Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-09-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 septembre 1859 01 septembre 1859
Description : 1859/09/01 (A4,N77). 1859/09/01 (A4,N77).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529512p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
262 L'ISTHME DE SUEZ,
immobilisateur. De nos jours aucun gouvernement ne
peut jouer le rôle de la torpille paralysant tout ce qu'il
touche.
Empressons-nous de dire que la Turquie n'en est
point là; elle a, par les professions de foi les plus ex-
plicites et les plus solennelles, exprimé ses sympathies
en faveur du canal de Suez, et ses pleines dispositions
d'en sanctionner l'exécution si l'Angleterre voulait bien
le permettre. Incontestablement, elle a été contrainte
par cette dernière puissance à tous les actes équivo-
ques ou malveillants que, dans ces derniers temps,
elle a faits contre le canal. Mais sa position n'en est que
plus triste devant l'Europe et devant ses peuples. Le
premier devoir d'un gouvernement est de garantir aux
populations qu'il régit et sa protection et sa justice, et
il n'est pas admis à dire, sous peine de sa propre dé-
chéance, qu'il n'est pas assez indépendant pour les dé-
fendre contre l'oppression et l'iniquité étrangères; et
lorsqu'il va plus loin, lorsqu'il se fait lui-même, par
faiblesse, ou l'instrument ou le compère de cette oppres-
sion et de cette iniquité, il provoque, il justifie, il légi-
time les désirs de ceux de ses peuples qui; ne se sen-
tant point protégés, recourraient à une autre organisa-
tion capable de leur permettre de se protéger eux-
mêmes.
Nous sommes loin de conseiller à l'Égypte de cher-
cher à rompre les traités qui l'attachent à l'empire otto-
man et nous l'en désapprouverions; nous ne faisons ici
que constater les conséquences logiques de la conduite
de la Turquie. Si elle ne veut point que l'Égypte aspire à
son indépendance, qu'elle sache lui prouver qu'elle n'en
a pas besoin pour la défense de sa dignité, pour le
maintien de ses droits comme peuple, pour le dévelop-
pement légitime de ses intérêts les plus essentiels. Mais
si l'Égypte se voit abandonnée au caprice étranger dans
les questions les plus vitales pour sa puissance et son
honheur, nous ne pouvons comprendre comment la
Turquie pourrait longtemps compter sur le respect, l'at-
tachement et la fidélité de ce peuple.
L'Angleterre, de son côté, ne cesse de jeter les hauts
cris pour l'intégrité de l'empire ottoman. On sait com-
ment elle l'interprète à Perim et à Camaran ; mais en-
fin, à part ces coups de sabre dans les traités, elle de-
vrait du moins combiner son action de façon à ne pas
rendre l'autorité souveraine lourde, oppressive, antipa-
thique aux diverses provinces placées sous le sceptre
du sultan, elle ne devrait pas montrer aussi clairement
la main qui confisque à son profit la volonté et les sen-
timents d'un prince indépendant. Si elle veut, comme
elle le prétend, l'intégrité de la Turquie, elle ne devrait
pas fomenter la discorde entre le Caire et Constanti-
nople, et quand nous la voyons employer sa flotte à
préparer l'inauguration d'une sorte de guerre civile en-
tre ces deux gouvernements, nous ne pouvons nous
empêcher de déplorer l'aveuglement de ses hommes
d État, en même temps que de trembler sur le prochain
avenir de la Turquie.
P. B. S. DARNIS.
LE VRAI SENTIMENT DE LA TURQUIE.
On a remarqué dans le journal semi-officiel de
Constantinople (1*7 août) le petit paragraphe suivant :
« M. de Lesseps, qui est de retour à Paris, se dispose à
partir bientôt pour se rendre à Londres, dans le but,
assure-t-on, d'aplanir et de lever les obstacles que le
gouvernement anglais oppose au percement de l'isthme
de Suez. »
Cette note a inspiré au correspondant parisien de
l'Indépendance belge les réflexions qu'on va lire :
« M. Thouvenel, justement blessé du mauvais procédé
du sultan ou de sa cour, qui éluda sa visite à Chio,
s'en est expliqué avec la fermeté qu'on lui connaît. Il a
été reçu en audience particulière par Abdul-Medjid, et
là; dans un long entretien, sans aucun ministre pour té-
moin, il a parlé comme devait le faire le représentant
du vainqueur deSolferino. Aussi remarque-t-on depuis
lors, les égards et la déférence dont le diplomate fran-
çais est devenu l'objet. La feuille du gouvernement
rapporte que le sultan l'a envoyé complimenter, à l'oc-
casion de la fête de l'Empereur, par un des principaux
dignitaires du palais. Tout le corps diplomatique est
venu, à l'issue de la messe, lui offrir également ses féli-
citations. Le 25 août, M. Thouvenel a dû réunir ses col-
lègues et les principaux personnages de Constantinople
dans un grand banquet au palais de l'ambassade.
» C'est prématurément que l'on a parlé d'une demande
d'autorisation définitive du canal maritime de Suez. Sans
doute l'heure d'une solution de cette grande affaire doit
approcher, et l'on peut croire, comme l'a dit un de vos
correspondant-, que M. Thouvenel a été muni des instruc-
tions nécessaires pourcette éventualité, mais la demande
n'a pas encore été formellement présentée. On a, toute-
fois, commenté dans le monde politique de Constanti-
nople les paroles du journal organe du divan, et son
aveu sur l'opposition de l'Angleterre au canal Lesseps ;
on paraissait y voir une disposition à rejeter publique-
ment la responsabilité de cette affaire sur le cabinet bri-
tannique. Dans leurs relations avec l'administration du
canal, les ministres ont toujours tenu le même langage.
C'est la défense de la faiblesse. Convaincue qu'elle a tort,
elle cherche à décliner les conséquences de ses actes.
» Au surplus, la dernière tournée que M. de Lesseps va
faire dans les grandes villes d'Angleterre doit amener
un résultat. décisif. Quand l'honorable directeur aura
constaté l'opinion persévérante du commerce anglais en
sa faveur, ce sera le moment d'une explication décisive
de la Compagnie avec les gouvernements intéressés, et
il appartiendra à ceux-ci de dire s'ils veulent, oui ou
non, laisser le monde commercial sans appui, sans dé -
fense. D
* Il est certain, comme le fait observer l'Indépendance,
que la Turquie, de son chef, n'a jamais élevé une ob-
jection contre l'exécution du canal de Suez, et là-dessus
le Journal de Constantinople lui-même s'est plusieurs
fois, au nom de la Porte, exprimé dans les termes les
plus explicites, et que nous avons souvent rappelés.
La Porte a reconnu l'utilité de l'œuvre pour le monde
immobilisateur. De nos jours aucun gouvernement ne
peut jouer le rôle de la torpille paralysant tout ce qu'il
touche.
Empressons-nous de dire que la Turquie n'en est
point là; elle a, par les professions de foi les plus ex-
plicites et les plus solennelles, exprimé ses sympathies
en faveur du canal de Suez, et ses pleines dispositions
d'en sanctionner l'exécution si l'Angleterre voulait bien
le permettre. Incontestablement, elle a été contrainte
par cette dernière puissance à tous les actes équivo-
ques ou malveillants que, dans ces derniers temps,
elle a faits contre le canal. Mais sa position n'en est que
plus triste devant l'Europe et devant ses peuples. Le
premier devoir d'un gouvernement est de garantir aux
populations qu'il régit et sa protection et sa justice, et
il n'est pas admis à dire, sous peine de sa propre dé-
chéance, qu'il n'est pas assez indépendant pour les dé-
fendre contre l'oppression et l'iniquité étrangères; et
lorsqu'il va plus loin, lorsqu'il se fait lui-même, par
faiblesse, ou l'instrument ou le compère de cette oppres-
sion et de cette iniquité, il provoque, il justifie, il légi-
time les désirs de ceux de ses peuples qui; ne se sen-
tant point protégés, recourraient à une autre organisa-
tion capable de leur permettre de se protéger eux-
mêmes.
Nous sommes loin de conseiller à l'Égypte de cher-
cher à rompre les traités qui l'attachent à l'empire otto-
man et nous l'en désapprouverions; nous ne faisons ici
que constater les conséquences logiques de la conduite
de la Turquie. Si elle ne veut point que l'Égypte aspire à
son indépendance, qu'elle sache lui prouver qu'elle n'en
a pas besoin pour la défense de sa dignité, pour le
maintien de ses droits comme peuple, pour le dévelop-
pement légitime de ses intérêts les plus essentiels. Mais
si l'Égypte se voit abandonnée au caprice étranger dans
les questions les plus vitales pour sa puissance et son
honheur, nous ne pouvons comprendre comment la
Turquie pourrait longtemps compter sur le respect, l'at-
tachement et la fidélité de ce peuple.
L'Angleterre, de son côté, ne cesse de jeter les hauts
cris pour l'intégrité de l'empire ottoman. On sait com-
ment elle l'interprète à Perim et à Camaran ; mais en-
fin, à part ces coups de sabre dans les traités, elle de-
vrait du moins combiner son action de façon à ne pas
rendre l'autorité souveraine lourde, oppressive, antipa-
thique aux diverses provinces placées sous le sceptre
du sultan, elle ne devrait pas montrer aussi clairement
la main qui confisque à son profit la volonté et les sen-
timents d'un prince indépendant. Si elle veut, comme
elle le prétend, l'intégrité de la Turquie, elle ne devrait
pas fomenter la discorde entre le Caire et Constanti-
nople, et quand nous la voyons employer sa flotte à
préparer l'inauguration d'une sorte de guerre civile en-
tre ces deux gouvernements, nous ne pouvons nous
empêcher de déplorer l'aveuglement de ses hommes
d État, en même temps que de trembler sur le prochain
avenir de la Turquie.
P. B. S. DARNIS.
LE VRAI SENTIMENT DE LA TURQUIE.
On a remarqué dans le journal semi-officiel de
Constantinople (1*7 août) le petit paragraphe suivant :
« M. de Lesseps, qui est de retour à Paris, se dispose à
partir bientôt pour se rendre à Londres, dans le but,
assure-t-on, d'aplanir et de lever les obstacles que le
gouvernement anglais oppose au percement de l'isthme
de Suez. »
Cette note a inspiré au correspondant parisien de
l'Indépendance belge les réflexions qu'on va lire :
« M. Thouvenel, justement blessé du mauvais procédé
du sultan ou de sa cour, qui éluda sa visite à Chio,
s'en est expliqué avec la fermeté qu'on lui connaît. Il a
été reçu en audience particulière par Abdul-Medjid, et
là; dans un long entretien, sans aucun ministre pour té-
moin, il a parlé comme devait le faire le représentant
du vainqueur deSolferino. Aussi remarque-t-on depuis
lors, les égards et la déférence dont le diplomate fran-
çais est devenu l'objet. La feuille du gouvernement
rapporte que le sultan l'a envoyé complimenter, à l'oc-
casion de la fête de l'Empereur, par un des principaux
dignitaires du palais. Tout le corps diplomatique est
venu, à l'issue de la messe, lui offrir également ses féli-
citations. Le 25 août, M. Thouvenel a dû réunir ses col-
lègues et les principaux personnages de Constantinople
dans un grand banquet au palais de l'ambassade.
» C'est prématurément que l'on a parlé d'une demande
d'autorisation définitive du canal maritime de Suez. Sans
doute l'heure d'une solution de cette grande affaire doit
approcher, et l'on peut croire, comme l'a dit un de vos
correspondant-, que M. Thouvenel a été muni des instruc-
tions nécessaires pourcette éventualité, mais la demande
n'a pas encore été formellement présentée. On a, toute-
fois, commenté dans le monde politique de Constanti-
nople les paroles du journal organe du divan, et son
aveu sur l'opposition de l'Angleterre au canal Lesseps ;
on paraissait y voir une disposition à rejeter publique-
ment la responsabilité de cette affaire sur le cabinet bri-
tannique. Dans leurs relations avec l'administration du
canal, les ministres ont toujours tenu le même langage.
C'est la défense de la faiblesse. Convaincue qu'elle a tort,
elle cherche à décliner les conséquences de ses actes.
» Au surplus, la dernière tournée que M. de Lesseps va
faire dans les grandes villes d'Angleterre doit amener
un résultat. décisif. Quand l'honorable directeur aura
constaté l'opinion persévérante du commerce anglais en
sa faveur, ce sera le moment d'une explication décisive
de la Compagnie avec les gouvernements intéressés, et
il appartiendra à ceux-ci de dire s'ils veulent, oui ou
non, laisser le monde commercial sans appui, sans dé -
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* Il est certain, comme le fait observer l'Indépendance,
que la Turquie, de son chef, n'a jamais élevé une ob-
jection contre l'exécution du canal de Suez, et là-dessus
le Journal de Constantinople lui-même s'est plusieurs
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