Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-12-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 décembre 1859 01 décembre 1859
Description : 1859/12/01 (A4,N83). 1859/12/01 (A4,N83).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295185
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 365
COMMENT SE MAINTIENDRA L'ALLIANCE ANGLAISE.
Nous sommes en retard avec une brochure de
M. Louis Jourdan, l'un des rédacteurs principaux du
Siècle, brochure qui a fait sensation dans le monde
politique. M. Jourdan est, comme nous, partisan de
l'alliance anglaise, mais il ne la conçoit et ne l'accepte
que dans des conditions d'égalité et d'utilité récipro-
ques. Il lui paraît que jusqu'à présent ce n'est pas
ainsi qu'on a entendu pratiquer l'alliance de l'autre
côté du détroit, et sa brochure est destinée à dévelop-
per les raisons et les faits qui lui inspirent cette
opinion. Parmi les torts de la politique anglaise, l'au-
teur ne pouvait pas manquer de faire figurer le grand
grief moderne de l'Europe contre la Grande-Bretagne,
les obstacles mis au percement de l'isthme de Suez.
La parole de l'écrivain est vive et ardente, elle se
ressent de l'émotion qu'une conduite sans justification
possible a jetée dans tous les esprits indépendants et
prévoyants de l'Europe ; mais elle est d'autant plus
digne d'attention qu'elle émane d'un des plus cons-
tants et d'un des plus chaleureux défenseurs de
l'alliance entre les deux pays.
Cette citation est donc plus propre que toute autre
à faire mesurer de l'autre côté du détroit à quel point,
dans cette affaire, on a blessé notre sentiment natio-
nal, et combien étaient sages les conseils donnés
l'année dernière au gouvernement anglais par M.
Gladstone.
Voici l'extrait de la brochure de M. Jourdan concer-
nant le canal de Suez.
JULES ROSÉ.
« La politique anglaise est devenue la pierre d'a-
choppement de l'Europe. Si cette politique persistait
dans ses errements, si avec ou contre le gré des hommes
d'Etat, whigs ou tories, qui la dirigent, elle n'était point
modifiée, c'en serait fait du progrès européen. La cons-
titution de la famille européenne sur des bases plus
équitables que celles qui furent données aux traités de
1815 deviendrait une chimère ; nulle grande affaire ne
pourrait être résolue. Toutes les forces sociales s'épui-
seraient en luttes stériles, en tiraillements douloureux.
D Nous n'en voulons d'autre preuve que ce qui
se passe pour le percement de l'isthme de Suez.
Les hommes spéciaux ont reconnu l'utilité générale
de cette œuvre gigantesque ; toutes les nations, y
compris l'Angleterre, l'ont acclamée; le vice-roi d'E-
gypte attache la gloire de son règne à son accomplis-
sement; une compagnie a été formée avec le concours
de tous les capitaux européens ; mais la politique an-
glaise la voit d'un œil inquiet et jaloux, cela suffit pour
que l'entreprise soit paralysée. Vainqueurs à Sébastopol
au profit de la Porte Ottomane, nous sommes battus
diplomatiquement à Constantinople, et le sultan, cédant
aux plus mauvaises inspirations du cabinet anglais, si-
gnifie à Saïd-Pacha qu'il doit s'opposer à tout commen-
cement d'exécution.
» Une situation pareille n'est pas tolérable ; elle ré-
volte tous les sentiments de justice, elle est humiliante
pour l'Europe entière, elle l'est surtout pour la France
qui, en permettant qu'une souscription publique fût
ouverte, s'est tacitement engagée à protéger l'entre-
prise en vue de laquelle les capitaux étaient appelés.
Quel est le Français qui ne sente le rouge lui monter
au front en songeant que la volonté seule du cabinet
anglais prévaut en cette circonstance contre la volonté
de tous; que l'intérêt mesquin de la politique anglaise
l'emporte sur l'intérêt collectif de tous les peuples; que
les capitaux, les ingénieurs, les ouvriers, tout est prêt
et attend, quoi? qu'il plaise au cabinet anglais de lever
son veto et de souffler au sultan un oui au lieu du non
qu'il vient de signifier à son vassal le vice-roi d'É-
gypte.
» Nous le disons du fond de notre âme : la paix est le
plus précieux des biens, l'alliance anglo-française est
la plus désirable des alliances, celle qui peut être la
plus féconde en heureux résultats ; mais mieux vau-
drait cent fois courir les chances de la guerre, mieux
vaudraient, pour les intérêts européens, les souffrances
et les sacrifices qu'elle entraine avec elle, que cette
suzeraineté humiliante du cabinet anglais qui s'empare
de Périm sans façon, à la stupéfaction de l'Europe si-
lencieuse, et qui ne permet pas le percement d'une
grande route navigable et neutralisée à travers l'isthme
de Suez.
» Oui, mieux vaudrait la guerre que cette politique
sans principes, cette politique sans autre règle que l'in -
térêt anglais, exclusivement anglais, qui se met en
travers de toutes les questions, qui veut dominer par-
tout, dominer toujours, tout prendre et tout diriger en
vue d'elle-même, en vue d'elle seule. La guerre aurait
de moins graves inconvénients; elle serait heureuse
ou malheureuse. Heureuse, elle aurait pour le monde
des conséquences incalculables ; elle placerait l'Angle-
terre au niveau des autres nations européennes; elle ferait
cesser une suprématie de fait que rien ne justifie; elle
permettrait d'entreprendre et de mener à bien les gran-
des affaires en suspens, elle fonderait l'unité de l'Eu-
rope, l'unité monétaire, l'unité des poids et mesu-
res, etc; malheureuse, elle ne changerait rien à la
situation actuelle ; l'Angleterr resterait ce qu'elle est :
la dédaigneuse suzeraine de l'Europe. »
REVUE DE LA PRISSE.
L'abondance des matières nous oblige aujourd'hui
à ne donner qu'une très-courte analyse de la revue
de la presse.
La note du Journal de Coïutanlinople a attiré l'at-
tention des journaux français et étrangers ; elle y est
diversement jugée, mais tous font d'accord à recon-
naître que le moment est arrivé où la décision de la
Porte ne peut plus être retardée.
En Allemagne, en Belgique, en France, en Autriche,
un grand nombre de journaux pensent que si la ques-
tion n'était pas amiablement réglée, elle le serait cer-
COMMENT SE MAINTIENDRA L'ALLIANCE ANGLAISE.
Nous sommes en retard avec une brochure de
M. Louis Jourdan, l'un des rédacteurs principaux du
Siècle, brochure qui a fait sensation dans le monde
politique. M. Jourdan est, comme nous, partisan de
l'alliance anglaise, mais il ne la conçoit et ne l'accepte
que dans des conditions d'égalité et d'utilité récipro-
ques. Il lui paraît que jusqu'à présent ce n'est pas
ainsi qu'on a entendu pratiquer l'alliance de l'autre
côté du détroit, et sa brochure est destinée à dévelop-
per les raisons et les faits qui lui inspirent cette
opinion. Parmi les torts de la politique anglaise, l'au-
teur ne pouvait pas manquer de faire figurer le grand
grief moderne de l'Europe contre la Grande-Bretagne,
les obstacles mis au percement de l'isthme de Suez.
La parole de l'écrivain est vive et ardente, elle se
ressent de l'émotion qu'une conduite sans justification
possible a jetée dans tous les esprits indépendants et
prévoyants de l'Europe ; mais elle est d'autant plus
digne d'attention qu'elle émane d'un des plus cons-
tants et d'un des plus chaleureux défenseurs de
l'alliance entre les deux pays.
Cette citation est donc plus propre que toute autre
à faire mesurer de l'autre côté du détroit à quel point,
dans cette affaire, on a blessé notre sentiment natio-
nal, et combien étaient sages les conseils donnés
l'année dernière au gouvernement anglais par M.
Gladstone.
Voici l'extrait de la brochure de M. Jourdan concer-
nant le canal de Suez.
JULES ROSÉ.
« La politique anglaise est devenue la pierre d'a-
choppement de l'Europe. Si cette politique persistait
dans ses errements, si avec ou contre le gré des hommes
d'Etat, whigs ou tories, qui la dirigent, elle n'était point
modifiée, c'en serait fait du progrès européen. La cons-
titution de la famille européenne sur des bases plus
équitables que celles qui furent données aux traités de
1815 deviendrait une chimère ; nulle grande affaire ne
pourrait être résolue. Toutes les forces sociales s'épui-
seraient en luttes stériles, en tiraillements douloureux.
D Nous n'en voulons d'autre preuve que ce qui
se passe pour le percement de l'isthme de Suez.
Les hommes spéciaux ont reconnu l'utilité générale
de cette œuvre gigantesque ; toutes les nations, y
compris l'Angleterre, l'ont acclamée; le vice-roi d'E-
gypte attache la gloire de son règne à son accomplis-
sement; une compagnie a été formée avec le concours
de tous les capitaux européens ; mais la politique an-
glaise la voit d'un œil inquiet et jaloux, cela suffit pour
que l'entreprise soit paralysée. Vainqueurs à Sébastopol
au profit de la Porte Ottomane, nous sommes battus
diplomatiquement à Constantinople, et le sultan, cédant
aux plus mauvaises inspirations du cabinet anglais, si-
gnifie à Saïd-Pacha qu'il doit s'opposer à tout commen-
cement d'exécution.
» Une situation pareille n'est pas tolérable ; elle ré-
volte tous les sentiments de justice, elle est humiliante
pour l'Europe entière, elle l'est surtout pour la France
qui, en permettant qu'une souscription publique fût
ouverte, s'est tacitement engagée à protéger l'entre-
prise en vue de laquelle les capitaux étaient appelés.
Quel est le Français qui ne sente le rouge lui monter
au front en songeant que la volonté seule du cabinet
anglais prévaut en cette circonstance contre la volonté
de tous; que l'intérêt mesquin de la politique anglaise
l'emporte sur l'intérêt collectif de tous les peuples; que
les capitaux, les ingénieurs, les ouvriers, tout est prêt
et attend, quoi? qu'il plaise au cabinet anglais de lever
son veto et de souffler au sultan un oui au lieu du non
qu'il vient de signifier à son vassal le vice-roi d'É-
gypte.
» Nous le disons du fond de notre âme : la paix est le
plus précieux des biens, l'alliance anglo-française est
la plus désirable des alliances, celle qui peut être la
plus féconde en heureux résultats ; mais mieux vau-
drait cent fois courir les chances de la guerre, mieux
vaudraient, pour les intérêts européens, les souffrances
et les sacrifices qu'elle entraine avec elle, que cette
suzeraineté humiliante du cabinet anglais qui s'empare
de Périm sans façon, à la stupéfaction de l'Europe si-
lencieuse, et qui ne permet pas le percement d'une
grande route navigable et neutralisée à travers l'isthme
de Suez.
» Oui, mieux vaudrait la guerre que cette politique
sans principes, cette politique sans autre règle que l'in -
térêt anglais, exclusivement anglais, qui se met en
travers de toutes les questions, qui veut dominer par-
tout, dominer toujours, tout prendre et tout diriger en
vue d'elle-même, en vue d'elle seule. La guerre aurait
de moins graves inconvénients; elle serait heureuse
ou malheureuse. Heureuse, elle aurait pour le monde
des conséquences incalculables ; elle placerait l'Angle-
terre au niveau des autres nations européennes; elle ferait
cesser une suprématie de fait que rien ne justifie; elle
permettrait d'entreprendre et de mener à bien les gran-
des affaires en suspens, elle fonderait l'unité de l'Eu-
rope, l'unité monétaire, l'unité des poids et mesu-
res, etc; malheureuse, elle ne changerait rien à la
situation actuelle ; l'Angleterr resterait ce qu'elle est :
la dédaigneuse suzeraine de l'Europe. »
REVUE DE LA PRISSE.
L'abondance des matières nous oblige aujourd'hui
à ne donner qu'une très-courte analyse de la revue
de la presse.
La note du Journal de Coïutanlinople a attiré l'at-
tention des journaux français et étrangers ; elle y est
diversement jugée, mais tous font d'accord à recon-
naître que le moment est arrivé où la décision de la
Porte ne peut plus être retardée.
En Allemagne, en Belgique, en France, en Autriche,
un grand nombre de journaux pensent que si la ques-
tion n'était pas amiablement réglée, elle le serait cer-
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