Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-11-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 novembre 1859 15 novembre 1859
Description : 1859/11/15 (A4,N82). 1859/11/15 (A4,N82).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529517r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 339
Dans ses dernières significations même, portées au
vice-roi 'par Moukhtar-Bey, elle ne motive sa volonté
de voir suspendre les opérations de la Compagnie que
sur les négociations qu'elle va suivre avec l'Europe
pour mettre un terme aux dissentiments qui se sont
élevés.
L'Egypte et la Turquie, dans le plein et libre exer-
cice de leur indépendance, accorderaient donc leur
entier concours à la réalisation du percement de
l'isthme ; elles n'en sont empêchées que par une
prohibition extérieure, et c'est pour la lever que,
coïncidant avec la pensée de l'Empereur des Français,
la Porte songe à porter la question sur le' terrain
diplomatique.
Dès lors, un point très-essentiel est acquis aux né-
gociations : le désir de la Turquie, le désir de l'E-
gypte sont connus ; l'obstacle est extérieur, il est
parmi les puissances européennes et non point dans
le sentiment ou dans le veto ottomans.
La question, dès ce moment, devient exclusive-
ment européenne, et- c'est à la diplomatie euro-
péenne que le sultan défère la mission de la ré-
soudre.
C'est là, selon nous, une fâcheuse et dangereuse
politique, car elle implique pour la Porte une cer-
taine abdication de ses droits de souveraineté. Ces
résolutions, rappelons-le, avaient été prises à Cons-
tantinople sous le ministère précédent, réduit à
confesser devant le monde sa faiblesse et sa dépen-
dance. Nous attendons mieux du grand-vizir actuel :
il passe pour un homme de courage et de fermeté ;
selon nous, il releverait sensiblement et d'un seul
coup la dignité et la considération de son pays, si,
proprio motu, il prenait dans cette affaire une déter-
mination qui serait applaudie, honorée, défendue par
toutes les nations civilisées.
Notons en passant que cette abdication est imposée
au sultan par une puissance qui, tout en faisant grand
bruit de son zèle pour l'empire ottoman, n'hésite pas
à le compromettre dans cette conduite pour des opi-
nions et des vues que la Porte ne partage point.
Mais enfin, considérant les choses dans leur état
actuel, du moment que la question est déférée à l'Eu-
rope, voyons ce que pense l'Europe :
La France s'est assez nettement prononcée, et peut-
être, après tant de preuves de son désintéressement,
a-t-elle lieu d'attendre de la Turquie un témoignage
d'attachement et de reconnaissance, conforme de
plus à ses propres intérêts.
L'Autriche sait que le percement de l'isthme de
Suez fait de Trieste l'une des métropoles de la Médi-
terranée; l'exécution de ce grand travail était
l'une des pensées les plus chères et les plus assidues
du prince de Metternich. L'Autriche autant que la
France a besoin de l'ouverture de l'isthme, et l'Au-
triche, nous l'affirmons, appuiera énergiquement
dans ce but l'initiative de son allié l'Empereur des
Français.
Au moyen du Bosphore égyptien, Odessa, séparée
des Indes et de l'Indo-Chine par toute l'immensité des
mers, n'est plus qu'à 1,800 lieues de Bombay. On se
rappelle les manifestations qu'a suscitées dans toutes
les classes de la Moscovie, et dans ses corps savants,
l'union projetée des deux mers ; la Russie, dans la
délibération commune, joindra infailliblement sa voix
à celles de la France et de l'Autriche.
La Prusse et la Hollande ont fait depuis longtemps
acte d'adhésion au canal en déléguant deux de leurs
ingénieurs les plus éminents pour partager les tra-
vaux de la commission internationale.
On connaît toute la popularité de l'entreprise en
Espagne; pour la résumer en un mot, le roi d'Es-
pagne s'est déclaré officiellement l'un des hauts
protecteurs de la Compagnie universelle.
Un des membres de la famille royale de Portugal
a fait à la Compagnie le même honneur.
Tous les Etats, on pourrait dire toutes les villes
d'Italie, la Grèce, tous les gouvernements enfin qui
bordent la Méditerranée attendent-la réalisation de
l'œuvre avec une anxiété dont les expressions ont été
assez éclatantes.
Ces faits sont l'évidence même; or, nous venons
d'énumérer toute l'Europe à l'exception d'un seul
gouvernement.
C'est donc pour l'Angleterre que la Turquie résiste
aux vœux, aux besoins, aux sollicitations du reste
de l'Europe.
Or, le jour où, de concert avec la France, l'Europe
viendra poser la question en ces termes à l'Angle-
terre, comment est-il possible que l'Angleterre ne
soit pas vaincue, et que dans son isolement elle
persiste à repousser le droit et l'autorité de toutes ces
voix concordantes?
Mais est-ce bien l'Angleterre que la France et l'Eu-
rope trouveraient en face d'elles dans cette délibéra-
tion? Non! elles n'y trouveraient qu'un homme, un
ministre opiniâtre dans un caprice ou dans un pré-
jugé, qui prétendrait faire fléchir l'Europe et im-
poser à son propre pays les dangers et la réprobation
générale excités par sa seule persistance.
Nous demandons où, dans sa résistance, seraient
dans l'Angleterre même les appuis de lord Pal-
merston ?
Les classes commerciales, manufacturières, mari-
times de la Grande-Bretagne ont, dans vingt-deux
assemblées solennelles, unanimement reconnu l'utilité
générale du canal de Suez, et ont spécialement pro-
clamé les hauts avantages qu'en retirerait la pros-
périté des trois royaumes.
La majorité des journaux anglais s'est prononcée
en faveur du projet : quelques-uns l'ont alternative-
ment soutenu et attaqué ; mais ses ennemis eux-
Dans ses dernières significations même, portées au
vice-roi 'par Moukhtar-Bey, elle ne motive sa volonté
de voir suspendre les opérations de la Compagnie que
sur les négociations qu'elle va suivre avec l'Europe
pour mettre un terme aux dissentiments qui se sont
élevés.
L'Egypte et la Turquie, dans le plein et libre exer-
cice de leur indépendance, accorderaient donc leur
entier concours à la réalisation du percement de
l'isthme ; elles n'en sont empêchées que par une
prohibition extérieure, et c'est pour la lever que,
coïncidant avec la pensée de l'Empereur des Français,
la Porte songe à porter la question sur le' terrain
diplomatique.
Dès lors, un point très-essentiel est acquis aux né-
gociations : le désir de la Turquie, le désir de l'E-
gypte sont connus ; l'obstacle est extérieur, il est
parmi les puissances européennes et non point dans
le sentiment ou dans le veto ottomans.
La question, dès ce moment, devient exclusive-
ment européenne, et- c'est à la diplomatie euro-
péenne que le sultan défère la mission de la ré-
soudre.
C'est là, selon nous, une fâcheuse et dangereuse
politique, car elle implique pour la Porte une cer-
taine abdication de ses droits de souveraineté. Ces
résolutions, rappelons-le, avaient été prises à Cons-
tantinople sous le ministère précédent, réduit à
confesser devant le monde sa faiblesse et sa dépen-
dance. Nous attendons mieux du grand-vizir actuel :
il passe pour un homme de courage et de fermeté ;
selon nous, il releverait sensiblement et d'un seul
coup la dignité et la considération de son pays, si,
proprio motu, il prenait dans cette affaire une déter-
mination qui serait applaudie, honorée, défendue par
toutes les nations civilisées.
Notons en passant que cette abdication est imposée
au sultan par une puissance qui, tout en faisant grand
bruit de son zèle pour l'empire ottoman, n'hésite pas
à le compromettre dans cette conduite pour des opi-
nions et des vues que la Porte ne partage point.
Mais enfin, considérant les choses dans leur état
actuel, du moment que la question est déférée à l'Eu-
rope, voyons ce que pense l'Europe :
La France s'est assez nettement prononcée, et peut-
être, après tant de preuves de son désintéressement,
a-t-elle lieu d'attendre de la Turquie un témoignage
d'attachement et de reconnaissance, conforme de
plus à ses propres intérêts.
L'Autriche sait que le percement de l'isthme de
Suez fait de Trieste l'une des métropoles de la Médi-
terranée; l'exécution de ce grand travail était
l'une des pensées les plus chères et les plus assidues
du prince de Metternich. L'Autriche autant que la
France a besoin de l'ouverture de l'isthme, et l'Au-
triche, nous l'affirmons, appuiera énergiquement
dans ce but l'initiative de son allié l'Empereur des
Français.
Au moyen du Bosphore égyptien, Odessa, séparée
des Indes et de l'Indo-Chine par toute l'immensité des
mers, n'est plus qu'à 1,800 lieues de Bombay. On se
rappelle les manifestations qu'a suscitées dans toutes
les classes de la Moscovie, et dans ses corps savants,
l'union projetée des deux mers ; la Russie, dans la
délibération commune, joindra infailliblement sa voix
à celles de la France et de l'Autriche.
La Prusse et la Hollande ont fait depuis longtemps
acte d'adhésion au canal en déléguant deux de leurs
ingénieurs les plus éminents pour partager les tra-
vaux de la commission internationale.
On connaît toute la popularité de l'entreprise en
Espagne; pour la résumer en un mot, le roi d'Es-
pagne s'est déclaré officiellement l'un des hauts
protecteurs de la Compagnie universelle.
Un des membres de la famille royale de Portugal
a fait à la Compagnie le même honneur.
Tous les Etats, on pourrait dire toutes les villes
d'Italie, la Grèce, tous les gouvernements enfin qui
bordent la Méditerranée attendent-la réalisation de
l'œuvre avec une anxiété dont les expressions ont été
assez éclatantes.
Ces faits sont l'évidence même; or, nous venons
d'énumérer toute l'Europe à l'exception d'un seul
gouvernement.
C'est donc pour l'Angleterre que la Turquie résiste
aux vœux, aux besoins, aux sollicitations du reste
de l'Europe.
Or, le jour où, de concert avec la France, l'Europe
viendra poser la question en ces termes à l'Angle-
terre, comment est-il possible que l'Angleterre ne
soit pas vaincue, et que dans son isolement elle
persiste à repousser le droit et l'autorité de toutes ces
voix concordantes?
Mais est-ce bien l'Angleterre que la France et l'Eu-
rope trouveraient en face d'elles dans cette délibéra-
tion? Non! elles n'y trouveraient qu'un homme, un
ministre opiniâtre dans un caprice ou dans un pré-
jugé, qui prétendrait faire fléchir l'Europe et im-
poser à son propre pays les dangers et la réprobation
générale excités par sa seule persistance.
Nous demandons où, dans sa résistance, seraient
dans l'Angleterre même les appuis de lord Pal-
merston ?
Les classes commerciales, manufacturières, mari-
times de la Grande-Bretagne ont, dans vingt-deux
assemblées solennelles, unanimement reconnu l'utilité
générale du canal de Suez, et ont spécialement pro-
clamé les hauts avantages qu'en retirerait la pros-
périté des trois royaumes.
La majorité des journaux anglais s'est prononcée
en faveur du projet : quelques-uns l'ont alternative-
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