Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-12-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 décembre 1859 15 décembre 1859
Description : 1859/12/15 (A4,N84). 1859/12/15 (A4,N84).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529519k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
372 L'ISTHME DE SUEZ,
genre humain, l'intérêt de l'Europe, de la France et de
l'Angleterre ; c'est l'intérêt des actionnaires.
Le Times ne veut pas que l'œuvre soit tentée, que
l'autorisation de la Porte soit accordée, parce que dans
son opinion le canal n'est pas possible, et que, s'il
était possible, il ne produirait point de dividendes.
L'opposition de l'Angleterre n'a pas d'autre raison :
c'est une opposition de simple spéculateur, c'est l'af-
faire purement envisagée sous son aspect commercial ;
le Times frémit à la pensée et demande avec larmes
la permission de n'y point engagerses petites épargnes.
Le capital anglais, sans doute, est bien mauvaise tête,
mais il recule ici et décline de se compromettre dans
une aventure aussi chanceuse.
Rien n'est plus juste : la confiance ne se com-
mande pas ; les capitaux vont où leur inclination les
pousse. La requête du Times lui est amplement oc-
troyée ; l'entreprise ne lui demandera pas un shelling;
elle n'a rien à solliciter des bourses britanniques,
puisque depuis un an la souscription est close. Sur
cet objet de ses persévérantes inquiétudes, il doit être
absolument rassuré : le capital anglais est et reste
étranger à la spéculation. Voilà, sans doute, tous les
vœux du Times satisfaits, et son opposition, même au
point de vue commercial, n'a plus de raison d'être.
Maintenant en face de cette opinion si défavorable
au canal, vient se placer une autre opinion tout op-
posée. C'est celle de 25,000 souscripteurs qui ont
constitué la Compagnie et le fonds social. Si le Times
est convaincu que le percement de l'isthme est im-
possible, ils sont convaincus qu'il est très-facile; si le
Times est convaincu que l'affaire est mauvaise, ils la
trouvent excellente et agissent en conséquence. Dans
cette situation respective ils n'entendent pas obliger
le Times à y mettre son argent : le Times prétendrait-
il les contraindre à retirer le leur ? Voilà désormais
toute la question : les actionnaires veulent pour-
suivre une œuvre éminemment utile à l'Angleterre,
utilité qui n'est pas contestée. L'Angleterre a des ob-
jections à participer à leur entreprise ; ils la prennent
sans elle à leurs risques et périls. Si elle réussit, les An-
glais en profiteront plus que les autres; si elle échoue,
ils n'en recueilleront aucun dommage. Sur quel terrain
dès lors le Times et son gouvernement pourraient-ils
se placer pour combattre l'entreprise soit au point de
vue politique, soit au point de vue commercial?
Quel refuge reste-t-il donc au Times en acceptant
sa propre thèse ? Nous lui contestons certes le
droit de tutelle sur la bourse de ses concitoyens ; mais
il serait trop exorbitant qu'il voulût se constituer
le tuteur et le gouverneur de l'opinion et des capi-
taux des 25,000 actionnaires étrangers à son pays que
le continent a fournis à la Compagnie universelle.
Aussi un long cri de stupéfaction et de risée a-t-il
éclaté dans toute l'Europe lorsqu'on a vu le Times
motiver l'opposition de son gouvernement, les dé-
marches et les menaces de ses diplomates à Constan-
tinople et au Caire, sur ses défiances envers une
opération privée à laquelle ni lui ni ses nationaux
n'ont aucune participation.
Nous condescendrons toutefois à suivre le Times
dans cet impossible retranchement : que l'affaire soit
bonne ou mauvaise, cela ne le regarde pas; la ques-
tion n'est ni de sa compétence, ni de celle de son gou-
vernement ; comme on le lui a crié de toute part, elle
n'appartient qu'aux actionnaires. Mais pourtant s'il
fallait aborder cet ordre d'idées, s'il fallait établir la
balance entre les deux opinions, de quel côté penche-
rait-elle? De quel côté seraient les présomptions, le
poids des autorités et des faits ?
Quant au nombre d'abord : si quelques Anglais ne
croient pas au succès de l'entreprise, 25,000 souscrip-
teurs lui ont témoigné leur confiance en lui apportant
leur argent. La foi qui agit, c'est la foi sincère. Bien
des efforts ont été faits pour mettre le trouble et la
division dans cette phalange : tous ont ignominieu-
sement échoué. Par le seul ascendant de la discussion,
la volonté de percer l'isthme et la conviction d'ar-
river au but sont plus fermes que jamais dans
le corps des souscripteurs. Le sentiment universel
partage la certitude de la Compagnie. Quant aux
autorités, la réunion des plus habiles ingénieurs de
l'Europe a proclamé et motivé son-seulement la possi-
bilité, mais encore la facilité de l'exécution du canal.
L'Académie des sciences de France, la plupart des
corps savants des Etats européens, ont donné leur
approbation au travail de la commission internatio-
nale. La liste des souscripteurs contient en grand
nombre des ingénieurs, des mécaniciens, des savants,
des manufacturiers, des administrateurs du rang le
plus élevé, des princes, des têtes couronnées, en un
mot, l'élite des intelligences et des positions dans les
divers pays ; et le Times voudrait faire croire que
toute cette élite est la dupe d'un piège grossier et
d'un mirage ! Il voudrait faire croire que les chefs de
la science de l'ingénieur en Prusse, en Autriche, en
Hollande, en Italie, en France, en Espagne, se sont
donné le mot pour tromper le public, pour se rendre
les complices d'une spéculation véreuse, ou se désho-
norer par une ignorance de leur métier qui les livre-
rait au mépris du monde ! Enfin, le Times a-t-il bien
réfléchi? Ce ne sont pas seulement les savants, les
ingénieurs, les souscripteurs, la presse, l'opinion
générale qui croient à la possibilité et aux avan-
tages du canal ; ce sont aussi les gouvernements de
l'Europe ; c'est le gouvernement russe, le gouverne-
ment autrichien, le gouvernement français, les gou-
vernements espagnol, portugais, sarde et napolitain,
c'est le gouvernement grec, et tant d'autres que nous
nous épargnons de nommer. Quoi! ces gouverne-
ments aussi soutiennent une entreprise impossible
et chimérique! Quoi! ils encouragent par leur pro-
genre humain, l'intérêt de l'Europe, de la France et de
l'Angleterre ; c'est l'intérêt des actionnaires.
Le Times ne veut pas que l'œuvre soit tentée, que
l'autorisation de la Porte soit accordée, parce que dans
son opinion le canal n'est pas possible, et que, s'il
était possible, il ne produirait point de dividendes.
L'opposition de l'Angleterre n'a pas d'autre raison :
c'est une opposition de simple spéculateur, c'est l'af-
faire purement envisagée sous son aspect commercial ;
le Times frémit à la pensée et demande avec larmes
la permission de n'y point engagerses petites épargnes.
Le capital anglais, sans doute, est bien mauvaise tête,
mais il recule ici et décline de se compromettre dans
une aventure aussi chanceuse.
Rien n'est plus juste : la confiance ne se com-
mande pas ; les capitaux vont où leur inclination les
pousse. La requête du Times lui est amplement oc-
troyée ; l'entreprise ne lui demandera pas un shelling;
elle n'a rien à solliciter des bourses britanniques,
puisque depuis un an la souscription est close. Sur
cet objet de ses persévérantes inquiétudes, il doit être
absolument rassuré : le capital anglais est et reste
étranger à la spéculation. Voilà, sans doute, tous les
vœux du Times satisfaits, et son opposition, même au
point de vue commercial, n'a plus de raison d'être.
Maintenant en face de cette opinion si défavorable
au canal, vient se placer une autre opinion tout op-
posée. C'est celle de 25,000 souscripteurs qui ont
constitué la Compagnie et le fonds social. Si le Times
est convaincu que le percement de l'isthme est im-
possible, ils sont convaincus qu'il est très-facile; si le
Times est convaincu que l'affaire est mauvaise, ils la
trouvent excellente et agissent en conséquence. Dans
cette situation respective ils n'entendent pas obliger
le Times à y mettre son argent : le Times prétendrait-
il les contraindre à retirer le leur ? Voilà désormais
toute la question : les actionnaires veulent pour-
suivre une œuvre éminemment utile à l'Angleterre,
utilité qui n'est pas contestée. L'Angleterre a des ob-
jections à participer à leur entreprise ; ils la prennent
sans elle à leurs risques et périls. Si elle réussit, les An-
glais en profiteront plus que les autres; si elle échoue,
ils n'en recueilleront aucun dommage. Sur quel terrain
dès lors le Times et son gouvernement pourraient-ils
se placer pour combattre l'entreprise soit au point de
vue politique, soit au point de vue commercial?
Quel refuge reste-t-il donc au Times en acceptant
sa propre thèse ? Nous lui contestons certes le
droit de tutelle sur la bourse de ses concitoyens ; mais
il serait trop exorbitant qu'il voulût se constituer
le tuteur et le gouverneur de l'opinion et des capi-
taux des 25,000 actionnaires étrangers à son pays que
le continent a fournis à la Compagnie universelle.
Aussi un long cri de stupéfaction et de risée a-t-il
éclaté dans toute l'Europe lorsqu'on a vu le Times
motiver l'opposition de son gouvernement, les dé-
marches et les menaces de ses diplomates à Constan-
tinople et au Caire, sur ses défiances envers une
opération privée à laquelle ni lui ni ses nationaux
n'ont aucune participation.
Nous condescendrons toutefois à suivre le Times
dans cet impossible retranchement : que l'affaire soit
bonne ou mauvaise, cela ne le regarde pas; la ques-
tion n'est ni de sa compétence, ni de celle de son gou-
vernement ; comme on le lui a crié de toute part, elle
n'appartient qu'aux actionnaires. Mais pourtant s'il
fallait aborder cet ordre d'idées, s'il fallait établir la
balance entre les deux opinions, de quel côté penche-
rait-elle? De quel côté seraient les présomptions, le
poids des autorités et des faits ?
Quant au nombre d'abord : si quelques Anglais ne
croient pas au succès de l'entreprise, 25,000 souscrip-
teurs lui ont témoigné leur confiance en lui apportant
leur argent. La foi qui agit, c'est la foi sincère. Bien
des efforts ont été faits pour mettre le trouble et la
division dans cette phalange : tous ont ignominieu-
sement échoué. Par le seul ascendant de la discussion,
la volonté de percer l'isthme et la conviction d'ar-
river au but sont plus fermes que jamais dans
le corps des souscripteurs. Le sentiment universel
partage la certitude de la Compagnie. Quant aux
autorités, la réunion des plus habiles ingénieurs de
l'Europe a proclamé et motivé son-seulement la possi-
bilité, mais encore la facilité de l'exécution du canal.
L'Académie des sciences de France, la plupart des
corps savants des Etats européens, ont donné leur
approbation au travail de la commission internatio-
nale. La liste des souscripteurs contient en grand
nombre des ingénieurs, des mécaniciens, des savants,
des manufacturiers, des administrateurs du rang le
plus élevé, des princes, des têtes couronnées, en un
mot, l'élite des intelligences et des positions dans les
divers pays ; et le Times voudrait faire croire que
toute cette élite est la dupe d'un piège grossier et
d'un mirage ! Il voudrait faire croire que les chefs de
la science de l'ingénieur en Prusse, en Autriche, en
Hollande, en Italie, en France, en Espagne, se sont
donné le mot pour tromper le public, pour se rendre
les complices d'une spéculation véreuse, ou se désho-
norer par une ignorance de leur métier qui les livre-
rait au mépris du monde ! Enfin, le Times a-t-il bien
réfléchi? Ce ne sont pas seulement les savants, les
ingénieurs, les souscripteurs, la presse, l'opinion
générale qui croient à la possibilité et aux avan-
tages du canal ; ce sont aussi les gouvernements de
l'Europe ; c'est le gouvernement russe, le gouverne-
ment autrichien, le gouvernement français, les gou-
vernements espagnol, portugais, sarde et napolitain,
c'est le gouvernement grec, et tant d'autres que nous
nous épargnons de nommer. Quoi! ces gouverne-
ments aussi soutiennent une entreprise impossible
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