré-
pandues, ils auraient bien pu se servir du rapport
de la commission hollandaise; mais la lumière
s'est faite sur les faussetés mises en circulation,
et les rédacteurs eux-mêmes de la motion adop-
tée se sont jugés dans l'impuissance d'invoquer
ce document. Or, M. Haly leur avait parlé de
M. Talabot, et peut-être en avaient-ils eux-mêmes
beaucoup entendu parler comme secondant M. Ste-
phenson dans ses idées, car il n'y a pas d'inexacti-
tude ou d'exagération qu'on n'accrédite en Angle-
terre à propos de cette affaire. La motion a donc
accouplé le nom de M. Talabot à celui de M. Stephen-
son, comme la dualité formant le symbole de l'im-
possibilité du canal. Il nous appartient de démentir
la part qu'on veut attribuer à un ingénieur français
dans cette opposition contre l'un des plus grands in-
térêts de la France et du monde.
D'abord M. Talabot est d'un avis diamétralement
opposé à celui de M. Stephenson et de ses partisans
sur l'utilité pratique du canal. Nous avons sous les
yeux le travail qu'il a publié dans la Revue des deux
mondes du l'r mai 1855, et, dès la première page, nous
y trouvons exprimé son étonnement de « l'oubli dans
lequel est tombée de plus en plus cette question à me-
sure que s'accroissaient et l'importance des résultats à
obtenir et la puissance des moyens d'exécution dont
disposent les nations modernes. Il Il invoque le sou-
venir des grands esprits anciens et contemporains qui
se sont occupés de la solution de ce problème,
et il n'hésite pas lui même à affirmer la possibilité
de cette solution par l'établissement d'un grand ca-
nal maritime de la Méditerranée à la mer Rouge.
Il nous semble que nous sommes déjà loin des né-
gations absolues et hautaines de M. Stephenson, et
nous ne sommes encore qu'au début. M. Talabot
pensait qu'un canal alimenté par le Nil et propre à
la navigation était faisable d'Alexandrie à Péluse et
il en a donné le plan. M. Stephenson a courtoisement
déclaré en plein parlement que ce plan était « ab-
surde. » Ce n'est pas encore là qu'il faut aller cher-
cher l'accord entre les deux ingénieurs.
L'objection principale sur laquelle n'a cessé d'in-
sister fortement M. Stephenson était que l'existence
constatée du niveau entre les deux mers rendait le
canal impraticable par suite des ensablements et du
défaut d'écoulement des eaux. M. Talabot, dans son
travail, démontre plusieurs fois que les ensablements
ne sont pas à craindre sur le sol de l'isthme, et il
ne croit point que le canal soit impossible par l'effet
du niveau entre les deux mers.
Voici dans son résumé comment il s'explique sur
l'établissement du canal direct entre Suez et Péluse :
« Le projet de coupure de l'isthme par la voie la plus
» courte de Suez à Tineh serait d'une exécution facile ;
» mais le maintien de l'embouchure du canal et
» l'exécution d'un port et d'une rade abritée sur la
» plage de Tineh présentent des difficultés'dont la so-
» lution eût été douteuse même avec la hauteur
» qu'attribuent à la mer Rouge les nivellements de
» 1799 et qui deviennent absolument insurmontables
» dès qu'il est constaté que les deux mers sont à
# peu près de niveau. D
Comme on le voit, ce n'est point le moins du monde
par le motif que le canal ne serait qu'un fossé sta-
gnant, pour nous servir des paroles de M. Stephenson,
que M. Talabot juge le projet insurmontable, c'est
uniquement par la difficulté d'exécuter un port et
une rade abritée sur la plage de Tineh. L'honorable
écrivain fondait cette opinion sur la mauvaise tenue
qu'on attribuait à la rade elle-même et sur les attérisse-
ments prétendus de ses rivages parles limons du Nil.
Il croyait dès lors qu'un puissant courant de la mer
Rouge à la Méditerranée était indispensable pour
écarter ces obstacles et maintenir la liberté et la pro-
fondeur de l'entrée du chenal : c'était sa pensée en
1855 ; c'était aussi l'argument sur lequel s'appuyait
M. Stephenson dans son premier discours à la Cham-
bre des communes. Or, depuis cette époque, des
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