Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-09-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 septembre 1859 15 septembre 1859
Description : 1859/09/15 (A4,N78). 1859/09/15 (A4,N78).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295133
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
278 L'ISTHME DE SUEZ,
dère. Nous pourrons alors juger l'affaire aussi tranquil-
lement et aussi impartialement qu'il le désire.
« Sur le terrain économique nos négociants auront
peu de difficultés à arriver à une décision. Mettant de
côté toutes les prédictions hostiles émanant de l'auto-
rité d'ingénieurs, et qui, il faut en convenir, sont tou-
jours dirigées contre tout nouveau projet qui ne vient
pas de ces autorités elles-mêmes, M. de Lesseps se
tromperait lui-même s'il espérait obtenir de notre pays
une seule souscription importante ; mais s'il peut ren-
contrer sur le continent de plus confiants capitaux pour
s'embarquer dans son entreprise ou dans toute autre
qui diminuerait la distance entre deux points sur le
globe, nous serons heureux du fond du cœur de les voir
se mettre à l'œuvre ; les goûts modernes préfèrent les
chemins de fer aux canaux; ceux qui connaissent le
mieux la question d'Orient sont convaincus que la route
de l'Euphrate sera le vrai chemin du commerce à ve-
nir, et qu'en définitive il fera mourir de faim le canal
de Suez, quand même celui-ci aurait à son début quel-
ques perspectives de prospérité financière. Toutefois,
en ce qui regarde ceux qu'on n'appelle point à fournir
les fonds, il leur serait agréable de voir les deux lignes
et vingt autres si on peut les découvrir, exécutées avec
toute la célérité possible. »
COMMENTAIRES DES COMMENTAIRES.
Il y a la part du bien et celle du mal dans les con-
sidérations du Times dont nous venons de traduire
le texte. Seulement le bien s'applique à l'état pratique
et actuel de la question, tandis que le mal n'a trait
qu'à un passé, à des incidents, à des récriminations
très-regrettables.
Nous avons, avant tout, à recueillir dans cet ar-
ticle deux déclarations tout à fait satisfaisantes.
Le Times se convertit à la croyance de la possibi-
lité du canal. Il écarte avec quelque dédain les fa-
meuses et sinistres prédictions faites par certaines
autorités dans son pays. Il se reconnaît forcé de con-
venir qu'une hostilité analogue est le lot ordinaire
de tout projet grand et nouveau n'émanant pas de
ces autorités elles-mêmes. Voilà un bien gros blas-
phème contre l'infaillibilité de M. Stéphenson.
Comment d'ailleurs le Times, en présence des faits
acquis, aurait-il pu, sans compromettre sa réputation
d'intelligence, persévérer dans son incrédulité? Sans
doute il est encore dans le monde de l'art quelques
esprits surnaturels auxquels leur propre parole est
un dogme et qui, après avoir prononcé leur oracle, à
l'exemple des vieux médecins de Molière, « serraient
hacher plutôt que d'en démordre. » Mais la presse
a d'autres procédés; il lui faut compter avec le bon
sens public, avec la discussion et les preuves. Or,
comment le Times pourrait-il plus longtemps se re-
fuser à se rendre à toutes les évidences accumulées
autour du problème et rappelées par M. Lange.
Une réunion des ingénieurs parmi les plus éminents,
des hommes de mer parmi les plus expérimentés de
l'Europe, français, anglais, allemands, autrichiens,
italiens, espagnols, etc., après l'étude la plus grave,
après les délibératiors contradictoires les plus appro-
fondies, ont attesté, sous leur responsabilité, à l'Eu-
rope attentive, aux capitaux prêts à s'engager, la
possibilité de percer l'isthme égyptien ; leur convic-
tion est si pleine qu'il ne leur suffit point de proclamer
simplement cette possibilité. Ils affirment, de plus, à
l'unanimité, que « l'exécution du canal est non-seu-
lement possible, mais encore facile. » Ils motivent
cette certitude, ils dressent les plans et les devis des
travaux, ils livrent publiquement leurs documents,
leurs motifs et leurs chiffres à la critique de la science
et de l'art; et sauf deux ou trois voix intéressées, se
retranchant dans une négation passive et systéma-
tique, la science et l'art en Europe répondent unani-
mement à cet appel par l'approbation et l'acclama-
tion.
Cependant, avec la poursuite des travaux prépara-
toires, de nouvelles vérifications s'opèrent sur le ter-
rain. Chaque recherche et chaque découverte consta-
tent que les facilités de l'œuvre n'ont pas encore été
suffisamment appréciées et reconnues. Sur ce terrain
qu'on prétendait si dépourvu on trouve l'eau, le bois
à brûler; on trouve la chaux, le caillou, la pierre, le
plâtre. Sur ces deux côtes dont on s'évertuait à nous
épouvanter on constate de vastes rades d'une tenue
parfaite et d'une parfaite sécurité, et une revue plus
détaillée de la ligne détermine des économies consi-
dérables dans les dépenses primitivement indiquées
pour les terrassements.
L'œuvre n'est pas seulement facile, elle restera en-
core au-dessous des dépenses prévues ; voilà ce qui
ressort de la seconde phase de la préparation, et im-
médiatement au fait allégué et étudié vient s'ajouter
la preuve. -
Un entrepreneur, d'une large surface de responsa-
bilité, possesseur d'une grande fortune, s'est engagé à
exécuter les devis à 2 0/0 au-dessous de leur estima-
tion.
Il ne s'arrête point là, il compte sur des réductions
si fortes au-dessous de ces derniers prix, qu'il croit
les bénéfices assez grands et assez assurés pour con-
sentir à les partager dans ces termes : trois cinquièmes
pour la Compagnie, deux cinquièmes pour lui-même
et ses collaborateurs.
Tout récemment il proposait une modification à
son contrat. Il offrait de se charger à prix ferme de
l'exécution des travaux à des conditions qui eussent,
dès à présent, assuré à la Compagnie une brillante
marge de bénéfice certain et incommutable sur l'esti-
mation des devis, se soumettant à payer une indem-
nité en rapport avec l'importance de l'entreprise, s'il
ne tenait pas ses obligations. -
dère. Nous pourrons alors juger l'affaire aussi tranquil-
lement et aussi impartialement qu'il le désire.
« Sur le terrain économique nos négociants auront
peu de difficultés à arriver à une décision. Mettant de
côté toutes les prédictions hostiles émanant de l'auto-
rité d'ingénieurs, et qui, il faut en convenir, sont tou-
jours dirigées contre tout nouveau projet qui ne vient
pas de ces autorités elles-mêmes, M. de Lesseps se
tromperait lui-même s'il espérait obtenir de notre pays
une seule souscription importante ; mais s'il peut ren-
contrer sur le continent de plus confiants capitaux pour
s'embarquer dans son entreprise ou dans toute autre
qui diminuerait la distance entre deux points sur le
globe, nous serons heureux du fond du cœur de les voir
se mettre à l'œuvre ; les goûts modernes préfèrent les
chemins de fer aux canaux; ceux qui connaissent le
mieux la question d'Orient sont convaincus que la route
de l'Euphrate sera le vrai chemin du commerce à ve-
nir, et qu'en définitive il fera mourir de faim le canal
de Suez, quand même celui-ci aurait à son début quel-
ques perspectives de prospérité financière. Toutefois,
en ce qui regarde ceux qu'on n'appelle point à fournir
les fonds, il leur serait agréable de voir les deux lignes
et vingt autres si on peut les découvrir, exécutées avec
toute la célérité possible. »
COMMENTAIRES DES COMMENTAIRES.
Il y a la part du bien et celle du mal dans les con-
sidérations du Times dont nous venons de traduire
le texte. Seulement le bien s'applique à l'état pratique
et actuel de la question, tandis que le mal n'a trait
qu'à un passé, à des incidents, à des récriminations
très-regrettables.
Nous avons, avant tout, à recueillir dans cet ar-
ticle deux déclarations tout à fait satisfaisantes.
Le Times se convertit à la croyance de la possibi-
lité du canal. Il écarte avec quelque dédain les fa-
meuses et sinistres prédictions faites par certaines
autorités dans son pays. Il se reconnaît forcé de con-
venir qu'une hostilité analogue est le lot ordinaire
de tout projet grand et nouveau n'émanant pas de
ces autorités elles-mêmes. Voilà un bien gros blas-
phème contre l'infaillibilité de M. Stéphenson.
Comment d'ailleurs le Times, en présence des faits
acquis, aurait-il pu, sans compromettre sa réputation
d'intelligence, persévérer dans son incrédulité? Sans
doute il est encore dans le monde de l'art quelques
esprits surnaturels auxquels leur propre parole est
un dogme et qui, après avoir prononcé leur oracle, à
l'exemple des vieux médecins de Molière, « serraient
hacher plutôt que d'en démordre. » Mais la presse
a d'autres procédés; il lui faut compter avec le bon
sens public, avec la discussion et les preuves. Or,
comment le Times pourrait-il plus longtemps se re-
fuser à se rendre à toutes les évidences accumulées
autour du problème et rappelées par M. Lange.
Une réunion des ingénieurs parmi les plus éminents,
des hommes de mer parmi les plus expérimentés de
l'Europe, français, anglais, allemands, autrichiens,
italiens, espagnols, etc., après l'étude la plus grave,
après les délibératiors contradictoires les plus appro-
fondies, ont attesté, sous leur responsabilité, à l'Eu-
rope attentive, aux capitaux prêts à s'engager, la
possibilité de percer l'isthme égyptien ; leur convic-
tion est si pleine qu'il ne leur suffit point de proclamer
simplement cette possibilité. Ils affirment, de plus, à
l'unanimité, que « l'exécution du canal est non-seu-
lement possible, mais encore facile. » Ils motivent
cette certitude, ils dressent les plans et les devis des
travaux, ils livrent publiquement leurs documents,
leurs motifs et leurs chiffres à la critique de la science
et de l'art; et sauf deux ou trois voix intéressées, se
retranchant dans une négation passive et systéma-
tique, la science et l'art en Europe répondent unani-
mement à cet appel par l'approbation et l'acclama-
tion.
Cependant, avec la poursuite des travaux prépara-
toires, de nouvelles vérifications s'opèrent sur le ter-
rain. Chaque recherche et chaque découverte consta-
tent que les facilités de l'œuvre n'ont pas encore été
suffisamment appréciées et reconnues. Sur ce terrain
qu'on prétendait si dépourvu on trouve l'eau, le bois
à brûler; on trouve la chaux, le caillou, la pierre, le
plâtre. Sur ces deux côtes dont on s'évertuait à nous
épouvanter on constate de vastes rades d'une tenue
parfaite et d'une parfaite sécurité, et une revue plus
détaillée de la ligne détermine des économies consi-
dérables dans les dépenses primitivement indiquées
pour les terrassements.
L'œuvre n'est pas seulement facile, elle restera en-
core au-dessous des dépenses prévues ; voilà ce qui
ressort de la seconde phase de la préparation, et im-
médiatement au fait allégué et étudié vient s'ajouter
la preuve. -
Un entrepreneur, d'une large surface de responsa-
bilité, possesseur d'une grande fortune, s'est engagé à
exécuter les devis à 2 0/0 au-dessous de leur estima-
tion.
Il ne s'arrête point là, il compte sur des réductions
si fortes au-dessous de ces derniers prix, qu'il croit
les bénéfices assez grands et assez assurés pour con-
sentir à les partager dans ces termes : trois cinquièmes
pour la Compagnie, deux cinquièmes pour lui-même
et ses collaborateurs.
Tout récemment il proposait une modification à
son contrat. Il offrait de se charger à prix ferme de
l'exécution des travaux à des conditions qui eussent,
dès à présent, assuré à la Compagnie une brillante
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