Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-12-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 décembre 1859 01 décembre 1859
Description : 1859/12/01 (A4,N83). 1859/12/01 (A4,N83).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295185
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 355
par trois fois qu'elle revient sur cette même pensée :
d'abord elle déclare reculer devant la responsabilité
de son opinion personnelle au point de vue des intérêts
généraux qui y sont engagés; ensuite elle s'avoue
poussée dans sa conduite par « le désir de ménager
» de précieux alliés, » et enfin elle affirme « qu'il ne
» lui çtait pas permis de suivre une autre ligne, sans
» courir de véritables dangers, et sans paraître avoir
» oublié de véritables services rendus. »
Envers qui donc, en accordant son autorisation, la
Porte encourrait-elle cette responsabilité redoutée?
D'où viendraient ces véritables dangers dont la pers-
pective la fait fléchir, et quels seraient ces services
méconnus ?
Tous les peuples et tous les gouvernements de
l'Europe continentale, aussi bien que le peuple et le
gouvernement des Etats-Unis, n'ont cessé de mani-
fester les plus vives sympathies et d'unanimes aspi-
rations pour l'œuvre du percement de l'isthme de
Suez. Un seul gouvernement, en cette circonstance
isolé de son peuple, a trahi pour ce travail une répu-
gnance qu'il n'a jamais osé hautement avouer, et qu'il
lui est interdit d'avouer. Ce gouvernement, c'est celui
de l'Angleterre.
C'est incontestablement, encore une fois,l'opposition
de la diplomatie anglaise que la note turque signale
et dénonce comme le seul obstacle à la jonction des
deux mers.
Mais aujourd'hui la déclaration ottomane a un ca-
ractère qu'aucune des précédentes n'avait eu : ce
n'est point seulement sa responsabilité morale envers
l'Angleterre, ce n'est point seulement le reproche des
services méconnus que la Porte craint d'encourir !
En cédant aux vœux du monde, elle ajoute qu'elle
s'exposerait à « de véritables dangers. »
La diplomatie britannique serait-elle donc allée jus-
qu'à la menace matérielle? Aurait-elle voulu con-
traindre le sultan par la perspective de la force
directe ? Quelle autre signification peut-on donner
aux paroles que nous venons de citer?
Quoi qu'il en soit, nous ne connaissons point de
meilleure réponse que la note du Journal de Constan-
linople à l'incrédulité des journaux anglais, qui s'obsti-
nent à traiter d'apocryphe la contrainte exercée par
leur gouvernement sur la Porte dans cette affaire
d'intérêt universel.
En résumé, la note atteste officiellement ces deux
faits précédemment établis par nous comme les bases
de la situation : 1° les dispositions de la Porte à auto -
riser le percement de l'isthme ; 2° l'intimidation de
la diplomatie anglaise comme seule cause de l'ajour-
nement de ces bonnes dispositions.
Nous attachons, nous l'avouons, de l'importance à
cette double constatation officielle ; en voici nos
raisons :
Les adversaires du canal sur les bords de la Ta-
mise se sont toujours retranchés et se retranchent
encore, en niant la résistance du gouvernement an-
glais, derrière l'argument que le cabinet turc était
en lui-même opposé à l'entreprise. Cet argument
n'est plus possible aujourd'hui après cette déclara-
tion publique de la Porte, qu'elle est prête a faire,
sur cet objet, ce que ses alliés désireront.
La chambre des communes a interdit aux minis-
tres de la reine toute intervention hostile envers le
canal de Suez, et ce n'est que sur l'engagement
formel pris par le ministère précédent, qu'elle n'a
pas adopté la proposition Rœbuck.
La note de Constantinople prouvera à cette assem-
blée de quelle manière ces engagements ont été ob-
servés. Mais écartons le passé et ne songeons qu'à
l'avenir.
Les sympathies des gouvernements européens, et
spécialement de la France, en faveur de l'entreprise,
ont pris désormais un caractère actif et affirmatif ;
les relations amicales se renouent entre les gouver-
nements de Paris et de Londres ; l'expédition de Chine
dans les ports de deux empires est à la veille de son
départ; de grands résultats sont attendus de cette
alliance entre les deux plus puissantes nations de
l'Occident dans les mers orientales : l'ouverture de
l'isthme de Suez est le couronnement nécessaire de
cet avenir, et nous ajoutons qu'elle est un besoin
pour l'Angleterre, aussi bien que pour la France ; les
torys guettent l'instant de mettre sur cette ques-
tion le cabinet libéral en lutte avec lui-même ;
lord Palmerston, pour persévérer dans un préjugé
en désaccord avec l'opinion de son pays, ne peut
vouloir conserver cette pomme de discorde entre lui
et le gouvernement impérial, et introduire une in-
faillible scission et dans son ministère et dans sa
majorité. Nous avons donc la ferme confiance que
l'entente est en train de s'établir, et s'établira sur
cette question comme sur tant d'autres plus difficiles
et plus délicates, car ici les préjugés seuls luttent
malgré la voix des intérêts.
Quant à la Turquie, nous n'avons cessé un jour
de manifester l'attachement que nous portons à ses
droits et à sa dignité.
Nous regretterions de nouveau qu'elle ne puisât
pas en elle-même la fermeté nécessaire pour résoudre
une question si avantageuse à son empire. Nous n'hé-
sitons pas à fonder nos espérances en ce point sur
l'énergie et l'intelligence politique de son nouveau
grand-vizir. La Porte hésite devant la responsabilité
d'une résolution; cette responsabilité, elle ne s'y
peut soustraire. Négatif ou approbatif, il faut prendre
un parti, car l'ajournement prolongé ne serait que
la négation dérisoire et déguisée. Elle aura donc, au
pis aller, à choisir entre deux responsabilités, car on
n'est pas un état indépendant, on ne porte point une
couronne souveraine, on n'est pas mêlé aux affaires
par trois fois qu'elle revient sur cette même pensée :
d'abord elle déclare reculer devant la responsabilité
de son opinion personnelle au point de vue des intérêts
généraux qui y sont engagés; ensuite elle s'avoue
poussée dans sa conduite par « le désir de ménager
» de précieux alliés, » et enfin elle affirme « qu'il ne
» lui çtait pas permis de suivre une autre ligne, sans
» courir de véritables dangers, et sans paraître avoir
» oublié de véritables services rendus. »
Envers qui donc, en accordant son autorisation, la
Porte encourrait-elle cette responsabilité redoutée?
D'où viendraient ces véritables dangers dont la pers-
pective la fait fléchir, et quels seraient ces services
méconnus ?
Tous les peuples et tous les gouvernements de
l'Europe continentale, aussi bien que le peuple et le
gouvernement des Etats-Unis, n'ont cessé de mani-
fester les plus vives sympathies et d'unanimes aspi-
rations pour l'œuvre du percement de l'isthme de
Suez. Un seul gouvernement, en cette circonstance
isolé de son peuple, a trahi pour ce travail une répu-
gnance qu'il n'a jamais osé hautement avouer, et qu'il
lui est interdit d'avouer. Ce gouvernement, c'est celui
de l'Angleterre.
C'est incontestablement, encore une fois,l'opposition
de la diplomatie anglaise que la note turque signale
et dénonce comme le seul obstacle à la jonction des
deux mers.
Mais aujourd'hui la déclaration ottomane a un ca-
ractère qu'aucune des précédentes n'avait eu : ce
n'est point seulement sa responsabilité morale envers
l'Angleterre, ce n'est point seulement le reproche des
services méconnus que la Porte craint d'encourir !
En cédant aux vœux du monde, elle ajoute qu'elle
s'exposerait à « de véritables dangers. »
La diplomatie britannique serait-elle donc allée jus-
qu'à la menace matérielle? Aurait-elle voulu con-
traindre le sultan par la perspective de la force
directe ? Quelle autre signification peut-on donner
aux paroles que nous venons de citer?
Quoi qu'il en soit, nous ne connaissons point de
meilleure réponse que la note du Journal de Constan-
linople à l'incrédulité des journaux anglais, qui s'obsti-
nent à traiter d'apocryphe la contrainte exercée par
leur gouvernement sur la Porte dans cette affaire
d'intérêt universel.
En résumé, la note atteste officiellement ces deux
faits précédemment établis par nous comme les bases
de la situation : 1° les dispositions de la Porte à auto -
riser le percement de l'isthme ; 2° l'intimidation de
la diplomatie anglaise comme seule cause de l'ajour-
nement de ces bonnes dispositions.
Nous attachons, nous l'avouons, de l'importance à
cette double constatation officielle ; en voici nos
raisons :
Les adversaires du canal sur les bords de la Ta-
mise se sont toujours retranchés et se retranchent
encore, en niant la résistance du gouvernement an-
glais, derrière l'argument que le cabinet turc était
en lui-même opposé à l'entreprise. Cet argument
n'est plus possible aujourd'hui après cette déclara-
tion publique de la Porte, qu'elle est prête a faire,
sur cet objet, ce que ses alliés désireront.
La chambre des communes a interdit aux minis-
tres de la reine toute intervention hostile envers le
canal de Suez, et ce n'est que sur l'engagement
formel pris par le ministère précédent, qu'elle n'a
pas adopté la proposition Rœbuck.
La note de Constantinople prouvera à cette assem-
blée de quelle manière ces engagements ont été ob-
servés. Mais écartons le passé et ne songeons qu'à
l'avenir.
Les sympathies des gouvernements européens, et
spécialement de la France, en faveur de l'entreprise,
ont pris désormais un caractère actif et affirmatif ;
les relations amicales se renouent entre les gouver-
nements de Paris et de Londres ; l'expédition de Chine
dans les ports de deux empires est à la veille de son
départ; de grands résultats sont attendus de cette
alliance entre les deux plus puissantes nations de
l'Occident dans les mers orientales : l'ouverture de
l'isthme de Suez est le couronnement nécessaire de
cet avenir, et nous ajoutons qu'elle est un besoin
pour l'Angleterre, aussi bien que pour la France ; les
torys guettent l'instant de mettre sur cette ques-
tion le cabinet libéral en lutte avec lui-même ;
lord Palmerston, pour persévérer dans un préjugé
en désaccord avec l'opinion de son pays, ne peut
vouloir conserver cette pomme de discorde entre lui
et le gouvernement impérial, et introduire une in-
faillible scission et dans son ministère et dans sa
majorité. Nous avons donc la ferme confiance que
l'entente est en train de s'établir, et s'établira sur
cette question comme sur tant d'autres plus difficiles
et plus délicates, car ici les préjugés seuls luttent
malgré la voix des intérêts.
Quant à la Turquie, nous n'avons cessé un jour
de manifester l'attachement que nous portons à ses
droits et à sa dignité.
Nous regretterions de nouveau qu'elle ne puisât
pas en elle-même la fermeté nécessaire pour résoudre
une question si avantageuse à son empire. Nous n'hé-
sitons pas à fonder nos espérances en ce point sur
l'énergie et l'intelligence politique de son nouveau
grand-vizir. La Porte hésite devant la responsabilité
d'une résolution; cette responsabilité, elle ne s'y
peut soustraire. Négatif ou approbatif, il faut prendre
un parti, car l'ajournement prolongé ne serait que
la négation dérisoire et déguisée. Elle aura donc, au
pis aller, à choisir entre deux responsabilités, car on
n'est pas un état indépendant, on ne porte point une
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