Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-12-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 décembre 1859 01 décembre 1859
Description : 1859/12/01 (A4,N83). 1859/12/01 (A4,N83).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295185
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
362 L'ISTHME DE SUEZ.
erreur de jugement pour le passé aussi bien que pour
le présent et l'avenir.
Voici par exemple comment la Patrie apprécie le
dommage déjà causé à l'Angleterre par les obstacles
qu'elle a mis à l'achèvement de ce projet.
J. MONGIN.
Il Quelle que soit l'activité que les autorités anglaises
apportent dans les armements déjà décidés, les organes
ministériels eux-mêmes reconnaissent que l'expédition
ne pourra quitter les côtes d'Angleterre avant le com-
mencement de janvier. Elle aura alors devant elle une
navigation qui, dans les circonstances les plus favora-
bles, ne peut s'accomplir en moins de cinq mois.
» C'est donc mettre tout au mieux que de supposer
l'expédition réunie à Hong-Kong et prête à agir au
15 juin 1860. Une année entière se sera donc écoulée
depuis le désastre du Peï-ho avant qu'aucune tentative
ait pu être faite pour le venger. Pendant une année, le
souverain d'un empire de 400 millions d'hommes aura
pu préparer à loisir sa résistance, réunir ses troupes,
fortifier les côtes, obstruer les rivières, multiplier tous
les obstacles devant la valeur et l'habileté européennes.
En eût-il été de même si, par un fatal entêtement,
l'Angleterre n'avait jusqu'ici rendu impossible le per-
cement de l'isthme de Suez ?
» Supposons l'isthme percé et la traversée de l'An-
gleterre en Chine abrégée d'un grand tiers, non-seule-
ment la répression eût été plus prompte, mais elle eût
été plus facile, parce que les Chinois n'auraient pas eu
le temps d'accumuler les moyens de défense. La promp-
titude que l'Angleterre aurait mise à venger son ou-
trage eût été une éclatante leçon pour les populations
orientales. La révolte de l'Inde aurait déjà, dû ouvrir les
yeux à l'Angleterre sur les services que lui rendrait un
libre passage de la Méditerranée dans la mer Rouge.
La guerre de Chine désabusera-t-elle enfin ses hommes
d'État, et les fera-t-elle renoncer à une politique que
condamne l'opinion de tous les peuples civilisés, et qui
est si préjudiciable aux intérêts de l'Angleterre elle-
même ?
» E.-B.GCLLAUD. »
r Le Courrier de Marseille, de son côté, fait sur le
même sujet les réflexions suivantes :
« Et c'est au moment où l'Occident se dispose à ven-
ger les violences des Chinois, c'est au moment où les
soldats et les marins de deux grandes nations frémissent
d'impatience à l'approche d'un grand coup qui doit être
porté sur ce peuple barbare, que l'Angleterre, ou pour
mieux dire que lord Palmerston veut que la barrière
qui s'oppose à l'influence de la civilisation chrétienne
reste encore debout entre l'Europe et l'Asie 1 Elle s'abais-
sera, elle disparaîtra, cette barrière qui peut être si ai-
sément brisée. L'Asie n'a pas été créée pour être livrée
■à l'Angleterre seule ; nos Français du siècle passé y ont
laissé une glorieuse empreinte sous Dupleix ; le Portu-
gal et l'Espagne y ont envoyé leurs héroïques missions,
l'Espagnol François-Xavier y a son tombeau à Macao où
le grand peëte des Lusiades a écrit ses chants immor-
tels, Maintenant, la France, qui a planté son drapeau 11
Tourane, va s'y montrer, avec ses soldats d'élite, sur le
fleuve chinois rougi du sang européen; est-ce le mo-
ment pour lord Palmerston de continuer à vouloir qu'un
mince banc de sable s'élève comme un obstacle infran-
chissable entre la Méditerranée et la mer Rouge? C'est
là de la déraison, et voilà pourquoi nous sommes con-
vaincus que les travaux préparatoires ne tarderont pas
à être repris.
» L. MÉRY. »
LE CANAL DE SUEZ ET L'EXTRÈME ORIENT.
Dans une lettre très-curieuse et très-intéressante
sur le Japon et que nous croyons pouvoir attribuer
à l'un des agents britanniques employés dans ce pays,
le Times nous trace sur les développements de la
puissance russe vers ces mers lointaines et si lente-
ment accessibles à l'Europe occidentale un tableau
utile à reproduire. Nous ne connaissons rien de plus
propre à faire tomber la cataracte qui afflige encore
certains yeux en Angleterre à l'égard de l'urgence
et de la nécessité du percement de l'isthme dans l'ob-
jet. d'offrir au pavillon de l'Angleterre et de la France
une route abrégée vers le théàtre où se préparent
peut-être les plus grands événements de nos temps
modernes. La Russie, habile, persévérante et active,
n'a point perdu son temps. Ses possessions et sa ma-
rine de ce côté sont déjà sur un pied formidable ; on
en pourra juger par les extraits suivants de la cor-
respondance du journal de la cité :
« L'arrivée de Hakodadi d'une escadre russe de
» dix vaisseaux avec le comte Monravieff, gouverneur
» général de la Sibérie et de toute la province de l'A-
» mur, est le grand événement du jour. Le consul
» russe à Hakodadi est aussi arrivé chargé d'échanger
D les ratifications du traité. C'est la seule nouvelle.
» La plus grande partie de l'escadre a cinglé droit sur
» Jeddo, capitale du Japon. Qu'est venu faire ici le
D général Mouravieff? Ce n'est pas très-clair. Vous sa-
» vez que les Russes, en prenant d'une bouchée la moi-
» tié de la grande province de la Manchourie, tandis que
» nous étions à nous disputer sur Constantinople et à
» combattre en Crimée, se sont aussi assuré la moitié
» septentrionale de la grande île de Saghalien, la par-
» tageant avec le Japon. Ainsi par les Des Kouril-
» les au nord-est, et au nord-ouest par Saghalien à
» l'embouchure de l'Amur, l'empire russe est sur deux
» points en contact avec le Japon. Il n'est pas aisé de
» découvrir dans quel but un agent aussi distingué et
» une flotte aussi considérable apparaissent dans ces
) eaux sans autre mission ostensible que celle de régler
» la ligne des frontières à travers l'île Saghalien. D
Ainsi nos prévisions se réalisent avec une rapidité
foudroyante; déjà la Russie possède une flotte re-
doutable dans ces extrémités du monde ; et c'est sur son
territoire voisin que ses vaisseaux se construisent, se
ravitaillent ; c'est de ses ports voisins qu'ils partent ;
c'est dans ces ports qu'ils ont toujours un refuge tout
erreur de jugement pour le passé aussi bien que pour
le présent et l'avenir.
Voici par exemple comment la Patrie apprécie le
dommage déjà causé à l'Angleterre par les obstacles
qu'elle a mis à l'achèvement de ce projet.
J. MONGIN.
Il Quelle que soit l'activité que les autorités anglaises
apportent dans les armements déjà décidés, les organes
ministériels eux-mêmes reconnaissent que l'expédition
ne pourra quitter les côtes d'Angleterre avant le com-
mencement de janvier. Elle aura alors devant elle une
navigation qui, dans les circonstances les plus favora-
bles, ne peut s'accomplir en moins de cinq mois.
» C'est donc mettre tout au mieux que de supposer
l'expédition réunie à Hong-Kong et prête à agir au
15 juin 1860. Une année entière se sera donc écoulée
depuis le désastre du Peï-ho avant qu'aucune tentative
ait pu être faite pour le venger. Pendant une année, le
souverain d'un empire de 400 millions d'hommes aura
pu préparer à loisir sa résistance, réunir ses troupes,
fortifier les côtes, obstruer les rivières, multiplier tous
les obstacles devant la valeur et l'habileté européennes.
En eût-il été de même si, par un fatal entêtement,
l'Angleterre n'avait jusqu'ici rendu impossible le per-
cement de l'isthme de Suez ?
» Supposons l'isthme percé et la traversée de l'An-
gleterre en Chine abrégée d'un grand tiers, non-seule-
ment la répression eût été plus prompte, mais elle eût
été plus facile, parce que les Chinois n'auraient pas eu
le temps d'accumuler les moyens de défense. La promp-
titude que l'Angleterre aurait mise à venger son ou-
trage eût été une éclatante leçon pour les populations
orientales. La révolte de l'Inde aurait déjà, dû ouvrir les
yeux à l'Angleterre sur les services que lui rendrait un
libre passage de la Méditerranée dans la mer Rouge.
La guerre de Chine désabusera-t-elle enfin ses hommes
d'État, et les fera-t-elle renoncer à une politique que
condamne l'opinion de tous les peuples civilisés, et qui
est si préjudiciable aux intérêts de l'Angleterre elle-
même ?
» E.-B.GCLLAUD. »
r Le Courrier de Marseille, de son côté, fait sur le
même sujet les réflexions suivantes :
« Et c'est au moment où l'Occident se dispose à ven-
ger les violences des Chinois, c'est au moment où les
soldats et les marins de deux grandes nations frémissent
d'impatience à l'approche d'un grand coup qui doit être
porté sur ce peuple barbare, que l'Angleterre, ou pour
mieux dire que lord Palmerston veut que la barrière
qui s'oppose à l'influence de la civilisation chrétienne
reste encore debout entre l'Europe et l'Asie 1 Elle s'abais-
sera, elle disparaîtra, cette barrière qui peut être si ai-
sément brisée. L'Asie n'a pas été créée pour être livrée
■à l'Angleterre seule ; nos Français du siècle passé y ont
laissé une glorieuse empreinte sous Dupleix ; le Portu-
gal et l'Espagne y ont envoyé leurs héroïques missions,
l'Espagnol François-Xavier y a son tombeau à Macao où
le grand peëte des Lusiades a écrit ses chants immor-
tels, Maintenant, la France, qui a planté son drapeau 11
Tourane, va s'y montrer, avec ses soldats d'élite, sur le
fleuve chinois rougi du sang européen; est-ce le mo-
ment pour lord Palmerston de continuer à vouloir qu'un
mince banc de sable s'élève comme un obstacle infran-
chissable entre la Méditerranée et la mer Rouge? C'est
là de la déraison, et voilà pourquoi nous sommes con-
vaincus que les travaux préparatoires ne tarderont pas
à être repris.
» L. MÉRY. »
LE CANAL DE SUEZ ET L'EXTRÈME ORIENT.
Dans une lettre très-curieuse et très-intéressante
sur le Japon et que nous croyons pouvoir attribuer
à l'un des agents britanniques employés dans ce pays,
le Times nous trace sur les développements de la
puissance russe vers ces mers lointaines et si lente-
ment accessibles à l'Europe occidentale un tableau
utile à reproduire. Nous ne connaissons rien de plus
propre à faire tomber la cataracte qui afflige encore
certains yeux en Angleterre à l'égard de l'urgence
et de la nécessité du percement de l'isthme dans l'ob-
jet. d'offrir au pavillon de l'Angleterre et de la France
une route abrégée vers le théàtre où se préparent
peut-être les plus grands événements de nos temps
modernes. La Russie, habile, persévérante et active,
n'a point perdu son temps. Ses possessions et sa ma-
rine de ce côté sont déjà sur un pied formidable ; on
en pourra juger par les extraits suivants de la cor-
respondance du journal de la cité :
« L'arrivée de Hakodadi d'une escadre russe de
» dix vaisseaux avec le comte Monravieff, gouverneur
» général de la Sibérie et de toute la province de l'A-
» mur, est le grand événement du jour. Le consul
» russe à Hakodadi est aussi arrivé chargé d'échanger
D les ratifications du traité. C'est la seule nouvelle.
» La plus grande partie de l'escadre a cinglé droit sur
» Jeddo, capitale du Japon. Qu'est venu faire ici le
D général Mouravieff? Ce n'est pas très-clair. Vous sa-
» vez que les Russes, en prenant d'une bouchée la moi-
» tié de la grande province de la Manchourie, tandis que
» nous étions à nous disputer sur Constantinople et à
» combattre en Crimée, se sont aussi assuré la moitié
» septentrionale de la grande île de Saghalien, la par-
» tageant avec le Japon. Ainsi par les Des Kouril-
» les au nord-est, et au nord-ouest par Saghalien à
» l'embouchure de l'Amur, l'empire russe est sur deux
» points en contact avec le Japon. Il n'est pas aisé de
» découvrir dans quel but un agent aussi distingué et
» une flotte aussi considérable apparaissent dans ces
) eaux sans autre mission ostensible que celle de régler
» la ligne des frontières à travers l'île Saghalien. D
Ainsi nos prévisions se réalisent avec une rapidité
foudroyante; déjà la Russie possède une flotte re-
doutable dans ces extrémités du monde ; et c'est sur son
territoire voisin que ses vaisseaux se construisent, se
ravitaillent ; c'est de ses ports voisins qu'ils partent ;
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