Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-10-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 octobre 1859 15 octobre 1859
Description : 1859/10/15 (A4,N80). 1859/10/15 (A4,N80).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529515x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
306 L'ISTHME DE SUEZ,
bandonner aux conseils désastreux d'un égoïsme qui
n'hésite pas à la compromettre aux yeux du monde
et dans la considération de ses meilleurs alliés.
Cependant la Presse d'Orient, du 28 septembre, nous
apprenait que Mouktar-Bey, ministre de la justice,
s'était embarqué sur la frégate à vapeur Ta if, afin de
se rendre en Egypte, chargé d'une mission impor-
tante pour le vice-roi Saïd-Pacha.
Quelques personnes, ajoutait ce journal, croient
que cette mission a trait en partie au canal de Suez.
Ces renseignements se trouvent confirmés par une
dépêche privée que publie en ces termes la Patrie du
13 de ce mois:
« Le Cydnus, de la Compagnie des Messageries im-
» périales, est arrivé aujourd'hui à Marseille venant
» d'Alexandrie. Une dépêche privée nous annonce
» que le capitaine de ce bâtiment a fait connaître
» qu'à son départ d'Alexandrie, un envoyé du sultan
» était arrivé.dans cette ville portant l'ordre au vice
» roi de s'opposer à la continuation des travaux du
» canal de Suez. Les consuls étrangers s'étaient im-
» médiatement réunis. Cette nouvelle a produit à
» Marseille une grande sensation. »
Nos correspondances d'Alexandrie annoncent en
effet l'arrivée de Mouktar-Bey, et à la suite de cette
circonstance, les ministres du vice-roi auraient
adressé au corps consulaire une invitation de se
réunir pour recevoir une communication du gouver-
nement égyptien.
Le départ du paquebot ayant précédé la réunion, il
faut attendre le prochain courrier pour en connaître
les résultats et le dernier mot de la mission de
Mouktar-Bey.
Mais dès à présent nos correspondances de Constan-
tinople nous donnent le secret de cette nouvelle in-
trigue.
D'après ces informations, nous pouvons afifrmer
qu'elle a été conduite par l'ambassade britannique. La
contrainte la plus directe et la plus insistante a été
exercée sur la Porte par le représentant anglais, et
ce n'est qu'après de nombreuses hésitations que le
gouvernement turc s'est résigné à céder à la violence
morale et à faire partir son envoyé.
Toutefois nous croyons savoir aussi que la Porte pro-
teste que la mission de Mouktar-Bey n'a d'autre objet
que de maintenir la conservation du statu quo dans cette
affaire, sans rien préjuger sur ses résolutions ulté-
rieures.
Cette déclaration serait donc contradictoire avec les
effets qu'aurait amenés, selon la dépêche de la Patrie,
la présence en Egypte de Mouktar-Bey.
Mais il n'en est pas moins certain que la diplomatie
anglaise, un instant décontenancée, a renoué avec l'é-
nergie du désespoir le fil de ses trames autour de la
Porte.
Nous n'en perdrons rien de notre calme et de notre
confiance. Jusqu'ici toutes les menées qui se sont
agitées dans les ténèbres ont perdu toute leur force
du moment où elles ont été livrées à la lumière de la
publicité, et à coup sûr les mêmes causes produiront
les mêmes effets.
La diplomatie anglaise dans cette question lutte
contre les intérêts et la volonté du monde, contre la
conscience humaine, contre le droit et l'indépendance
des peuples, et aussi, il faut le dire, contre la dignité
des gouvernements étrangers auxquels elle prétend
imposer le despotisme de ses préjugés; et dans cette
lutte le chancelier actuel de l'échiquier, l'éloquent
M. Gladstone, lui a prédit lui-même qu'à coup sûr
elle serait vaincue.
Selon toutes les vraisemblances, ce n'est point un
triomphe définitif qu'on attend à Londres de ces nou-
veaux efforts ; ne pouvant avouer ses intentions, le
gouvernement anglais y épuise toutes les ressources
des petits moyens, et il a espéré, nous le pensons,
qu'un trouble quelconque apporté aux opérations de
la Compagnie à la veille du jour où allait se réunir
l'assemblée générale de ses actionnaires, était de na-
ture à jeter quelque inquiétude ou quelque désarroi
dans les délibérations importantes et dans les décisions
qui seront soumises à cette assemblée.
Nous croyons encore que ce petit machiavélisme,
du ressort plutôt de l'agiotage que de la politique,
sera également désappointé.
Mais, en attendant, quelle est la situation prise par
l'Angleterre devant le monde qui l'observe? Son gou-
vernement s'évertue à conspirer, comme une spécu-
lateur dépité, contre une entreprise périvée représen-
tant une masse considérable de capitaux répartie entre
plusieurs nations de l'Europe. il se condamne à trom-
per son pays et ses alliés en protestant de sa neu-
tralité où son hostilité est manifeste ; il dément aux
yeux du monde tous ses principes de liberté commer-
ciale ; il proclame tous les jours la nécessité de l'al-
liance anglo-française, et il s'attache à contrarier
notre pays dans l'une de ses apirations les plus popu-
laires et les plus légitimes. Il n'a pas même le cou-
rage de sa triste opinion : il cache ses coups derrière
la faiblesse de la Porte ; il rejette sur elle la respon-
sabilité qui lui appartient : il constate devant l'opinion
publique la dépendance dans laquelle il tient le sultan,
et enfin il nourrit dans son sein des germes de
dissentiment qui tôt ou tard éclateront soit dans ses
conseils, soit aux séances du parlement.
Nous ne pouvons supposer, en effet, que les quatre
ministres influents qui partagent avec lord Palmers-
ton le fardeau du pouvoir, veuillent accepter la soli-
darité d'une politique qu'ils ont solennellement atta-
quée et condamnée. « Personne, s'écriait en 1857
» M. Gladstone, ne pourra regarder la carte du monde
» et nierqu'un canal à travers l'isthmede Suez, s'il était
» possible, ne fût d'un grand avantage pour l'humanité.
bandonner aux conseils désastreux d'un égoïsme qui
n'hésite pas à la compromettre aux yeux du monde
et dans la considération de ses meilleurs alliés.
Cependant la Presse d'Orient, du 28 septembre, nous
apprenait que Mouktar-Bey, ministre de la justice,
s'était embarqué sur la frégate à vapeur Ta if, afin de
se rendre en Egypte, chargé d'une mission impor-
tante pour le vice-roi Saïd-Pacha.
Quelques personnes, ajoutait ce journal, croient
que cette mission a trait en partie au canal de Suez.
Ces renseignements se trouvent confirmés par une
dépêche privée que publie en ces termes la Patrie du
13 de ce mois:
« Le Cydnus, de la Compagnie des Messageries im-
» périales, est arrivé aujourd'hui à Marseille venant
» d'Alexandrie. Une dépêche privée nous annonce
» que le capitaine de ce bâtiment a fait connaître
» qu'à son départ d'Alexandrie, un envoyé du sultan
» était arrivé.dans cette ville portant l'ordre au vice
» roi de s'opposer à la continuation des travaux du
» canal de Suez. Les consuls étrangers s'étaient im-
» médiatement réunis. Cette nouvelle a produit à
» Marseille une grande sensation. »
Nos correspondances d'Alexandrie annoncent en
effet l'arrivée de Mouktar-Bey, et à la suite de cette
circonstance, les ministres du vice-roi auraient
adressé au corps consulaire une invitation de se
réunir pour recevoir une communication du gouver-
nement égyptien.
Le départ du paquebot ayant précédé la réunion, il
faut attendre le prochain courrier pour en connaître
les résultats et le dernier mot de la mission de
Mouktar-Bey.
Mais dès à présent nos correspondances de Constan-
tinople nous donnent le secret de cette nouvelle in-
trigue.
D'après ces informations, nous pouvons afifrmer
qu'elle a été conduite par l'ambassade britannique. La
contrainte la plus directe et la plus insistante a été
exercée sur la Porte par le représentant anglais, et
ce n'est qu'après de nombreuses hésitations que le
gouvernement turc s'est résigné à céder à la violence
morale et à faire partir son envoyé.
Toutefois nous croyons savoir aussi que la Porte pro-
teste que la mission de Mouktar-Bey n'a d'autre objet
que de maintenir la conservation du statu quo dans cette
affaire, sans rien préjuger sur ses résolutions ulté-
rieures.
Cette déclaration serait donc contradictoire avec les
effets qu'aurait amenés, selon la dépêche de la Patrie,
la présence en Egypte de Mouktar-Bey.
Mais il n'en est pas moins certain que la diplomatie
anglaise, un instant décontenancée, a renoué avec l'é-
nergie du désespoir le fil de ses trames autour de la
Porte.
Nous n'en perdrons rien de notre calme et de notre
confiance. Jusqu'ici toutes les menées qui se sont
agitées dans les ténèbres ont perdu toute leur force
du moment où elles ont été livrées à la lumière de la
publicité, et à coup sûr les mêmes causes produiront
les mêmes effets.
La diplomatie anglaise dans cette question lutte
contre les intérêts et la volonté du monde, contre la
conscience humaine, contre le droit et l'indépendance
des peuples, et aussi, il faut le dire, contre la dignité
des gouvernements étrangers auxquels elle prétend
imposer le despotisme de ses préjugés; et dans cette
lutte le chancelier actuel de l'échiquier, l'éloquent
M. Gladstone, lui a prédit lui-même qu'à coup sûr
elle serait vaincue.
Selon toutes les vraisemblances, ce n'est point un
triomphe définitif qu'on attend à Londres de ces nou-
veaux efforts ; ne pouvant avouer ses intentions, le
gouvernement anglais y épuise toutes les ressources
des petits moyens, et il a espéré, nous le pensons,
qu'un trouble quelconque apporté aux opérations de
la Compagnie à la veille du jour où allait se réunir
l'assemblée générale de ses actionnaires, était de na-
ture à jeter quelque inquiétude ou quelque désarroi
dans les délibérations importantes et dans les décisions
qui seront soumises à cette assemblée.
Nous croyons encore que ce petit machiavélisme,
du ressort plutôt de l'agiotage que de la politique,
sera également désappointé.
Mais, en attendant, quelle est la situation prise par
l'Angleterre devant le monde qui l'observe? Son gou-
vernement s'évertue à conspirer, comme une spécu-
lateur dépité, contre une entreprise périvée représen-
tant une masse considérable de capitaux répartie entre
plusieurs nations de l'Europe. il se condamne à trom-
per son pays et ses alliés en protestant de sa neu-
tralité où son hostilité est manifeste ; il dément aux
yeux du monde tous ses principes de liberté commer-
ciale ; il proclame tous les jours la nécessité de l'al-
liance anglo-française, et il s'attache à contrarier
notre pays dans l'une de ses apirations les plus popu-
laires et les plus légitimes. Il n'a pas même le cou-
rage de sa triste opinion : il cache ses coups derrière
la faiblesse de la Porte ; il rejette sur elle la respon-
sabilité qui lui appartient : il constate devant l'opinion
publique la dépendance dans laquelle il tient le sultan,
et enfin il nourrit dans son sein des germes de
dissentiment qui tôt ou tard éclateront soit dans ses
conseils, soit aux séances du parlement.
Nous ne pouvons supposer, en effet, que les quatre
ministres influents qui partagent avec lord Palmers-
ton le fardeau du pouvoir, veuillent accepter la soli-
darité d'une politique qu'ils ont solennellement atta-
quée et condamnée. « Personne, s'écriait en 1857
» M. Gladstone, ne pourra regarder la carte du monde
» et nierqu'un canal à travers l'isthmede Suez, s'il était
» possible, ne fût d'un grand avantage pour l'humanité.
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