Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-11-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 novembre 1859 15 novembre 1859
Description : 1859/11/15 (A4,N82). 1859/11/15 (A4,N82).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529517r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
344 L'ISTHME DE SUEZ,
» Elle sera un monument indestructible de la volonté
et du génie de l'Europe, et Napoléon III, digne de réa-
liser cette conception du chef de sa dynastie, aura
maintenu l'influence et le renom de la France en
Orient.
» Après avoir pris en Italie une revanche de 1815, la
France prendra en Egypte la revanche de 1840.
» Nous croyons savoir que des mesures ont été prises,
tant en Europe qu'en Orient, pour manifester hautement
l'intérêt que le gouvernement français prend à l'ouver-
ture du canal de Suez, et pour faire respecter les droits
de la Compagnie. Cette nouvelle ne manquera pas de
produire une légitime satisfaction dans le monde civi-
lisé.
» Pharaon n'a pas empêché Moïse de passer la mer
Rouge : lord Palmerston n'empêchera pas M. de Lesseps
de percer l'isthme de Suez et de conduire les flottes
européennes dans la mer promise. »
CH.-F. LAPIERRB.
(Nouvelliste de Rouen.)
LA PARTIE D'ÉCHECS.
Nous avons eu plus d'une occasion de placer sous
les yeux de nos lecteurs et de recommander à leur
attention des travaux très-distingués publiés sur la
question de Suez dans le Journal du Puy-de-Dôme,
par M. Henri Moinier. Nous recueillons dans cette
feuille un nouvel article de l'honorable écrivain sur
les derniers incidents relatifs à cette affaire, et dont
le titre est placé en tête de ces lignes.
Nous ne cesserons de dire à l'Angleterre que la con-
duite de son gouvernement dans cette circonstance ne
cesse d'attirer sur elle, en France et en Europe, l'ani-
madversion de tous les esprits modérés, en même
temps que la colère des esprits plus impatients.
Encore un avis qui lui arrive sur le danger de la
complaisance funeste avec laquelle elle permet aux
préjugés d'un ministre de froisser ce sentiment de
justice et de réciprocité dont notre pays considère la
défense comme le premier devoir et le premier be-
soin de sa dignité.
Ecoutons cependant M. H. Moinier.
J. MONGIN.
« Deux champions:d'égale force se livrent en ce jour
un combat auquel assistent les représentants de divers
pays de l'Europe. Le jeu de l'un est grave, lent, as-
tucieux et même perfide. Celui de l'adversaire se distin-
gue par une nuance de gaieté dédaigneuse, la franchise
de ses allures, la rapidité de ses conceptioili et souvent
par la spontanéité des rudes coups qu'il porte. L'enjeu
de cette partie, dont la célébrité ira grandissant, c'est
le projet du percement de l'isthme de Suez. Les pièces
qui couvrent actuellement ce singulier échiquier se
nomment des notes diplomatiques; qui sait si elles ne
prendront pas bientôt le nom de pièces de canon !
» Nous assistons aujourd'ui à un spectacle extrava-
gant et anti-national, celui que donne la vue de Fran-
çais plus Anglais que les Anglais mêmes.
» Les vingt meetings qui ont eu lieu en l'honneur de
M. F. de Lesseps dans les principales villes manufactu-
rières de notre jalouse voisine, à Londres, à Manches-
ter, à Liverpool, ont constaté l'unanimité des vœux du
commerce pour la prompte ouverture de cette voie ra-
pide promettant de si nombreux avantages. Une frac-
tion des membres du cabinet, mais malheureusement
la plus influente, joue seule cette partie dangereuse ;
et certes elle est loin de refléter la pensée de tout ce
qu'il y a d'éclairé dans les trois royaumes !
» Dès l'origine, alors que le très-honorable promoteur
organisait une commission composée des savants les
plus illustres et des ingénieurs les plus renommés tant
en France qu'à l'étranger, lord Palmerston et ses adhé-
rents, le parti rétrograde et son inhabile ingénieur Ste-
phenson en tête, proclamaient impossible l'exécution
de cette entreprise appelée philanthropique et nationale
en deçà du détroit et téméraire et folle au delà. Puis,
sous le patronage du prince éclairé qui gouverne l'E-
gypte, une concession a été accordée par lui, une com-
pagnie universelle s'est constituée, deux cents millions
de capitaux se sont groupés en quelques mois, et le
premier coup de pioche a retenti dans le monde entier.
L'appel de fonds ayant été entendu par 23,000 sous-
cripteurs de diverses contrées, ceux-ci se sont aperçus,
en se comptant, que 20,000 d'entre eux étaient Français
et s'engageaient pour plus de moitié de la somme : 115
millions à peu près; dès lors devenait presque patrioti-
que la mise en œuvre d'une idée toute française.
Indè irœ, de là une sourde colère de l'oligarchie britan-
nique.
» La France demande la rupture d'une barrière na-
turelle, afin d'abréger de 3,000 lieues sur 6,000 (en
moyenne) la route qui sépare l'Europe des riches et
populeuses contrées de l'Asie orientale : et cela non-
seulement au profit de deux ou trois empires, mais à
celui de dix ou onze Etats qui couvrent la surface de
celle-là. Et si nous envisageons la question au triple
point de vue religieux, civilisateur et commercial, et
l'action de ces trois éléments sur l'espèce humaine,
l'on peut affirmer que la coupure de l'isthme ouvrira
l'ère des bienfaits sur les trois quarts de la population
du globe.
» La Turquie, ou mieux l'Angleterre par la pression
puissante autant qu'injuste qu'elle exerce sur la vo-
lonté bien connue du sultan, refuse son consentement,
Dans le principe, cette manœuvre n'était que soupçon-
née, puis la Porte en ayant fait un candide aveu, la
Grande-Bretagne,poussée au pied du mur, a levé, comme
l'on dit, le masque, et déclare aujourd'hui franchement
qu'elle s'opposera de toute sa puissance à la création
de cette nouvelle voie maritime.
» Est-ce que Dieu a créé notre planète pour qu'elle
devint le jardin public de la race anglo-saxonne dont un
essaim possède déjà un tiers de l'Amérique ! Promenez
un regard circulaire sur une sphère terrestre, qu'aperce-
vez-vous?
» Sur nos côtes Jersey et Guernesey, dernières traces
de leur système envahissant, faibles mais humiliants
» Elle sera un monument indestructible de la volonté
et du génie de l'Europe, et Napoléon III, digne de réa-
liser cette conception du chef de sa dynastie, aura
maintenu l'influence et le renom de la France en
Orient.
» Après avoir pris en Italie une revanche de 1815, la
France prendra en Egypte la revanche de 1840.
» Nous croyons savoir que des mesures ont été prises,
tant en Europe qu'en Orient, pour manifester hautement
l'intérêt que le gouvernement français prend à l'ouver-
ture du canal de Suez, et pour faire respecter les droits
de la Compagnie. Cette nouvelle ne manquera pas de
produire une légitime satisfaction dans le monde civi-
lisé.
» Pharaon n'a pas empêché Moïse de passer la mer
Rouge : lord Palmerston n'empêchera pas M. de Lesseps
de percer l'isthme de Suez et de conduire les flottes
européennes dans la mer promise. »
CH.-F. LAPIERRB.
(Nouvelliste de Rouen.)
LA PARTIE D'ÉCHECS.
Nous avons eu plus d'une occasion de placer sous
les yeux de nos lecteurs et de recommander à leur
attention des travaux très-distingués publiés sur la
question de Suez dans le Journal du Puy-de-Dôme,
par M. Henri Moinier. Nous recueillons dans cette
feuille un nouvel article de l'honorable écrivain sur
les derniers incidents relatifs à cette affaire, et dont
le titre est placé en tête de ces lignes.
Nous ne cesserons de dire à l'Angleterre que la con-
duite de son gouvernement dans cette circonstance ne
cesse d'attirer sur elle, en France et en Europe, l'ani-
madversion de tous les esprits modérés, en même
temps que la colère des esprits plus impatients.
Encore un avis qui lui arrive sur le danger de la
complaisance funeste avec laquelle elle permet aux
préjugés d'un ministre de froisser ce sentiment de
justice et de réciprocité dont notre pays considère la
défense comme le premier devoir et le premier be-
soin de sa dignité.
Ecoutons cependant M. H. Moinier.
J. MONGIN.
« Deux champions:d'égale force se livrent en ce jour
un combat auquel assistent les représentants de divers
pays de l'Europe. Le jeu de l'un est grave, lent, as-
tucieux et même perfide. Celui de l'adversaire se distin-
gue par une nuance de gaieté dédaigneuse, la franchise
de ses allures, la rapidité de ses conceptioili et souvent
par la spontanéité des rudes coups qu'il porte. L'enjeu
de cette partie, dont la célébrité ira grandissant, c'est
le projet du percement de l'isthme de Suez. Les pièces
qui couvrent actuellement ce singulier échiquier se
nomment des notes diplomatiques; qui sait si elles ne
prendront pas bientôt le nom de pièces de canon !
» Nous assistons aujourd'ui à un spectacle extrava-
gant et anti-national, celui que donne la vue de Fran-
çais plus Anglais que les Anglais mêmes.
» Les vingt meetings qui ont eu lieu en l'honneur de
M. F. de Lesseps dans les principales villes manufactu-
rières de notre jalouse voisine, à Londres, à Manches-
ter, à Liverpool, ont constaté l'unanimité des vœux du
commerce pour la prompte ouverture de cette voie ra-
pide promettant de si nombreux avantages. Une frac-
tion des membres du cabinet, mais malheureusement
la plus influente, joue seule cette partie dangereuse ;
et certes elle est loin de refléter la pensée de tout ce
qu'il y a d'éclairé dans les trois royaumes !
» Dès l'origine, alors que le très-honorable promoteur
organisait une commission composée des savants les
plus illustres et des ingénieurs les plus renommés tant
en France qu'à l'étranger, lord Palmerston et ses adhé-
rents, le parti rétrograde et son inhabile ingénieur Ste-
phenson en tête, proclamaient impossible l'exécution
de cette entreprise appelée philanthropique et nationale
en deçà du détroit et téméraire et folle au delà. Puis,
sous le patronage du prince éclairé qui gouverne l'E-
gypte, une concession a été accordée par lui, une com-
pagnie universelle s'est constituée, deux cents millions
de capitaux se sont groupés en quelques mois, et le
premier coup de pioche a retenti dans le monde entier.
L'appel de fonds ayant été entendu par 23,000 sous-
cripteurs de diverses contrées, ceux-ci se sont aperçus,
en se comptant, que 20,000 d'entre eux étaient Français
et s'engageaient pour plus de moitié de la somme : 115
millions à peu près; dès lors devenait presque patrioti-
que la mise en œuvre d'une idée toute française.
Indè irœ, de là une sourde colère de l'oligarchie britan-
nique.
» La France demande la rupture d'une barrière na-
turelle, afin d'abréger de 3,000 lieues sur 6,000 (en
moyenne) la route qui sépare l'Europe des riches et
populeuses contrées de l'Asie orientale : et cela non-
seulement au profit de deux ou trois empires, mais à
celui de dix ou onze Etats qui couvrent la surface de
celle-là. Et si nous envisageons la question au triple
point de vue religieux, civilisateur et commercial, et
l'action de ces trois éléments sur l'espèce humaine,
l'on peut affirmer que la coupure de l'isthme ouvrira
l'ère des bienfaits sur les trois quarts de la population
du globe.
» La Turquie, ou mieux l'Angleterre par la pression
puissante autant qu'injuste qu'elle exerce sur la vo-
lonté bien connue du sultan, refuse son consentement,
Dans le principe, cette manœuvre n'était que soupçon-
née, puis la Porte en ayant fait un candide aveu, la
Grande-Bretagne,poussée au pied du mur, a levé, comme
l'on dit, le masque, et déclare aujourd'hui franchement
qu'elle s'opposera de toute sa puissance à la création
de cette nouvelle voie maritime.
» Est-ce que Dieu a créé notre planète pour qu'elle
devint le jardin public de la race anglo-saxonne dont un
essaim possède déjà un tiers de l'Amérique ! Promenez
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