Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-11-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 novembre 1859 15 novembre 1859
Description : 1859/11/15 (A4,N82). 1859/11/15 (A4,N82).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529517r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 341
LE PRÉSENT ET L'AVENIR.
Il est en France quelques individualités disposées
à croire que la supériorité d'esprit se montre à être
de son pays le moins possible.
Il est rare, par exemple, qu'une entreprise ou une
idée ne soit pas goûtée de l'autre côté du détroit,
sans que ces zélés tirailleurs au service étranger ne
fassent feu sur elle de toutes leurs cartouches.
Le percement de l'isthme de Suez ne pouvait
échapper à cette destinée, et les raisons ne manquaient
point pour cela. C'était une grande conception, sa
popularité était universelle, et elle avait prouvé, par
le succès de sa souscription, à quel point elle avait
gagné la sympathie et la confiance publiques.
Dans ces derniers mois, et tandis que les âmes
charitables pouvaient espérer que l'opposition an-
glaise écraserait l'œuvre dans son berceau, l'ardeur
de ces assaillants est restée parfaitement expectante.
Lord Palmerston, la flotte de Malte devant Alexan-
drie, la pression de l'ambassade anglaise sur la
Turquie et sur l'Égypte, l'attitude longtemps réservée
de notre gouvernement leur suffisaient.
Mais depuis que l'Empereur a manifesté ses sen-
timents, depuis que la question a pris une physio-
nomie nouvelle, depuis que l'on compte moins sur
le triomphe de la jalousie britannique et que l'on
craint un peu plus l'heureuse solution des difficultés
pendantes, ces dispositions pacifiques ont sensiblement
changé.
Depuis peu de jours, nous remarquons une recru-
descence d'hostilités sur toute la petite ligne des
opposants.
Deux mots en passant à ces nouvelles attaques ;
il nous suffira de leur rappeler leur passé.
Il y avait trois objections radicales contre le canal
de Suez :
D'abord, son exécution était impossible ;
Ensuite, si elle était possible, elle coûterait des
sommes fabuleuses ; et, dans tous les cas, il était
extravagant et presque criminel de présenter un devis
s'arrêtant à 200 millions ;
Enfin, l'œuvre réalisée même au prix impossible de
200 millions, ne pouvait offrir aux capitaux intéressés
que des rémunérations nulles ou insignifiantes.
Sur le premier point, on est aujourd'hui en pleine
retraite; depuis les nouvelles explorations de l'isthme,
depuis les progrès des travaux préparatoires, depuis
les découvertes que ces travaux ont amenées et les
constatations de toute nature qui ont démontré la
facilité du percement, il n'est plus question de l'im-
possibilité du canal.
On a renoncé aussi à fulminer contre l'insuffisance
des devis ; on n'ose plus agiter aux yeux du public
l'épouvantail de ces chiffres monstrueux: 400 millions,
800 millions, un milliard et au delà. On admet même
que le percement s'effectuera à des prix très-inférieurs
aux évaluations de la commission internationale.
Les faits encore étaient venus refroidir ces empor-
tements de la passion ; le traité passé avec l'entre-
preneur général des travaux, sous un cautionnement
de 1,200,000 francs, ont démontré qu'une habileté
éprouvée et une grande fortune étaient prêtes à sou-
missionner l'entreprise à un prix inférieur aux devis
arrêtés. Une étude plus complète et plus approfondie
des localités a permis à l'entrepreneur général de
proposer des conditions encore plus avantageuses
que la Compagnie n'a pas acceptées, parce qu'elle
juge plus profitable pour elle de s'en tenir aux stipu-
lations premières, attribuant 60 0/0 des économies
prévues à la Compagnie, et 40 0/0 à l'entrepreneur.
En outre, l'exploration du sol de l'isthme assure
dès à présent à l'exécution des travaux des ressources
inespérées : on y a trouvé en abondance le bois à
brûler, la pierre à bâtir de diverses sortes, le moel-
lon, le plâtre, la chaux, tandis que de tous les ma-
tériaux propres à la construction on ne nous accor-
dait que le sable ; il est vrai qu'on nous l'accordait
avec la plus prodigue libéralité.
Sur ces nouveaux éléments, sur les rectifications
du tracé produisant d'énormes économies dans le
mouvement des terres, le conseil supérieur des tra-
vaux a dressé un devis par lequel le canal sera ou-
vert et accessible à tous les besoins de la navigation
moyennant une dépense non plus de deux cents, mais
de cent vingt-quatre millions (124,000,000), et dans
cette somme sont compris les intérêts à servir aux
capitaux versés jusqu'à l'achèvement de l'œuvre, et
seize millions (16,000,000) réservés aux dépenses
imprévues.
Ainsi, sur les deux premiers points, le pessimisme
des adversaires du canal est en complète déroute.
Ils ont persisté dans leur erreur tant qu'ils n'ont eu
affaire qu'aux raisonnements et aux calculs ; mais
ils sont condamnés sinon à se rétracter, du moins
à s'abstenir devant la masse des preuves accumulées
sur ces deux premiers points, la possibilité du canal
et le chiffre de ses dépenses.
Après cette double épreuve de leur faillibilité, il
semble qu'ils devraient se défier d'eux-mêmes et se
retrancher, au moins jusqu'à l'événement, dans une
réserve de bon goût. Mais en observant cette conduite,
il faudrait renoncer à travailler l'opinion, à jeter le
trouble ou l'inquiétude dans l'esprit de quelques in-
téressés ; c'est un bien dont on ne peut pas se priver,
et, faute de mieux, on se retranche dans le troisième
point sur lequel on sait bien que toute démonstration
matérielle est actuellement impossible, c'est-à-dire
sur l'exiguité prétendue des recettes du canal.
A cet égard, nous avons déjà dit tout ce qu'il était
possible de dire, et nous ne pourrions que nous ré-
péter. Nous soutenons encore ici que les évaluations de
LE PRÉSENT ET L'AVENIR.
Il est en France quelques individualités disposées
à croire que la supériorité d'esprit se montre à être
de son pays le moins possible.
Il est rare, par exemple, qu'une entreprise ou une
idée ne soit pas goûtée de l'autre côté du détroit,
sans que ces zélés tirailleurs au service étranger ne
fassent feu sur elle de toutes leurs cartouches.
Le percement de l'isthme de Suez ne pouvait
échapper à cette destinée, et les raisons ne manquaient
point pour cela. C'était une grande conception, sa
popularité était universelle, et elle avait prouvé, par
le succès de sa souscription, à quel point elle avait
gagné la sympathie et la confiance publiques.
Dans ces derniers mois, et tandis que les âmes
charitables pouvaient espérer que l'opposition an-
glaise écraserait l'œuvre dans son berceau, l'ardeur
de ces assaillants est restée parfaitement expectante.
Lord Palmerston, la flotte de Malte devant Alexan-
drie, la pression de l'ambassade anglaise sur la
Turquie et sur l'Égypte, l'attitude longtemps réservée
de notre gouvernement leur suffisaient.
Mais depuis que l'Empereur a manifesté ses sen-
timents, depuis que la question a pris une physio-
nomie nouvelle, depuis que l'on compte moins sur
le triomphe de la jalousie britannique et que l'on
craint un peu plus l'heureuse solution des difficultés
pendantes, ces dispositions pacifiques ont sensiblement
changé.
Depuis peu de jours, nous remarquons une recru-
descence d'hostilités sur toute la petite ligne des
opposants.
Deux mots en passant à ces nouvelles attaques ;
il nous suffira de leur rappeler leur passé.
Il y avait trois objections radicales contre le canal
de Suez :
D'abord, son exécution était impossible ;
Ensuite, si elle était possible, elle coûterait des
sommes fabuleuses ; et, dans tous les cas, il était
extravagant et presque criminel de présenter un devis
s'arrêtant à 200 millions ;
Enfin, l'œuvre réalisée même au prix impossible de
200 millions, ne pouvait offrir aux capitaux intéressés
que des rémunérations nulles ou insignifiantes.
Sur le premier point, on est aujourd'hui en pleine
retraite; depuis les nouvelles explorations de l'isthme,
depuis les progrès des travaux préparatoires, depuis
les découvertes que ces travaux ont amenées et les
constatations de toute nature qui ont démontré la
facilité du percement, il n'est plus question de l'im-
possibilité du canal.
On a renoncé aussi à fulminer contre l'insuffisance
des devis ; on n'ose plus agiter aux yeux du public
l'épouvantail de ces chiffres monstrueux: 400 millions,
800 millions, un milliard et au delà. On admet même
que le percement s'effectuera à des prix très-inférieurs
aux évaluations de la commission internationale.
Les faits encore étaient venus refroidir ces empor-
tements de la passion ; le traité passé avec l'entre-
preneur général des travaux, sous un cautionnement
de 1,200,000 francs, ont démontré qu'une habileté
éprouvée et une grande fortune étaient prêtes à sou-
missionner l'entreprise à un prix inférieur aux devis
arrêtés. Une étude plus complète et plus approfondie
des localités a permis à l'entrepreneur général de
proposer des conditions encore plus avantageuses
que la Compagnie n'a pas acceptées, parce qu'elle
juge plus profitable pour elle de s'en tenir aux stipu-
lations premières, attribuant 60 0/0 des économies
prévues à la Compagnie, et 40 0/0 à l'entrepreneur.
En outre, l'exploration du sol de l'isthme assure
dès à présent à l'exécution des travaux des ressources
inespérées : on y a trouvé en abondance le bois à
brûler, la pierre à bâtir de diverses sortes, le moel-
lon, le plâtre, la chaux, tandis que de tous les ma-
tériaux propres à la construction on ne nous accor-
dait que le sable ; il est vrai qu'on nous l'accordait
avec la plus prodigue libéralité.
Sur ces nouveaux éléments, sur les rectifications
du tracé produisant d'énormes économies dans le
mouvement des terres, le conseil supérieur des tra-
vaux a dressé un devis par lequel le canal sera ou-
vert et accessible à tous les besoins de la navigation
moyennant une dépense non plus de deux cents, mais
de cent vingt-quatre millions (124,000,000), et dans
cette somme sont compris les intérêts à servir aux
capitaux versés jusqu'à l'achèvement de l'œuvre, et
seize millions (16,000,000) réservés aux dépenses
imprévues.
Ainsi, sur les deux premiers points, le pessimisme
des adversaires du canal est en complète déroute.
Ils ont persisté dans leur erreur tant qu'ils n'ont eu
affaire qu'aux raisonnements et aux calculs ; mais
ils sont condamnés sinon à se rétracter, du moins
à s'abstenir devant la masse des preuves accumulées
sur ces deux premiers points, la possibilité du canal
et le chiffre de ses dépenses.
Après cette double épreuve de leur faillibilité, il
semble qu'ils devraient se défier d'eux-mêmes et se
retrancher, au moins jusqu'à l'événement, dans une
réserve de bon goût. Mais en observant cette conduite,
il faudrait renoncer à travailler l'opinion, à jeter le
trouble ou l'inquiétude dans l'esprit de quelques in-
téressés ; c'est un bien dont on ne peut pas se priver,
et, faute de mieux, on se retranche dans le troisième
point sur lequel on sait bien que toute démonstration
matérielle est actuellement impossible, c'est-à-dire
sur l'exiguité prétendue des recettes du canal.
A cet égard, nous avons déjà dit tout ce qu'il était
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