Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-10-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 octobre 1859 15 octobre 1859
Description : 1859/10/15 (A4,N80). 1859/10/15 (A4,N80).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529515x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
312 L'ISTHME DE SUEZ,
lement, énergiquement manifestée. Les franches expli-
cations de M. de Lesseps ont partout été acclamées ; des
ingénieurs éminents, pris dans toutes les nations, ont
déclaré le canal pratiquement exécutable ; un habile en-
trepreneur s'est chargé de le réaliser plus tôt et avec
plus d'économie encore qu'on n'avait d'abord osé l'es-
pérer; les fonds sont faits, une souscription vraiment
populaire, à laquelle les petits capitaux ont participé
dans une si large mesure, a garanti la marche des tra-
vaux. Que manque-t-il désormais? Une signature, le
nom du sultan au bas du firman dont Reschid-Pacha
avait, dès le début, reconnu la justice et promis la con-
cession. Mais le sultan lui-même sent aujourd'hui l'o-
dieux d'un refus et en décline la responsabilité. Il se
retranche dans cette excuse indéfiniment répétée : Que
l'Europe se mette d'accord, et je ne m'oppose nullement
à l'ouverture de l'isthme.
A notre tour de lui répondre : l'Angleterre n'est pas
l'Europe; c'est l'Europe, au contraire, qui réclame et
attend. Si vous intervertissez les rôles, si pour vous
l'Angleterre seule compte plus que toutes les puissances
réunies, si au lieu d'aller aux voix et d'accéder au vœu
évident de la majorité des puissances, vous accordez à
une seule d'entre elles la toute-puissance d'un veto ab-
solu, nous ne saurions sanctionner ce tort de votre mal-
heureuse faiblesse, nous ne pouvons nous arrêter devant
un refus ainsi formulé. - Vous avez déjà laissé prendre
aux Anglais l'île de Périm, tenez-vous pour satisfait
que l'on ne vous en demande pas compte; mais il ne
peut être que vous les laissiez aussi usurper Suez et
l'Egypte par leur suprématie, et bientôt peut-être par
une intervention armée, d'où sortirait infailliblement
une guerre générale.
Nous ne connaissons pas les paroles de M. Thouvenel
dans son entrevue avec le sultan. Il nous suffit de sa-
voir, comme l'affirment des hommes en position d'être
bien informés, qu'il a été enfin question de Suez. Ce
fait, s'il se confirme, nous prouverait que la question
est jugée mûre par le gouvernement, comme l'était en
1830 la conquête d'Alger.
Le canal de Suez a pour lui l'assentiment des cités
commerciales et manufacturières d'Angleterre. Une
partie du cabinet actuel partage même l'opinion du pu-
blic; ces ministres, peu avant leur entrée au pouvoir,
s'en étaient nettement expliqués, et ils n'étaient en cela
que les échos de la mémorable enquête faite par le co-
lonel Chesney, lequel, après avoir parcouru toutes les
voies de transit vers les Indes, en venait à reconnaître
que le canal de Suez serait profitable à tous ; mais parce
qu'il aura plu à un ou deux ministres de rêver l'asser-
vissement de l'Egypte , de l'assimiler à l'un de ces
royaumes de Lahore, de Delhi, des Marattes, que la
Compagnie des Indes a si bien protégés, faudra-t-il que
tout cède à cette ambitieuse chimère ?
Non, l'affaire, arrivée à ce point, devient essentielle-
ment politique et doit être politiquement résolue.
Tout doit avoir un terme : depuis cinq ans, M. de
Lesseps a obtenu du vice-roi la concession du canal. Si
la France, moins généreuse et moins confiante dans le
bon sens du gouvernement anglais , eût voulu exercer
une pression, elle pouvait, dès le début, enlever le suc-
cès. Elle occupait alors la Turquie ; elle tenait dans sa
main le sort de cet empire, et, disons-le aussi, de l'ar-
mée anglaise qu'elle venait de sauver à Inkermann. D'un
seul mot, elle pouvait replonger ses alliés dans leurs
embarras et dans une confusion inextricable. Elle ne
l'a pas fait, et l'Angleterre nous en récompense aujour-
d'hui en combattant sournoisement, et après coup, ce
qu'elle n'eût alors osé attaquer en face. A défaut d
bonnes raisons, l'on a été réduit à dire ce mot étrange :
« Vous savez ce que vous voulez ; nous savons, nous,
ce que nous ne voulons pas. D
Sic volo, sic jubeo, sit pro ratione voluntas.
Heureusement l'Europe s'est prononcée. Divisés sur
d'autres points, les cabinets de Paris , Vienne , Saint-
Pétersbourg, Berlin sont unanimes dans cette grande
question. Le vice-roi d'Egypte, à son tour, ne demande
que d'être délivré, par un acte de vigueur, des obses-
sions qui le fatiguent. Ici, point de conquête à faire. Le
bon vouloir de l'Egypte est acquis à l'entreprise de la
Compagnie universelle. Que la France parle donc,
qu'elle déclare hautement sa volonté de protéger les
intérêts nationaux et européens confiés à sa défense, et
c'en est assez.
L'Angleterre commerçante en sera plus que consolée ;
elle applaudira au succès de l'entreprise, et lord Pal-
merston acceptera le fait accompli de Suez comme son
prédécesseur de 1830 dut tolérer Alger.
E. Roux.
(Gazette du AI M, 1er septembre 1859.)
NOUVELLES DE L'INDE.
Le Moniteur de l'année présente le résumé suivant
des dernières correspondances qu'il a reçues de l'Inde :
« Les dernières nouvelles de l'Inde vont jusqu'au
31 août; elles annoncent que la situation ne s'était
pas améliorée : Nana-Saïb, qu'on représentait comme
ayant fait des propositions de soumission , parcourait
le Népaul avec la Bégum et y entretenait l'agitation.
Il avait réuni des partisans nombreux, à la tête des-
quels il se préparait à reprendre les hostilités.
» Un autre chef, dont on avait annoncé la mort,
Ferozi-Shah, se trouvait dans l'Inde centrale, où les
Anglais cherchaient en vain à l'atteindre. Une grande
fermentation régnait dans le royaume d'Oude, et le
désarmement n'avait pu être terminé sur plusieurs
points ; mais le fait le plus important, ce sont les trou-
bles de Kattyavar.
» Ce pays forme un district de l'Indoustan ; il est situé
dans la partie centrale de la presqu'île de Guzzerat,
qui renferme deux grandes divisions : l'une comprend
le Guzzerat anglais ; elle se compose du territoire qui
environne le golfe de Cambaye et la partie méridionale
de la presqu'île ; l'autre comprend le Guzzerat indépen-
dant ; il obéit à un chef mahratte, tributaire des An-
glais, et qui aspire depuis longtemps à secouer leur
joug.
» La première de ces deux provinces fait partie de
lement, énergiquement manifestée. Les franches expli-
cations de M. de Lesseps ont partout été acclamées ; des
ingénieurs éminents, pris dans toutes les nations, ont
déclaré le canal pratiquement exécutable ; un habile en-
trepreneur s'est chargé de le réaliser plus tôt et avec
plus d'économie encore qu'on n'avait d'abord osé l'es-
pérer; les fonds sont faits, une souscription vraiment
populaire, à laquelle les petits capitaux ont participé
dans une si large mesure, a garanti la marche des tra-
vaux. Que manque-t-il désormais? Une signature, le
nom du sultan au bas du firman dont Reschid-Pacha
avait, dès le début, reconnu la justice et promis la con-
cession. Mais le sultan lui-même sent aujourd'hui l'o-
dieux d'un refus et en décline la responsabilité. Il se
retranche dans cette excuse indéfiniment répétée : Que
l'Europe se mette d'accord, et je ne m'oppose nullement
à l'ouverture de l'isthme.
A notre tour de lui répondre : l'Angleterre n'est pas
l'Europe; c'est l'Europe, au contraire, qui réclame et
attend. Si vous intervertissez les rôles, si pour vous
l'Angleterre seule compte plus que toutes les puissances
réunies, si au lieu d'aller aux voix et d'accéder au vœu
évident de la majorité des puissances, vous accordez à
une seule d'entre elles la toute-puissance d'un veto ab-
solu, nous ne saurions sanctionner ce tort de votre mal-
heureuse faiblesse, nous ne pouvons nous arrêter devant
un refus ainsi formulé. - Vous avez déjà laissé prendre
aux Anglais l'île de Périm, tenez-vous pour satisfait
que l'on ne vous en demande pas compte; mais il ne
peut être que vous les laissiez aussi usurper Suez et
l'Egypte par leur suprématie, et bientôt peut-être par
une intervention armée, d'où sortirait infailliblement
une guerre générale.
Nous ne connaissons pas les paroles de M. Thouvenel
dans son entrevue avec le sultan. Il nous suffit de sa-
voir, comme l'affirment des hommes en position d'être
bien informés, qu'il a été enfin question de Suez. Ce
fait, s'il se confirme, nous prouverait que la question
est jugée mûre par le gouvernement, comme l'était en
1830 la conquête d'Alger.
Le canal de Suez a pour lui l'assentiment des cités
commerciales et manufacturières d'Angleterre. Une
partie du cabinet actuel partage même l'opinion du pu-
blic; ces ministres, peu avant leur entrée au pouvoir,
s'en étaient nettement expliqués, et ils n'étaient en cela
que les échos de la mémorable enquête faite par le co-
lonel Chesney, lequel, après avoir parcouru toutes les
voies de transit vers les Indes, en venait à reconnaître
que le canal de Suez serait profitable à tous ; mais parce
qu'il aura plu à un ou deux ministres de rêver l'asser-
vissement de l'Egypte , de l'assimiler à l'un de ces
royaumes de Lahore, de Delhi, des Marattes, que la
Compagnie des Indes a si bien protégés, faudra-t-il que
tout cède à cette ambitieuse chimère ?
Non, l'affaire, arrivée à ce point, devient essentielle-
ment politique et doit être politiquement résolue.
Tout doit avoir un terme : depuis cinq ans, M. de
Lesseps a obtenu du vice-roi la concession du canal. Si
la France, moins généreuse et moins confiante dans le
bon sens du gouvernement anglais , eût voulu exercer
une pression, elle pouvait, dès le début, enlever le suc-
cès. Elle occupait alors la Turquie ; elle tenait dans sa
main le sort de cet empire, et, disons-le aussi, de l'ar-
mée anglaise qu'elle venait de sauver à Inkermann. D'un
seul mot, elle pouvait replonger ses alliés dans leurs
embarras et dans une confusion inextricable. Elle ne
l'a pas fait, et l'Angleterre nous en récompense aujour-
d'hui en combattant sournoisement, et après coup, ce
qu'elle n'eût alors osé attaquer en face. A défaut d
bonnes raisons, l'on a été réduit à dire ce mot étrange :
« Vous savez ce que vous voulez ; nous savons, nous,
ce que nous ne voulons pas. D
Sic volo, sic jubeo, sit pro ratione voluntas.
Heureusement l'Europe s'est prononcée. Divisés sur
d'autres points, les cabinets de Paris , Vienne , Saint-
Pétersbourg, Berlin sont unanimes dans cette grande
question. Le vice-roi d'Egypte, à son tour, ne demande
que d'être délivré, par un acte de vigueur, des obses-
sions qui le fatiguent. Ici, point de conquête à faire. Le
bon vouloir de l'Egypte est acquis à l'entreprise de la
Compagnie universelle. Que la France parle donc,
qu'elle déclare hautement sa volonté de protéger les
intérêts nationaux et européens confiés à sa défense, et
c'en est assez.
L'Angleterre commerçante en sera plus que consolée ;
elle applaudira au succès de l'entreprise, et lord Pal-
merston acceptera le fait accompli de Suez comme son
prédécesseur de 1830 dut tolérer Alger.
E. Roux.
(Gazette du AI M, 1er septembre 1859.)
NOUVELLES DE L'INDE.
Le Moniteur de l'année présente le résumé suivant
des dernières correspondances qu'il a reçues de l'Inde :
« Les dernières nouvelles de l'Inde vont jusqu'au
31 août; elles annoncent que la situation ne s'était
pas améliorée : Nana-Saïb, qu'on représentait comme
ayant fait des propositions de soumission , parcourait
le Népaul avec la Bégum et y entretenait l'agitation.
Il avait réuni des partisans nombreux, à la tête des-
quels il se préparait à reprendre les hostilités.
» Un autre chef, dont on avait annoncé la mort,
Ferozi-Shah, se trouvait dans l'Inde centrale, où les
Anglais cherchaient en vain à l'atteindre. Une grande
fermentation régnait dans le royaume d'Oude, et le
désarmement n'avait pu être terminé sur plusieurs
points ; mais le fait le plus important, ce sont les trou-
bles de Kattyavar.
» Ce pays forme un district de l'Indoustan ; il est situé
dans la partie centrale de la presqu'île de Guzzerat,
qui renferme deux grandes divisions : l'une comprend
le Guzzerat anglais ; elle se compose du territoire qui
environne le golfe de Cambaye et la partie méridionale
de la presqu'île ; l'autre comprend le Guzzerat indépen-
dant ; il obéit à un chef mahratte, tributaire des An-
glais, et qui aspire depuis longtemps à secouer leur
joug.
» La première de ces deux provinces fait partie de
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