Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-10-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 octobre 1859 01 octobre 1859
Description : 1859/10/01 (A4,N79). 1859/10/01 (A4,N79).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529514h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
294 L'ISTHME DE SUEZ,
M. Gladstone, dans notre lutte contre le canal de
Suez, cette politique nous deviendrait plus fatale que
dix révoltes comme celle des cipayes. »
Voilà quelle est, en cette affaire, dans son propre
pays et dans son propre cabinet, la situation de lord
Palmerston.
Le moment est évidemment des plus propices pour
engager et résoudre la question, et les gouvernements
qui veulent prendre en main cette grande et belle
cause, sont assurés de trouver des auxiliaires dans
toutes les couches de l'opinion publique et dans le
sein du gouvernement anglais lui-même.
C'est pourquoi M. Lange voudrait éviter une der-
nière lutte sans espérance comme sans moralité à la
dignité de la nation britannique, et dans ce but il
adresse au Times une réponse à ses objections précé-
dentes, à laquelle le journal, de son côté, oppose de
nouvelles observations.
Mais si nous devons juger du dénouement de ce
nouveau combat par la solidité de la défense, le Times
lui-même nous paraît bien près de se rendre à la voix
de la raison, de la justice et de l'intérêt national.
Le Times contestait l'illégitimité de l'action imputée
aux agents britanniques en Egypte et en Turquie.
M. Lange lui répond par la citation des faits qui sont
aujourd'hui de notoriété publique, par les démarches
intimidatrices de M. Green et de M. Walne, à
Alexandrie, parles actes de sir H. Bulwer, à Constan-
tinople. Devant ces faits le Times baisse la tête, et,
sans les nier, il voudrait qu'on en pût douter ; il ar-
gumente de leur improbabilité et de leur prétendue
non authenticité.
L'improbabilité ! Nous en appelons à la con-
science universelle. Est-ce que, depuis 1854, les
efforts du gouvernement anglais auprès du sultan
et du vice-roi n'ont pas acquis toute l'évidence pos-
sible ? Est-ce que, dès lors, l'opposition de l'ambassa-
deur anglais, lord Strattford, ne s'est pas ardemment
manifestée? Est-ce qu'à la tribune même lord Pal-
merston ne l'a pas déclarée et ne l'a pas exprimée avec
une passion qui, plus d'une fois, a malheureusement
dépassé les limites des convenances? Est-ce que de-
puis quatre ans toutes les correspondances politiques
n'ont pas été remplies du retentissement des influences
exercées en Orient par la diplomatie britannique, con-
tre l'exécution de l'entreprise? Est-ce que le gouver-
nement anglais ne s'est pas constamment refusé à sou-
mettre au parlement sa correspondance sur ce sujet,
correspondance dont la production était réclamée
par M. Rœbuck, par M. Bright, par M. Milner Gibson?
Et comment, en présence de tant de circonstances
coniîrmatives, le Times peut-il parler de l'improba-
bilité des détails que lui présente M. Lange?
Leur non authenticité ! Sans doute il est impossible
de produire une note écrite des agents anglais en
Egypte et en Turquie, tendant à prouver la nature
et la continuité de leur intervention dans cette affaire.
Il y a de bonnes raisons pour cela : jamais ces agents,
d'après les ordres de leurs supérieurs, n'ont voulu
s'exposer à laisser entre les mains des gouvernements
qu'ils menaçaient, une preuve écrite de leurs menaces.
Mais le vice-roi n'a pas fait un secret de ce qui s'é-
tait passé dans ses entrevues avec M. Green et
M. Walne; mais la Porte, dans plusieurs occasions, et
récemment encore, a voulu par ses organes semi-
officiels, bien constater devant le monde et ses bonnes
dispositions pour accorder le firman et les entraves
qu'elle trouvait dans la seule opposition de l'Angle-
terre. N'est-ce point là, dans toute la mesure possible
de la situation, une authenticité très-suffisante? Si
elle ne suffit point au Times, nous avons à lui rap-
peler une circonstance encore plus significative. La
flotte anglaise, qu'allait-elle faire à Alexandrie pen-
dant que l'Europe était absorbée dans le bruit et les
embarras de la guerre italienne? Le Times le sait
probablement d'autant plus qu'il a gardé un plus
scrupuleux silence sur cet épisode mystérieux, et ce
n'est point sans doute ce fait soudain, surprenant,
considérable et remarquable qu'il accusera de man-
quer de l'authenticité.
Nous ne pouvons donc pas, et le public avec nous
ne pourra accepter les atténuations du Times ; elles
n'en ont pas moins leur esprit et leur portée. Elles
signifient sans contredit, qu'on n'ose et qu'on ne peut
affronter devant l'opinion anglaise et devant l'opinion
européenne la responsabilité du triste abus d'influence
et de force qu'on s'est permis en Orient contre le canal
de Suez. Elles signifient aussi que le Times lui-même
flétrit ces abus puisqu'il les désavoue ; qu'il en a honte
pour son pays, et qu'il est temps d'abandonner une
cause qui ne peut que se compromettre chaque fois
qu'elle veut agir.
Le Times néanmoins semble encore entrevoir une
dernière ressource. Le dissentiment existant sur la
question entre le chef du cabinet et les membres de
ce cabinet les plus influents sur la majorité parlemen-
taire, ne laisse pas de réveiller en lui quelques ap-
préhensions. Il voudrait donc insinuer que ces hommes
importants ont changé d'avis, et se seraient ralliés
à lord Palmerston sur le motif que la France, ayant
combattu le projet anglais du télégraphe électrique
par l'Euphrate et le golfe Persique, l'Angleterre, par
représailles, aurait le droit de combattre à son tour
le projet français du Canal de Suez. Nous doutons
fort que des esprits aussi droits que ceux de
MM. Gladstone, Gibson et lord John Russell voulus-
sent souscrire à cette morale facile, et admettre
cette sorte de balance de l'injustice par l'injustice. Mais
le raisonnement lui-même pècherait par sa base; en
exerçant ces représailles contre la France, ce ne serait
pas la France seule qu'on punirait, ce serait l'Egypte,
ce serait la Turquie, ce serait l'Autriche, la Russie,
M. Gladstone, dans notre lutte contre le canal de
Suez, cette politique nous deviendrait plus fatale que
dix révoltes comme celle des cipayes. »
Voilà quelle est, en cette affaire, dans son propre
pays et dans son propre cabinet, la situation de lord
Palmerston.
Le moment est évidemment des plus propices pour
engager et résoudre la question, et les gouvernements
qui veulent prendre en main cette grande et belle
cause, sont assurés de trouver des auxiliaires dans
toutes les couches de l'opinion publique et dans le
sein du gouvernement anglais lui-même.
C'est pourquoi M. Lange voudrait éviter une der-
nière lutte sans espérance comme sans moralité à la
dignité de la nation britannique, et dans ce but il
adresse au Times une réponse à ses objections précé-
dentes, à laquelle le journal, de son côté, oppose de
nouvelles observations.
Mais si nous devons juger du dénouement de ce
nouveau combat par la solidité de la défense, le Times
lui-même nous paraît bien près de se rendre à la voix
de la raison, de la justice et de l'intérêt national.
Le Times contestait l'illégitimité de l'action imputée
aux agents britanniques en Egypte et en Turquie.
M. Lange lui répond par la citation des faits qui sont
aujourd'hui de notoriété publique, par les démarches
intimidatrices de M. Green et de M. Walne, à
Alexandrie, parles actes de sir H. Bulwer, à Constan-
tinople. Devant ces faits le Times baisse la tête, et,
sans les nier, il voudrait qu'on en pût douter ; il ar-
gumente de leur improbabilité et de leur prétendue
non authenticité.
L'improbabilité ! Nous en appelons à la con-
science universelle. Est-ce que, depuis 1854, les
efforts du gouvernement anglais auprès du sultan
et du vice-roi n'ont pas acquis toute l'évidence pos-
sible ? Est-ce que, dès lors, l'opposition de l'ambassa-
deur anglais, lord Strattford, ne s'est pas ardemment
manifestée? Est-ce qu'à la tribune même lord Pal-
merston ne l'a pas déclarée et ne l'a pas exprimée avec
une passion qui, plus d'une fois, a malheureusement
dépassé les limites des convenances? Est-ce que de-
puis quatre ans toutes les correspondances politiques
n'ont pas été remplies du retentissement des influences
exercées en Orient par la diplomatie britannique, con-
tre l'exécution de l'entreprise? Est-ce que le gouver-
nement anglais ne s'est pas constamment refusé à sou-
mettre au parlement sa correspondance sur ce sujet,
correspondance dont la production était réclamée
par M. Rœbuck, par M. Bright, par M. Milner Gibson?
Et comment, en présence de tant de circonstances
coniîrmatives, le Times peut-il parler de l'improba-
bilité des détails que lui présente M. Lange?
Leur non authenticité ! Sans doute il est impossible
de produire une note écrite des agents anglais en
Egypte et en Turquie, tendant à prouver la nature
et la continuité de leur intervention dans cette affaire.
Il y a de bonnes raisons pour cela : jamais ces agents,
d'après les ordres de leurs supérieurs, n'ont voulu
s'exposer à laisser entre les mains des gouvernements
qu'ils menaçaient, une preuve écrite de leurs menaces.
Mais le vice-roi n'a pas fait un secret de ce qui s'é-
tait passé dans ses entrevues avec M. Green et
M. Walne; mais la Porte, dans plusieurs occasions, et
récemment encore, a voulu par ses organes semi-
officiels, bien constater devant le monde et ses bonnes
dispositions pour accorder le firman et les entraves
qu'elle trouvait dans la seule opposition de l'Angle-
terre. N'est-ce point là, dans toute la mesure possible
de la situation, une authenticité très-suffisante? Si
elle ne suffit point au Times, nous avons à lui rap-
peler une circonstance encore plus significative. La
flotte anglaise, qu'allait-elle faire à Alexandrie pen-
dant que l'Europe était absorbée dans le bruit et les
embarras de la guerre italienne? Le Times le sait
probablement d'autant plus qu'il a gardé un plus
scrupuleux silence sur cet épisode mystérieux, et ce
n'est point sans doute ce fait soudain, surprenant,
considérable et remarquable qu'il accusera de man-
quer de l'authenticité.
Nous ne pouvons donc pas, et le public avec nous
ne pourra accepter les atténuations du Times ; elles
n'en ont pas moins leur esprit et leur portée. Elles
signifient sans contredit, qu'on n'ose et qu'on ne peut
affronter devant l'opinion anglaise et devant l'opinion
européenne la responsabilité du triste abus d'influence
et de force qu'on s'est permis en Orient contre le canal
de Suez. Elles signifient aussi que le Times lui-même
flétrit ces abus puisqu'il les désavoue ; qu'il en a honte
pour son pays, et qu'il est temps d'abandonner une
cause qui ne peut que se compromettre chaque fois
qu'elle veut agir.
Le Times néanmoins semble encore entrevoir une
dernière ressource. Le dissentiment existant sur la
question entre le chef du cabinet et les membres de
ce cabinet les plus influents sur la majorité parlemen-
taire, ne laisse pas de réveiller en lui quelques ap-
préhensions. Il voudrait donc insinuer que ces hommes
importants ont changé d'avis, et se seraient ralliés
à lord Palmerston sur le motif que la France, ayant
combattu le projet anglais du télégraphe électrique
par l'Euphrate et le golfe Persique, l'Angleterre, par
représailles, aurait le droit de combattre à son tour
le projet français du Canal de Suez. Nous doutons
fort que des esprits aussi droits que ceux de
MM. Gladstone, Gibson et lord John Russell voulus-
sent souscrire à cette morale facile, et admettre
cette sorte de balance de l'injustice par l'injustice. Mais
le raisonnement lui-même pècherait par sa base; en
exerçant ces représailles contre la France, ce ne serait
pas la France seule qu'on punirait, ce serait l'Egypte,
ce serait la Turquie, ce serait l'Autriche, la Russie,
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