Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-11-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 novembre 1859 15 novembre 1859
Description : 1859/11/15 (A4,N82). 1859/11/15 (A4,N82).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529517r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
340 L'ISTHME DE SUEZ,
mêmes, et parmi eux les défenseurs les plus savants de
lord Palmerston, ont protesté que combattre le canal
en vue d'une pensée politique ou d'une jalousie en-
vers les autres nations, c'était infliger au nom an-
glais une honte ineffaçable.
Les mêmes sentiments, les mêmes déclarations ont
éclaté au sein de la chambre des communes dans
toutes les discussions relatives à cette affaire, et on
se souvient que pour éviter un vote de blâme, le
gouvernement a été contraint de nier son interven-
tion contre le canal, soit à Constantinople, soit au
Caire, et de promettre à l'avenir une exacte neutralité.
Tout récemment nous avons recueilli l'article du
Morning-llerald, organe reconnu du parti tory, si-
gnifiant que le premier ministre engagerait très-gra-
vement sa responsabilité s'il allait faire de la ques-
tion de Suez une cause de querelle avec la France.
De son côté le Times, ami du ministère, déclarait
dernièrement aussi que de toutes les nations l'Angle-
terre était celle qui devait tirer le plus grand profit
du canal de Suez, et que par conséquent elle ap-
plaudirait cordialement aux efforts de la Compagnie
universelle et à la sollicitude de l'Empereur, si le
travail était réalisé.
Ainsi abandonné sur ce point par la presse amie
et la presse ennemie, en butte au mécontentement
du parti libéral, aux menaces du parti tory, aux in-
quiétudes de l'opinion publique , lord Palmerston
n'est ni plus approuvé ni plus solide dans le sein de
son propre cabinet.
Nous n'avons pas besoin de répéter à nos lecteurs
les noms si souvent cités de ceux de ses collègues
très-considérables et très-influents qui repoussent en
ce sujet sa manière de voir. Nous sommes parfaite-
ment convaincu en outre que lord John Russell,
MM. Gladstone, Milner Gibson , Sydney Herbert ne
seront pas les seuls qui, dans cette circonstance, ré-
pugneront à livrer l'Angleterre aux clameurs de haro
de l'Europe ; à lui faire subir dans une délibération
des puissances un rôle insupportable et impossible ,
et à s'exposer aux vives récriminations qui ne man-
queraient point d'éclater et dans l'opinion anglaise
et dans la chambre des communes.
Que si enfin, par une de ces obstinations impro-
bables de vieillard, lord Palmerston voulait tenir tête
à la fois et à l'opinion de son pays et à ses nécessi-
tés de bon accord avec la France, et au dissentiment de
ses propres collègues , d'avance il s'est fait défaut à
lui-même ; il a protesté en effet devant la chambre
des communes que son opposition, exclusive de toute
préoccupation anglaise, n'était basée que sur les in-
térêts de l'empire ottoman et sur les répugnances
de la Sublime Porte; or aujourd'hui, et dans la lettre
vizirielle elle-même confiée à Moukhtar-Bey, la Porte
atteste qu'elle n'est retenue que par des considéra-
tions puisées dans ses relations extérieures, et le der-
nier prétexte avouable de lord Palmerston s'évanouit
devant cette nouvelle attestation officielle.
Ajoutons de plus que le crédit politique de lord
Palmerston a singulièrement pâli dans la Grande-
Bretagne. Son dernier prestige était d'être considéré
au delà du détroit comme le ministre le plus propre
à entretenir des relations cordialement intimes avec
le gouvernement français.
Que lui restera-t-il le jour où, suivant la parole de
son chancelier de l'Echiquier, l'honorable M. Glads-
tone , il aura allumé une querelle à Constantinople
entre les représentants des deux pays ?
Ainsi donc, dans cette suprême lutte, ce n'est point
l'opposition d'un peuple que doit surmonter le gouver-
nement de l'Empereur, c'est tout simplement l'oppo-
sition d'un homme. Cet homme sans doute a son
influence ; il dispose actuellement, quoique non sans
contrôle et sans contre-poids, de l'ascendant d'un
grand pays ; mais enfin il n'a sous ses pieds autour
de lui ni terrain ni racine pour son obstination ;
certes ce serait la première fois, s'il pouvait l'em-
porter, qu'on verrait un ministre, aussi complétement
isolé au dedans comme au dehors, imposer son op-
pression au droit, à la justice, aux cris de la civilisa-
tion et de l'humanité, à l'Europe enfin, et à tous ces
gouvernements soutenus par l'éclatante adhésion de
tous leurs peuples.
Nous ne craignons point que cette humiliation soit
réservée à l'Europe ; nous ne craignons point que le
drapeau de la France se rapetisse ainsi dans la main
de celui qui l'a tenu à Magenta et à Solferino.
Que le chef du cabinet anglais s'éclaire ou ne s'é-
claire pas, l'issue de cette phase ne nous en paraît
pas moins certaine. D'un côté l'Europe, la France,
l'intérêt de la Turquie, de l'Egypte, de la civilisation,
de l'humanité, et de l'autre lord Palmerston, c'est-à-
dire pour le noble lord, s'il s'opiniâtre, cet échec infail-
lible et retentissant que , dès 1857, lui prédisait
M, Gladstone.
Ce dénoûment toutefois, il dépend de sa vieille ex-
périence de l'éviter, et le moyen en est très-simple :
Que désormais il garde dans la question de Suez l'at-
titude qui, l'année dernière, a été dictée au gouver-
nement anglais par la chambre des communes ; qu'il
ne pèse plus illégitimement et violemment sur la Tur-
quie et sur l'Egypte ; qu'il laisse, comme on laisse à
l'Angleterre, au progrès naturel des nations, aux ten-
dances du monde moderne, leur libre développement.
Tout cela lui est facile, tout cela dépend d'un signe
de lui fait à sir Henry Bulwer.
Nous sommes entièrement convaincu que là est son
devoir envers son pays et son intérêt pour lui-même.
Quant au canal de Suez, il ne peut plus l'arrêter
que par d'impuissants et de passagers ajournements :
les destins ont parlé par la voix du droit et du nombre.
ERNEST DESPLACIS.
mêmes, et parmi eux les défenseurs les plus savants de
lord Palmerston, ont protesté que combattre le canal
en vue d'une pensée politique ou d'une jalousie en-
vers les autres nations, c'était infliger au nom an-
glais une honte ineffaçable.
Les mêmes sentiments, les mêmes déclarations ont
éclaté au sein de la chambre des communes dans
toutes les discussions relatives à cette affaire, et on
se souvient que pour éviter un vote de blâme, le
gouvernement a été contraint de nier son interven-
tion contre le canal, soit à Constantinople, soit au
Caire, et de promettre à l'avenir une exacte neutralité.
Tout récemment nous avons recueilli l'article du
Morning-llerald, organe reconnu du parti tory, si-
gnifiant que le premier ministre engagerait très-gra-
vement sa responsabilité s'il allait faire de la ques-
tion de Suez une cause de querelle avec la France.
De son côté le Times, ami du ministère, déclarait
dernièrement aussi que de toutes les nations l'Angle-
terre était celle qui devait tirer le plus grand profit
du canal de Suez, et que par conséquent elle ap-
plaudirait cordialement aux efforts de la Compagnie
universelle et à la sollicitude de l'Empereur, si le
travail était réalisé.
Ainsi abandonné sur ce point par la presse amie
et la presse ennemie, en butte au mécontentement
du parti libéral, aux menaces du parti tory, aux in-
quiétudes de l'opinion publique , lord Palmerston
n'est ni plus approuvé ni plus solide dans le sein de
son propre cabinet.
Nous n'avons pas besoin de répéter à nos lecteurs
les noms si souvent cités de ceux de ses collègues
très-considérables et très-influents qui repoussent en
ce sujet sa manière de voir. Nous sommes parfaite-
ment convaincu en outre que lord John Russell,
MM. Gladstone, Milner Gibson , Sydney Herbert ne
seront pas les seuls qui, dans cette circonstance, ré-
pugneront à livrer l'Angleterre aux clameurs de haro
de l'Europe ; à lui faire subir dans une délibération
des puissances un rôle insupportable et impossible ,
et à s'exposer aux vives récriminations qui ne man-
queraient point d'éclater et dans l'opinion anglaise
et dans la chambre des communes.
Que si enfin, par une de ces obstinations impro-
bables de vieillard, lord Palmerston voulait tenir tête
à la fois et à l'opinion de son pays et à ses nécessi-
tés de bon accord avec la France, et au dissentiment de
ses propres collègues , d'avance il s'est fait défaut à
lui-même ; il a protesté en effet devant la chambre
des communes que son opposition, exclusive de toute
préoccupation anglaise, n'était basée que sur les in-
térêts de l'empire ottoman et sur les répugnances
de la Sublime Porte; or aujourd'hui, et dans la lettre
vizirielle elle-même confiée à Moukhtar-Bey, la Porte
atteste qu'elle n'est retenue que par des considéra-
tions puisées dans ses relations extérieures, et le der-
nier prétexte avouable de lord Palmerston s'évanouit
devant cette nouvelle attestation officielle.
Ajoutons de plus que le crédit politique de lord
Palmerston a singulièrement pâli dans la Grande-
Bretagne. Son dernier prestige était d'être considéré
au delà du détroit comme le ministre le plus propre
à entretenir des relations cordialement intimes avec
le gouvernement français.
Que lui restera-t-il le jour où, suivant la parole de
son chancelier de l'Echiquier, l'honorable M. Glads-
tone , il aura allumé une querelle à Constantinople
entre les représentants des deux pays ?
Ainsi donc, dans cette suprême lutte, ce n'est point
l'opposition d'un peuple que doit surmonter le gouver-
nement de l'Empereur, c'est tout simplement l'oppo-
sition d'un homme. Cet homme sans doute a son
influence ; il dispose actuellement, quoique non sans
contrôle et sans contre-poids, de l'ascendant d'un
grand pays ; mais enfin il n'a sous ses pieds autour
de lui ni terrain ni racine pour son obstination ;
certes ce serait la première fois, s'il pouvait l'em-
porter, qu'on verrait un ministre, aussi complétement
isolé au dedans comme au dehors, imposer son op-
pression au droit, à la justice, aux cris de la civilisa-
tion et de l'humanité, à l'Europe enfin, et à tous ces
gouvernements soutenus par l'éclatante adhésion de
tous leurs peuples.
Nous ne craignons point que cette humiliation soit
réservée à l'Europe ; nous ne craignons point que le
drapeau de la France se rapetisse ainsi dans la main
de celui qui l'a tenu à Magenta et à Solferino.
Que le chef du cabinet anglais s'éclaire ou ne s'é-
claire pas, l'issue de cette phase ne nous en paraît
pas moins certaine. D'un côté l'Europe, la France,
l'intérêt de la Turquie, de l'Egypte, de la civilisation,
de l'humanité, et de l'autre lord Palmerston, c'est-à-
dire pour le noble lord, s'il s'opiniâtre, cet échec infail-
lible et retentissant que , dès 1857, lui prédisait
M, Gladstone.
Ce dénoûment toutefois, il dépend de sa vieille ex-
périence de l'éviter, et le moyen en est très-simple :
Que désormais il garde dans la question de Suez l'at-
titude qui, l'année dernière, a été dictée au gouver-
nement anglais par la chambre des communes ; qu'il
ne pèse plus illégitimement et violemment sur la Tur-
quie et sur l'Egypte ; qu'il laisse, comme on laisse à
l'Angleterre, au progrès naturel des nations, aux ten-
dances du monde moderne, leur libre développement.
Tout cela lui est facile, tout cela dépend d'un signe
de lui fait à sir Henry Bulwer.
Nous sommes entièrement convaincu que là est son
devoir envers son pays et son intérêt pour lui-même.
Quant au canal de Suez, il ne peut plus l'arrêter
que par d'impuissants et de passagers ajournements :
les destins ont parlé par la voix du droit et du nombre.
ERNEST DESPLACIS.
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