Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-12-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 décembre 1859 01 décembre 1859
Description : 1859/12/01 (A4,N83). 1859/12/01 (A4,N83).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295185
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
356 L'ISTHME DE SUEZ,
et aux intérêts du monde sans courir la responsabi-
lité de ses actes. D'un côté, l'avantage de son empire,
les vœux du monde, la presque unanimité des gou-
vernements, ses alliés, la sollicitent de céder enfin
aux instances du progrès et de la civilisation ; de
l'autre, elle a devant elle une manœuvre souterraine
conduite par des hommes puissants mais isolés, sans
l'aveu de leurs plus influents collègues, de l'opinion de
leur pays et des grandes assemblées qui les dominent.
D'un côté, la responsabilité du bien et du progrès ; de
l'autre, la responsabilité du mal et de l'immobilité ;
d'un côté, l'indignation de toute l'Europe, la décon-
sidération publique, le cri de tous les hommes éclai-
rés, le mécontentement légitime de tant de gouver-
nements et de tant de peuples intéressés dans ce
travail ; et de l'autre, contre le désappointement de
quelques diplomates soutenant une cause condamnée,
l'appui et l'applaudissement du monde, l'indépen-
dance de la Turquie affermie, un grand bienfait as-
suré au genre humain, et l'Europe plus que jamais
intéressée à la conservation et à l'intégrité de la cou-
ronne ottomane. Est-ce qu'entre ces deux responsa-
bilités il se peut qu'on balance ? Entre ses alliés, la
Porte n'en a-t-elle donc qu'un seul « à ménager Il au
détriment de tous les autres ? Si elle parle de servi-
ces rendus, en se souvenant de ceux de l'Angleterre,
oublie-t-elle ceux de la France? La France n'a-t elle
donc point aussi quelques droits à être « ménagée, »
et à ce point de vue le présent et l'avenir ne parlent-
ils point aussi haut que le passé?
Comment, en outre, le gouvernement ottoman
pourrait-il échapper aux imputations les plus fon-
dées de dépendance et de partialité, s'il ne réclamait,
que pour l'exercer sous le bon plaisir de l'Angleterre,
car c'est là tout le débat, le droit de prononcer
définitivement sur le sort du canal de Suez? Ne
pourra-t-on point lui rappeler qu'il ne s'est point sou-
venu de revendiquer une prérogative analogue, lors-
que pour l'intérêt anglais, l'Egypte a construit le
chemin de fer du Caire à Suez, qui a déjà tranché
cette grande question d'une communication par la
vapeur entre la Méditerranée et la mer Rouge ? Pour-
quoi donc se montrer si susceptible envers les inté-
rêts français et européens, et si pleine d'abnégation
envers les intérêts anglais ? On lui rappellera aussi
la concession qu'elle a faite du chemin de l'Euphrate
à une compagnie anglaise, et la grandeur des sa-
crifices financiers par lesquels elle avait bien voulu
favoriser cette entreprise. Pour le canal de Suez
la France et l'Europe ne lui demandent rien que sa
sanction ; est-ce donc à dire qu'elle a tout à refuser
à la France et à l'Europe pour tout prodiguer à l'An-
gleterre ? que l'Angleterre sera sur le bord du Bos-
phore l'arbitre souveraine des intérêts européens, et
que rien de grand et d'utile pour l'Europe ne pourra
se faire sur le territoire de l'empire sans sa permis-
sion? Est-ce ainsi que la Porte compte «ménager »
des alliés précieux, ou bien considérera-t-elle qu'elle
n'a d'autres alliés précieux que l'Angleterre ?
Telles sont à coup sûr les réflexions qui viendront
naturellement à l'esprit de tous les peuples comme
de tous les gouvernements, et dès ce jour les gou-
vernements comme les peuples seront désintéressés
dans la conservation de la Turquie. Nous le crions à
la Porte du fond de toute notre sollicitude pour elle :
si par sa faute ou par sa faiblesse, le projet du canal
de Suez venait à échouer, elle serait perdue dans
l'opinion française ; elle ne serait plus rien devant
l'opinion européenne; elle aurait prouvé à la France
qu'elle ne lui accorde dans son estime qu'un rang
subordonné ; elle aurait prouvé à l'Europe qu'au lieu
d'embrasser le rôle indépendant qui lui a été fait en
1856 parmi les nations civilisées, elle ne se regarde
que comme une proie toujours prête pour le moins
scrupuleux ou le plus intimidateur.
Ce n'est point là l'attitude que nous désirons pour
le nouveau cabinet et pour la personne de Méhémet-
Kuprisli-Paclia, et nous n'hésitons pas à dire que la
Providence a placé entre ses mains la plus belle oc-
casion de relever aux yeux de l'Europe et du monde
le vieil honneur et la vieille dignité de l'empire ot-
toman.
ERNEST DESPLACES.
MÊME SUJET.
La Presse du 18 novembre contient sous la date de
Constantinople, le 9 du même mois, une correspon-
dance qu'il nous paraît utile de reproduire parce
qu'elle exprime l'impression produite dans la capitale
de la Turquie par la dernière note du Journal de Cons-
tantinople.
Naturellement nous laissons au correspondant la
responsabilité de ses diverses appréciations, mais nous
les croyons de nature à intéresser le public.
J. MONGIN.
« J'avais l'honneur de vous dire, dans ma dernière
lettre, que la réception du conseil d'administration de
la Compagnie universelle du canal maritime de Suez
aux Tuileries, et les encouragements qui ont été donnés
par l'Empereur Napoléon à la magnifique entreprise de
M. F. de Lesseps, ne pouvaient manquer d'exercer une
heureuse influence sur l'esprit des hommes d'Etat de la
Turquie. J'ajoutais, du reste, que le projet ne trouverait
sans doute pas dans Kuprizli-Mehemmed-Pacha l'hosti-
lité très-déclarée dont Aali-Pacha et Fuad-Pacha se sont
toujours montrés animés contre le canal de Suez. Je
suis heureux d'avoir à vous dire que la Porte vient de
faire publier dans le Journal de Constantinople un article
qui justifie complètement mes prévisions et la confiance
que chacun a placée dans le grand-vizir.
et aux intérêts du monde sans courir la responsabi-
lité de ses actes. D'un côté, l'avantage de son empire,
les vœux du monde, la presque unanimité des gou-
vernements, ses alliés, la sollicitent de céder enfin
aux instances du progrès et de la civilisation ; de
l'autre, elle a devant elle une manœuvre souterraine
conduite par des hommes puissants mais isolés, sans
l'aveu de leurs plus influents collègues, de l'opinion de
leur pays et des grandes assemblées qui les dominent.
D'un côté, la responsabilité du bien et du progrès ; de
l'autre, la responsabilité du mal et de l'immobilité ;
d'un côté, l'indignation de toute l'Europe, la décon-
sidération publique, le cri de tous les hommes éclai-
rés, le mécontentement légitime de tant de gouver-
nements et de tant de peuples intéressés dans ce
travail ; et de l'autre, contre le désappointement de
quelques diplomates soutenant une cause condamnée,
l'appui et l'applaudissement du monde, l'indépen-
dance de la Turquie affermie, un grand bienfait as-
suré au genre humain, et l'Europe plus que jamais
intéressée à la conservation et à l'intégrité de la cou-
ronne ottomane. Est-ce qu'entre ces deux responsa-
bilités il se peut qu'on balance ? Entre ses alliés, la
Porte n'en a-t-elle donc qu'un seul « à ménager Il au
détriment de tous les autres ? Si elle parle de servi-
ces rendus, en se souvenant de ceux de l'Angleterre,
oublie-t-elle ceux de la France? La France n'a-t elle
donc point aussi quelques droits à être « ménagée, »
et à ce point de vue le présent et l'avenir ne parlent-
ils point aussi haut que le passé?
Comment, en outre, le gouvernement ottoman
pourrait-il échapper aux imputations les plus fon-
dées de dépendance et de partialité, s'il ne réclamait,
que pour l'exercer sous le bon plaisir de l'Angleterre,
car c'est là tout le débat, le droit de prononcer
définitivement sur le sort du canal de Suez? Ne
pourra-t-on point lui rappeler qu'il ne s'est point sou-
venu de revendiquer une prérogative analogue, lors-
que pour l'intérêt anglais, l'Egypte a construit le
chemin de fer du Caire à Suez, qui a déjà tranché
cette grande question d'une communication par la
vapeur entre la Méditerranée et la mer Rouge ? Pour-
quoi donc se montrer si susceptible envers les inté-
rêts français et européens, et si pleine d'abnégation
envers les intérêts anglais ? On lui rappellera aussi
la concession qu'elle a faite du chemin de l'Euphrate
à une compagnie anglaise, et la grandeur des sa-
crifices financiers par lesquels elle avait bien voulu
favoriser cette entreprise. Pour le canal de Suez
la France et l'Europe ne lui demandent rien que sa
sanction ; est-ce donc à dire qu'elle a tout à refuser
à la France et à l'Europe pour tout prodiguer à l'An-
gleterre ? que l'Angleterre sera sur le bord du Bos-
phore l'arbitre souveraine des intérêts européens, et
que rien de grand et d'utile pour l'Europe ne pourra
se faire sur le territoire de l'empire sans sa permis-
sion? Est-ce ainsi que la Porte compte «ménager »
des alliés précieux, ou bien considérera-t-elle qu'elle
n'a d'autres alliés précieux que l'Angleterre ?
Telles sont à coup sûr les réflexions qui viendront
naturellement à l'esprit de tous les peuples comme
de tous les gouvernements, et dès ce jour les gou-
vernements comme les peuples seront désintéressés
dans la conservation de la Turquie. Nous le crions à
la Porte du fond de toute notre sollicitude pour elle :
si par sa faute ou par sa faiblesse, le projet du canal
de Suez venait à échouer, elle serait perdue dans
l'opinion française ; elle ne serait plus rien devant
l'opinion européenne; elle aurait prouvé à la France
qu'elle ne lui accorde dans son estime qu'un rang
subordonné ; elle aurait prouvé à l'Europe qu'au lieu
d'embrasser le rôle indépendant qui lui a été fait en
1856 parmi les nations civilisées, elle ne se regarde
que comme une proie toujours prête pour le moins
scrupuleux ou le plus intimidateur.
Ce n'est point là l'attitude que nous désirons pour
le nouveau cabinet et pour la personne de Méhémet-
Kuprisli-Paclia, et nous n'hésitons pas à dire que la
Providence a placé entre ses mains la plus belle oc-
casion de relever aux yeux de l'Europe et du monde
le vieil honneur et la vieille dignité de l'empire ot-
toman.
ERNEST DESPLACES.
MÊME SUJET.
La Presse du 18 novembre contient sous la date de
Constantinople, le 9 du même mois, une correspon-
dance qu'il nous paraît utile de reproduire parce
qu'elle exprime l'impression produite dans la capitale
de la Turquie par la dernière note du Journal de Cons-
tantinople.
Naturellement nous laissons au correspondant la
responsabilité de ses diverses appréciations, mais nous
les croyons de nature à intéresser le public.
J. MONGIN.
« J'avais l'honneur de vous dire, dans ma dernière
lettre, que la réception du conseil d'administration de
la Compagnie universelle du canal maritime de Suez
aux Tuileries, et les encouragements qui ont été donnés
par l'Empereur Napoléon à la magnifique entreprise de
M. F. de Lesseps, ne pouvaient manquer d'exercer une
heureuse influence sur l'esprit des hommes d'Etat de la
Turquie. J'ajoutais, du reste, que le projet ne trouverait
sans doute pas dans Kuprizli-Mehemmed-Pacha l'hosti-
lité très-déclarée dont Aali-Pacha et Fuad-Pacha se sont
toujours montrés animés contre le canal de Suez. Je
suis heureux d'avoir à vous dire que la Porte vient de
faire publier dans le Journal de Constantinople un article
qui justifie complètement mes prévisions et la confiance
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