Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-10-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 octobre 1859 01 octobre 1859
Description : 1859/10/01 (A4,N81). 1859/10/01 (A4,N81).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529516b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
332 L'ISTHME DE SUEZ,
ment de la première voie ferrée sollicitée par George et
John Rennie.
L'expérience a démontré si ces grandes inventions
étaient ou non contraires aux grands intérêts perma-
nents de l'Angleterre. Pourtant acceptons que les inté-
rêts fictifs de la Grande-Bretagne, que les intérêts de
la routine et du monopole s'opposent aux intérêts vrais,
aux intérêts qui impliquent le progrès de cette même
Angleterre ; admettons encore que, dans un passé plus
ou moins éloigné, quand on croyait que les intérêts des
peuples étaient antagonistes et que la base du droit pu-
blic européen était la loi du plus fort, il se pouvait sou-
tenir, sans rougeur ni embarras, qu'une nation orgueil-
leuse de sa puissance devait sacrifier l'avenir et la pros-
périté des autres nations à ses préoccupations et à son
égoïsme. Mais aujourd'hui que l'exemple vivant de la
Grande-Bretagne a enseigné aux peuples de l'ancien et
du nouveau monde une doctrine plus civilisatrice et plus
humaine ; aujourd'hui que la philosophie du droit as -
sied la base de la justice sur la convenance des maj o-
rités, il n'est pas possible de soutenir ces principes dé-
crépits de division sans se placer en lutte avec l'opinion
publique, et sans s'exposer à l'indignation qu'encourt
celui qui commet un attentat de lèze-humanité.
En vain lord Palmerston et sa camarilla affectent en
cette affaire un mépris souverain de l'opinion publique
de l'Europe, ils ne se délivreront point pour cela de sa
pression, qui va se faisant irrésistible. Suivant les der
nières nouvelles, la Turquie veut soumettre cette ques-
tion à la diplomatie européenne. A la bonne heure :
quand elle sortira des intrigues tortueuses où on l'a
jusqu'ici tenue ; quand le ministère anglais se verra
contraint de l'attaquer de front à la lumière du jour,
quand il abandonnera sa politique obscure et misérable,
indigne de qui a l'honneur de présider au gouvernement
d'un grand pays, l'issue ne sera plus douteuse, les
intérêts de la civilisation sortiront triomphants de la
lutte.
Si la nouvelle dont nous parlons est certaine, comme
tout semble l'indiquer, le projet de l'ouverture du canal
entrera dans une nouvelle phase; l'idée aura fait un
nouveau pas. Le terrain nouveau auquel seront réduits
les ennemis du grand projet ne peut manquer de leur
être fatal, et toutes les probabilités assurent qu'ils se-
ront délogés du dernier boulevard de leur exclusi
visme.
Pourquoi ? Qui peut douter que les gouvernements
de l'Europe défendront avec solidité et énergie les
intérêts de leurs sujets compromis dans l'entreprise?
Comment les nations dont les plages sont baignées par
la Méditerranée, l'Adriatique et la mer Noire pourraient-
elles renoncer aux immenses bénéfices que leur promet
une route les mettant en facile communication avec les
mers orientales ? Au nom de quel principe le gouver-
nement anglais s'opposerait-il à la réalisation de ce
projet? Se retranchera—il derrière le risible prétexte
qu'il est contraire aux intérêts permanents de ïAngleterre ?
Le commerce anglais lui-même, représenté par de nom-
breux meetings a, par anticipation, démenti cette hy-
pothèse. -
Si ce cas se présente, et alors il doit se présenter
dans un temps plus ou moins court, la tâche des re
présentants des pays continentaux sera aussi sim-
ple que facile; il leur suffira d'opposer aux préten-
tions de lord Palmerston les opinions émises en plein
parlement par W.-S. Gladstone, Sydney Herbert, Mil-
ner Gibson, lord John Russell, ses collègues dans le
cabinet, dont quelques-uns ont qualifié la politique pa-
tronée par lord Palmerston de manque de générosité,
de sagesse et de prudence, et de politique contraire
aux intérêts de l'Angleterre.
Non, il ne peut entrer dans la prévision humaine que
les gouvernements européens abdiquent leur dignité,
abandonnent la réalisation d'un projet si beau et si plein
d'incommensurables résultats, pour ne pas affliger les
intérêts prétendus d'une seule nation si peu généreuse
dans sa politique internationale. Quant à nous, nous
ne doutons pas un moment que l'Espagne, l'un des
peuples les plus favorisés par cette entreprise gigan
tesque, honneur de notre siècle, ne sache défendre son
droit avec l'énergie qu'inspirent l'accomplissement d'un
grand devoir et le sentiment de la plus stricte justice.»
JUAN MANE y FLAQUER.
OBSERVATIONS AU TIMES.
Le Times, dans son numéro du 25 octobre, annonce
que M. Lange, agent de la Compagnie du canal de
Suez à Londres, a cru devoir s'abstenir d'assister à
l'audience accordée par l'empereur des Français à
M. de Lesseps et au Conseil d'administration allant
invoquer la protection de Sa Majesté contre l'interven-
tion du gouvernement anglais. M. Lange aurait mo-
tivé son abstention en disant que, quoiqu'il considérât
comme sans fondement l'opposition de l'Angleterre
au projet, il ne pouvait cependant pas solliciter l'in-
tervention d'un gouvernement étranger contre celui
de son propre pays.
Sans être initié aux secrets administratifs de la
Compagnie, nous n'avons pas de peine à croire à la
vérité des renseignements publiés par le Times, et nous
ne saurions qu'admettre et respecter les scrupules
honorables de M. Lange. Aspirant à s'associer le con-
cours des citoyens de diverses nations, soigneuse de
garder religieusement son caractère impartial et in-
ternational d'universalité, l'entreprise du canal de
Suez ne demande et n'a besoin de demander aucun
sacrifice aux susceptibilités ou aux sentiments de
l'esprit national.
Er ce qui nous concerne, nous comprenons et nous
apprécions parfaitement la conduite de M. Lange. Sa
mission est de plaider en Angleterre cette grande
cause de raccourcissement de la route maritime qui
sépare son pays de l'Inde, de l'Australie et de la
Chine; et nous comptons qu'un jour prochain, son
pays lui sera reconnaissant de ses efforts, comme il
l'a été trop tard des travaux si longtemps méconnus
ment de la première voie ferrée sollicitée par George et
John Rennie.
L'expérience a démontré si ces grandes inventions
étaient ou non contraires aux grands intérêts perma-
nents de l'Angleterre. Pourtant acceptons que les inté-
rêts fictifs de la Grande-Bretagne, que les intérêts de
la routine et du monopole s'opposent aux intérêts vrais,
aux intérêts qui impliquent le progrès de cette même
Angleterre ; admettons encore que, dans un passé plus
ou moins éloigné, quand on croyait que les intérêts des
peuples étaient antagonistes et que la base du droit pu-
blic européen était la loi du plus fort, il se pouvait sou-
tenir, sans rougeur ni embarras, qu'une nation orgueil-
leuse de sa puissance devait sacrifier l'avenir et la pros-
périté des autres nations à ses préoccupations et à son
égoïsme. Mais aujourd'hui que l'exemple vivant de la
Grande-Bretagne a enseigné aux peuples de l'ancien et
du nouveau monde une doctrine plus civilisatrice et plus
humaine ; aujourd'hui que la philosophie du droit as -
sied la base de la justice sur la convenance des maj o-
rités, il n'est pas possible de soutenir ces principes dé-
crépits de division sans se placer en lutte avec l'opinion
publique, et sans s'exposer à l'indignation qu'encourt
celui qui commet un attentat de lèze-humanité.
En vain lord Palmerston et sa camarilla affectent en
cette affaire un mépris souverain de l'opinion publique
de l'Europe, ils ne se délivreront point pour cela de sa
pression, qui va se faisant irrésistible. Suivant les der
nières nouvelles, la Turquie veut soumettre cette ques-
tion à la diplomatie européenne. A la bonne heure :
quand elle sortira des intrigues tortueuses où on l'a
jusqu'ici tenue ; quand le ministère anglais se verra
contraint de l'attaquer de front à la lumière du jour,
quand il abandonnera sa politique obscure et misérable,
indigne de qui a l'honneur de présider au gouvernement
d'un grand pays, l'issue ne sera plus douteuse, les
intérêts de la civilisation sortiront triomphants de la
lutte.
Si la nouvelle dont nous parlons est certaine, comme
tout semble l'indiquer, le projet de l'ouverture du canal
entrera dans une nouvelle phase; l'idée aura fait un
nouveau pas. Le terrain nouveau auquel seront réduits
les ennemis du grand projet ne peut manquer de leur
être fatal, et toutes les probabilités assurent qu'ils se-
ront délogés du dernier boulevard de leur exclusi
visme.
Pourquoi ? Qui peut douter que les gouvernements
de l'Europe défendront avec solidité et énergie les
intérêts de leurs sujets compromis dans l'entreprise?
Comment les nations dont les plages sont baignées par
la Méditerranée, l'Adriatique et la mer Noire pourraient-
elles renoncer aux immenses bénéfices que leur promet
une route les mettant en facile communication avec les
mers orientales ? Au nom de quel principe le gouver-
nement anglais s'opposerait-il à la réalisation de ce
projet? Se retranchera—il derrière le risible prétexte
qu'il est contraire aux intérêts permanents de ïAngleterre ?
Le commerce anglais lui-même, représenté par de nom-
breux meetings a, par anticipation, démenti cette hy-
pothèse. -
Si ce cas se présente, et alors il doit se présenter
dans un temps plus ou moins court, la tâche des re
présentants des pays continentaux sera aussi sim-
ple que facile; il leur suffira d'opposer aux préten-
tions de lord Palmerston les opinions émises en plein
parlement par W.-S. Gladstone, Sydney Herbert, Mil-
ner Gibson, lord John Russell, ses collègues dans le
cabinet, dont quelques-uns ont qualifié la politique pa-
tronée par lord Palmerston de manque de générosité,
de sagesse et de prudence, et de politique contraire
aux intérêts de l'Angleterre.
Non, il ne peut entrer dans la prévision humaine que
les gouvernements européens abdiquent leur dignité,
abandonnent la réalisation d'un projet si beau et si plein
d'incommensurables résultats, pour ne pas affliger les
intérêts prétendus d'une seule nation si peu généreuse
dans sa politique internationale. Quant à nous, nous
ne doutons pas un moment que l'Espagne, l'un des
peuples les plus favorisés par cette entreprise gigan
tesque, honneur de notre siècle, ne sache défendre son
droit avec l'énergie qu'inspirent l'accomplissement d'un
grand devoir et le sentiment de la plus stricte justice.»
JUAN MANE y FLAQUER.
OBSERVATIONS AU TIMES.
Le Times, dans son numéro du 25 octobre, annonce
que M. Lange, agent de la Compagnie du canal de
Suez à Londres, a cru devoir s'abstenir d'assister à
l'audience accordée par l'empereur des Français à
M. de Lesseps et au Conseil d'administration allant
invoquer la protection de Sa Majesté contre l'interven-
tion du gouvernement anglais. M. Lange aurait mo-
tivé son abstention en disant que, quoiqu'il considérât
comme sans fondement l'opposition de l'Angleterre
au projet, il ne pouvait cependant pas solliciter l'in-
tervention d'un gouvernement étranger contre celui
de son propre pays.
Sans être initié aux secrets administratifs de la
Compagnie, nous n'avons pas de peine à croire à la
vérité des renseignements publiés par le Times, et nous
ne saurions qu'admettre et respecter les scrupules
honorables de M. Lange. Aspirant à s'associer le con-
cours des citoyens de diverses nations, soigneuse de
garder religieusement son caractère impartial et in-
ternational d'universalité, l'entreprise du canal de
Suez ne demande et n'a besoin de demander aucun
sacrifice aux susceptibilités ou aux sentiments de
l'esprit national.
Er ce qui nous concerne, nous comprenons et nous
apprécions parfaitement la conduite de M. Lange. Sa
mission est de plaider en Angleterre cette grande
cause de raccourcissement de la route maritime qui
sépare son pays de l'Inde, de l'Australie et de la
Chine; et nous comptons qu'un jour prochain, son
pays lui sera reconnaissant de ses efforts, comme il
l'a été trop tard des travaux si longtemps méconnus
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 12/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6529516b/f12.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6529516b/f12.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6529516b/f12.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6529516b
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6529516b
Facebook
Twitter