Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-10-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 octobre 1859 01 octobre 1859
Description : 1859/10/01 (A4,N81). 1859/10/01 (A4,N81).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529516b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
330 L'ISTHME DE SUEZ.
» De même, la Compagnie du canal de Suez, qui a
pour elle l'opinion du monde, et dont les intérêts
sont hautement protégés, verra poursuivre ses tra-
vaux sans interruption, et les Anglais trouveront un
si grand avantage pour leur industrie et leur navi-
gation dans le succès de cette grande et facile entre-
prise, qu'ils seront bientôt les premiers à s'en féli-
citer. »
P. DUBOIS.
LA QUESTION POSÉE.
« L'opposition du gouvernement anglais a gran-
» dement exaspéré la France. » C'est en ces termes
que le correspondant du JJlorning-Advertiser, imitant
le correspondant du Times, avertit son pays des iné-
vitables effets de sa conduite injuste et offensante.
Toutefois le correspondant anglais, dans son appré-
ciation , confond l'exaspération avec l'indignation
contre l'espèce de traquenard souterrainement tendu
par un agent anglais à une entreprise et à des inté-
rêts aussi considérables que ceux de la Compagnie
universelle. Le sentiment qui domine et dominera
désormais en France irrésistiblement jusqu'à ce que
cette affaire soit résolue , il est très-heureusement
défini et exprimé par un remarquable article de Y Opi-
nion nationale, dans lequel nous aimons à signaler à
la fois le talent, la précision et la justesse. Nous le
reproduisons dans son intégralité.
« Si les bruits qui circulent sont exacts, le percement
de l'isthme Je Suez, qui n'a été jusqu'à ce jour qu'une
grande affaire d'un intérêt universel, serait à la veille
de devenir en même temps une affaire politique. Cette
phase d'ailleurs était inévitable et prévue depuis long-
temps. Tant qu'il n'a été question que d'études prépara-
toires, de devis d'ingénieurs , de combinaisons finan..
cières, l'isthme de Suez a dû exercer la plume des
journalistes plus que celle des diplomates. L'Angleterre,
on le savait, ou plutôt le cabinet anglais, était mal dis-
posé ; mais il ne pouvait empêcher ni les études, ni la
formation de la société. Aujourd'hui, l'affaire étant en-
tièrement constituée, et la société se mettant en mesure
de réaliser ses plans sur le sol, l'opposition de la diplo-
matie anglaise s'est dessinée sous une forme plus
précise. De là la mission de Mouktar-Bey et l'inti-
mation faite au vice-roi d'avoir à suspendre les tra-
vaux.
» La question se trouve par là nettement posée. Il s'agit
de savoir si une entreprise patronée par toute l'Europe,
favorable aux intérêts du genre humain et plus propre
qu'aucune autre à hâter la mise en rapport de ces deux
pôles de la civilisation, qui sont d'un côté la Chine et
de l'autre l'Europe occidentale, sera entravée par l'op -
position d'un seul gouvernement, lequel, par une coïn-
cidence bizarre, est précisément celui de la nation qui
doit le plus profiter de l'entreprise.
» La démarche violente imposée au cabinet turc par
l'ambassadeur de la Grande-Bretagne, saisit tout natu-
rellement l'Europe de la question. On annonçait ces jours
derniers que le Conseil d'administration de la Compagnie
avait été reçu par l'Empereur, qui avait bien voulu
témoigner sa sollicitude pour une affaire dans laquelle,
indépendamment des intérêts du monde entier, tant de
capitaux français sont engagés. On assure également
que notre consul général à Alexandrie a été blâmé pour
n'avoir point protesté contre les menaces adressées à
la Compagnie, si elle ne se hâtait de suspendre ses tra-
vaux, menaces dont les termes mêmes étaient une vio-
lation des capitulations qui régissent les relations des
Européens avec les autorités orientales.
» Quoi qu'il en soit de ces bruits, il nous paraît à peu
près impossible que la France, la Russie, l'Autriche,
l'Espagne, toutes les puissances riveraines de la Médi-
terranée ne relèvent pas le gant qui, dans cette occa-
sion, leur est insolemment jeté par l'Angleterre. Faut-il
qu'elles renoncent à une entreprise si hautement favo-
rable au développement de leur prospérité commercialeo
et maritime, parce que l'Angleterre y voit à tort, nous
le croyons, une atteinte portée à ses prétentions de do-
mination universelle ?
» Personne, nous le croyons, ne songe à menacer les
droits légitimes de l'Angleterre. Qu'elle soit la pre-
mière nation maritime et commerçante de l'ancien
continent, c'est un fait évident, et dont les conséquences
naturelles ne sont pas contestées ; mais de ce qu'elle est
la première, il ne s'ensuit pas qu'elle soit la seule, que
sa prépondérance doive être exclusive , absorbante,
qu'elle ait seule le droit de tenir en échec les justes
exigences de la civilisation universelle.
» La France est, elle aussi, la première nation militaire
du continent. Elle n'en tire pas la conclusion qu'il faut
que l'Europe renonce en toute occasion à ses intérêts
les plus évidents, pour obéir aux fantaisies du cabinet
des Tuileries. Au commencement de ce siècle, la France
a eu, elle aussi, cette prétention excusée en partie par
des agressions non motivées et par des succès inouis;
qu'est-il arrivé? Après vingt-trois ans de triomphes,
l'Europe coalisée a triomphé par le nombre, et est venue
camper sous les murs de Paris.
Il L'Angleterre fera bien d'y réfléchir, personne ne la
provoque, et elle provoque tout le monde; elle semble
prendre à tâche de démontrer que le maintien de sa
puissance est incompatible avec la liberté et la dignité
des autres nations. C'est une vérité peut-être, mais qu'il
serait dangereux de trop prouver. Nous savons, par une
triste expérience, ce que finissent par produire ces pré-
tentions à une domination sans limites, l'Angleterre
pourrait finir par l'éprouver à son tour. Elle a déjà
beaucoup d'affaires sur les bras et compte peu d'amis
dans le monde.
» Quant à nous, autant nous regretterions de voir une
rupture éclater entre la France et l'Angleterre, par suite
de défiances vagues ou de souvenirs mal éteints, autant
nous serions satisfaits de voir le gouvernement tenir
résolûment tête à nos impérieux voisins toutes les fois
que, comme à Suez, comme au Maroc, ils laissent éclater
sans vergogne cette humeur jalouse et dominatrice qui
» De même, la Compagnie du canal de Suez, qui a
pour elle l'opinion du monde, et dont les intérêts
sont hautement protégés, verra poursuivre ses tra-
vaux sans interruption, et les Anglais trouveront un
si grand avantage pour leur industrie et leur navi-
gation dans le succès de cette grande et facile entre-
prise, qu'ils seront bientôt les premiers à s'en féli-
citer. »
P. DUBOIS.
LA QUESTION POSÉE.
« L'opposition du gouvernement anglais a gran-
» dement exaspéré la France. » C'est en ces termes
que le correspondant du JJlorning-Advertiser, imitant
le correspondant du Times, avertit son pays des iné-
vitables effets de sa conduite injuste et offensante.
Toutefois le correspondant anglais, dans son appré-
ciation , confond l'exaspération avec l'indignation
contre l'espèce de traquenard souterrainement tendu
par un agent anglais à une entreprise et à des inté-
rêts aussi considérables que ceux de la Compagnie
universelle. Le sentiment qui domine et dominera
désormais en France irrésistiblement jusqu'à ce que
cette affaire soit résolue , il est très-heureusement
défini et exprimé par un remarquable article de Y Opi-
nion nationale, dans lequel nous aimons à signaler à
la fois le talent, la précision et la justesse. Nous le
reproduisons dans son intégralité.
« Si les bruits qui circulent sont exacts, le percement
de l'isthme Je Suez, qui n'a été jusqu'à ce jour qu'une
grande affaire d'un intérêt universel, serait à la veille
de devenir en même temps une affaire politique. Cette
phase d'ailleurs était inévitable et prévue depuis long-
temps. Tant qu'il n'a été question que d'études prépara-
toires, de devis d'ingénieurs , de combinaisons finan..
cières, l'isthme de Suez a dû exercer la plume des
journalistes plus que celle des diplomates. L'Angleterre,
on le savait, ou plutôt le cabinet anglais, était mal dis-
posé ; mais il ne pouvait empêcher ni les études, ni la
formation de la société. Aujourd'hui, l'affaire étant en-
tièrement constituée, et la société se mettant en mesure
de réaliser ses plans sur le sol, l'opposition de la diplo-
matie anglaise s'est dessinée sous une forme plus
précise. De là la mission de Mouktar-Bey et l'inti-
mation faite au vice-roi d'avoir à suspendre les tra-
vaux.
» La question se trouve par là nettement posée. Il s'agit
de savoir si une entreprise patronée par toute l'Europe,
favorable aux intérêts du genre humain et plus propre
qu'aucune autre à hâter la mise en rapport de ces deux
pôles de la civilisation, qui sont d'un côté la Chine et
de l'autre l'Europe occidentale, sera entravée par l'op -
position d'un seul gouvernement, lequel, par une coïn-
cidence bizarre, est précisément celui de la nation qui
doit le plus profiter de l'entreprise.
» La démarche violente imposée au cabinet turc par
l'ambassadeur de la Grande-Bretagne, saisit tout natu-
rellement l'Europe de la question. On annonçait ces jours
derniers que le Conseil d'administration de la Compagnie
avait été reçu par l'Empereur, qui avait bien voulu
témoigner sa sollicitude pour une affaire dans laquelle,
indépendamment des intérêts du monde entier, tant de
capitaux français sont engagés. On assure également
que notre consul général à Alexandrie a été blâmé pour
n'avoir point protesté contre les menaces adressées à
la Compagnie, si elle ne se hâtait de suspendre ses tra-
vaux, menaces dont les termes mêmes étaient une vio-
lation des capitulations qui régissent les relations des
Européens avec les autorités orientales.
» Quoi qu'il en soit de ces bruits, il nous paraît à peu
près impossible que la France, la Russie, l'Autriche,
l'Espagne, toutes les puissances riveraines de la Médi-
terranée ne relèvent pas le gant qui, dans cette occa-
sion, leur est insolemment jeté par l'Angleterre. Faut-il
qu'elles renoncent à une entreprise si hautement favo-
rable au développement de leur prospérité commercialeo
et maritime, parce que l'Angleterre y voit à tort, nous
le croyons, une atteinte portée à ses prétentions de do-
mination universelle ?
» Personne, nous le croyons, ne songe à menacer les
droits légitimes de l'Angleterre. Qu'elle soit la pre-
mière nation maritime et commerçante de l'ancien
continent, c'est un fait évident, et dont les conséquences
naturelles ne sont pas contestées ; mais de ce qu'elle est
la première, il ne s'ensuit pas qu'elle soit la seule, que
sa prépondérance doive être exclusive , absorbante,
qu'elle ait seule le droit de tenir en échec les justes
exigences de la civilisation universelle.
» La France est, elle aussi, la première nation militaire
du continent. Elle n'en tire pas la conclusion qu'il faut
que l'Europe renonce en toute occasion à ses intérêts
les plus évidents, pour obéir aux fantaisies du cabinet
des Tuileries. Au commencement de ce siècle, la France
a eu, elle aussi, cette prétention excusée en partie par
des agressions non motivées et par des succès inouis;
qu'est-il arrivé? Après vingt-trois ans de triomphes,
l'Europe coalisée a triomphé par le nombre, et est venue
camper sous les murs de Paris.
Il L'Angleterre fera bien d'y réfléchir, personne ne la
provoque, et elle provoque tout le monde; elle semble
prendre à tâche de démontrer que le maintien de sa
puissance est incompatible avec la liberté et la dignité
des autres nations. C'est une vérité peut-être, mais qu'il
serait dangereux de trop prouver. Nous savons, par une
triste expérience, ce que finissent par produire ces pré-
tentions à une domination sans limites, l'Angleterre
pourrait finir par l'éprouver à son tour. Elle a déjà
beaucoup d'affaires sur les bras et compte peu d'amis
dans le monde.
» Quant à nous, autant nous regretterions de voir une
rupture éclater entre la France et l'Angleterre, par suite
de défiances vagues ou de souvenirs mal éteints, autant
nous serions satisfaits de voir le gouvernement tenir
résolûment tête à nos impérieux voisins toutes les fois
que, comme à Suez, comme au Maroc, ils laissent éclater
sans vergogne cette humeur jalouse et dominatrice qui
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