Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-12-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 décembre 1859 01 décembre 1859
Description : 1859/12/01 (A4,N83). 1859/12/01 (A4,N83).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295185
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 367
» sommes les maîtres de l'Inde. Le canal de Suez est
» conçu en vue d'abréger cette navigation ; si nous
» n'en voulons pas, les autres n'ont pas d'intérêt à en
» vouloir. Le chemin de fer d'Alexandrie au Caire suf-
» fit à l'Angleterre. Renoncez au canal. »
» C'est se placer à un point de vue trop exclusif.
La marine et le commerce de l'Angleterre sont les
plus puissants du monde entier. Ils exploitent pres-
que seuls les riches contrées de l'Asie. Ce serait folie
que de concevoir la pensée de les supplanter, et nul
n'y songe. Mais quoi! les autres peuples ne sont-ils
pas autorisés à vouloir glaner dans ce vaste champ
où croissent les plus riches moissons ? Exploiter l'Asie,
c'est fort bien, quand on a, comme l'Angleterre, l'ex-
périence acquise, l'esprit d'entreprise et le génie du
commerce. Mais ce n'est pas une raison d'en interdire
l'accès aux autres nations. On comprendrait à peine
qu'une telle exclusion pût durer, si une seule nation
était en mesure d'exercer ce monopole, de manière à
ne laisser sur la route de l'Inde aucune contrée im-
productive. Si puissant que soit un peuple, si nom-
breux que soient ses vaisseaux, si actif et si entre
prenant que soit son commerce, il ne peut suffire à
la tâche immense de civiliser tant de pays d'une si
vaste étendue qui sont encore sans industrie, sans
commerce, sans navigation, sans religion saine et
sans liberté,
» La transformation de l'Inde, la colonisation de
l'Australie, un continent plus grand que l'Europe ; la
conquête commerciale de la Chine sont des entrepri-
ses dignes d'un grand peuple et qui suffisent à ses
forces.
» Le Times ne disait-il pas, ces jours derniers, que
l'Angleterre ne souhaitait plus d'agrandissement à
l'extérieur, et que tous les bons esprits, dans ce pays,
pensaient qu'en fait de possessions lointaines, la
Grande-Bretagne avait acquis ce qui suffisait au
complet exercice de ses forces. Eh bien ! sans parler
des régions de l'Asie complètement délaissées par le
pavillon britannique et que le canal de Suez mettrait
en rapport avec celui des autres nations, n'y a-t-il
pas l'Afrique orientale tout entière à tirer de son iso-
lement et de sa barbarie ?
» Séparée du reste du monde par un misérable
morceau de terre de trente lieues d'étendue, nous
pouvons la mettre à nos portes en moins de quelques
mois par l'ouverture de la voie maritime projetée. On
verra se précipiter sur ctte voie les milliers de navires
qui font le cabotage de la Méditerranée ; ils porteront
dans toutes les criques, dans toutes les baies, dans
tous les ports des côtes qui s'étendent de l'Abyssinie
aux possessions portugaises, au sud de l'équateur,
le commerce que l'Angleterre regarde avec raison
comme le principal élément de civilisation.
» Ecoutez ces hommes éminents de la Grande-
Bretagne, ces vrais philanthropes qui ont prêché la
grande croisade de l'humanité contre la traite des
noirs. Ont ils mis leur espoir dans la présence des
escadres chargées d'arrêter les négriers? non. Ce
qu'ils réclament encore aujourd'hui, ce qu'ils favori-
sent de tout leur pouvoir et de toute leur éloquence,
c'est la propagation du commerce légitime qu'ils re-
gardent avec juste raison comme l'agent le plus
propre à établir l'ordre et la paix dans les tribus
africaines.
» L'Angleterre sera conséquente avec elle-même.
Libre commerçante, elle ne voudra pas apporter plus
longtemps d'entraves aux libres rapports des autres
nations du continent avec tant de déshérités de l'A-
frique et de l'Asie, que le canal de Suez admettra au
partage d'un bien commun : le christianisme et la
civilisation qu'il comporte.
» Le chemin de fer de Suez lui suffit, dit-elle ; ses
intérêts sont garantis par cette voie de terre; sa
prospérité est assurée, elle est satisfaite, tant mieux.
Elle s'associera au mouvement de l'Espagne, de la
France, de l'Italie, de l'Autriche, de la Grèce, de la
Russie, de l'empire ottoman tout entier ; elle leur
laissera la satisfaction de construire une voie mari-
time qui ne gênera nullement le chemin de fer et qui
portera des pavillons amis sur des côtes où elle ne
paraît pas elle-même. Inutile d'ajouter que cette voie
maritime sera tenue à sa disposition.
» Mais on prévoit un cas plus grave : on craint que
le canal ne menace l'intégrité de l'empire ottoman et
ne modifie les rapports de souverain à vassal qui exis-
tent entre le gouvernement de Constantinople et le
gouvernement de l'Egypte.
» S'il s'agit du canal en lui même, l'objection n'est
que puérile. Ce n'est pas un fossé rempli d'eau qui
pourrait arrêter la marche même d'une armée tur-
que, et, avant d'arriver sur les bords du canal, les
troupes venant de Constantinople auraient plus d'un
cours d'eau à traverser.
» Il faut aller au fond des choses. Ce qu'on redou-
terait, ce serait sans doute l'influence que pourraient
acquérir les Européens établis dans l'isthme, soit
pour l'exploitation du canal, soit pour la culture des
terres ; et, en effet, la concession de terres à la Com-
pagnie a paru inquiéter plusieurs orateurs lors de la
discussion du parlement.
» Ces inquiétudes n'ont aucun fondement, et d'a-
bord qu'on nous permette l'exposé d'un fait.
Il El-Hami-Pacha, fils du précédent vice-roi d'E-
gypte Abbas-Pacha , et gendre de S. M. le sultan
Abdul - Medjid, est propriétaire d'une très-grande
étendue de terrains dans le bassin supérieur de la
vallée où passera le canal de jonction entre le Nil et
le canal de Suez. Ces terres, d'une fertilité extrême,
ne comprennent pas moins de 10,000 hectares. Du
temps de Méhémet-Ali, elles étaient cultivées par plus
de 10,000 paysans du pays. Le terrain en pourrait
» sommes les maîtres de l'Inde. Le canal de Suez est
» conçu en vue d'abréger cette navigation ; si nous
» n'en voulons pas, les autres n'ont pas d'intérêt à en
» vouloir. Le chemin de fer d'Alexandrie au Caire suf-
» fit à l'Angleterre. Renoncez au canal. »
» C'est se placer à un point de vue trop exclusif.
La marine et le commerce de l'Angleterre sont les
plus puissants du monde entier. Ils exploitent pres-
que seuls les riches contrées de l'Asie. Ce serait folie
que de concevoir la pensée de les supplanter, et nul
n'y songe. Mais quoi! les autres peuples ne sont-ils
pas autorisés à vouloir glaner dans ce vaste champ
où croissent les plus riches moissons ? Exploiter l'Asie,
c'est fort bien, quand on a, comme l'Angleterre, l'ex-
périence acquise, l'esprit d'entreprise et le génie du
commerce. Mais ce n'est pas une raison d'en interdire
l'accès aux autres nations. On comprendrait à peine
qu'une telle exclusion pût durer, si une seule nation
était en mesure d'exercer ce monopole, de manière à
ne laisser sur la route de l'Inde aucune contrée im-
productive. Si puissant que soit un peuple, si nom-
breux que soient ses vaisseaux, si actif et si entre
prenant que soit son commerce, il ne peut suffire à
la tâche immense de civiliser tant de pays d'une si
vaste étendue qui sont encore sans industrie, sans
commerce, sans navigation, sans religion saine et
sans liberté,
» La transformation de l'Inde, la colonisation de
l'Australie, un continent plus grand que l'Europe ; la
conquête commerciale de la Chine sont des entrepri-
ses dignes d'un grand peuple et qui suffisent à ses
forces.
» Le Times ne disait-il pas, ces jours derniers, que
l'Angleterre ne souhaitait plus d'agrandissement à
l'extérieur, et que tous les bons esprits, dans ce pays,
pensaient qu'en fait de possessions lointaines, la
Grande-Bretagne avait acquis ce qui suffisait au
complet exercice de ses forces. Eh bien ! sans parler
des régions de l'Asie complètement délaissées par le
pavillon britannique et que le canal de Suez mettrait
en rapport avec celui des autres nations, n'y a-t-il
pas l'Afrique orientale tout entière à tirer de son iso-
lement et de sa barbarie ?
» Séparée du reste du monde par un misérable
morceau de terre de trente lieues d'étendue, nous
pouvons la mettre à nos portes en moins de quelques
mois par l'ouverture de la voie maritime projetée. On
verra se précipiter sur ctte voie les milliers de navires
qui font le cabotage de la Méditerranée ; ils porteront
dans toutes les criques, dans toutes les baies, dans
tous les ports des côtes qui s'étendent de l'Abyssinie
aux possessions portugaises, au sud de l'équateur,
le commerce que l'Angleterre regarde avec raison
comme le principal élément de civilisation.
» Ecoutez ces hommes éminents de la Grande-
Bretagne, ces vrais philanthropes qui ont prêché la
grande croisade de l'humanité contre la traite des
noirs. Ont ils mis leur espoir dans la présence des
escadres chargées d'arrêter les négriers? non. Ce
qu'ils réclament encore aujourd'hui, ce qu'ils favori-
sent de tout leur pouvoir et de toute leur éloquence,
c'est la propagation du commerce légitime qu'ils re-
gardent avec juste raison comme l'agent le plus
propre à établir l'ordre et la paix dans les tribus
africaines.
» L'Angleterre sera conséquente avec elle-même.
Libre commerçante, elle ne voudra pas apporter plus
longtemps d'entraves aux libres rapports des autres
nations du continent avec tant de déshérités de l'A-
frique et de l'Asie, que le canal de Suez admettra au
partage d'un bien commun : le christianisme et la
civilisation qu'il comporte.
» Le chemin de fer de Suez lui suffit, dit-elle ; ses
intérêts sont garantis par cette voie de terre; sa
prospérité est assurée, elle est satisfaite, tant mieux.
Elle s'associera au mouvement de l'Espagne, de la
France, de l'Italie, de l'Autriche, de la Grèce, de la
Russie, de l'empire ottoman tout entier ; elle leur
laissera la satisfaction de construire une voie mari-
time qui ne gênera nullement le chemin de fer et qui
portera des pavillons amis sur des côtes où elle ne
paraît pas elle-même. Inutile d'ajouter que cette voie
maritime sera tenue à sa disposition.
» Mais on prévoit un cas plus grave : on craint que
le canal ne menace l'intégrité de l'empire ottoman et
ne modifie les rapports de souverain à vassal qui exis-
tent entre le gouvernement de Constantinople et le
gouvernement de l'Egypte.
» S'il s'agit du canal en lui même, l'objection n'est
que puérile. Ce n'est pas un fossé rempli d'eau qui
pourrait arrêter la marche même d'une armée tur-
que, et, avant d'arriver sur les bords du canal, les
troupes venant de Constantinople auraient plus d'un
cours d'eau à traverser.
» Il faut aller au fond des choses. Ce qu'on redou-
terait, ce serait sans doute l'influence que pourraient
acquérir les Européens établis dans l'isthme, soit
pour l'exploitation du canal, soit pour la culture des
terres ; et, en effet, la concession de terres à la Com-
pagnie a paru inquiéter plusieurs orateurs lors de la
discussion du parlement.
» Ces inquiétudes n'ont aucun fondement, et d'a-
bord qu'on nous permette l'exposé d'un fait.
Il El-Hami-Pacha, fils du précédent vice-roi d'E-
gypte Abbas-Pacha , et gendre de S. M. le sultan
Abdul - Medjid, est propriétaire d'une très-grande
étendue de terrains dans le bassin supérieur de la
vallée où passera le canal de jonction entre le Nil et
le canal de Suez. Ces terres, d'une fertilité extrême,
ne comprennent pas moins de 10,000 hectares. Du
temps de Méhémet-Ali, elles étaient cultivées par plus
de 10,000 paysans du pays. Le terrain en pourrait
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 15/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k65295185/f15.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k65295185/f15.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k65295185/f15.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k65295185
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k65295185
Facebook
Twitter